Quand ton regard croise celui de Fauve dans le miroir, tu sursautes. Ton deuxième réflexe est de vérifier s'il n'est pas derrière toi, par habitude, et c'est avec un grand sourire que tu poses à nouveau les yeux sur lui, directement dans le miroir.
Ton amour pour Fauve n'a pas de limites.
C'est pour ça que tu souris alors qu'il te découvre dans un moment intime, c'est pour ça que tu poses ta brosse à cheveux sur le bord du lavabo, prête à parler de tout ce dont il a envie, comme si vous étiez dans ton salon.
Tu ne sais pas aimer autrement que démesurément. Ton entourage est égal dans ton cœur - Vanille, Priam, Divine, Ruvik et Spica, tous les autres, eux aussi tu les aime de toute la force qu'il est possible de mettre dans un sentiment. Mais aucun Amour n'est équivalent à un autre, tu pourrais en parler des heures, et tu l'as probablement déjà fait, à qui voulait bien l'entendre.
L'Amour que tu portes à Fauve est un Amour qui a subi une terrible déchirure - celle de son absence. Pour réparer cet Amour blessé, tu n'as pas réfléchi, tu as fait une terrible erreur.
Tu ne sais toujours pas à quel point elle a été volontaire.
(tu te souviens juste de quand c'était, c'est quand tu l'as vu réapparaitre pour la première fois et tu n'as pas réfléchi, tu l'as juste fait, c'était instinctif... ou peut-être était-ce méticuleusement étudié, Bérangère ?)
Quand il tend les bras hors du miroir, tu approches les mains, comme pour l'aider à sortir, faciliter son déplacement, c'est la moindre des choses, pour toi, c'est l'évidence même. Tu ne vois pas la noirceur de son regard, tu ne vois que Fauve, un de tes Amours, en face de toi, qui cherche à sortir.
Mais ses mains dépassent les tiennes, et quand elles se serrent sur ta gorge, tes yeux s'écarquillent.
Il n'y a que la stupeur dans tes iris, ton visage se fige dans une expression choquée, surprise, la détresse peinte sur tes traits qui ne devraient que sourire.
Tu regardes Fauve et soudain, tu manques d'air.
Il te fait mal.
Il appuie sur ton larynx et la sensation est abominable. Tu as mal et tu ne parviens plus à respirer, tu suffoques et les larmes te montent aux yeux.
Fauve, un de tes Amours, est en train d'essayer de te tuer. Tu attrapes ses poignets mais tu n'essaies même pas de les tirer ; tu sais qu'il est bien plus fort que toi, tu sais que tu n'auras pas assez de souffle avant que tes poumons ne soient définitivement privés d'oxygène, tu sais que tu ne peux absolument rien contre lui.
Tu regardes Fauve, les larmes aux yeux, et tu te vois mourir.
Ton plus grand regret sera la douleur, la colère dans ses yeux comme dernière vision du monde.
Tu aimerais lui répondre, mais sous sa poigne tu en es incapable. Son poids sur ta gorge t'empêche d'émettre le moindre son, et une larme roule sur ta joue. Je suis tellement désolée, essaies-tu d'articuler, mais seules tes lèvres bougent.
Tu n'es pas totalement idiote.
Tu te doutes bien ce qu'il te reproche.
Tu ne sais pas si tu le mérites.
Ton amour pour Fauve n'a pas de limites.
Mais il se pourrait bien qu'il soit ta perte.
fauve je t'en supplie, arrête