Chaud.
La chaleur est particulièrement étouffante aujourd’hui..., Quoi que, assommante serait peut-être un meilleur choix de mot. Tu soupires et déboutonne le haut de ta chemise en lorgnant le ventilo à demi crevé des bureaux. Des dossiers à remplir, des cas à archiver, la journée s’annoncent des plus palpitantes. Ça c’est engouffré d’un coup, comme dans un four, le chaud est venu se coller à la peau. Tout vêtu de ton beau costume, tu regrettes amèrement de ne pas avoir opté pour quelque chose de plus… léger.
Sans parler de ton œil droit, ou tout du moins ce qu'il en reste. Si les blessures musculaires sont allergiques au froid, le trou cicatrisé se cachant pudiquement sous ton patch sombre est sensible aux chaleurs, semblant comme... raviver la douleur de cette lame dans ta chair.
Au bout d’une heure, tu décides d’enlever ta veste noire, de garder chemise et bretelle de ceinturon. Alors que tu songes à faire une pause, rédigeant mollement un dernier paragraphe d'un dossier de vol à la tire,, Karel te prend de court et file prendre l'air.
Tss
Quinze minutes plus tard, te voilà toi aussi dehors, dans ce parc aux abords du poste de Police. Tu marches, tout simplement, profitant du peu de brise que cette journée veut bien t’offrir. À chaque pas, une pulsation dans l'œil et à chaque foulée, une bouffée de nicotine. Ça n’a pas toujours l’effet escompté, mais ça a le don de calmer tes nerfs.
Et c’est là-bas, droit devant, en plein centre du parc que soudain s'élève un concert d’eau, tout droit sorti de la fontaine. Tu n’es pas surpris d’y retrouver Skaï et Karel. Pour tout dire, tu pensais même les y retrouver, pour discuter, profiter de cette pause à trois.
«Vraiment aucune tenue Lieutenant.» Lances-tu d'un ton se voulant joueur tandis que tu t'approches, tirant une longue latte sur ta cigarette quasi finie, dévorée en même pas cinq minutes.
Et pour couronner le tout … la climatisation du poste de police à rendu l’âme la semaine dernière.
En clair, aujourd’hui, tu as l’impression d’être dans un four, autour de toi, pas mal de tes collègues sont en train de littéralement fondre sur leurs bureaux, certains ont pris la décision d’emmener un ventilateur et finalement, c’est un sacré brouhaha qui règne ici. Tout ça, combiné à tout ce qui t’arrives, ces derniers temps fait que tu ne supportes pas bien longtemps.
C’est brusquement que tu te lèves de ton bureau, complètement excédée. Le chien se lève en même temps que toi, et tu plantes ton regard sur Oslo, pas très loin, à son propre bureau.
C’est dans un parc, qui ne se trouve pas loin du poste que tu trouves refuge. Il n’y a personne, ou presque, et, visiblement désireux de se rafraichir, voilà que le berger allemand en profite pour échapper à ta prise, il court droit vers la fontaine remplie d’eau, mais qui ne semble pas fonctionner, du moins, les jets d’eau semblent éteints.
FT: KAREL
La bonne nouvelle, c’est que l’eau est froide. Cela dit, sur le coup, c’est tout sauf agréable … l’eau froide, la surprise, tout ça te coupe le souffle, l’espace d’un instant, tu as l’impression de manquer d’air, comme si tu allais te noyer et puis, tu te redresses, lâchant le collier du chien – qui lui, en profite pour jouer dans l’eau – tu agites les bras comme un oiseau qui apprends le vol bats des ailes maladroitement.
C’est forcément pile à ce moment qu’une voix bien trop familière vient t’interrompre tandis que tu t’agites toujours sous le soleil, espérant sans doute sécher plus vite de cette manière. Tes yeux se posent très vite sur ton équipier, tu le toises, un court instant, avant de presque gonfler les joues, vexée, surement, d’avoir été prise dans une position si honteuse, tu viens plonger ton bras dans l’eau fraiche et d’un geste ample, tu lui envoies une petite vague. Une pierre deux coups, c’est ce que tu te dis. La cigarette s’éteint instantanément et, toi qui te demandais comment il pouvait supporter ce costume si habituel chez lui, par cette chaleur, ça te soulage presque d’être venue … le rafraichir.
FT: KAREL
Yeux clos.
Dégoulinant d’eau, la fraîcheur de la brise venant galoper sur ta peau, tu attrapes ta cigarette éteinte et l'observe quelque instant, avant de soupirer.
Irrécupérable, autant la cigarette que Karel.
Oublie la nicotine, repose toi sur cette autre chose qui peut parfois te faire oublier la douleur. Plutôt paradoxale, pas vrai ? La raison qui se fait aussi rédemption. Étrange. Et pourtant tu lui offres un de ces sourires doux, passant toi aussi - en mimétisme - une main dans tes cheveux. En d’autres circonstances, tu te serais peut-être émerveillé d’une telle complicité, mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, le jeu te manque, grignoté par cette douleur vive qui attaque ton crâne.
«Je prends sur moi. Ce n'est qu'une question d'habitude. »
Elle parle de tes vêtements, tu parles de ton œil, mais ça, elle n'a pas a le savoir. Maintenir la tête hors de l'eau est un sport auquel tu excelles depuis un an maintenant. La vraie question est : Combien de temps sauras-tu tenir ?
Skaï revient. Tout obéissant qu'il est, tu ne peux réellement t'empêcher d'approcher une main câline. Tu chuchotes des "bon chien" qui se veulent le plus bas possible, ne pouvant être entendu que par l'ouïe fine du quadrupède. Les yeux encore rivaient sur le chien, tu souffles entre un faible sourire, te redressant, la surplombant d'une tête ou deux.
«Tu me fous en l'air une cigarette, et je dois te payer une glace ? Lances-tu, le sourcil arqué d'une fausse confusion. Sur ces quelques mots, tu recules d'un à deux pas, pivotant ensuite, venant tourner le dos à Karel et Skai. «Allez viens. Je vais voir ce que je peux faire pour toi.
Tu laisses le chien revenir. Avant, quand tu l’appelais, tu le suivais des yeux, juste au cas où. Maintenant, tu sais qu’il suivra, quoi qu’il arrive. Tu sais qu’il est derrière toi, sur tes talons, surement dans les pieds d’Oslo, d’ailleurs.
Tu profites très largement de ce semblant de légèreté. Ce n’est pas souvent, ces derniers temps. Tu as l’esprit ailleurs, tu te sens … comme tirée d’un côté, puis d’un autre, sciée. Tu t’es toujours donnée à 100% pour ton travail, et puis, il y a eu ce soir-là, et maintenant, tu te sens comme obligée de rester dans le sillage de Nori Wallace juste parce que … parce que Sirius, parce que ton pouvoir, juste parce que toutes ces choses que tu t’acharnes à garder pour toi et qui, peu à peu, semblent te grignoter, mine de rien. C'est fou, hein, même le dossier de Nori, et d'Aether Lab plus largement est revenu à une place stratégique sur ton bureau ...
FT: KAREL
«Le chien mouillé aussi ça pue.»
Désolé Skaï, aucune dent contre toi, juste une épine lancée comme ça, sans réfléchir, alors que tu cherches dans tes poches ton paquet de cigarettes. Tu y trouves le briquet, mais... «Fais chier..» Ce grognement là s'extirpe en soupire d'abord agacé, ensuite plus lasse, plus fatigué. Tu l'as sûrement oublié sur ton bureau quand tu t'es précipité pour sortir rejoindre Karel au parc.
Et la chaleur frappe, même à l'ombre des arbres du parc et avec la fraicheur de tes vêtements mouillés, tu sens les morsures du soleil traverser le tout pour venir planter ses crocs sous ta peau.
C'est ainsi, dans cette sorte d'accalmie, de courte solitude, bien avant que ta coéquipière ne te rattrape, tu passes ta main sous ton cache-œil, forçant une pression démesurément grande sur ta blessure. Comme, guérir le mal par le mal, forcer la douleur à exploser pour ne plus rien ressentir, l'espace de quelques instants. Puis ça pétille sur ton côté d'une question posée là, nonchalante, détachée de la réalité. Tu en reste là, un peu pataud, un peu confus, simplement hébété. Karel qui a ce don de spontanéité que tu aimes tant.
«Hm..» Le pas plus lent, en direction des stands, tu y réfléchis plus que de raison. Ce n’est pas une question de vie ou de mort, mais sans surprise tu cherches la réponse qui te semble la meilleure. «Bouclier, ou champs de forces, quelque chose dans le genre ?» Tu n'es pas tout à fait sûr, mais préférant de loin protéger que détruire, ça te semble être adéquat. À prendre en compte que tu n'y connais vraiment pas grand-chose... en... superpouvoirs... «Et toi ? Est-ce que Skaï en aurait un aussi ?»
La suite n’a pas besoin de réflexion, la réponse est déjà toute trouvée. «Je soignerais ta peur des couteaux.»
L'évidence même.
C’est surement ta façon d’en parler, de façon complètement détournée, tu parles superpouvoirs, tu prends la température, tu vois. Qu’est-ce qu’il va penser de toi, si tu lui dis ? Et s’il se mettait à te fuir ? S’il s’éloignait, hein ?
La suite par contre … autant dire qu’elle est surprenante. Si tu étais lancée, motivée par l’appel d’une glace, tu marques une pause, tu t’arrêtes, te laissant dépasser de quelques pas, avant de te remettre en marche, mécaniquement. Qu’es-tu censée répondre à ça ?
FT: KAREL
Elle s’arrête.
Karel ?
Pas de lieutenant, pas de nom de famille, juste son prénom échappé en un souffle d'inquiétude. Main tendue vers toi, elle se saisit de ta manche de chemise et ton regard glisse jusqu'à son visage baissé. Tu cherches à capter ses yeux, pivotant, te mettant parfaitement face à elle. Elle veut te parler… mais elle agit si bizarrement. Karel n’est pas particulièrement connue pour sa retenue et si elle a quelque chose à dire, elle le lance, comme ça, sans demander son reste.
Tu as des ennuis ?
C’est la première chose qui te vient à l’esprit. Tu remontes ton bras libre pour te saisir de son poignet, de cette petite main accrochée à ta chemise. Tu as beau l’observer elle te semble, enfin, te semblait parfaitement normale jusqu’à maintenant... Milles et unes questions te traversent l'esprit, mais tu les gardes pour toi, la forçant doucement, d'un petit mouvement de doigts sur son menton, à redresser son regard.
Quoi que tu ai fais, j'ai oublié mes menottes sur mon bureau. Tu auras le temps de fuir, mais sache que je te retrouverais.
Et ça te fait marrer... un peu...
Tu es inquiet et hélas...n'as absolument aucune idée de ce qui t'attend.....
Tout ça pour dire que ça contribue à te rendre anxieuse. Au fond, tu te demandes peut-être si ce n’est pas trop lui demander.
Mais … il viendra.
Il te retrouvera.
Quand tu comprends ce que ça veut dire, tu pourrais presque venir l’enlacer, cela dit, tu te retiens de le faire. Inutile de rendre tout ça plus dramatique encore, n’est-ce pas ?
FT: KAREL
Juste quoi ?
Tu n'aimes pas ça. Rares sont les choses qui tracassent Karel. Tout ceci est inhabituel, incohérent, étrange en soi... Tu laisses toute une série de réflexions t'envahir l'esprit. Tu pourrais t'en foutre, faire mine que tout ceci ne t'intéresse pas, de blaguer nonchalamment, ou mieux, changer de sujet. Mais la glace attendra, d'autant plus que tu n'es pas du genre à lâcher l'affaire. Maintenant qu'elle t'as confié que quelque chose n'allait pas, ou plutôt n'allait plus, tu sens ta façade se braquer, laissant l'appréhension te dévorer le visage. Tu finis par regretter ta précédente "boutade". Ravalant salive, raclant ta langue sur ton palais, tu finis par placer des mots simples.
Tu sais que tu peux tout me dire.
Ça semble si facile, dis comme ça. "Dis moi tout, fais moi confiance, n'ai pas peur." car tu sais déjà d'avance que tu ne diras rien pour la troubler, pour la blesser. Et pourtant il t'es si difficile d'en faire de même. Comment mettre des mots sur des sentiments, sur des moments de ta vie qui sont pour toi encore si flous...Tu peux attendre, tu peux repousser à une éternité. Qu'importe.
Elle te parle de Nori Wallace, et tu as souvenir d'une pseudo filature liée à un ou deux dossiers qui se sont tous avérés sans suite. Pourquoi y retourner ? Tu plisses les yeux, l'observe avec une attention perçante. Elle semble vouloir fuir et tout ton corps est en alerte, prêt à la saisir de force au moindre mouvement.
Elle soigne.
Quoi ?
...Par- pardon ? C'est toi qui as un moment de recule. Tu ne fuis pas... juste... Honnêtement tu ne parviens pas à la croire... tout du moins pas tout de suite. Karel s'explique, se démène à trouver ses mots... Tu as déjà entendu parlé de ce genre de "phénomènes" de ces "coupeurs de feu" ou "magnétiseurs" comme certains aiment les appeler mais...
Alors attend... Si j'ai bien compris. Tu viens chercher ton briquet dans ta poche et d'une dextérité sans pareille glisse ton pouce sur la roulette. Clac. Tu ne préviens pas et c'est sans un mot que tu forces ton autre main sur la flamme.
Il fait des efforts. Tu le vois. Tu le sens. Tu le connais si bien, quand on y pense, et il te connait très certainement tout autant. Entre vous, il ne devrait même plus y avoir d’hésitations, à ce stade, tu devrais pouvoir tout dire, tout avouer, sans avoir honte, sans avoir peur. Tu as pourtant confiance … mais à la fois, il y a en toi cette peur, cette crainte, irrationnelle, incompréhensible.
Le dire. Le sortir. C’est un soulagement, finalement. Tu pourrais souffler, sauter, crier, hurler, tant ça te fait du bien de pouvoir mettre des mots là-dessus. Un sentiment bénéfique et agréable qui, forcément, ne dure pas bien longtemps parce qu’il recule, et là, c’est la panique, qui prends le dessus. Tu amorces un étrange mouvement, que tu freines aussitôt, comme pour le rattraper, éviter qu’il ne puisse te fuir.
Et puis, il semble chercher à comprendre, et si tu plisses les yeux, en l’observant, dans l’attente, sans doute, d’un jugement, d’une sentence … tu n’as le temps de rien, quand il dégaine ce briquet pour l’allumer avant de juste précipiter sa main libre directement sur la flamme. Ça dure quelques secondes, à peine, avec le recul, tu te reprocheras encore d’avoir eu une réaction trop longue parce que, quand tu t’avances, que tu te précipites pour te pendre à son bras et le faire arrêter ça, il est déjà trop tard, le mal est fait.
FT: KAREL
T'es con.
Un peu con à ta façon. Si bien que t’as envie de te cacher derrière l’idée que tu n’as pas réfléchis, que tu as agi par instinct, comme tu peux le faire parfois. Juste pour te trouver une excuse valable, incontestable. Qu’on ne puisse plus te donner du tort. Je n'ai pas réfléchis. Mais c’est faux. C’est terriblement faux. Tu as la confiance en aveugle, mais en aucun cas ce mouvement dans les flammes était irréfléchi. Si Karel dit vrai, et tu sais au plus profond de toi qu’elle dit la vérité, alors il était dans ta logique d’agir, de te faire du mal, pour lui donner l’occasion de te prouver sa vérité.
Peut-être bien qu’un “Je te fais confiance” aurait suffi…
Tu rigoles légèrement, amusé, quand elle balance ton briquet à l'autre bout du parc.
Mais... ça aurait manqué de saveur. Non ?
Et la douleur dans tout ça ? Anodine. La morsure du feu n’a d’égal que la griffure d’un chat quand on connaît l’entaille profonde d’une lame. Karel te demande de ne pas bouger et tu écoutes, obéissant, attentif à ces moindre demandes. Si tu es des plus divertis par ses réactions, tu n'en reste pas moins curieux.
Ça ne reste qu'une simple brulure bénigne et pourtant, au bout d'un minuscule instant... à son simple touché... les picotements disparaissent.
Ohh.. Que dire d'autre ? Impressionné, tu l'es, même si ça ne se lit pas sur ton visage, que tu restes relativement calme. Karel ne lâche pas ta main et quelque part, tu commences à te demander si la brulure reviendrait si vous coupiez contact... alors tu laisses cette main dans la sienne, glissant peau contre peau, comme si le contact permettait aussi de soulager tes autres maux.
Puis la réalité revient aux galops.
Mais qu'est ce qui se passe ? C'est Wallace qui est la cause de ces "pouvoirs" ? Ou peut-être Aether Labs ? Tu finis par reculer, d'un pas, ramenant ta main. Tu l'observes, aucune marque, plus rien... Tu le savais déjà mais tu t'étais senti obligé de vérifier.
Tu prends sa main, ses doigts, tu viens t’occuper d’effacer la douleur, les traces de cette brulure légère, mais bien visible quand même. Ça ne dure pas plus de quelques secondes, tu sens, en toi, que ça change quelque chose, mais c’est léger, alors les effets le sont tout autant. Heureusement. Une fois que tu as terminé, tu lèves les yeux, tu observes, guettes ses réactions. Est-ce qu’il va prendre peur ? Pas vraiment. Il semble surpris, forcément, mais, il demeure finalement si égal à lui-même et un sens, c’est rassurant. Voir Oslo paniquer aurait eu tôt fait de t’effrayer …
Quelques minutes s’écoulent, rapides, vos doigts liés, vous restez face à face, comme ça, dans le silence et puis, il reprend sa main, recule, et la tienne retombe, mollement dans un soupir presque désolé.
Une énième fois, te voilà à soupirer, et quand tu délaisses à nouveau le chien, tu reprends la main d’Oslo sans un mot, sans un regard pour l’entraîner avec toi.
FT: KAREL
Elle ne sait pas.
Évidemment que Karel n’en sait rien…T’essayes de prendre sur toi, de comprendre en soit… Elle te parle d’étoile… qu’elle n’est pas toute seule, qu’il y en a d’autres, des comme elle… Et toi tu comprends de moins en moins. Sourcils froncés d’une frustration nouvelle, tu soupires lourdement. Qu’est ce que t’es supposé comprendre exactement? Une Étoile l’a choisi et lui a donné le pouvoir de guérir ? T’as besoin de temps pour process…
J’espère que tu as conscience que tout ce que tu me dis là… n’a pas le moindre sens ?
Dans un sens, t’as envie qu’elle te rassure… qu’elle te dise qu’elle est autant paumée que toi - et à juste titre-.... T’en viens même à vouloir que ce soit une blague… mais la disparition de ta brûlure sur ton doigt raconte une tout autre version des faits...
Dans quoi tu t'es embarquée Karel...
Si tu t’écoutais, tu repartirais bosser pour t’occuper l’esprit, mais Karel t’attrape la main. Tu te laisses entraîner, perplexe… inquiet aussi. Mais tu n’oses imaginer comment se sens véritablement la jeune femme. Ce n’est qu’une fois devant les stands que tu te libères de sa main, la forçant à prendre place à l’une des nombreuses tables de pique-nique du parc.
Reste là, je vais nous chercher quelque chose de frais.
Et tu reviens avec deux soda et une de ces glaces à tourbillon colorés. Il n'y avait plus que ça. Tu la lui tends Comment tu te sens ?
A ce moment, tout ce qui s’échappe de plus d’entre tes lèvres, c’est un lourd soupir … tu te sens fatiguée, tu as l’impression d’avoir fourni une longue explication bancale qui n’aura servi à rien. Tu te sens obligée de recommencer depuis le début, en y mettant plus de détail mais à la fois, tu n’en as pas du tout le courage et le contrecoup léger de ce que tu viens d’opérer sur la main d’Oslo vient, par-dessus le marché, se faire ressentir à ce moment-là. Autant dire, du coup, que tu n’en mènes plus trop large.
C’est pour cette raison que tu décides de te secouer, comme si tu refusais simplement de t’endormir, tu viens saisir la main toute neuve de ton équipier pour l’embarquer avec toi, tu t’efforces de chasser tout ça, comme si tu n’avais jamais rien expliqué de ce qui t’arrives ces derniers temps, tout en ayant conscience que c’est trop tard, et que le mal est fait. Tu te retrouves finalement assise, sur un banc de bois, accoudée à une table similaire, tu viens simplement agripper ton visage entre tes doigts, tu ébouriffes toi-même tes cheveux avant de revenir à la réalité, pour ainsi dire. Quand tes yeux s’ouvrent à nouveau sur le monde réel, il y a devant toi deux sodas frais et une glace que tu attrapes avant de l’attaquer sans grande conviction. Au moins, le froid te fait du bien.
FT: KAREL
T’as envie de soupirer.
De tout souffler, de profondément te débarrasser de ce qui te tracasse, de cette blague qui n’en est pas une. Comment la croire ? Karel étant Karel tu sais très bien qu’elle te dit la vérité, mais cette vérité semble tout ce qu’il y a de plus…. fausse.
Elle semble perdue, et en soit il y a de quoi. Alors quand tu la rejoins sur le banc, alors qu’elle se saisit de sa glace, tu l'observes. Encore et toujours, avec ce même silence, ce même œil qui suinte la peau, qui essaye de capter la moindre petite faille capable de te donner des réponses. Mais tu crois bien que toutes les réponses ont déjà été données… au point que tout ceci en devient frustrant. C’est comme s' il manquait quelque chose… quelque chose de plus fou, de plus dangereux… Tu as comme l’impression que tout n’a pas été dit… mais peut-être bien que Karel n'en sait pas plus
Tu ne devrais pas forcer...Au vue de ce qu'il t'arrive pour une simple petite brulure. Tu aurais perdu quoi, la moitié de ta vie pour me régénérez l'œil ? Tu ramènes la canette à tes lèvres, et avant de boire quelques gorgées, tu laisses échapper un chuchotement : Je préfère encore perdre le deuxième que de te faire souffrir.
De la rationalité pure.
Et puis, tu t'y es faits, à cet œil en moins, à ce patch. Il fait entièrement partie de toi désormais, pas même un miracle d'étoile ou tu ne sais trop quoi d'autre, parviendrait à effacer le sentiment qui t'habite quand tu penses à cette blessure.
On devrait rentrer. On a encore du travail.