Riley sait que ça va être une journée de merde - c'est le genre de choses qu'il sait, désormais. Alors il se retourne dans son lit et il soupire - Tofu le furet n'est pas encore réveillé, mais Dieu sait qu'au moment où il va entendre son propriétaire se tourner et se retourner dans son lit et que ça va lui faire ouvrir un œil, il sera en train de fomenter un plan pour s'échapper de la cage dans laquelle il est confiné durant la nuit.
Il n'aime pas exagérer, alors il ne dira rien. Mais la douleur est atroce. Elle tend toute sa jambe droite, cruelle et impardonnable. Au moins, ce n'est pas son premier matin terrible dans le genre, et il sait quoi faire maintenant. Il s'écoule trente minutes pendant laquelle il contemple le plafond, la tête vide de pensées. Finalement, il se tourne une nouvelle fois et attrape son portable.
D'ordinaire, il l'aurait prévenu lui en premier. La conversation est longue et date de plusieurs mois, peut-être même des années - Riley a tendance à perdre le fil. Stepan l'aide depuis longtemps.
Mais cette fois, non. Cette fois, il envoie un message à Leith avant tout chose. Parce que tu passes en premier, Madison, maintenant il n'y a plus que toi. Si Riley ne peut pas s'occuper de toi, il faut que quelqu'un le fasse. Tu ne lui en voudras pas, Riley le sait, mais la culpabilité le ronge. Son message à Leith est bref, concis. Quelque chose dans les lignes de je peux pas venir à l'hosto aujourd'hui, désolé et le soupir qu'il laisse s'échapper est gargantuesque. Quelle vie de merde. Finalement, il se motive à envoyer un message à Stepan. Lui explique la situation. Lui rappelle l'adresse, même si maintenant l'autre homme doit bien la connaître.
J'suis coincé au pieu. Impossible de bouger, ça fait trop mal.
La grande classe. Tofu a commencé à ronger les barreaux de sa cage. Couillon. Lui comme Riley.
stepan
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Fil de Fer
Riley et Stepan
Le portable sonne. C'est qui bordel? Le rideau mal fermé laisse filtrer les premières lueurs de l'aube, grisâtres de nuages. Pas plus de deux heures de sommeil, la tête en enclume et les effluves d'alcool et de tabac de la nuit passée. Cool... Faudra changer les draps. Je tâte le reste du lit en tendant la main, sans tourner la tête. Personne. C'est au moins ça. Je ramène la main sous l'oreiller. J'avais prévu que deux trois vieilles dans l'aprèm. Ca peut être urgent. "J'suis coincé au pieu. Impossible de bouger, ça fait trop mal." J'ai pas lu le nom de l'expéditeur, mais ça pouvait être que Riley. Laconique et familier. On se connaissait depuis trop longtemps pour perdre du temps à tourner autour du pot. "20 minutes". Les formules de politesse, c'est bien pour les papis qui veulent être chouchoutés. Avec lui, simple et efficace. Pas d'apitoiements. C'est ce qui lui allait le mieux.
A peine le message envoyé, j'étais debout. Pas le temps pour la douche complète. Un coup de gant au lavabo, les clés, le sac. Je me changerai à un feu rouge. Une dizaine de minutes à frôler les limites de vitesse, et je me retrouve dans les CDC au point du jour. Je sais pas pourquoi, je trouvais l'endroit plus glauque le matin que la nuit. Les éclairages de rue disparates encore allumés qui faisaient concurrence au soleil pour illuminer la décrépitude des lieux. La flotte n'arrangeait rien. C'est sans doute pour ça que j'étais là d'ailleurs. Je reprends ma concentration deux secondes, et je me gare devant l'immeuble. Vingt-cinq minutes en tout. Merde, en retard. Je tourne la clé d'urgence dans la serrure et je m'annonce:
-Jsuis là!
En arrivant devant le lit, je comprends de suite. -Un de ces jours, hein? Sans attendre de réponse, je le redresse, comme j'en ai l'habitude. Direction salle de bain, où il fera son affaire pendant que je sors ses fringues. Une rotule folle, ça justifie pas l'absence de dignité. La routine.
A peine le message envoyé, j'étais debout. Pas le temps pour la douche complète. Un coup de gant au lavabo, les clés, le sac. Je me changerai à un feu rouge. Une dizaine de minutes à frôler les limites de vitesse, et je me retrouve dans les CDC au point du jour. Je sais pas pourquoi, je trouvais l'endroit plus glauque le matin que la nuit. Les éclairages de rue disparates encore allumés qui faisaient concurrence au soleil pour illuminer la décrépitude des lieux. La flotte n'arrangeait rien. C'est sans doute pour ça que j'étais là d'ailleurs. Je reprends ma concentration deux secondes, et je me gare devant l'immeuble. Vingt-cinq minutes en tout. Merde, en retard. Je tourne la clé d'urgence dans la serrure et je m'annonce:
-Jsuis là!
En arrivant devant le lit, je comprends de suite. -Un de ces jours, hein? Sans attendre de réponse, je le redresse, comme j'en ai l'habitude. Direction salle de bain, où il fera son affaire pendant que je sors ses fringues. Une rotule folle, ça justifie pas l'absence de dignité. La routine.
Il répond par un grognement fatigué à la question de Stepan, se laissant emporter jusqu'à la salle de bain. Aucun soucis à se faire transporter, et son sous poids, inquiétant d'ordinaire, est tout de même bien pratique quand il s'agit de se faire amener d'une pièce à l'autre. La douche lui paraît glacée et malgré toute l'eau chaude, il ne peut que frissonner, appuyé lamentablement contre le mur de la cabine exiguë. D'habitude, il se serait laissé tomber et se serait recroquevillé dans un coin de la douche, mais cette fois-ci, resté debout et appuyé de tout son poids contre les carreaux froids lui paraît une meilleure option.
Il essaie de changer le sujet, de ne pas laisser un silence terrible s'abattre alors que Stepan est contraint de l'aider à sortir de la douche.
stepan
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Fil de Fer
Riley et Stepan
La déclaration laconique du gars ne laissait pas de doute. C'était bien "un de ces jours". Il était plus mordant habituellement. Moins sinistre. C'était toujours étrange pour moi de constater que je connaissais bien souvent mieux mes patients que mon cercle d'intimes. Ca faisait un ptit moment maintenant qu'il semblait préoccupé. Sans doute le ras-le-bol. Faut dire que j'étais pas des plus concentré non plus ces derniers mois. Pas évident de percuter sur les non-dits quand on a ses propres emmerdes.
Les fringues les plus simples à enfiler acquises, je m'en retourne vers la salle de bain. Merci. De t'être déplacé aussi vite. La réponse se fait pas attendre tandis que je passe la serviette avec l'efficacité des années d'expérience. Bah, sans souci. Tu va m'payer le café de toute façon. Tu veux sortir Tofu avant de manger, ou après? Jte prépare le ptit-dej. Des oeufs si t'en as. J'arriverai sans doute toujours pas à te faire manger de la confiture. Puis on peut parler un peu. Je sais que t'adore ça. Automatisme. Routine. Jamais laisser deviner qu'on a une vie à l'extérieur. La leur est déjà suffisamment en ruine sans les faire culpabiliser. Puis ça paie mes factures en fin de mois la diplomatie et les petites attentions, en règle générale.
Il avait jamais été trop épais Riley, mais yavait de quoi être inquiet parfois. Croise les doigts qu'il accepte l'offre. En lui enfilant son t-shirt, je crois apercevoir un énième tatou sur son dos. Nouveau design? Ou je l'ai juste raté? Je le laisse terminer ses cheveux en allant allumer le perco dans la cuisine. C'était pas bien grand comme studio, on se parlait d'un bout à l'autre de l'endroit sans souci. Au moins ca devait être facile à entretenir.
Les fringues les plus simples à enfiler acquises, je m'en retourne vers la salle de bain. Merci. De t'être déplacé aussi vite. La réponse se fait pas attendre tandis que je passe la serviette avec l'efficacité des années d'expérience. Bah, sans souci. Tu va m'payer le café de toute façon. Tu veux sortir Tofu avant de manger, ou après? Jte prépare le ptit-dej. Des oeufs si t'en as. J'arriverai sans doute toujours pas à te faire manger de la confiture. Puis on peut parler un peu. Je sais que t'adore ça. Automatisme. Routine. Jamais laisser deviner qu'on a une vie à l'extérieur. La leur est déjà suffisamment en ruine sans les faire culpabiliser. Puis ça paie mes factures en fin de mois la diplomatie et les petites attentions, en règle générale.
Il avait jamais été trop épais Riley, mais yavait de quoi être inquiet parfois. Croise les doigts qu'il accepte l'offre. En lui enfilant son t-shirt, je crois apercevoir un énième tatou sur son dos. Nouveau design? Ou je l'ai juste raté? Je le laisse terminer ses cheveux en allant allumer le perco dans la cuisine. C'était pas bien grand comme studio, on se parlait d'un bout à l'autre de l'endroit sans souci. Au moins ca devait être facile à entretenir.
Au moins, ça le fait sourire - ne serait-ce qu'un peu - de parler du furet en train de s'énerver contre les barreaux de sa cage. Monsieur n'est pas habitué à rester enfermé le matin venu, puisque d'ordinaire Riley s'occupe de lui en tout premier. Mais bon. Pour l'heure, il va falloir qu'il patiente un peu.
Pas même un yaourt, ou du lait. L'aliment le plus sucré qu'on peut trouver dans le frigo de Riley, c'est du ketchup. De toutes façons, ce n'est pas comme s'il accordait une grande importance à la nourriture en général.
Il n'a pas faim, pour être honnête, mais il sait comment peut être Stepan, parfois. Normal et inquiet, en vérité.
Un petit soupir amusé, et quelques longues minutes plus tard, il s'est traîné jusqu'à la cuisine à son tour, prenant appui contre le mur et sur sa canne. C'est pathétique, il pense ; mais c'est comme ça. Ca a toujours été comme ça, en vérité.
stepan
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