derealisation
06:42 - champs - icare argyre
Et voici, il y avait un trône dans le ciel,
et sur ce trône quelqu'un était assis.
Celui qui était assis avait l'aspect
d'une pierre de jaspe et de sardoine;
et le trône était environné d'un arc-en-ciel
semblable à de l'émeraude.
La réalisation l'a laissé pâle comme un linge et les mains tremblantes, comme secouée par la découverte. C'était violent - comme une tempête de mauvais augure qui le frappait soudainement, une bourrasque. Un sentiment de ruine intense, de mort imminente. Trouvée au milieu des champs, la trace récente de son passage a bloqué la gorge de Prudence et lui a tordu si fort l'estomac que le jeune homme aurait cru mourir sur le champ. La peur le cloua sur place et il pensa à fuir immédiatement.
Mais ce n'est pas l'être de terreur et de poussière qui vient à sa rencontre ce matin-là; non! la seule âme qui croise son chemin est un chien, errant peut-être, perdu sûrement. Il s'arrête et s'accroupit pour caresser son museau tendrement. Il n'a pas l'air méchant. C'est un gros chien à la fourrure épaisse qui a tout de même l'air d'appartenir à quelqu'un. Prudence plisse les yeux - et remet ses épaisses lunettes aux verres rouges, pour accompagner son masque respiratoire qui orne le bas de son visage. Il n'y a que la nuit qui a le droit de voir son visage pour l'instant, seuls les ténèbres et la nature et ce chien, qui le regarde avec de grands yeux noirs, peut-être effrayé par le masque.
Le cri résonne, les happe tous les deux. Prudence et l'animal tournent la tête d'un même mouvement et d'un même mouvement encore font un pas vers l'appel, qui fait écho entre les champs. Est-ce maintenant ? Est-ce ici ? Oui. Dans une même foulée, ils traversent les champs pour arriver face à un homme. Un homme que Prudence reconnaît comme l'un des siens. Ils ne forment pas de meute mais il forme un cercle, ils suivent le même but. Alors Prudence fait un pas là où le Terre-Neuve s'est jeté aux jambes de son maître, et l'observe derrière les deux verres rouges illuminés par la lumière du soleil.
Tu es Icare, il demande sans poser de question, il n'a pas à demander, car il sait. Il sourit derrière son masque. Nous devions nous rencontrer.
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06:42 - champs - icare argyre
Prudence ne sourit plus derrière son masque, se contentant de regarder Icare serrer le chien dans ses bras - l'ignorant, puis relevant un regard effrayé dans sa direction. Prudence est habitué, il inspire souvent la peur ou la méfiance. Mais ce n'est pas mué par de mauvaises intentions qu'il se cache - ou tout du moins, pas au départ. Cela se révèle bien pratique de masquer son visage, vu les ordres que lui donne le maître.
Prudence ne regrette pas ces morts. Mais ça ne lui plaît pas non plus. Il est un chasseur, pas un criminel. Il ne mérite pas ce sort sanglant. Mais en attendant de devoir rentrer dans les montagnes, il allait devoir se cacher. Fuir. Il avait tué. Cet homme, Icare, ne l'apprécierait sûrement pas - à l'image de tous les autres.
Je ne suis pas malade, non, il répond avec un sourire dans la voix. Je ne veux pas montrer mon visage. Il précise ensuite, inquiet de stresser Icare. Mais ne voulait-il pas, ou ne pouvait-il pas montrer visage ? La question était encore floue. Je suis Prudence Vorpaline, il se présente avec une assurance qui ne lui est pas familière, Je suis envoyé par Rastaban pour rassembler ses liés. C'était un mensonge, ça aussi. Rastaban n'avait jamais ordonné quoi que ce soit, n'avait jamais exprimé le besoin de connaître, de rassembler ses liés. Ils pouvaient rester des électrons libres, s'ils le souhaitaient. Mais Prudence ressentait un vide, et supposait qu'ils seraient plus forts ensembles. Vous sentez que vous savez de quoi je parle, n'est-ce pas ?