C'est rare de voir le sous-lieutenant Ledermann au Commissariat Central et Bureau d'Enquête de Polaris. Son terrain de jeu c'est la forêt, le parc de la Couronne boréale, l'écurie des Chimères. Ici, il se sent gauche. Peut-être parce qu'il ne sait pas quoi faire de son grand corps, parce qu'il n'a pas l'impression d'avoir sa place au milieu de la crème des agents de la ville, parce qu'il a toujours peur de traîner avec lui une vague odeur de cheval et de campagne.

Parce qu'il a l'impression de sentir dans son dos toujours les même murmures, les même ragots, les même regards.

Mais Lucian a à faire en ville. Il faut bien rédiger des rapports, compléter des dossiers, recevoir des ordres, suivre des formations. Et l'affaire du « grand brûlé des Astrales» le hante, il ne peut pas s'empêcher d'y penser,

penser qu'il aurait pu finir ainsi,

penser que quelque chose ne colle pas avec la thèse de l'accident.

Mais que faire? La seule témoin a été interrogée à plusieurs reprises, la cabane à proximité est un champ de ruines: quant au corps, impossible d'en tirer quoi que ce soit. Alors Lucian enrage en silence. Si la lieutenant Ashcroft était là, elle aurait sûrement pensé à quelque chose. Mais quoi?

Peut-être qu'il se fait des idées. Qu'il projette trop. Ça fera bientôt un an depuis la condamnation d'Elizabeth.

Soupir.

PNJ • 29.06.22 • Commissariat