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Métamorphose.
Re: Métamorphose.
métamorphose
D'un frisson, tu as senti son appel, il était encore tôt, il faisait encore frais. Vassili dormait encore, derrière une porte close, et Mica, croisé dans la cuisine en train de préparer le café, ne posa aucune question.
Tu étais sortie, prendre l'air, et retrouver ton étoile, trouver, rencontrer. Tu n'avais pas tellement ressenti le besoin de lui parler, de la voir jusqu'ici, comme tu n'avais pas non plus cherché outre mesure à revoir Ofelia, ou à rencontrer les autres. Numa n'en parlons même pas.
Et pourtant, tu n'avais eu aucun mal à le reconnaître, sa silhouette découpée sur le sombre décor de la forêt. Orion, tu lances, poliment, une main sur le ventre rond, comme pour chercher à le protéger.
Mais qui protèges-tu ?
Re: Métamorphose.
* Andrea, il te répond poliment. Je t'attendais.
La politesse est quelque chose qu'il a appris récemment, mais tu ne peux le savoir.
* Comment te portes-tu ?
Re: Métamorphose.
métamorphose
Peux-tu être parfaitement honnête avec ton étoile ? Étoile jamais rencontrée jusqu'à lors, qui, tu le pensais, n'en avais rien à faire de vous, de toi, et de lui, là, dans ton ventre. Celui que Kees appelle Felix, pour lui porter chance, celui que tu ne veux pas appeler, de peur qu'il devienne réel.
Pas aussi bien que je le voudrais. Mais au fond tu ne veux pas qu'il s'inquiète. Tu es perturbée, du moins. Tu ne sais pas à quoi tu t'attendais, et même s'il correspond à ce à quoi tu t'attendais physiquement - allez savoir comment ou pourquoi - pour ce qui est du reste, tu l'imaginais radicalement différent. Et toi ? Pourquoi être venu te voir, aurait-il quelque chose à demander ? La dernière fois qu'il t'a demandé quelque chose, c'était de tuer, non ? Tu ne trouves pas judicieux de ramener ça sur la table tout de suite, autant attendre un peu.
Re: Métamorphose.
Orion prépare quelque chose - mais tu ne sais quoi.
* Je m'inquiétais pour toi, il déclare finalement. Je n'étais pas au courant pour ça, je ne savais pas. Alors je n'y ai pas prêté attention, mais maintenant... tout est différent.
Il t'observe de haut en bas.
* Je devrais retirer ma lumière, de toi et d'autour de toi. Mais cela reviendrait à le tuer.
Re: Métamorphose.
métamorphose
Tu soupires, un soupir faible et éreinté, quand il t'annonces ça. Tu t'en doutais, bien sûr. Celui qui t'habite est probablement fait en bonne partie de lumière, et de roche, et de terre, et de plein de bonnes choses auxquelles tu te refuses de penser. Combien de fois depuis le début de la grossesse as-tu vomi de la terre ? Tu as préféré arrêter de compter aussi vite que tu le pouvais.
Ne le tue pas. Il était responsable de ça, tu le jugeais totalement responsable de ça, si Kees était le père de l'enfant, Orion était son créateur. Je ne le supporterai pas. Je veux être utile. Ta main se resserre autour de la fine couche de vêtement qui protège ton ventre. Tu ne veux pas tuer, cependant. Ou du moins, pas ceux que tu aimes. Tu détournes les yeux, soudainement gênée, honteuse même. Je n'ai pas été d'une grande utilité, quand je vois les liés que je fréquentes, je ne t'ai jamais servi à rien. Était-ce si grave ? Ça n'avait pas semblé l'être, jusqu'à te retrouver face à face avec l'étoile.
Re: Métamorphose.
Son sourire est chaleureux mais ses yeux, sa peau, Orion est froid. Ses yeux ne sont pas humains. Tu remarques que ses yeux sont figés, sans la moindre lueur de vie.
* Est-ce que cet enfant mérite vraiment de vivre ? Est-ce que tu mourrais pour lui ? Pour moi ? Je veux que tu prennes une décision.
Re: Métamorphose.
métamorphose
Non, non, non, non, tu ne peux pas. Tu ne peux pas décider. Tu ne peux pas, ce n'est pas possible, et pourtant ! Cette vie est sacrée, cette vie que tu portes, si elle n'a de spécial et d'humain que de venir de toi, elle n'en demeure pas moins sacrée. Tu détruirais tous ceux qui daigneraient s'approcher et le blesser. Cette vie doit perdurer, et est-ce autant ton instinct de mère que ton instinct de croyante qui te hurle de tout sacrifier, pour lui. Pour Felix.
Oui. Il n'y a pas la moindre hésitation dans ta voix et cette certitude te fait peur en réalité. Pourquoi aucun ange n'a daigné venir te voir pour te prévenir de ce qui allait arriver ? Toi qui a l'impression de vivre ça seule, peu importe à quel point tu es entourée, choyée, protégée.
Néanmoins...
Ton regard s'assombrit.
Je veux que tu me promettes de faire tout ce qui est en ton pouvoir pour le protéger. Quoi qu'il en coûtera.
Es-tu en mesure de lui demander quoi que ce soit ? Quelque chose d'aussi égoïste, en plus de ça.
Re: Métamorphose.
* Je ne peux pas te promettre. Je ne suis pas indestructible.
Tu sens ton monde s'écrouler en silence.
Re: Métamorphose.
métamorphose
Tes sourcils froncés, tout ton corps tendu, tu l'observes fixement, mais jamais aussi fixement que lui le fera. Et finalement, après un instant de silence. Je ne suis pas indestructible non plus, pourtant je peux te promettre que je ferais tout ce qu'il faudra pour lui et pour toi. Tu baisses un peu les yeux. Je ne te demande pas de promettre en tant que Dieu, mais en tant qu'ami.
C'est à lui de poser les questions, il te semble, mais celles qui te traversent l'esprit font fourmiller en toi tout un millier de possibilités et d'inquiétudes. J'ai besoin de ton aide, si je demande de l'aide à quelqu'un d'autre, ils me l'arracheront, et ils l'étudieront. Dans le meilleur des cas, tu penses.
Re: Métamorphose.
Pour l'heure, celle qui retient son souffle, c'est toi, alors qu'Orion t'observe, considérant ta question et sa réponse.
* Je ne suis pas ton ami, il dit tout bas, je ne crois pas être ton Dieu non plus. Je suis seulement une étoile.
Il pose sa main sur ton épaule - tu peux sentir sa lumière se retirer très lentement.
C'est l'heure du palier !
- Le laisser faire.
- Le repousser.
- Lui dire d'arrêter.
- Le frapper.
- Crier.
Re: Métamorphose.
métamorphose
Il retire sa lumière. Il retire sa lumière. Il retire sa lumière. Il retire... Il va le tuer, il va le tuer, Orion va tuer ton bébé. Dans un premier temps tu restes à le dévisager, heurtée par le fait d'avoir été remise à ta place, avant de reculer brusquement, de le repousser. De mère, tu te fonds en louve, protégeant ardemment ce que tu n'es pas encore bien sûre d'aimer, de chérir, de protéger. Mais la vie est sacrée et la vie doit suivre son court. Personne ne te prendra Felix. Toi vivante, personne ne lui fera le moindre mal.
NE LE TUE PAS.
Tu hurle, ou du moins tu penses hurler. Est-ce que Mica t'entend, d'ici ? Est-ce que Mica ressent la détresse comme Kees la ressent, par extension ? Tu ne sais pas, tu ne veux pas que quelqu'un s'en mêle, aucun membre du cercle 4. Tout cela est ton problème. Tu n'aurais pas dû vouloir ce bébé, à la base, la situation ne s'y prête pas. Mais tout te hurle qu'on essayera de te l'arracher, et tu le fusille du regard. Comment ton étoile pouvait te trahir, ton étoile en personne. Ne t'avise pas de t'approcher encore une fois de lui.
(Le repousser)
Re: Métamorphose.
* L'enfant vivra, il annonce froidement, j'imagine que tu sais ce que tu fais, Andrea.
Tu as l'impression de faire le mauvais choix. Mais tu veux qu'il puisse écrire son histoire, lui aussi - cet enfant à naître.
* Prend soin de toi.
Le silence, semblant de plomb, tombe sur le bois. Orion tourne la tête, observe autour de vous.
* Rentre : je m'en vais. Je repasserai te voir.
Re: Métamorphose.
métamorphose
À quoi s'attendait-il ? Tu n'as pas d'alliés, de son côté, mais en as-tu du tien ? Tu commences à douter, personne ne veut voir cet enfant vivant, tout le monde te regarde avec angoisse et anxiété, personne ne le veut cet enfant, personne ne le veut sauf toi. Et es-tu sûre de le vouloir, même ? Tu as agacé Orion, nul doute qu'il ne viendra pas, le jour où tu auras vraiment besoin d'aide. Mais il n'est pas venu, dans les souterrains. Il n'est pas venu, quand les morts du cercle de Cursa ricochaient sur vous.
Tu n'es pas obligé de revenir, tu annonces, froidement. Tu n'as pas peur, et pourtant tu devrais. Orion pourrait te briser d'un simple geste, et tu t'en fiches, tu veux le voir vivant, cet enfant, personne ne t'en privera. Personne, personne. Tu tournes les talons et rentre à l'intérieur.