Damné ! Le destin fait bien les choses, parce que rapidement, ton regard croise la toiture blanche immaculée d'une voiture que tu connais bien. Je t'ai souvent fait la leçon sur le vandalisme, et tu respectes cet opinion, mais tu penses aussi que les policiers doivent mourir par le feu,
Alors tu n'es retenu par aucune chaîne et tu as tôt fait de sortir un couteau de ta veste et de t'accroupir devant les pneus de la voiture. Tu commences par percer l'avant gauche - tu ricanes sombrement.
Le problème, Fray, c'est que tu as fais ce coup-là maintes et maintes fois. Et dans un coin de ta tête, tu te doutes que les sales propriétaires de la voiture vont te voir venir, un jour. L'avantage, Fray, c'est que tu cours très vite, malgré tes jambes qui ne sont, entre nous, pas bien longues.
Alors quand tu entends un cri au loin, et que ta tête se relève pour permettre à tes yeux de croiser le regard d'une femme qui s'élance vers toi - tu détales sans demander ton reste.
karel
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Peu aiment traîner dans les CDC à cette heure-ci. Les rues ne sont plus si peuplées qu’en journée, et pour cause, il y a de quoi craindre pour ses affaires, ici, voire pour sa vie, si on manque vraiment de chance. Tu n’échappes pas à la règle, tu n’apprécies guère l’ambiance de ce quartier, il en faut un de ce genre dans chaque ville, un endroit où la loi n’arrive décidemment pas à s’imposer comme elle le fait partout ailleurs. Si tu pouvais l’éviter, tu le ferais, c’est certain, mais ton métier t’en empêches … parfois, par la force des choses, tu dois y mettre les pieds.
Ce soir, c’était pour une suspicion de violence conjugale. La jeune voisine avait appelé la Police, parce qu’elle entendait le bruit des coups, et les cris, de sa cuisine. Elle avait eu peur qu’il finisse par tuer la petite blonde. Malheureusement, comme bien trop souvent dans ces cas-là, lorsque tu avais frappé à la porte, le couple avait ouvert le sourire aux lèvres. Bien entendu, tu avais su voir les restes de larmes sur le visage de la jeune femme, mais elle t’avait assurée que tout allait bien, même quand tu l’avais prise à part, elle avait soutenu que les voisins avaient dû entendre la télé, bien trop forte, et qu’elle s’en excusait. Rageant. Ça t’avait mis une boule au ventre, parce que forcément, Karel, dans ces moments-là, toi, tu ne peux rien faire, et c’est tout l’horreur de ton métier : ses limites. Au final, tu avais juste demandé à la jeune voisine d’être prudente et de bien fermer sa porte, juste au cas où, et puis, tu avais aussi subtilement laissé ta carte, avec ton numéro à la petite blonde.
De retour dans la rue, il t’avait fallu prendre une grosse bouffé d’air frais. Tu avais une sainte horreur de te sentir si impuissante. Et pourtant, tu n’as pas tellement le temps de te reprendre comme il le faudrait … parce que tu finis par entendre Skai qui aboie. Ce n’est pas un aboiement normal, il grogne, alors tu presses le pas jusqu’à la voiture, et tu vois ce type, tes pneus. Tes pneus, neufs, putain.« Hey ! » Tu interpelles le type.« Police ! Restez où vous êtes ! » Tu parles. Ça ne fonctionne jamais ça, évidemment, et comme bien trop souvent, le type détale alors toi, tu t’élances, tu prends le temps de faire descendre le chien de la voiture.« Choppe le, Skai ! » Tu ordonnes, tandis que le berger allemand se lance à la poursuite du type et que toi, tu te mets à courir derrière.
Tu te rends à l'évidence, tu es peut-être à l'abri pour l'instant, mais tu es : coincé, à bout de souffle, et épuisé. Une partie de toi est fière d'avoir semé le chien -qui aboie à tes pieds-, et cette partie de ton cerveau mériterait une gifle. Tu observes la policière avec des yeux brouillés par l'effort, reprenant ton souffle doucement. "La pute", tu penses. Elle t'a coincé. Au moins, les volets du balcon sont fermés. Tu ne dis rien, évitant soigneusement d'aggraver ton cas.
karel
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Tu es si peu patiente, dans ce genre de moment. Littéralement dépourvue du sang-froid que tu viens d’épuiser dans cette sombre histoire, tu ne songes même pas à juste … laisser courir, appeler le Central pour être dépannée et juste rentrer chez toi, non. Tu ne réfléchis pas. Ce type vient de s’en prendre à ta voiture. Ta. Voiture. Alors tu te lances à sa poursuite, et si tu as un doute sur le fait de courir assez vite – c’est que tu as des petites jambes, hein – tu sais que ton chien, lui, prendra rapidement l’avantage, d’une manière ou d’une autre.
Skai est un chien entraîné. Poursuivre des fugitifs, c’est une grande partie de son travail avec toi, et si présentement, il a l’air affamé, tous crocs dehors, tu as une confiance aveugle en l’animal. Tu sais que s’il finit par attraper cet homme, il ne fera que l’immobilisé le temps que tu interviennes. Dans tous les cas, cette course dure bien trop longtemps à ton goût … on ne peut pas dire que tu sois une sportive de haut niveau, du coup, quand le chien s’arrête, que ton suspect se retrouve coincé sur ce balcon, tu arrives derrière, traînante, à bout de souffle, et la main sur un point de côté sacrément douloureux.« Le … Le con putain … » Tu râles, tu souffles, tu alètes, t’as probablement l’air d’une vieille vache après un marathon, là, mais tu relèves quand même un regard assassin sur le type, l’observant comme tu le peux, avant de te redresser un peu.« Aller … descend de là, et sans geste brusque. » Tu ordonnes, en venant attraper une paire de menotte en plastique. Tu ne les aimes pas, d’ailleurs, tu as toujours trouvé que ça perdait de son charme, par rapport aux menottes métalliques.« C’est quoi ton nom ? Pourquoi t’as fait ça ? »
karel
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Il se fiche de toi. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure mais, malgré la pression que t’as accumulée ce soir, tu essaies de garder ton calme. Tu essaies, parce que c’est ton devoir, parce que tu ne peux pas te permettre d’agresser les gens si facilement en tant que flic, même s’il a crevé tes pneus, même s’il est en faute, ce n’est pas à toi de le punir. Difficile, oui, mais c’est comme ça, et aussi étonnant que ça puisse être, tu sais t’y tenir.
Tu viens offrir une caresse au chien.« Bon travail. » Et puis c’est une friandise que tu sors de ta poche pour la donner à Skai avant de reporter ton attention sur ton suspect – est-ce qu’on peut encore l’appeler comme ça quand on sait que tu l’as pris sur le fait ? – qui, de toute façon, est coincé. Il te cherche. Te provoque. Tu te refuses à escalader, à grimper pour aller le chercher. Déjà parce que tu es têtue, ensuite parce que ça sent le coup fourré.« J’en ai seulement l’air. » Tu lances, toujours occupée à tenter de reprendre une respiration plus normale.« Skai. » Prononcer son nom fait se dresser les oreilles du chien bien droite sur ta tête. Tu fixes l’homme, pendant un moment, avant de soupirer, parce que … sérieux, Karel, ça va durer des heures si ça continue comme ça.« Et toi, c’est quoi ton nom ? » Tu ignores un peu ses excuses, on ne pas se le cacher, tu as du mal à les penser sincères.« Moi c’est Karel. Tu vas passer ta nuit là-haut ? »
karel
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Ça n’aurait pas pu être si facile. Ça ne l’est jamais, de toute façon, et tu le sais parfaitement. Tu auras au moins essayé, c’est toujours ça. D’ailleurs, Karel, tu pourrais laisser tomber, hein, tu le sais, tu pourrais retourner à ta voiture, passer un coup de téléphone, on te ramènerait chez toi, et demain, ta voiture serait de nouveau comme neuve, parce que c’est ton outil de travail. Pourtant, tu es bien trop têtue pour ça, et quand il refuse ne serait-ce que de te donner ton prénom, tu soupires, oui, mais tu ne t’éloignes pas pour autant.« Ok, d’accord. Ce sera Roger, alors. » Le nom tout naze ? C’est fait exprès. Complètement volontaire, autant pour être désagréable que pour le pousser à te donner le bon.« Donc, Roger, tu veux parier ? » Au jeu de la patience ? Ce soir ? Il a gagné. Cela dit, tu as les nerfs solides alors, tu peux encore tenir un moment, on ne sait jamais, sur un coup de chance. Du coup, tu viens poser tes fesses sur un petit empilement de palettes, pour ne pas faire le pied de grue, debout, et t’épuiser inutilement.« J’ai rien mangé, ce soir. J’ai envie d’un hamburger. T’as pas faim, toi ? J’ai toujours faim, en soirée. »
Et puis tu baisses les yeux sur Karel.
karel
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« Ta liberté ? » Tu lui réponds. Tu n’as pas grand-chose sous la main, à vrai dire, alors tu préfères jouer de logique. Si tu décides de lever le camp alors qu’il est toujours là-haut, c’est qu’il aura mérité que tu laisses tomber. Au fond, tu sais que tu ne tiendras pas. Tu sais que tu seras la première à rentrer. Déjà parce que tu es fatiguée. Ensuite parce que ce quartier t’angoisse, la pensée qu’un type puisse surgir de nulle part est un poids qui pèse déjà sur ta poitrine … un type avec une lame, parce que dans le coin, ils ont tous des lames. Lui aussi, probablement d’ailleurs. Avec quoi aurait-il trucider tes pneus, sinon ? Enfin … tant que tu ne la vois pas, tant qu’elle n’est pas une menace, tout va bien, du moins, tu le supposes.« Tu ne manges qu’une fois par jour ? » Tu ne pourrais pas. Ou si. Peut-être. Tu as les moyens de moyen de te nourrir, ce n’est peut-être pas son cas, il a dû prendre l’habitude de limiter son corps. Ça se voit, de tout façon, même d’en bas, on voit bien que Roger n’est pas bien épais.« Merci du conseil, ça doit encore être ouvert, près de chez moi. » Ca l’est jusque tard dans la soirée, les fast-food sont nombreux, en plus, tu as le choix. « Tu vis par ici, toi ? » Surement, très probablement. Ce serait bien le style, tu te dis, même si c’est pas beau de juger à la dégaine …« C’est pas trop effrayant ? »
karel
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C’est triste. C’est ce que tu te dis. Ta mère dit souvent qu’il faut de tout pour faire un monde et tu n’es pas certaine d’être complètement d’accord avec ça. Toi, tu te passerais volontiers des gens malheureux, de ceux qui ne mangent pas correctement, de ceux qui luttent chaque jour de leur vie, pour une raison, ou pour une autre. Pourquoi ça devrait être si dur pour les uns et pas pour les autres ?
Encore une fois, tu ne dis rien cependant. Tu ne peux décemment pas sauver la veuve et l’orphelin chaque jour que dieu fait, même si tu aimerais. Et puis, celui-là n’a pas spécialement l’air de vouloir que tu l’aides, ni même que tu traînes plus que de raison dans les parages.« Je vois … on se sent bien chez soi, j’imagine. » Tu te sens en sécurité, dans l’Octant, pas parce que c’est plus calme, parce que franchement, là-bas, ça déborde aussi, parfois. Mais parce que t’es habituée. Tu supposes que c’est la même chose pour lui, peu importe à quel point ça te sembles improbable.« Mh. » Ouais. On suppose qu’il a gagné le pari, hein. C’était couru d’avance, de toute façon. Et tu es déjà en train d’envoyer un message, avec ton téléphone, pour savoir si Oslo traîne pas dans le coin pour te récupérer.« Je vais rentrer. Mais avant … je veux ton prénom. T’as vraiment pas une gueule à t’appeler Roger. »
karel
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Tu te sens en danger, c’est vrai. Et pourtant … tu n’es pas du genre à fuir facilement, Karel. C’est une qualité comme un défaut, certains disent que tu ne sais pas quand tu dois t’arrêter, et dans ton boulot, ton entêtement sonne plus comme quelque chose de bon à prendre. Tu vas rentrer. Tu ne vas pas l’arrêter. Pour cette fois, tu as décidé de passer l’éponge sur ça, même si ça reste un affront considérable pour toi, ils ne sont pas nombreux ceux qui ont osé toucher à ta voiture et qui n’ont pas payer pour ça. Vraiment pas nombreux. Tu ne sais même pas pourquoi, sur l’instant, tu te dis juste que laisser tomber est juste la meilleure des choses à faire.« Fray. » Tu répètes ce prénom, en l’observant, en penchant la tête tandis qu’il s’installe sur la rambarde du balcon tel un enfant un peu trop casse-cou.« C’est mieux. Vraiment. » Ça colle. C’est plus cohérent, même si, tu n’oublies pas qu’il a très bien pu te mentir, c’est toujours mieux que Roger.« Je tâcherais de m’en souvenir alors… » Ouais, par là-bas, c’est chez lui, et tu te dis que ça, c’est bon à savoir, au cas où.« On se reverra, Fray. » Tu le sais. Tu ne chercheras pas, pourtant, mais, tu en as la sensation étrange.
Tu siffles après quelques secondes et tu lui tournes le dos, près de ta voiture, une autre est déjà en train de se garer pour te récupérer alors, tu t’avances, tu t’éloignes avec Skai dans les pieds.