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Regarde le, quand il te parle, écoute le, ne le laisse pas chercher ailleurs l'amour qu'il devrait y avoir dans tes yeux.
L'éclat de voix faible qui provient de la chambre te sort d'une espèce de torpeur, aussi brutalement que si tu t'étais pris un mur à pleine vitesse. Surpris, tu lâche la part qui retombe platement dans le carton et cligne des yeux. Pourtant, ce n'est pas si surprenant, pas vrai ? Dusk s'est réveillé. Il avait sûrement besoin de repos, d'un peu de calme et de s'allonger sans faire le zouave. Il allait se réveiller, ses jours n'étaient pas en danger, après tout. Mais il t'appelle, et pendant un instant, un court instant, tu te souviens qu'il est toujours possible qu'il ait reconnu l'appartement, ou quelque chose du genre. Tu ne sais pas. Tu sais pas jusqu'où tu lui as supprimé ses souvenirs. Peut-être qu'il se souvient d'un bout de l'entrevue, peut-être qu'il se souvient d'avoir manqué de tomber du toit. Qu'est-ce que tu en sais, toi ? Tu refermes avec soin la boîte et te relève, faiblement. Deux jours que tu n'as pas fermé l'oeil, tu ressemble à un zombie. Tu t'es écroulé, une fois, pendant à peu près trois heures, sans savoir si c'était du sommeil ou un genre de malaise. Tu as refusé de voir un médecin parce que ce n'était pas grand chose - et qu'il est hors de quelqu'un que quelqu'un te touche. Dans la panique et l'angoisse, tu as écrasé ton poing dans le visage du seul employé qui avait daigné poser sa main sur son épaule, lorsque tu avais réclamé un médecin pour des conseils, en panique.
Les pas que tu fais jusqu'à la porte sont lents, parce que tout te hurle de ne pas te faire d'illusions, d'aucune sorte.
─ Réveillé, donc.
Pas d'éclats de voix ou de grandes embrassades. Tu restes silencieux, puis finalement tu appuie ton dos contre le mur du couloir en le détaillant. Il est pathétique comme ça, pas vrai ? Sûrement que vous l'êtes tous les deux.
─ Comment tu te sens ?
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Regarde le, quand il te parle, écoute le, ne le laisse pas chercher ailleurs l'amour qu'il devrait y avoir dans tes yeux.
J'ai dormi longtemps ? Il demande, tu hausses les épaules, tu ne sais pas depuis quand tu attends. Les CDC ont des airs de nuit éternelle, et la nuit étant encore là, tu imagines que ça ne doit pas faire si longtemps. Ou alors si. Tu ne sais pas. Tu as passé tout ce temps à attendre et te flageller. J’suis désolé si j’t’ai dérangé. Tu plisses un peu le nez, détourne le regard pour ne pas avoir à l'affronter et tu marmonnes :
─ J't'ai dis que j'allais pas te loger ici éternellement.
C'est à peine audible, tu cherches pas à le culpabiliser, mais t'espérais bien qu'il ne crève pas dans ton lit pendant la nuit, on va dire. Finalement, il semble peiner à se redresser, et s'approcher de toi, tu ne peux pas reculer, puisque déjà contre le mur, mais tu ne cherches pas à instiguer le contact non plus. Tu ne veux pas fuir, parce que tu n'es pas lâche, mais tu ne veux pas de ça. Tu n'en veux. Tu ne pourras pas supporter la suite. Tu replantes tes yeux sur lui, et l'orage dans tes yeux ne fait que gronder, laissant entendre la pluie qui s'annonce.
─ J'ai pas laisser de médecin t'approcher.
Tu réponds, plus froidement que tu le voudrais, alors qu'il te dit de sourire, et tu ne le lâches pas des yeux, jaugeant sans doute la réponse, la réaction.
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Regarde le, quand il te parle, écoute le, ne le laisse pas chercher ailleurs l'amour qu'il devrait y avoir dans tes yeux.
─ Tu n'as pas compris.
Il est tout proche, il s'agace, sans doute. Il s'agace de ta distance et de ta froideur. Tu comprends. Tu ne supporterai pas quelqu'un comme toi, tu ne te supporte déjà pas, de base.
─ J'ai cru que...
Tu détournes les yeux, soupire faiblement, cherche les mots juste pour qu'il ne comprenne pas encore une fois tout de travers. Et puis, finalement, tu poses doucement ses mains sur ses épaules, prêt à le repousser s'il le faut, sans doute. Tu sais que ton coeur bat trop fort, trop vite, tu sais pourquoi, tu connais ce sentiment que tu veux chasser à tout prix. Mais le contact de tes doigts contre sa peau est trop agréable pour t'en défaire tout de suite.
─ J'ai cru que tu ne te souviendrais pas.
Tu avoue, finalement. Mais il ne comprendra sûrement pas. Pourquoi est-ce qu'il se souvient ? Est-ce qu'il se souvient de tout ? Tu n'as pas la force de demander. À la façon dont il vient réclamer le contact, la proximité, tu supposes que oui. Tu supposes qu'il se souvient au moins de votre étreinte, de ce moment de flottement et de tendresse.
─ Tu comprends rien. Tu comprends pas à quel point c'est compliquer de laisser entrer quelqu'un quand tu repousses habituellement tout le monde. Tu comprend pas l'énergie que ça demande, d'être constamment à cran, de se protéger de tout. Tu comprends pas ce que c'est d'avoir peur de tuer ou d'effacer quelqu'un dès que tu l'approche. Je suis resté à ton chevet pendant tellement longtemps que j'ai aucune idée du jour qu'on est.
Silence, tu soupires, profondément, puis ferme les yeux un instant. Il n'y a que peu de lumière mais c'est trop pour ta photophobie.
─ C'est bon, t'es assez habitué au son de ma voix, là ?
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Regarde le, quand il te parle, écoute le, ne le laisse pas chercher ailleurs l'amour qu'il devrait y avoir dans tes yeux.
─ Je suis désolé.
Des mots qui sonnent bizarre dans ta bouche. Ça n'arrive pas souvent, que tu t'excuses. Pas parce que tu n'es jamais en tort, loin de là ! Tu en as bien conscience ! Mais d'habitude tu t'en branle, en fait. Mais cette fois, c'est différent. Cette fois tu te dis que c'était stupide et irréfléchi. Et d'habitude, tu n'es ni stupide - tu l'espère - ni irréfléchi.
─ J'aurais pas dû faire ça.
Surtout vu les conséquences que ça avait eut, pour sûr tu ne recommencerais pas, c'était certain. Tu restes silencieux, et appuie un peu ta joue contre sa main, laisse retomber tes mèches sombres un peu devant tes yeux. Tu as l'air épuisé, et tellement à bout de nerf que tu sembles vulnérable, prêt à accepter n'importe quoi. N'importe quel fragment de tendresse ou d'humanité. Tu serai prêt à te raccrocher à sa lumière, même si elle était prêt à s'éteindre.
─ Et si tu m'oublies ?
C'est un murmure, tout bas, fragile. Pendant un instant tu es à nouveau l'enfant qui attendait sur le perron du pensionnat, que ses nouveaux parents viennent le chercher. Tu es à nouveau l'enfant en proie à de terribles cauchemars qui hurle dans sa chambre, mais personne ne vient le rassurer, papa est trop occupé, et maman dort avec des boules quies, tu fais trop de bruit.
─ Pas cette nuit, pas demain, mais un jour.
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Regarde le, quand il te parle, écoute le, ne le laisse pas chercher ailleurs l'amour qu'il devrait y avoir dans tes yeux.
Tu ne sais pas ce que tu attends, ce que tu espères de Dusk. Tu ne sais pas si tu espère qu'il restera, vraiment, ou juste qu'il te fasse oublier un peu de toute cette merde qu'il t'arrive ces derniers temps. Tu veux juste souffler et te sentir normal, sûrement. Tu veux juste avoir un pied dans sa vie comme celui qu'il a mit dans la tienne. Et pourtant, tu ne veux rien savoir, tu ne veux pas t'attacher, tu ne veux pas souffrir. Tu veux tout avoir sans rien avoir à donner. Quelle ironie ! Quel égoïsme !
─ Tu vas manger et boire, pour commencer.
Tu n'en parles pas, pas comme si ce baiser n'avait pas eu lieu, ou comme s'il t'avait gêné, mais comme si tu l'avais simplement accepté, cette fois. Sans faire de grands discours ou de grands mouvements paniqués. Tu as besoin de calme, et tu supposes qu'il en a besoin aussi. Tu l'accompagne jusqu'au grand canapé d'angle, et le laisse plus ou moins tomber dessus, tant pis s'il s'avachie, c'est bon. Tu veux juste qu'il soit confortable, au moins un moment, au moins jusqu'à la prochaine crise de nerf et de paranoïa. Puis tu vas chercher la boîte de la pizza que tu balances sur la table basse, et une bouteille de soda.
─ T'avise pas de me demander une goutte d'alcool, je me relève pas.
Tu annonces, alors que tu te laisses tomber à côté de lui et que tu lui files la télécommande. Tu regarde jamais l'espèce d'immense écran télé qui se loge sur le grand mur sombre, tu regarde jamais parce que tu t'en fous, en vrai. Et pourtant, machinalement, tu reviens te loger contre lui, cherchant le contact, l'instiguant alors que tu t'étais promis d'éviter. Il n'oubliera pas.
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Regarde le, quand il te parle, écoute le, ne le laisse pas chercher ailleurs l'amour qu'il devrait y avoir dans tes yeux.
─ C'est chez moi. Et c'est ma chambre.
Tu ne penses pas à ceux qui ont visité l'appartement avant lui, tu penses plutôt aux choix esthétiques portés à cet appartement, alors que tu étais tout juste majeur. Des vieux locaux transformés en garçonnière. Pas de chambre d'amis, tu n'avais pas d'amis. Et puis tu avais un Hôtel et un Casino, qui a besoin de chambres d'amis... Pas de bureau non plus, pas de grands tableau cliché de tes parents ou quoi, juste l'appartement de quelqu'un qui a du fric et bien réussi dans la vie. Un appartement qu'on aurait pu trouver aux CDC. Et pourtant, il ne comportait pas de photos, pas de souvenirs. Tu n'en avais pas gardé beaucoup. Quelques tableaux abstraits, offerts par Danaé ou directement achetés par elle pendant des expositions, des galas. Et certains meubles choisi par Sora, qui te plaisaient encore assez pour que tu ne t'en sépare pas.
─ T'es un chien flic ou quoi ?
Bien sûr que ça te fait des papillons dans le ventre quand il parle de ton odeur, comme s'il pouvait la reconnaître. Est-ce qu'il peut ? Sûrement. Tu ne sais pas, personne ne t'a jamais trop parlé comme ça, pas depuis des siècles. Tu es toujours sur la défensive, malgré ton corps détendu, il va falloir encore détendre l'esprit.
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Regarde le, quand il te parle, écoute le, ne le laisse pas chercher ailleurs l'amour qu'il devrait y avoir dans tes yeux.
─ On est juste au dessus du casino. C'est juste bien insonorisé.
Tu soupires faiblement, essaye d'oublier ce qui peut bien se tramer à des étages en dessous et le regarde galérer avec sa bouteille. Il est faible, présentement. Tu n'es pas beaucoup mieux, mais tu fais illusion, tu attrapes la bouteille et tu l'ouvres avant de lui tendre, sans un mot.
─ Non, j'aime bien.
Tu détournes les yeux, prend sur toi pour ne pas rougir encore une fois, comme une adolescente. Ça fait un peu pitié, mais bon, c'est pas ta faute.
─ Ménage toi.
C'est pas dit tendrement, c'est même plutôt sec.
─ S'il faut que je t'en casse une ou deux en plus pour que tu arrêtes de t'agiter, je le ferai.
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Regarde le, quand il te parle, écoute le, ne le laisse pas chercher ailleurs l'amour qu'il devrait y avoir dans tes yeux.
Tu souffle, mauvais, alors qu'il te dit qu'il compte bien sur toi pour jouer à l'infirmier. Faudrait voir à pas prendre ses délires pour des réalités, en vrai. T'as pas que ça à foutre, t'as un empire financier à diriger, et ta vie à pas laisser trop couler, ce genre de trucs. Encore que, entre nous, tu préférerai jouer à l'infirmier personnel de Dusk ... Mais ça te coûterait trop de l'avouer. Quand tu te redresse, c'est pour venir à califourchon sur lui. Il te cherche, tant pis, il te trouve. Ce n'est pas comme si quelqu'un allait vous surprendre. Et même, si ça arrivait, qu'est-ce que ça pourrait bien foutre ?
─ Tu m'confonds avec une collégienne je crois. Tu penses que j'ai un couvre-feu à respecter ?
Non, c'est probablement pas ça qu'il a en tête, il se demande sûrement juste à quelle heure il devrait te laisser filer pour faire tes bails de directeur de Casino, tout ça tout ça. Mais non. Tu réagis comme si t'avais quinze ans. Sérieux Ceylan...
─ Me libère pas.
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Regarde le, quand il te parle, écoute le, ne le laisse pas chercher ailleurs l'amour qu'il devrait y avoir dans tes yeux.
─ Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ? T'es du genre jaloux ?
Tu sais pas ce que la jalousie vient foutre dans cette histoire. Y a rien à voir, et pourtant faut que tu mettes ça sur le terrain. Lorsqu'enfin tu reposes tes yeux sur lui, il est vraiment tout près. Est-ce qu'il compte t'embrasser à nouveau ? Tu ne penses pas. Il a surtout l'air de jouer, entre nous, mais bon. Tu ne sais plus vraiment où s'arrête le jeu, et tu n'es pas un très bon perdant.
─ Je sais. Je sais que t'aimes ça, t'es transparent.
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Regarde le, quand il te parle, écoute le, ne le laisse pas chercher ailleurs l'amour qu'il devrait y avoir dans tes yeux.
─ Fais ce que tu veux, j'm'en tape.
Mensonge éhonté, il est trop près pour y croire, trop près pour que ta carapace soit réellement crédible. Mais tant pis, tu t'en tape qu'il te croit ou non, tant que t'arrives encore à te mentir à toi-même. Et finalement, il te fait juste exploser de rire. C'est quoi cette expression, sérieux ?
─ Mystérieux comme ..., tu éclates de rire à nouveau, un vrai rire franc et sincère, probablement comme il ne t'a jamais vu le faire, clairement là tu l'es plus.
Tu essayes de te calmer, essuies les larmes du fou rire au coin de tes yeux, et finalement tu reposes ton regard sur lui. Il t'a rapproché, ça doit lui faire mal de jouer au con, sans doute, mais c'est bien fait pour lui. Il aurait très bien pu te repousser en te disant qu'il avait mal. Tu l'aurais - sans doute - pas mal pris.
─ M'embrasser.
Tu réponds, avant même de chercher à y réfléchir un peu plus. Tu ne veux pas y réfléchir, tu ne veux pas te dire qu'il y a une autre possibilité. Tu ne veux pas penser à autre chose. Pas maintenant.
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