Aigredoça nostalgia

Il y avait cette vitre, épaisse au toucher, transparente à la vue. Elle contenait plusieurs milliers de litres d’eau, une centaine d’habitants à écaille, des coraux et autres plantes sous-marines. Derrière cette piètre reconstitution d’un fond aquatique, une équipe de connaisseurs, pour au final quoi ? Des piètres spectateurs, sûrement plus intéressés par la boutique de souvenirs que les cartels. “Pourquoi suis-je entrée ?”, Atalante se le demandait sérieusement, d’habitude ce genre de lieu ne l’attirait pas, pas plus qu’un zoo par exemple. Pourtant, aujourd’hui fit exception à la règle.

“Êtes-vous heureux ?”, sans s’en rendre compte, elle parlait dans sa langue natale, une habitude qu’elle perdait de plus en plus. Prononçait-elle encore correctement les mots ? Le parler de Polaris, lui donna-t-il une sorte d’accent ?  La contemplation des remous la plongea dans une sorte de légère hypnose. Son environnement lui restait accessible, mais son attention se tourna entièrement vers ses pensées. Quelqu’un vint briser cette quiétude. Soudainement, en articulant des sons qui lui étaient familiers, elle se tourna vers cette voix. La voix d’une jeune fille, forcément plus grande et accessoirement plus avenante.

“Oui, c’est comme cela que l’on dit.”

En fait, elle ne savait pas quoi lui répondre, puisque la gêne se lisait sur son visage ouvert. Ses excuses la poussèrent à demeurer douce, même si son âge la mettait grandement, mal à l’aise. La jeune femme attendit que son interlocutrice termine, son regard plongé dans le sien et sans attendre elle lui répondit.

“Je ne connais pas en détail la diaspora de cette île, quant à faire la visite ensemble… Disons que je me vois mal refuser la proposition, je n’ai pas grande chose à faire aujourd’hui. Merci.”

Son destin, serait-il donc d’enfin fréquenter des jeunes gens ? Entre cette fille et son patron, ses fréquentations rajeunissaient de jour en jour. Pour l’instant, l’éveillée ne savait pas quoi en penser, ni prévoir si cela lui apporterait plus de positif que de négatif. Néanmoins, elle détestait faire attendre les autres, alors elle s’avança sur le chemin qui menait aux mammifères et poursuivit leur conversation.

“Je viens d’Ithaque en Grèce, peut-être que tu connais, c’est un coin célèbre grâce ou à cause d’Odysseus que tu connais certain plus sous le nom d’Ulysse. Et toi, tu viens d’où ? Je ne peux le deviner à ton physique. Oh, d’ailleurs, j’allais presque oublier que mon nom est Atalante.”

Et tout en parlant d’un air un peu gêné elle regardait un peu partout sans oser croiser son regard. En ce jour, à l’intérieur du bâtiment, il faisait chaud, ce qui expliquait son tee-shirt simple à logo et son cycliste. De plus, sa banane, accrochée par une ceinture à sa taille, lui donnait un air de touriste, de quoi faire sourire.

Codage par Libella sur Graphiorum