Le trajet avec Ruvik était long, et semé d'embûches plus stupides les unes que les autres. Quand ce n'était pas Yumi(?) qui s'éloignait de lui-même pour une raison obscure et souvent illogique, c'était Spica qui faisait une opération gilets jaunes dans le crâne de Ruvik. Entre les sittings et les quiproquos, Yumi(?) avait envie de couper son lien avec un couteau rouillé.
Mais il sentait du progrès, en tous cas tant qu'ils n'abordaient pas l'éléphant dans la pièce ; l'apparence de "Yumi". C'était un sujet délicat. Ces derniers mois, Yumi(?) faisait l'aller-retour entre le physique d'Aedan Stellaa et celui de Sofian Al-Khan, simplement histoire de s'entraîner. Désormais, il changeait d'apparence facilement, rapidement, et quasiment sans douleur, fruit d'un entraînement intense et coûteux en énergie.
Mais il n'arrivait pas à sauter le pas. Il n'arrivait pas à contempler les tableaux que Ruvik avait fait de lui, et à se dire
C'est moi
Était-ce vraiment lui ?
Ou simplement une apparence pour que Yumi(?) cesse ses caprices ? Ruvik n'aurait jamais pu lui faire ça.
Yumi(?) soupire, assis sur le canapé de Ruvik, droit comme un i.
C'était la vérité.
Il contemple un regard rouge semblable au sien posé sur un chevalet, Yumi observe Yumi(?), neutre, impassible. Ils se regardent en chiens de faïence, avec le regard hésitant de Ruvik du coin de l'oeil.
Pourtant, ce serait facile. Yumi(?) brise le contact avec le regard rubis et tourne des yeux effrayés vers Ruvik.
Il croise les bras sur son torse, avant de hocher la tête doucement.
* C'est vraiment toi.
Il annonce, simplement, de sa voix la plus sincère, la plus douce et la plus vibrante. Ruvik est sûr. Spica essaye de répliquer, d'ajouter son grain de sel, mais Ruvik lui intime de ne pas le faire, il supplie même. C'est comme essayer de sauver un animal sauvage, persuadé que tout essaye de le tuer ou de l'enfermer.
Ruvik veut juste te libérer, et te laisser voler de tes propres ailes, il ne saurait te retenir plus longtemps.
C'est terrible.
D'être si proche du but, de pouvoir l'effleurer du bout des doigts, mais d'être incapable de passer le cap.
Yumi(?) soupire, croise les doigts sur ses genoux, évite le regard de Ruvik.
Est-ce qu'il en sera capable ? Quelles seront les conséquences ? Pour l'avenir, le futur ?
Il a l'impression que l'univers retient son souffle, alors qu'il tend la main pour venir toucher la toile du bout des doigts.
C'est... presque réel.
J'ai peur, Ruvik.
Il hésite un instant avant de venir s'asseoir à tes côtés, il tend sa main vers toi.
* Tu peux compter sur moi, Yumi.
Les doigts sur la toile, effleurant un visage qui lui semble inconnu et familier. Il a l'impression que Ruvik ne lui ment pas, comment pourrait-il ?
C'est lui, qui se tient devant lui.
Yumi est bouche-bée.
Incapable de faire le moindre mouvement, comme s'il allait se jeter dans le vide - et pour l'avoir déjà fait, il confirme que c'est plus impressionnant qu'un saut de l'ange.
Il peut sentir son coeur battre à tout rompre, la moindre veine et le sang qui y coule,
Il vient chercher la main de Ruvik de sa main libre, tremblant et terrifié
Le changement d'apparence se fait sans la moindre douleur, ses traits se métamorphosent en silence.
Tout se fait en silence.
Dans le silence le plus total.
Quelque chose change (en lui, entre lui et Ruvik, quelque chose change)
Yumi l'observe avec des yeux familiers et pourtant nouveaux
Sont les premiers mots qu'il prononcera
De sa vraie voix.
Il sait qu'il n'a pas le droit de ressentir pour toi ce qu'il ressent, et qu'il y aura des conséquences, il sait mais tu es là depuis si longtemps et son cœur est fragile, son cœur est humain, peu importe à quel point l'étoile essaye de le renforcer. Et les mots inscrits sur son bras brûlent brûlent brûlent si fort qu'il s'efforce de les ignorer.
Sa main libre trouve ta joue, il aurait aimé te peindre sans cicatrices et sans blessures, il aurait été te peindre souriant et heureux, mais il ne voulait pas te mentir.
* Tu es magnifique.
- Ne rien dire.
- L'embrasser.
- L'enlacer.
- Reculer.
Bon, là, c'est le moment où j'aurais sûrement décrit le moment où Yumi se tourne vers Ruvik, décontenancé par son compliment, le rouge aux joues... après tout, c'était bien la première fois qu'on lui disait ceci-un tel compliment, alors qu'il se ressemblait, alors qu'il avait son vrai visage, alors qu'il était enfin lui-même. Un visage dont le passé était trouble, battu par les vents glacials des Astrales. Un visage encore craintif, encore teint par l'angoisse.
Mais Ruvik avait dit qu'il était magnifique, et ça lui suffisait,
et là c'est sûrement le moment où j'aurais décrit qu'il s'approchait de lui pour l'embrasser si je n'avais pas été FAIBLE.
EDIT DE KEES: tkt bro i got u
"Yumi tourna sa diaphane face vers Ruvik et ses lippes s'entrécartèrent de surprise lorsque les mélioratives paroles s'envolèrent de la voix aimée pour se poser au creux de ses esgourdes. Il plongea ses orbes carmines dans celles de celui dont l'image saccadait son palpitant. Leurs lippes se rencontrèrent jumelles."