vraiment les tréfonds des CDC, appartement de Prudence.
Ce n’est pas tous les jours que Niels se retrouve dans les CDC. Pas tous les jours, mais ce n’est pas non plus rare. Mais c’est en cette matinée encore chaude, mais néanmoins digne d’une fin d’été, qu’il se dirige vers un point bien précis du quartier. La démarche déterminée, le regard droit ; c’est qu’il file vers son objectif, Niels. Parce que quand il en a un en tête, il est difficile de le faire bifurquer. Bon, on ne peut néanmoins pas dire que l’objectif du jour est… Extraordinaire. Non. Même, en temps normal, Niels aurait qualifié un tel objectif, qui est de simplement aller chercher ce qui lui appartient - à savoir, l’argent de ses locataires qui mettent un peu de temps à payer - de particulièrement monotone et peu motivant - ce qui d’ailleurs la raison au pourquoi il préfère souvent laisser une telle tâche à d’autres personne - mais là, il y a un petit quelque chose en plus. Parce que bien évidemment, s’il n’y a pas ce petit quelque chose en plus, jamais Niels n’aurait pris la peine de se déplacer lui-même. Cette raison, elle concerne le locataire de l’appartement. Oh, si on y regarde de loin, le profil correspond à la grande majorité des habitants des CDC… Mais vraiment, c’est que si on y regarde de loin. Parce que jamais Niels n’aurait pris le risque de louer l’un de ses biens au profil classique et bien cliché de l’habitant des CDC. Mais en y regardant de plus près, c’est différent. Différent dans le sens, où il y a potentiellement profit à faire. Parce que si ça n’avait pas été le cas, Niels n’aurait pas été là.
Il entre dans l’immeuble, Niels. Le genre de bâtisse ancienne, qui ressemble à toutes les autres bâtisses d’à côté. Le genre de bâtisse qui dénote un peu de Niels, en fait, l’homme vient presque faire tâche dans ce paysage - où, plutôt, le paysage vient faire tâche dans l’univers qui entoure Niels, c’est bien plus joli dit ainsi. Il gravit les escaliers, jusqu’à arriver face à une porte bien particulière. Trois coups sont portés contre la porte. Pas un de plus, pas un de moins. Mais donnés avec une intensité qui ne laissait relativement bien deviner les raisons de sa venue : chercher quelque chose. Et il accompagne le geste de quelques mots, ayant la même intensité que les trois coups portés.
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08:49 - chiens de chasse - niels bjørntvedt
Que la mer retentisse
avec tout ce qu'elle contient,
Que la campagne s'égaie
avec tout ce qu'elle renferme,
Que tous les arbres des forêts
poussent des cris de joie
Les pastels du ciel matinal dessinent des nuages pensifs sur les traits de son visage, et ses bras entourent son corps avec toute la chaleur dont elle sait faire preuve. Il n'y a personne pour Prudence et Prudence n'est là pour personne en cette matinée semblable à toutes les autres. La soirée d'hier s'est terminée dans le sang et l'horreur, et les spectres de la veille mettent un temps fou à disparaître, cette fois-ci. Alors Prudence est là, assise sur un vieux matelas qui lui semble pourtant bien confortable, disposé contre le mur d'une petite pièce, en face de l'unique fenêtre - et Prudence peine bien à retenir ses larmes. Ce sont les ordres du Maître, elle se répète encore et encore, comme pour donner valeur à ses actes atroces, mais rien n'y fait, ce matin-là la culpabilité est trop forte. Pourtant, elle fait ça pour la survie du Maître, et par son biais sa propre survie. Ce n'est qu'une chasse parmi tant d'autres, ce ne sont que des jugements, Ses Jugements, rien de plus. Mais alors, pourquoi est-ce que cela fait si mal ?
Elle choisit de se lever, finalement. Peu habillée malgré la fraicheur matinale, elle se dirige vers le coin "cuisine" de la chambre d'étudiant. Elle n'est pas familière avec l'électroménager de la ville, notamment les plaques de cuisson, alors la plupart de ses repas consistent en des paquets de choses sèches que Mai lui ramène souvent, entre deux repas plus consistants dont il lui fait don aussi. Ce n'est pas la précarité qui épuise Prudence.
C'est la solitude, sûrement. Malgré l'appel de son Étoile, elle songe à son village et à la forêt; à la nature et à la liberté. Ici, dans cette prison de métal et de bruit, tout va vite, tout est cruel, tout est froid. Il n'y a rien pour elle, ici. Naïvement, Prudence se dit qu'une fois sa mission accomplie, elle rentrera à la maison : si on veut encore bien d'elle. Peut-être qu'il lui sera interdit de rentrer. Dans ce cas-là ne lui restera plus que l'exil, mais peut-être qu'un exil dans les terres qu'elle connaît bien vaut mille fois cette croisade solitaire dans la capitale dont elle s'est confié la responsabilité seule.
Ses doigts ont à peine effleuré le bord rugueux d'un placard quand on toque à la porte. Trois coups. Pas un de plus - pas un de moins. Et c'est étrange, parce que Mai lui indique toujours par messagerie quand il compte passer, ou si c'est une urgence, il se présente directement à sa fenêtre; et il toque doucement contre la fenêtre, comme s'il ne voulait pas la déranger, comme si ça l'embarrassait. Ces trois coups n'ont aucune douceur ni chaleur; instinctivement, Prudence est sur ses gardes. Pas le temps d'enfiler complètement son masque, bien qu'elle aimerait que ce soit le cas. Elle se contente d'en ramasser la partie inférieure, un respiratoire rouge serti de lanières de cuir, qu'elle accroche naturellement sur son nez et sa bouche avant de venir ouvrir, sur la défensive.
Ses yeux s'écarquillent un peu, surprise, lorsque le visage derrière la porte lui est... familier. Monsieur Bjørntvedt ? Le nom glisse naturellement sur sa langue à l'accent entraîné, sur la voix vaguement déformée par le respiratoire, alors qu'elle le dévisage. L'envie de lui demander de but en blanc ce qu'il fiche ici lui brûle la langue, mais pour l'heure la jeune femme hésite un instant - avant de finalement ouvrir un peu plus la porte de l'appartement, invitant l'homme à entrer, s'il le souhaite. Que me vaut... votre visite ? Les mots sont incertains, alors qu'elle l'accueille dans la pièce presque vide de tout meuble, de toute décoration et même, vide d'affaires personnelles, finalement. Il n'y a pas à dire, Prudence voyage léger.
vraiment les tréfonds des CDC, appartement de Prudence.
La porte s’ouvre peu de temps après sur… Niels manque presque de cacher sa surprise, sur l’instant. C’est vrai, la petite particularité vestimentaire lui avait totalement échappé. Pourtant, ça n’aurait pas dû, c’est tout de même assez marquant, et surtout tout le monde ne se promène pas avec un tel respirateur sur la figure - même si, en l'occurrence aujourd’hui, c’est plutôt un demi respirateur. Qu’importe, de toute façon, Niels n’en a pas grand-chose à faire de tout cela, en réalité ; ce qui l’importe d’avantage, c’est qu’on soit réglo avec lui, le reste…
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La raison de la venue de cet homme paraît floue à Prudence. Que lui voulait-il ? Instinctivement, elle est sur la défensive. Prudence n'est pas de la capitale, loin de là, mais elle aussi loin d'être naïve. Ce ne sont pas les mêmes bêtes qu'elle chasse, mais les prédateurs ont toujours été les mêmes, eux. Elle ne se fera pas avoir. Mais pour l'heure, elle laisse monsieur Bjørntvedt entrer dans son piteux appartement et l'observe curieusement - sa respiration s'emmêle dans son masque et elle croise les bras, impatiente.
Euh. La question la prend de court, et elle observe le salon absolument nu de ses meubles, comme si elle n'avait jamais vraiment emménagé. Tout se passe bien, finit-elle par le rassurer, sans trop savoir s'il va la croire. Peut-être qu'il est déjà persuadé que son appartement gracieusement prêté sert à des fins obscures qui ne requièrent absolument pas qu'elle emménage dedans. Ou peut-être que non, sinon il ne l'aurait pas installé dedans et ne se serait pas cassé les pieds à la traîner dans mille bâtiments administratifs à ces fins...
La suite de ses paroles accroche un peu plus son oreille, cela dit, parce qu'elle n'a aucune fichue idée de ce que cet homme essaie de lui raconter. Pour exprimer cette incompréhension, justement, elle se permet de pencher légèrement la tête sur le côté et de le fixer avec des yeux bien trop expressifs à son propre goût. Hm... De peur de l'offenser, elle ne répètera pas ses mots ou ne laissera pas s'échapper d'onomatopées idiotes. Cela dit... Je suis désolé. Je suis... Je ne suis pas sûre de comprendre ce que vous essayez de m'expliquer. Il n'y a rien dans cette ville qu'elle pourrait lui donner, rien qu'elle ne pourrait échanger. Ses mains viennent se joindre devant son ventre alors qu'elle se tripote les doigts, mal à l'aise. Elle a envie de fuir, loin, là où il ne pourrait pas la retrouver, là où l'embarras et la honte ne pourraient pas la retrouver. Ce sont des émotions qu'elle a bien trop ressenti depuis son arrivée en ville.
vraiment les tréfonds des CDC, appartement de Prudence.
C’est une réponse relativement courte, que Prudence fournie. Mais une réponse acceptable. Le genre de réponse qui permet de passer à la suite assez vite.
La suite de la discussion arrivant sur la réelle raison de la venue de Niels ; il s’arrête un peu sur les mots fournis.
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La honte est lourde sur ses épaules. C'est une sensation cuisante, pesante, et le ton sec de Monsieur Bjørntvedt n'arrange clairement rien à la situation. Alors Prudence se tait et écoute, bien qu'elle n'ait aucune idée de ce qu'est un "bail" ou une "location". Mais Prudence n'est pas plus bête qu'une autre, ou en tous cas c'est ce qu'elle essaie de se dire, alors elle découpe et détaille chacun des mots, le temps de paniquer et de trouver une réponse. Rien n'était gratuit à Polaris. Rien n'est gratuit dans son village au fin fond des montagnes non plus, elle a envie de lui dire, de lui cracher sévèrement au visage comme un serpent à qui on aurait marché sur la queue, mais elle se tait; sage.
Qu'est-ce qu'il veut qu'elle réponde ? Elle hésite, son regard se pose sur les papiers qui lui a donné, organisés soigneusement en un petit tas de feuilles posé à côté de son matelas déchiré et encore un peu poussiéreux. Prudence sait lire. Première enfant, l'aînée du chef de son village, c'est elle qui est la première à lier le contact avec Polaris, c'est elle qui dialogue et permet les échanges. Alors elle sait lire, et écrire, et compter. Mais personne ne lui a jamais parlé de "bail" et de "location". Un contrat est un contrat, mais souvent chez elle, on parle plus d'un accord, à chaque fois qu'elle a traité avec les envoyés de la capitale.
Alors bien sûr, là, Prudence est démunie. Privée de mots, de retour, de sa jugeote caractéristique, si on croit son père. Hm... elle réitère, hésitante. Combien... ? Elle suppose finalement que Niels veut parler argent. C'est une notion qui ne lui est pas étrangère, mais pas non plus familière. Et surtout, comment trouver de l'argent ? Avec du travail. Comment trouver un travail ? Elle ne savait pas. Pas alors que la ville grouillait de monde qui avait sûrement déjà du travail. Prudence était confuse, perdue. Mais pas déstabilisée. Pas moins motivée. Ou alors peut-être que les souterrains n'étaient pas si mal, finalement. Après tout, elle n'avait jamais demandé à en sortir. C'était Niels... c'était Niels qui l'avait tirée de là. Mais ce n'était pas le moment de l'accuser lui, elle devait se ressaisir. De toutes façons, elle disparaîtrait sûrement vite. A la prochaine mission, aux prochaines giclées de sang. Pour la première fois depuis qu'elle avait rejoint le cercle de Rastaban, Prudence redoutait ses ordres. Comment est-ce que je peux vous repayer ? Elle demande, peut-être naïvement.
vraiment les tréfonds des CDC, appartement de Prudence.
C’est un sourire satisfait qui vient de dessiner sur le visage de Niels, alors qu’il l’a surplombe de toute sa hauteur. Mais ce n’est néanmoins pas un sourire chaleureux, bien au contraire. Y a-t’il peut-être finalement un peu plus de jugeote dans l’esprit de Prudence que ce que Niels pensait jusqu’à présent. Tant mieux, d’un côté, au moins, toute cette mascarade ne durerait pas plus longtemps ; mais méfiance d’un autre côté. Méfiance parce que Niels l’aurait peut-être sous-estimé. Et ça, oh, Niels le sait, c’est le premier pas vers l’échec que de sous-estimer une personne… Mais bon, il n’a pu s’empêcher de ranger Prudence dans l’un des nombreux clichés qu’on peut avoir sur les autochtones, parce qu’il fallait dire, tout en avait pris l'apparence dès le début. Vie dans les souterrains, accessoires vestimentaires on ne peut plus intrigants, tic de langue mêlé à l’accent prononcé, concepts courants lui semblant étranger… Niels avait noté tout ça. Il ajoute maintenant aussi, l’absence totale de décoration intérieure. Si dès le départ, la première impression que Prudence lui avait faite était déjà particulière, tout ceci s’accentue davantage. Au final, c’est vrai, qui ne possède aucune décoration intérieure ? Aucune touche personnelle ? Rien sur quoi se raccrocher. Même les hommes des cavernes peignaient des mammouths sur les murs des grottes dans lesquelles ils vivaient ! Bon, d’accord, Niels ne s’attend pas à ce que Prudence peigne des ours - ou n’importe quel autre animal vivant dans la faune des montagnes astériennes - sur les murs de sa chambre… Mais l’ensemble de tout lui disait qu’il l’avait peut-être sous-estimé. Peut-être…
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Elle considère monsieur Bjørntvedt en silence - à la limite entre le désespoir et l'envie de s'adosser contre le mur le plus proche pour souffler. Deux cent cinquante dollars, c'est beaucoup. En réalité, ce serait le plus d'argent qu'elle n'aurait jamais eu en un coup, et il fallait donner cela tous les mois ? Cela lui paraissait onéreux pour la chambre repeinte à la va-vite qui s'étendait devant ses yeux. Mais cet homme semblait bien plus renseigné qu'elle, il fallait l'avouer. Très bien... Allez, ressaisis-toi, ma grande, il doit bien y avoir un moyen.
Le fait était que Prudence ne manquait pas de ressources, et surtout - elle avait d'autres chats à fouetter pour vraiment s'accaparer de cela, si cela entravait sa mission, elle allait devoir s'évaporer dans la nature. Ce qui ne serait pas bien difficile, en soit. Si elle le voulait vraiment, monsieur Bjørntvedt ne la retrouverait jamais. Peut-être que ce ne serait pas plus mal, finalement. Mais curieusement, elle a envie d'essayer. Parce qu'elle voit dans son regard une lueur qui ne lui plaît pas du tout, une lueur dégoûtante qu'elle a envie d'embraser, de faire disparaître. Cet homme se permet de la juger pour ce qu'elle n'est pas... Prudence est une meurtrière et une illuminée, sûrement, mais elle n'a rien d'une sauvage abrutie. Elle n'avait rien de moins que ceux qui étaient nés en ville, entourés par la modernité, et certainement bien plus dans la tête. Elle pourrait largement s'en sortir. C'est avec cet élan d'optimisme et de détermination qu'elle avait repris la parole. En même temps qu'elle prononce ses mots, elle se déplace dans l'appartement, enfilant la seconde partie de son masque et surtout, des vêtements plus couvrants et convenables. Prête à sortir, peut-être prête à accomplir n'importe quelle besogne que cet homme la juge capable de faire, qui sait. Avons-nous un moyen..., la voix s'étouffe, déformée par le masque. Je ne sais pas. De nous arranger ? Peut-être. Elle demande finalement, en y croyant peut-être un peu trop.
vraiment les tréfonds des CDC, appartement de Prudence.
Le suite de la scène fait bien vite comprendre à Niels qu'il avait vu juste depuis le tout début ; pas de lingot d'or caché sous le matelas, pas d'argent obtenu par le biais de moyens qu'on pourrait qualifier... de divers et variés. Bah, ça n'a rien de surprenant. Il se contente simplement de hocher la tête, une fois l'information apprise. Mais il ne dit rien, pas encore, pas tout de suite. D'autant plus que Prudence se met en mouvement. Un changement d'apparence, où plutôt, termine de compléter son apparence. Une apparence similaire à celle que Niels avait connu jusqu'alors - où bien, est-ce simplement le masque désormais entier qui lui donne cette impression ? Qu'importe, de toute façon ; ce qui le frappe un peu, à Niels, c'est plus la vivacité d'esprit dont Prudence fait preuve. Il n'a encore rien dit, encore fait aucune allusion, pas même depuis qu'ils se sont rencontrés pour la première fois. Oh, au final, peut-être bien, que Niels s'est un peu trompé, sur Prudence, peut-être bien qu'il l'a un peu sous-estimé. Mais ça l'amuse un peu, à Niels. Un sourire - qui n'a toujours rien d'amical - vient se former sur son visage. Même si, honnêtement, il espère que tous les autochtones des montagnes ne sont pas tous à l'image de Prudence, c'est que ça pourrait possiblement lui donner du fil à retordre un jour futur...
Niels prend une inspiration, il secoue la tête à la négative avant de reprendre la parole.
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Prudence fronce les sourcils. Elle sait; elle n'est pas bête. Loin de là, même, peut-être. Il y a toujours un moyen de s'arranger. Bien souvent, l'argent était la clé - elle l'avait appris à ses dépends, et parce que les siens ne possédaient pas d'argent, on les voyait comme des moins que rien, des abrutis, des sauvages. Mais maintenant qu'elle était livrée à elle-même dans la jungle de Polaris, Prudence se rendait compte que les moyens étaient multiples. Oh, elle s'en sortirait. Sous son masque, elle esquisse un petit sourire, bien que l'autre homme ne pourrait sûrement jamais s'en rendre compte - à moins qu'il ait entendu le petit pouffement qu'elle avait laissé s'échapper ? Elle ne se moque pas de lui, mais elle a bien conscience qu'il ne croit pas un mot de ce qu'il dit. Mais elle ne dit rien. Ce n'est pas la peine.
Sa curiosité est piquée quand il prend la parole à nouveau, toujours très droit, toujours très juste. Elle sait qu'il ne prêche pas la vérité, qu'il joue sur de nombreux tableaux, peut-être même certains dont elle ne soupçonne même pas l'existence. C'est impressionnant. C'est un homme doué. Mais elle n'aime pas ses méthodes, et surtout elle ne parvient pas à se sentir en sécurité à ses côtés. Alors Prudence sait qu'elle doit se méfier, et elle agit comme tel. Sur la défensive, méfiante. Alors qu'elle est plus forte que cet homme, normalement - normalement ?
Les doutes de son étoile se projettent sur son crâne comme une chape de plomb, et Prudence soupire - inaudible, à peine visible. Cachée, bien cachée à l'abri du masque qui empêche le monde de voir ses états d'âme, elle cache la voix tonitruante de Rastaban qui observe tout ses faits et gestes d'un oeil perçant. Des doutes ? "Normalement" ? Depuis quand Prudence, la chasseuse, l'arme, le bras droit, a-t-elle des doutes ? Peut-elle vraiment se permettre d'émettre des doutes ? Alors que les espoirs de son étoile reposent sur elle, alors qu'une mission lui a été attribuée ? Si cet homme, si monsieur Bjørntvedt se révèle être un obstacle, alors il faudra l'éliminer. C'est aussi simple que cela. Et quand Bjørntvedt verra le purgatoire, ce ne seront pas ses magouilles ou ses intimidations qui le sauveront. Alors que Prudence, elle, sera accueillie par la Lune et le Soleil et sera chasseuse parmi les étoiles.
Un instant de faiblesse. Elle cille et redevient confiante, déterminée - motivée, forte et sans peine. Une filature. Surveiller quelqu'un. Chasser ? Suivre. C'est tout à fait dans ses cordes. Prudence a toujours su traquer, c'est quelque chose dont elle est capable de faire. Ca me va. J'en suis capable, elle répond, sûre d'elle. Dites-moi qui je dois suivre.
vraiment les tréfonds des CDC, appartement de Prudence.
La réponse de Prudence résonne dans la pièce, Niels parvient même à y déceler quelque chose comme de la confiance ; où tout du moins, quelque chose qui jusqu’alors n’avait pas aussi bien résonné dans les paroles de Prudence.
De retour à s’adosser contre le mur à proximité du meuble qui sert de cuisine - puisqu’à défaut d’avoir une chaise pour se poser, il faut bien trouver autre chose.
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Niels s'approche d'elle et tend son portable, sur lequel est affiché une photo. Pendant un instant, Prudence se fait la réflexion que son propre téléphone portable ne prend pas de photo. Et que d'ailleurs, elle n'a jamais pris de photo de sa vie, sauf la fois où Mai lui a laissé prendre une photo sur son portable, et que la photo les avait fait rire aux larmes tant elle était ratée. Alors, en soit, a-t-elle vraiment besoin d'un téléphone portable qui fait des photos ? Non... Sa concentration est piquée quand elle observe avec minutie la photographie. L'homme sur l'écran est reconnu immédiatement. Isak ? Elle manque de s'exclamer, surprise. Quel lien lie les deux hommes ? Impossible de le savoir. Mais, Isak... A-t-il des ennuis ? En fait, ça ne la surprend pas énormément. Il a l'air d'être du genre à avoir des ennuis, constamment. Mais... Isak est gentil. Peut-être pas gentil, mais il a fait preuve de bienveillance à son égard - ou peut-être a-t-elle été trop naïve, ou peut-être refusait-elle de voir ce qu'il y avait réellement derrière ce service - auparavant, et Prudence se voyait mal lui faire un coup dans le dos pareil. Quoique...
Ravale tes doutes et avance, Prudence. Tu verras ce que tu veux faire de ça ensuite. Elle hoche la tête, indécise. Le masque la rend impassible. Tant mieux. Oui. Il valait mieux privilégier des réponses courtes mais peu évasives. C'était Isak qui l'avait menée à Niels, quand il lui avait demandé si vivre dans les souterrains ne lui pesait pas et qu'elle avait admis qu'effectivement, un toit ne serait pas de trop. Alors pourquoi Niels lui demandait soudainement de prendre en chasse Isak ? Ses rouages tournaient à mille à l'heure dans son crâne.
Elle écoute les instructions avec attention. Elle ne sait pas ce qui sort de l'ordinaire pour Isak, et surtout pour Niels, mais elle est prête à s'y risquer. Ou alors, peut-être qu'elle cèdera et racontera tout à Isak. Ou peut-être que... Elle avisera. Et en faisant ça, et rien d'autre, vous m'assurez un toit ? Elle demande, méfiante.
vraiment les tréfonds des CDC, appartement de Prudence.
La main de Niels vient récupérer le téléphone, une fois la réponse apportée. Une réponse courte, mais extrêmement satisfaisante, d’autant plus qu’aucune information supplémentaire n’a été demandée. Ce qui est… Plutôt un bon point. C’est qu’il se serait probablement un peu impatienté si ça avait été le cas, Niels. Parce qu’il n’est pas du genre à répondre aux questions, Niels : c’est lui qui les pose. Et… Surtout, il n’a pas spécialement envie que Prudence soit au courant de leur lien de parenté. Pas qu’il ait honte de son frère, bien évidemment que non - surtout sur la sphère privée… le côté public c’est… un autre détail - mais moins le monde en sait sur lui, et mieux il se porte, Niels.
Un court laps de temps passe, sans que Niels reprenne la parole. C’est Prudence qui le fait, pour poser une question. Oh, au final, c’est là une question des plus judicieuse. Niels replonge son regard vers l’endroit où doivent approximativement se trouver les yeux de Prudence. Il ne répond pas immédiatement. Il est en pleine réflexion.
Il croise les bras, mais les épaules s’affaissent, signe là qu’il cède face à la question posée.
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08:49 - chiens de chasse - niels bjørntvedt
J'accepte. Ce n'est plus le moment de rediscuter les termes. De toutes façons, Prudence sent bien qu'elle n'est pas en mesure de le faire, au final c'est Niels qui a l'autorité sur cet accord. Elle hoche la tête pour accompagner ses paroles, peut-être trop solennelle. Parfois, les hommes et femmes qui venaient traiter avec elle directement au village avaient pour habitude de lui serrer la main lorsqu'un accord était conclu; c'était quelque chose qu'elle détestait. Mais Niels n'a pas l'air du genre tactile. C'était déjà une petite victoire.
Elle se pose un millier de questions alors que le silence retombe. Celle qui revient le plus s'interroge sur le lien entre Niels et Isak. Peut-être des associés. Elle ne les visualise pas être amis, en fait. Plus précisément, elle ne visualise pas Isak, et encore moins Niels, avoir des amis. Sur son visage, une expression confuse. Ces deux-là étaient décidément d'intéressants personnages. Elle pensait avoir vu les créatures les plus étranges depuis son arrivée à la capitale, mais cette dernière ne cessait de la surprendre.
Une idée lui vient soudain. Oh, je... Prudence s'arrête, méfiante. Quelle que soit la faveur qu'elle demandera à Niels, il lui demandera de payer d'une façon ou d'une autre. C'est épuisant. Mais elle comprend. Au final, ce n'est pas bien différent de chez elle, quoique les siens n'avaient pas cette habitude terrifiante de quémander de l'argent à chaque service rendu. Il fallait qu'elle pèse le pour et le contre, mais maintenant qu'elle avait commencé sa phrase, et que l'attention de Niels était piquée, c'était foutu. Autant essayer, et au besoin se rétracter ensuite. Vous avez remarqué que je ne suis pas au fait des... généralités d'ici. Et ce n'était pas forcément en rapport avec la fameuse "location", mais vraiment de façon générale. Si vous avez du temps... Sûrement que non. Les gens comme monsieur Bjørntvedt n'ont pas de temps, parce que le temps c'est de l'argent, il paraîtrait. Quelle triste idée. Je ne serais pas contre en apprendre un peu plus... sur ce que vous faites, sur la capitale en général. Cela pourrait bien... me rendre plus astucieuse. Utile, peut-être, pour suivre monsieur Isak, entre autre. Elle danse timidement sur un pied, puis sur l'autre. Je pourrais faire autre chose en plus, en échange, si cela ne vous paraît pas arrangeant pour vous. C'est une idée saugrenue, en soit. Mais il lui semble que cet homme est plein de surprises. Il pourrait même accepter, tiens.
vraiment les tréfonds des CDC, appartement de Prudence.
Les termes du marché sont conclus. Oralement, bien évidemment ; rien de tout ceci ne quittera les murs de cette pièce, il n’y aura rien qui prouvera qu’un tel accord a été passé. C’est mieux ainsi. Oh, pas que dans l'instant immédiat, Niels veuille faire comme si rien n’avait existé - non, pas tout de suite. Mais, il s’apprête à prendre congés, Niels. Pas qu’il soit occupé, tout du moins, rien de bien important ; mais faut-il dire, il n’a désormais plus rien à demander de plus à Prudence. Pour le moment. Il s’apprête à lui annoncer son départ, un peu de la même façon qu’il est arrivé ici, mais, Prudence attire son attention en reprenant la parole.
Et il ne parvient à étouffer un léger rire, aux premiers mots de Prudence. Pas vraiment un rire moqueur, plutôt… À vrai dire, c’était tellement croulant de vérité, qu’il ne pouvait réagir autrement, Niels. Mais, il ne dit rien. Pas tant que Prudence n’a pas terminé. D’autant plus que la suite… Est intéressante. Il retourne s’adosser contre la cuisinière, Niels, son lieu fétiche, dans cette petite piaule.
Mais qu’importe. Là n’est pas le sujet de discussion.
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08:49 - chiens de chasse - niels bjørntvedt
Niels est décidément un homme très curieux. Parce qu'au final, sa réponse est tout à fait telle que Prudence l'attendait, mais il réussit quand même à la surprendre, en soit. Ses mots sont appliqués et soignés. Mais il y a quelque chose que Prudence redoute, et c'est aussi quelque chose dont Prudence s'amuse; cet homme est beaucoup trop intense. Qu'y a-t-il de si important à jouer ? D'un point de vue extérieur, Prudence ne comprend même pas les enjeux d'une telle vie. Mais ça la fascine, aussi, en quelques sortes. Cela la fascine, et l'attriste un peu. Peut-être que Niels l'attriste, oui.
C'est peut-être mieux. Comme ça, ses piques, qui semblent lui venir si naturellement, ne la blessent pas autant qu'elles auraient dû le faire. Soudainement, elle les voit comme le feulement d'un chat coincé dans un coin de pièce, pris au piège et tentant d'être intimidant pour mieux s'échapper. Vous aviez l'air d'être agréablement surpris à chaque fois que je fais preuve d'audace. Ses r roulés se font amusés, alors qu'elle s'adosse, bras croisés, contre le mur en perpendiculaire de celui de la cuisinière, observant Niels. Ce n'est pas à moi de savoir ça, plutôt à vous. Moi, je pense que j'ai toutes les capacités nécessaires pour vous rendre service. Elle sait mettre son propre savoir à contribution, en tous cas. A voir comment ça pourrait être utile à Niels, ensuite... Vous avez l'air très au courant de tout, monsieur Bjørntvedt. Je me disais que vous étiez le plus à même à m'aider. Simplement.
vraiment les tréfonds des CDC, appartement de Prudence.
Et finalement, Niels se retrouve un peu piégé à son propre jeu. Enfin, pas spécialement piégé ; mais faut-il dire que Prudence a une certaine dose de répartie, vraisemblablement bien plus qu’il ne le pensait au départ Niels. Oh, ça l’insupporte. Ça l'insupporte d’admettre que Prudence a raison. Ça l'insupporte que Prudence soit parvenu à le blesser, à le piquer dans son égo. Et malheureusement, Niels est du genre à avoir le sang qui bout un peu trop rapidement. Mais il se retient, quand même. Ce n’est pas pour si peu… Mais ce n’est pas l’envie qui le démange que de lancer un regard glacial à Prudence. Mais il n’en fait rien.
Mais, il se ressaisit rapidement, Niels. C’est qu’il a quand même une assez grande maîtrise de lui-même ; d’autant plus renforcé par le fait que Prudence termine par ce qui pourrait s’apparenter à des compliments. Honnêtement, il n’est pas certain que ça en soit vraiment, Niels, mais c’est toujours plaisant à entendre. Toujours.
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08:49 - chiens de chasse - niels bjørntvedt
Il lui semble qu'elle a gagné. Quoique, ce n'est pas une compétition ou quoi que ce soit de ce genre. Mais il lui semble, instinctivement, que Niels vient de donner son accord, qu'il va l'aider. Il lui semble qu'elle commence à le comprendre, à pouvoir le décortiquer. Elle connaît des gens qui font ça avec beaucoup d'habilité. Elle, c'est encore dur. Ce n'est pas quelque chose qui lui vient naturellement. Prudence est faite pour analyser les situations et faire en sorte de prendre les meilleurs choix. Analyser les gens, les détailler, c'est encore autre chose. C'est encore inconnu. Elle a toujours vécu avec les quelques mêmes personnes, celles qu'elle a connu depuis sa naissance. Il n'y avait pas besoin de les analyser parce qu'elle les connaissait.
Niels est une énigme. Une énigme qui pourrait lui coûter gros - peut-être. Mais c'est une énigme qui commence à avoir l'air familière, elle supposait. Sous son masque, elle lui adresse un sourire amusé. Je suis certaine que vous saurez faire en sorte de ne pas perdre votre temps, elle déclare, presque taquine. Peut-être qu'elle ne prend plus assez de précautions, peut-être que c'est exactement la bonne façon de faire craquer Niels et de gagner. Elle n'en reste pas moins méfiante, mais pour l'instant, elle a l'impression d'avoir l'avantage.
C'est une sensation agréable. Elle se décolle du mur où elle était appuyée avec un petit mouvement souple. Si je peux rendre service, monsieur Bjørntvedt, n'hésitez pas. Je vous suis déjà reconnaissante de m'avoir emmenée dans tous ces bâtiments administratifs, l'autre jour... C'était la première fois que j'y mettais les pieds; rendez-vous compte. On dirait presque qu'elle se moque de lui, ou alors qu'elle joue à l'innocente, mais elle est plus sincère qu'on ne le pourrait. Croisant les mains devant son ventre, elle hoche la tête vers l'homme. Peut-être que ce ne serait pas une mauvaise idée d'en apprendre plus sur Niels Bjørntvedt, finalement.
vraiment les tréfonds des CDC, appartement de Prudence.
C’est qu’il bouillonne un peu, Niels. Insupportable, est l’attitude qu’à Prudence envers lui. Il ne tolère clairement pas qu’on lui parle de la sorte, Niels. Enfin, certaines rares personnes le peuvent et auront en plus le privilège de le voir sourire derrière, parce que venant de ces rares personnes, ça le ferait sourire à Niels ; mais Prudence… Prudence fait tout sauf partie de ces personnes-là. Les bras restent croisés contre son torse ; bien qu’en réalité les muscles se retrouvent plus tendus, plus crispés, bien qu’il s’agisse plus d’une réaction inconsciente que vraiment désirée… Niels se dit qu’il aurait tout simplement dû partir, tout à l’heure, une fois leur premier accord terminé ; mais il n’en a rien fait : il a écouté la raison du pourquoi Prudence l’avait retenu, et il a même accepté un deuxième accord. Ce qui est probablement une grosse connerie. Qu’il commence déjà à regretter, tiens. Mais Niels n’a qu’une parole, il a beau ne pas être la personne la plus honnête ni la plus sincère du monde, s’il dit quelque chose, alors il n’y reviendra pas dessus. Alors soit, Niels a accepté d’aider Prudence, mais ça ne sera certainement pas, pour Prudence, une promenade de santé ; surtout pas après les sentiments négatifs que peut avoir Niels. Il embarquera donc Prudence, pour lui en apprendre un peu plus sur la capitale, si tel est son souhait ; mais il exigera, Niels, il ne proposera pas, il ne demandera pas, ça sera à sa manière : en un mot comme en cent, il dirigera. Comme il l’a toujours fait.
Mais c’est sans compter que Prudence reprend la parole avant lui, lui coupant une nouvelle fois l’herbe sous le pied. Et ce sont des mots auxquels il n’est pas insensible, Niels. Il a étrangement l’impression de déceler du vrai, dans ses paroles. Et toute la tension qui était venue en lui quelques secondes plus tôt s’échappe d’un coup. Il se tourne à nouveau vers Prudence, et cette fois-ci, c’est un regard qu’on pourrait presque qualifier d’affectueux - mais pas trop non plus, n’exagérons rien - que Niels lui porte.
Face à Prudence, Niels, il ne lance plus de regards, il les pose ; il n’exige plus, il demande ; il se retrouve avec cette bizarre impression d’être son égal aussi. Pas sur tous les points, mais en combinant l’ensemble… En fait, s’il passe si rapidement d’un extrême à l’autre, c’est probablement parce que Prudence lui fait un peu penser à sa fille aînée ; Anja a typiquement les mêmes réactions. Et si on combine leurs âges prochent… Niels ignore si c’est une bonne chose ou pas, que de retrouver un peu de sa fille, dans les réactions de Prudence. Probablement pas… Probablement pas. Il détourne le regard vers l’unique fenêtre de la pièce, Niels ; un inaudible soupire sort de ses lèvres en même temps.
passage
08:49 - chiens de chasse - niels bjørntvedt
On dirait que quelque chose change; dans l'air peut-être, ou dans l'ambiance de la pièce, qui sait. Prudence sourit et acquiesce d'un petit bruit approbatif, rien de plus qu'un petit ronronnement satisfait et déformé par son masque, vraiment. Elle avait eu l'impression de tenir Niels dans un coin, de le tenir au piège mais peut-être bien qu'il s'est retrouvé sur ses pattes en un rien de temps, imperturbable, ou peut-être bien que si. Elle l'observe, amusée et taquine, hésitant mais pas non plus bafouillant. Sur ses gardes. Elle fait attention à le rester elle aussi. Prudence, comme on dit. Même, elle fera attention à ne pas trop s'attacher à monsieur Bjørntvedt, à rester méfiante de lui, comme s'il pouvait lui faire un mauvais coup à chaque instant.
Et puis il y avait cette histoire de filature, de chasse qu'il ne lui tardait pas d'entreprendre. Peut-être que Mai pourrait l'aider à suivre monsieur Isak dans les rues enchevêtrées des chiens de chasse, peut-être que ce serait l'occasion d'en apprendre plus sur ce cher monsieur Isak... Prudence n'accorde que trop d'importance à ses sentiments. Un petit soupir, inaudible. Il ne faut pas. Au final, à la fin de cette journée, elle n'a qu'une mission, une réelle mission qui prime sur les autres. Le poids de son étoile et de la conscience de celle-ci, comme une chape de plomb, est impossible à oublier, à ignorer. Il y a cette mission et il n'y a rien d'autre. Il n'y a même pas Prudence, perdue dans cette mascarade sanglante, persuadée d'œuvrer au bien.
Être persuadé d'œuvrer pour le bien. Ou pour la survie de ses pairs. Peut-être est-ce qu'ils font tous en ce bas monde. Elle observe monsieur Niels alors qu'elle le ramène vers la porte, lui aussi est plongé dans ses pensées, et ils font marche vers l'entrée minable de son appartement dans un silence entendu. Finalement, elle pose la main sur la porte qu'elle ouvre, et accorde un hochement de tête à l'homme alors qu'il s'extirpe dans le couloir. Je vous recontacte bientôt, alors. Nous nous reverrons, elle lui adresse avec un sourire qu'il sent peut-être.