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Invité
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J'suis trop gore pour le grand public
T'façon j'm'en branle des victoires de la musique, j'vise les Hot d'Or
Tous les jours j'me couche aux aurores
─ J'ai plus envie de t'engueuler.
Silence, tu soupires, il a attrapé tes doigts dans les siens, les a entremêlés. Comme s'il ne savait pas de quel poison il t'abreuve, comme s'il ne savait pas quels dangers il prend. Ou pire, comme s'il en avait pleinement conscience, et qu'il avait juste décidé de s'en foutre. Comme si ça n'avait aucune importance. Tu ne sais pas pourquoi tu sens cette connexion, cette douleur sourde qui résonne au fond de vous deux, en écho, tu ne sais pas pourquoi tu arrives à la sentir et pourquoi tu ne cherches pas à la contenir. Qu'est-ce qu'il est cruel, Dusk. Qu'est-ce qu'il est cruel, de te faire ça.
─ Va pas croire que je suis pas encore énervé à mort contre toi.
Comme pour appuyer ce que tu dis, tu appuies littéralement ton bras contre son torse, pour lui faire mal. T'es comme ça. T'es pas gentil. T'es pas tendre. T'es pas prévenant. T'es pas patient. T'es rien de tout ça. Et jusqu'à pas il n'y a pas si longtemps, tu n'étais pas patient, tu voulais tout tout de suite. Tu ne voulais ni trimer ni souffrir. Mais maintenant, tu veux juste esquiver les balles qu'il est en train de tirer sur toi. Consciemment, inconsciemment ? Tu ne sais pas. Il est sûrement trop bête pour s'en rendre compte.
─ Tu partiras, comme les autres.
Ton regard est sombre, plein de ressentiment. T'es plus le jeune adulte naïf qui avait réussi à faire choir la jolie actrice en devenir dans tes bras. T'es plus le gamin perdu qui espérait trouver une famille. Tu sais où est ta place, même si tu la déteste. Tu sais ce qui se passera, tu sais qu'avec le temps les schémas se répètent.
─ Je veux pas de tes belles paroles à la con. Je m'en tape de tes promesses creuses. Tu partiras, d'une façon ou d'une autre.
Tu sais que tu ne pourras pas être autrement que seul. C'est sûrement fataliste, comme façon de penser, mais tu as bien vu avec Sora. S'ils avaient eu l'occasion de l'enlever, de lui balancer une balle dans la tête, à l'entrée de ton casino, juste pour t'énerver un bon coup, ils l'auraient fait. Alors, Dusk ? Il sait pas tenir debout, comment voulez vous qu'il survive à la pègre, aux CDC, à ce bouillon noir et marécageux dans lequel se trouvait ton trône, et ta prison ?
Et pourtant, ça ne t'empêche pas de ne pas lâcher l'affaire, ça ne t'empêche pas de continuer à appeler à l'aide, à supplier qu'on te sorte de là, à supplier de te réveiller un jour dans la peau d'un autre. Sur les coudes, malgré tes côtes douloureuses, tu poses finalement ta deuxième main sur le visage de ce putain de cadavre. De ton point de vue, t'as l'air d'un psychopathe à le regarder comme ça, entre le regard noir et les cernes qui ne semblent pas en finir. Mais tu pleures. Et il fait trop froid pour que tu t'en rendes compte. C'est pas des sanglots, c'est sûrement la douleur, la fatigue et le soulagement de pouvoir enfin avoir un contact humain, un peu de chaleur. C'est si ironique, finalement.
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Tous les jours j'me couche aux aurores
─ Je pleure pas.
Tu te rends pas compte, pas vrai ? Tu te rends pas compte à quel point il remue le couteau dans la plaie, à quel point vous vous faites mal tous les deux, en pensant faire au mieux, sans doute. C'est carrément ta spécialité. Tu le laisse cogner sa tête contre la tienne et ferme les yeux pour lover ton visage dans son cou, en silence. Tu apprécie le moment, comme un moment de calme avant la tempête, mais t'as pas la force pour résister à la prochaine tempête. T'as ni l'énergie, ni l'envie, finalement.
─ J'vais pas te loger éternellement au Casino, tu rêves.
Tu finis par murmure, contre sa peau. T'as accepté, au moins un peu, sans doute. Assez pour lui laisser une place, incertaine, fragile, éphémère et instable, mais une place quand même. Il a fini par la gagner, même si ça te fait chier de te le dire. Ça t'emmerde de te dire qu'il a gagné. Qu'il a réussi à prendre un peu de toi, ou à mettre un peu de son espèce de gentillesse stupide et dégoulinante dans ta tête. Tu gardes les yeux clos, une main sur le sol pour te retenir comme tu peux, entre ça et ton genou, et l'autre contre sa clavicule, cherchant maladroitement une position à peu près confortable.
─ Relève toi, connard. Si t'y reste à cause d'une pneumonie ici, t'auras pas tenu ta promesse.
Autant qu'on sache, il n'a rien promis, pas textuellement, c'est clair et net, mais t'as cette façon de lui mettre la corde au cou sans qu'il n'ai rien demandé. Et t'es quasi sûr qu'il va apprécier ça. Parce qu'il a l'air aussi tordu que toi, le pauvre Dusk. Il se rend pas compte de ce dans quoi il s'est fourré, finalement. Il n'a aucune idée du dumpster fire que t'es.
Finalement, après un court - trop court - instant à profiter de cette étreinte, tu te décides à bouger. Déjà parce qu'à ce stade tu ne sais même plus s'il respire encore ou si c'est juste le vent qui souffle contre ta joue. Une fois reculé, sur les genoux, tu te mets à l'observer, paumes posées contre tes cuisses, on dirait presque que tu t'apprête à prier. Tu sèches tes larmes, en ignorant le fait même qu'il puisse avoir raison. T'as les joues encore roses, il ne le verra pas, il fait trop sombre, t'auras juste l'air triste, et énervé, finalement tout ce que t'es.
─ Bouge, m'oblige pas à faire un truc que je regretterai ensuite.
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─ Tu penses vraiment que ça me fera me sentir mieux ? Tu penses que c'est si facile ? Tu pense pas que si taper sur des gars me faisait me sentir mieux je ferai ça à longueur de journée ?
Tu siffles, mauvais. Pour qui il te prend, vraiment. Tu restes à bonne distance, ce qui doit équivaloir à un mètre maintenant. C'est tellement étrange, d'ailleurs, toi qui mettait tant de distance entre toi et les gens, pendant si longtemps, te voilà effacer tous ces murs qu'il s'est employé à briser, tous ceux que tu as mis des mois, des années à briser. Tu doutes qu'il parvienne à tous les franchir, mais l'idée même qu'il s'entête à le faire te serre le cœur d'une façon bien trop brutale.
Et pendant les secondes qui suivent, le silence retombe, la tension qui fait trembler tes membres n'a plus rien à voir avec le vent glacial et la douleur aigue dans tes côtes. Tu sais que c'est autre chose. Tu sais que tu es passé dans une phase de défense bien différente de toutes celles qu'il a connu jusqu'ici. Dusk n'a aucune conscience du pas qu'il a fait, du pas de trop. Lorsque ta main attrape son col brusquement, lorsque la deuxième relâche la sienne pour accrocher sa nuque et le rapprocher brusquement de toi. Tu agis par instinct. Tu t'en tape qu'il ait mal, froid, faim. Quand tu écrases tes lèvres contre les siennes, c'est sûrement plus pour lui faire comprendre qu'il a un freepass et pour lui ouvrir les yeux que par véritable tendresse. Tu appelle à l'aide.
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Tous les jours j'me couche aux aurores
Il ne se souviendra pas.
Ça tambourine dans ta tête encore et encore. Ça hurle des choses que tu ne voulais pas entendre, que tu ne voulais plus entendre, que tu ne supportes pas. C'est espèce de paranoïa mêlée d'angoisse qui s'est réveillée avec la naissance de cette sorte de malédiction. Tu l'as perdu, tu en es sûr. Tu as perdu ces quelques heures passées à ... Tu ne sais pas. Tisser des liens, tu te dis. Détruire tes défenses, sans doute. Il te faudra quelque heures pour les reformer, à la va-vite, clôturer dans un coin de ta tête ce pan de la soirée.
Douloureusement, tu le ramènes à l'intérieur, tu le serre dans tes bras, et le traine jusqu'à l'appartement que tu ne visite presque plus. Toi qui passe tout ce temps dans ce havre de paix qu'est ton bureau. Et pourtant, pourtant cette fois tu restes dans l'immonde appartement. Oh, il est très bien, très propre, une bulle de luxe et de confort au milieu de l'enfer des CDC. Mais c'est aussi ici que ton amour avec Danaé, avec Sora s'est développé. Déposé à la va-vite dans le canapé, puis finalement le lit plusieurs heures plus tard, lorsque tu reprends des forces, tu te jure de rester à ses côtés.
Tu te sens coupable. Tu te sens coupable lorsque tu demandes à l'un des médecins du casino des conseils, en lui interdisant d'approcher. Dusk a été clair sur le sujet, tu peux te débrouiller tout seul. Il ne veut pas d'eux, pas du corps médical ? Tu feras sans eux. Peu importe si ça prend des heures, des jours, des semaines, tu resteras à son chevet. Juste pour ... Vérifier.
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