shake well before use

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salon de tatouages▵ 2h32 ▵ andras

tu ne savais pas pourquoi tu avais accepté. oh, tu avais toujours été une idiote, cyllène - mais c'est un des clients de reynir, un riche homme d'affaires, qui t'a demandé de faire ça pour lui - et toi, tu n'as pas réfléchi à dire non.

alors tu as couru.
tu as volé, tu as tenu le paquet contre toi, et tu as disparu. embrumée dans les ténèbres des chiens de chasse, tu espères ne tomber sur aucun de tes démons. le renard, le chat, l'étoile. ça te fait peur. tu donnerais beaucoup pour être dans les bras de Nori, ou juste dans Son appartement, ça te va aussi. tu crains de ne pas revoir lycaon, ou que karel te déteste, maintenant que tu fais ces bêtises.
tu cours.
tu cours toute la soirée, et tu as prévu de courir toute la nuit.
l'homme a été clair. il faut brouiller les pistes, et ensuite, il faut amener la marchandise à bon port.

bon port, tu sais où c'est. pas au lucky. pas au casino. dans les ruelles, entremêlés dans les ombres, il y a cette boutique de tatouages qui ne demande rien à personne et qui ne fait pas de vagues.

le problème, ma fille, c'est qu'alors que tu tournes au coin d'une rue - eh bien on t'attrape par le bras. ton réflexe, c'est de crier et de taper, mais un de tes bras est bloqué par la poigne, et l'autre serre le paquet contre ta poitrine. tu as pas beaucoup d'options.

Ta gueule, le shaker

CdC - Fin de journée | Ft @Cyllène Fossegrim

C’est qu’un con. De toute façon, tu t’en branles, c’est qu’un con. Ton patron peut bien gueuler comme un cochon qu’on égorge, tu t’en branles, voilà tout. Il avait qu’à être précis dès le début, nan mais. Petite et brune, c’est ce qu’il avait dit. Ensuite il avait gniaffé mille ans et forcément que t’étais parti dans tes pensées hein. Il est pas intéressant ce type, c’est comme ça. Forcément, aussi, hein que t’as pas trouvé la bonne fille. Et maintenant, ce gros porc, t’annonce tout sec que t’auras pas ton argent parce que t’as pas ramené son colis assez vite. Qu’un autre de ses gars est sur le coup, que la fille a été vue dans un coin des CdC et que t’as plus qu’à décarrer. Du coup, voilà, c’est qu’un con !

Ca veut pas dire que t’as lâché l’affaire, par contre, qu’on se comprenne bien. C’est juste que tu lui as fichu ton poing juste à côté de la face, dans le mur, si fort qu’il a du en pisser dans son froc. Maintenant, tu vas trouver la fille et tu réfléchiras ensuite à ce que tu fais. Chaque chose en son temps. Agir, ensuite réfléchir, c’est comme ça que tu fonctionnes.

T’es en train de marcher vite dans les ruelles, en faxant ton corps d’asperge entre les badauds, les yeux alertes. T’as pas pris de saloperies depuis que t’es sur le coup, et si tu ressens la nervosité et le début de la parano du manque, t’es aussi drôlement plus clair. Du coup, cette fois-ci, la fille, tu la repères, et quand tu vois ses marques sur le visage, t’es certain de pas te tromper. T’es en train d’aller vers elle quand un bras apparaît et bam, il te pique le poisson sous le nez. Et vraiment, hein, tu DETESTES qu’on te retire ce qui t’appartient.

T’arrives sans un bruit derrière le type qui retient TA fille, un bras dans le dos. Elle se débat elle aussi, mais ça, tu t’en branles. En faite, dans un grognement de vieux chiens malades, tu attrapes le crâne du type et tu l’envoies de toutes tes forces contre le mur à sa gauche. Ca fait un BOUM bizarre, un peu d’os qui craque, et l’autre tombe comme un moucheron grillé par une lampe. Ta main attrape le bras qu’il te tenant et tu fais brusquement pivoter la fille devant toi, en la regarder, avec… honnêtement hein, une tête de cadavre ambulant.

« C’est toi, la voleuse. Que tu lui dis, bêtement. Putain, tu m’as fait courir, la vache. Et perdre ma paie accessoirement et ça, tu vois gamine, bah ça m’hérisse. Tu l’observes sans cogner, sans chercher à lui arracher le paquet, juste une poigne trop forte sur son petit poignet. Ca laissera un bleu, sûrement. Il ta fait mal ? Que tu demandes, tout à coup. »

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si tu t'es sortie d'un premier problème, tu retrouves empêtrée jusqu'au cou dans un tout nouveau problème - peut-être plus dangereux que le premier.

il te parle, mais tu restes prostrée, sur la défensive. ton bras te fait mal, et tu as eu peur, mais tu es prête à te défendre si besoin est, maintenant que tu n'es plus prise par surprise. tu fronces les sourcils, et hésite à répondre. mais il risque de péter les plombs si tu ne lui réponds pas.

ces derniers temps, tu es plus vive. malgré l'emprise de Nori, malgré l'oubli, malgré tout. la distance commence à ne plus te faire de mal, comme si tu t'habituais, ou comme si quelque chose avait été débloqué. tu as plus de moments de lucidité, heureusement. c'est bien. mais ce n'est pas suffisant. tu butes sur les mots. les engrenages de ton cerveau rouillent et ronronnent, durs. j'ai... mal, mais... rien de cassé. tu serres un peu plus le paquet contre ton torse, tu gronderais presque. ça... c'est à moi. tu serais prête à mordre, s'il approchait la main. pas touche, tu ajoutes, comme si tu ne t'étais pas fait comprendre.

Ta gueule, le shaker

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Y a rien, maintenant, qui t’empêche de castagner la petite chose fragile qui s’est tirée avec le colis de l’autre empaffé. Sauf que si une part de toi, celle qui grogne toujours au fond de toi, se dit que ça ira aussi vite de la déglinguer et récupérer le truc, bah y’a autre chose qui t’arrête. Elle est… petite. Genre petite, petite. Et elle a l’air jeune. Et… merde hein, parce que tu vois plus une voleuse, pendant l’espace d’un instant, mais une gamine. Et on connait la rengaine sur les enfants, Andras, du coup, ça te fait chier.

« Fallait le cogner, aussi, plutôt que de le regarder comme ça ! T’sais il aurait pas hésité, lui, à te cogner… voir à faire pire. T’es complètement con de voler un truc aussi important et pas te défendre. »

Ahhh… ca y est, ça commence à monter. Tu le sens comme de la moutarde qui te pique le nez. D’un seul coup, ton corps se met à trembler et tu serres si fort son poignet que bientôt, si l’autre connard lui a rien cassé, toi tu vas pas faire pareil. Du coup tu la lâches, comme si elle te dégoutait, tu recules, te retournes un instant, revient face à elle et… tu gueules, pour pas changer tiens.

« PUTAIN ! Il pense à quoi c’lui qui t’a envoyé hein ?! On envoie pas un bébé voler des trucs de mafieux ! PUTAIN ! MAIS QUEL CONNARD ! Tu braques un regard colérique sur elle. Et toi, t’as intérêt à plus jamais faire ça ! Tu tends à nouveau la main devant elle. Maintenant, t’arrêtes de baver et tu me files ça ! J’vais quand même pas te cogner, ptain ! »

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un... un bébé ? tu le regardes en clignant les yeux. il parle trop vite pour que tu saisisses tout ce qu'il déblatère, alors tu te contentes de le fixer sans comprendre. tu serres un peu plus le paquet contre toi, tu serres jusqu'à ce que le carton se plie. tu ne lâcheras pas. c'est que tu peux être étrangement butée, cyllène, quand tu t'y mets.

mais il te fait peur, cet homme. il a l'air plus qu'instable. cela dit - ça ne t'empêchera pas de lui tenir tête, plus que nécessaire. alors quand il tend la main vers toi, comme pour t'encourager à lui donner la commande, tu secoues négativement la tête, vivement. non... non. je te donnerai pas ça.

et en fait, plutôt que de continuer à lui tirer tête... tu recommences à t'enfuir, à toutes jambes - persuadée qu'il va te suivre, mais que tu peux tout de même le distancer.

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T’as quand même toutes les raisons du monde d’être énervé, nan ? De toute façon, le premier con qui te dit que non, tu lui casses les dents. Ça va là ? Ça donne le ton ? En tout cas, mon vieux, t’es en train de t’enfler, devant cette petite gamine qui recule avec le paquet entre les bras. Elle le sert, et tu peux pas t’empêcher d’te dire qu’elle va abîmer la marchandise. Tu grognes. Ta lèvre supérieure se retrousse alors qu’elle se met à baver.

« QUOI ? MAIS PUTAAAAIN C’EST LA JOURNÉE OU QUOI ?! »

Et en faite, tu gueules, Andras, et elle, elle en profite. Tu comprends un poil trop tard qu’elle prend la poudre d’escampette. Elle te file sous le nez et tu restes figé quelques secondes. Et puis ça explose. D’un seul coup, la colère monte en toi, enflamme ton âme, t’arrache un hurlement qui t’arrache la gorge et résonne dans les rues à un tel point que certains passants se retournent en sursautant.

Tu bondis à sa suite. Pendant quelques minutes, elle garde son avance sur toi, et puis, tout à coup, tes grandes jambes et ton poids plume te donnent l’avantage. Tu pourrais remonter vers elle, tendre la main, l’arrêter d’un coup sec. Tu pourrais. Pourtant, tu bondis, t’effondres sur elle, roules, boules, en la serrant dans tes bras et quand tu t’arrêtes, elle est à un mètre de toi, et toi t’as la gueule dans les poubelles.

« PUTAAAIN ! BOUGE PAS OU J’TE DEFONCE ! T’es déjà en train de te redresser, la joue et un bras égratignés, en sang. Pourquoi tu l’veux tant, c’colis bordel ?! »

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le choc te coupe le souffle. mais tu es déterminée. ses hurlements te donnent du fuel. motivée par une sorte de psychologie inversée improbable et une envie de réussir, tu refuses de lâcher l'affaire. d'habitude, tu l'aurais fait bien plus vite. tu ne crains pas l'homme qui t'a demandé de faire cette course, parce que tu es protégée par reynir. rien ne t'arrivera, ou alors pas sans terribles représailles, alors d'ordinaire tu n'es pas effrayée à l'idée de trahir ceux qui ne font pas partie de ta meute.

mais aujourd'hui... les enjeux sont différents, il faut croire.

vous roulez-boulez dans une ruelle délabrée des chiens de chasse, et les pavés te font mal. tu n'es pas une combattante, cyllène, loin de là. tu tiens plus de la poupée de chiffon. alors tu restes recroquevillée sur le sol, le paquet serré contre ta poitrine, alors que tu essaies de reprendre ton souffle et de te remettre du choc de la chute. tu as déjà les larmes aux yeux. tu n'aimes pas la douleur; elle t'est insupportable. la douleur, tu l'infliges, et ce n'est pas le contraire. tu ne comprends pas quand on te fait mal. tu ne comprends pas pourquoi il te fait ça, cet homme. tu relèves un regard larmoyant vers lui alors qu'il crie de plus belle.

je... je sais pas! tu te mets à crier à ton tour, vous voilà bien. ta voix est bien plus aiguë que la sienne, surtout transie de peur et d'adrénaline comme tu l'es actuellement. tu serres les dents et te redresse, difficilement. lâche-moi ! va... va voir ailleurs, si j'y suis ! enfin, tu supposes que c'est ça, l'expression.

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La rage pulse en toi, jusqu’à te donner l’impression que même les bords de ta personne deviennent flou. P’t’être que tu t’es cogner la tête trop fort. P’t’être que t’es en train de virer dingue. P’t’être tout un tas de conneries, mais la vérité, tu vois c’est que tu t’en branles comme de l’an quarante parce que là, t’es vénère. Et quand la gamine remonte un regard tout plein de larmes sur toi, tu te figes et une expression vraiment moche se pose sur ton visage. Ça crispe tes traits, creuses des rides sur ton front, tord ta boucle, plisse le nez, et tu tournes la tête d’un coup.

« P’tain mais voilà qu’elle pleure maintenant ! Que tu grognes, toujours en colère, mais clairement retombé d’un coup dans ta colère. Quand on chiale pour… pour… Pourquoi tu chiales au juste ? Tu secoues la tête, avant de ramener tes yeux vers elle, l’air pas content. Enfin quand on vole des trucs, on chiale pas. Tu fais chier ! »

Pourtant, mon vieux, t’essaies pas de la cogner ou de lui arracher le colis des mains. En faite, tu te remets juste maladroitement debout, t’essuie le sang qui coule un peu sur ta joue éraflée, sans la lâcher des yeux. Toute ton attitude est prête à lui sauter dessus à nouveau. Tu cognes pas, mais tu vas pas lui laisser l’droit de se barrer pour autant.

« J’ai un job à finir, et toi tu viens juste m’faire chier ! On fait comment si j’suis pas payé hein ?! Tu sais quoi, gamine ? J’vais t’expliquer un peu la vie… Soit tu m’files ce truc, soit tu t’arranges pour m’payer ce que le mec allait m’payer pour que je le lui ramène. Tu t’avances, te penches sur elle, avec un sourire que tu modules empli de folie pour lui faire peur. Alors, tu veux faire quoi ?! »

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il ne te fait pas peur. en tous cas, c'est ce que tu aimerais croire. oh, non, tu n'as pas peur - tu ne veux pas avoir peur. tu refuses. alors qu'il s'approche de toi avec son sourire qui te hérisse, tu examines tes possibilités à une vitesse folle.

tu ne peux pas le payer. et puis surtout, tu refuses de le payer ! ce serait perdre. et puis tu ne veux pas lui donner le paquet, ce serait perdre aussi, mais pire. tu fronces les sourcils.

en fait, tu fronces les sourcils, et tu pointes ton arme sur son front. il n'a pas bougé, tu supposes qu'il ne s'attendait pas à ce que tu sois armée. mais le canon de ton pistolet touche la peau de son front et tu te mordilles les lèvres, tendue. recule, tu lui ordonnes d'une voix tremblante - tout le contraire de ton bras tendu, qui ne tremble pas, oh surtout pas. il ne pourra pas te désarmer sans que tu ne sois plus rapide pour tirer, tu en as conscience. alors tu le menaces, prenant cette dernière astuce pour faire pencher la balance de ton côté. recule ou t'es mort.

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Ca va finir par te rendre complètement dingue, ce truc. Parce que cette nana est une contradiction sur patte et que toi, Andras, t’aimes pas bien ce genre de problèmes. C’est bien plus simple de foutre les gens dans une case, les cataloguer, et ensuite les traiter comme des merdes. Sauf que là, tu peux pas. La gamine est une voleuse et une enfant, pour toi. Les voleurs tu les défonces, les gosses tu les épargnes. Autant dire que c’est mal barré.

Le truc qui va mal finir, aussi, c’est que t’as beau la questionner et essayer de la foutre au pied du mur, elle répond pas. Elle a l’air complètement débile, pendant une poignée de secondes. T’es même en train de te dire que tu l’as cassée quand, d’un seul coup, elle dégaine. L’arme contre ton front, tu sens le droit du canon sur ta peau, et y’a pas un tremblement en toi.

« Tu caches bien ton jeu… »

Armée et dangereuse, elle t’a pris de vitesse, vieux. Et pourtant, elle est pas tombée, elle aussi, sur le meilleur adversaire qui soit. Parce que tu te retrouves à sourire. En grand, en fou, en inquiétant. Tu appuies un peu plus ton front contre l’arme, sans bouger et surtout sans faire mine de reculer.

« Vas-y, tire. J’m’en fiche de crever, j’me suis juste loupé à chaque fois. Tu souris toujours, presque fou. Par contre, j’espère que t’as les tripes bien accrochées, parce que tu vas avoir de la cervelle partout sur toi. Parfois, les yeux giclent même, donc ferme la bouche. Ah et vu qu’il y a des caméras un peu partout, on risque aussi de t’retrouver vite, hein. Tu appuies un peu plus. Alors, tu tires ? »

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ce ne serait pas la première fois que tu prends la vie de quelqu'un. mais ça ne te fait pas plaisir, du tout, et puis tu as peur. mais tu poses ta deuxième main sur la crosse de ton pistolet, comme si tu allais tirer et que tu te préparais au recul. tu vas tirer, cyllène; tu vas tirer.

mais du coin de l'œil, tu les aperçois. deux orbes dorées, minuscules mais bien visible dans les ténèbres nocturnes, qui t'observent - fixement. ta poigne sur l'arme s'efface tant tu as l'impression de te liquéfier soudainement. tu as l'impression d'être en coton, ou en compote, tu ne sais pas; en fait, tu es transie par la peur. tu lâches soudainement l'arme, mieux, tu la jettes au loin, comme si elle t'avait brûlée. et finalement, tu te relèves d'un bond, tremblante et paniquée. laisse-moi tranquille ! tu cries, sans savoir si tu le cries à cet inconnu qui te hurle dessus et qui te malmène ou si tu cries à l'intention de cette personne qui te hante.

finalement, tu t'es enfuie à pleines jambes, laissant planté andras là. abandonnant ton arme, et le paquet. pour l'heure, la fuite est plus importante.

Merci

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