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T’es là. Assis sur le bord du trottoir, tout près de la cité. T’attends.
– Les gars, c’est Neven, dit-il en riant. Ils sont encore tombés raides en t’oubliant dehors ? Ça fait quoi, trois fois cette semaine ? demande-t-il en faisant rebondir son ballon.
Un rebond. Deux rebonds. Des rires. Ils s’approchent.
– Même tes parents te voient comme une sale merde.
Seul contre trois. Et tu souris.
Une bouteille de bière s’éclate durement sur le crâne du grand bavard. Les deux autres se retournent brusquement, retenant leurs cris tandis que le sang du garçon se déverse le long de son visage ; les paumes contre le sol, il hurle de douleur.
Il n’aurait jamais dû hurler.
Il n’aurait jamais dû.
Tu le regardes, lui, l’essence même de ton monde, écraser le visage du garçon à l’aide de son pied. Face contre terre, il continue de pleurer.
Il ne doit pas.
Qu’il se taise.
Qu’il fasse le mort.
Les mains dans les poches, Elias sourit. Le joint entre ses lèvres confirme ce que tu pensais : il n’est pas dans son état normal. Alors que sa chaussure s’invite dans l’estomac du garçon à plusieurs reprises, tu ne peux t’empêcher de sourire aussi. Quelque chose au creux de ton ventre s’agite. L’adrénaline, la satisfaction, l’euphorie.
Lui ne crie plus. Il a compris.
Sa respiration haletante témoigne d’un état proche de la tétanie, et tu commences à penser que cette dernière est contagieuse : ses deux « amis » se contentent d’observer, immobiles, paralysés par la peur. Tu n’as pas besoin de les regarder, tu le ressens.
Tu te lèves pour le checker, celui que tu attendais tant. Celui qui t'offre un toit quand tes propres géniteurs t’en privent, à même le ciel ; sous les étoiles, lui et toi, c’est tout ce dont tu as besoin. Cela fait quelques mois que tu n’as plus pleuré.
Depuis son arrivée.
C’est lui qui t’a mis une guitare entre les bras. C’est lui qui a permis à ta voix de s’évader. C’est lui qui a fait naître ta passion. ta volonté de vivre. C’est lui qui a fait naître cette haine en toi. C’est lui qui a créé ce monstre en toi. C’est lui qui t’a contaminé.
Vous partez, laissant les trois adolescents derrière vous.
Ce soir encore, tu ne t’exprimeras qu’à travers la gratte et la drogue.
Et demain, tu auras la force de protéger ceux qui te sont chers, toi aussi.
Tu sais
Neven
le Bien
le Mal
ne représentent pas
la justice
pour toi
il est encore tôt
tu comprends ?
Plus loin
tu iras
plus longue
sera
la chute.
Ne le suis pas. Ne le regarde pas. Ne l’admire pas. Ne l’imite pas. Ne l’écoute pas. Ne l’adore pas. Ne l’aide pas. Ne le suis pas. Ne le regarde pas. Ne l’admire pas. Ne l’imite pas. Ne l’écoute pas. Ne l’adore pas. Ne l’aide pas. Ne le suis pas. Ne le regarde pas. Ne l’admire pas. Ne l’imite pas. Ne l’écoute pas. Ne l’adore pas. Ne l’aide pas. Please, remain calm, the end has arrived. We cannot save you, enjoy the ride. We cannot save you. We cannot save you. We cannot save you.