de jaspe et de sardoine
07:34 - 185, park avenue, clématis - levi stellaa
Celui qui était assis avait l'aspect
d'une pierre de jaspe et de sardoine;
et le trône était environné d'un arc-en-ciel
semblable à de l'émeraude.
Les premières lueurs de l'aube font pâle figure face à l'éclat qui a illuminé le ciel la nuit dernière. Prudence, recroquevillé sur un canapé dont l'odeur de faux cuir le rend malade, n'arrive pas à fermer l'œil. Tout paraît si irréel. Comme un cauchemar. Mais ce cauchemar-là, il a commencé bien avant le deux octobre. Depuis le début de la belle saison, Prudence a l'angoisse au coeur, et le diable au corps.
En boule sur ce canapé, il occasionne une prière fatiguée à la Lune, espérant qu'elle observe toujours, qu'elle le protège toujours. Mais les dieux restent délibérément silencieux, et la prière ne rencontre qu'un mur d'indifférence. Comme ça l'a toujours été, depuis que Prudence a posé les pieds à Polaris. L'indifférence des dieux, le silence - la peur.
Et hier; Bételgeuse. Prudence se retourne sur le canapé, pose son front contre le dossier. Il vaudrait mieux ne pas trop y penser. Les autres poseront les questions à voix haute à sa place. Prudence n'aime pas les questions, surtout qu'elle déteste les réponses qui viennent ensuite. Le désespoir. La peur. Ce cauchemar qui n'en finit pas.
Et lui, qui est resté au village, et qui l'attend sûrement là-bas. Il lui manque tellement. Il lui manque terriblement. Elle se dit, Prudence, allongée en boule dans un appartement qui n'est pas le sien, que le propriétaire du-dit appartement lui fait un peu penser à lui, en quelque sorte. Ou alors peut-être qu'il lui manque juste tellement... Les visages finissent par se ressembler.
Un grognement dans son dos la fait ouvrir les yeux à nouveau. Pendant un instant, elle avait oublié qu'elle n'était pas seule dans le salon. Le bruit est suffisant pour qu'elle se redresse, se mette assise, et se retourne pour regarder l'homme allongé sur un matelas tiré à l'arrache dans le salon. Trop peur pour être dans une pièce différente, ils avaient fini par s'arranger comme ils le pouvaient. De toutes façons, cela important peu.
Est-ce que tout va bien ? Tes blessures se sont rouvertes ?, Prudence demande, terrifiée à l'idée qu'il soit en train de se vider de son sang, incertaine de son interlocuteur.
@Prudence Vorpaline //
Ce soir, leur corps est rentré blessé et meurtri par la bataille. Le pouvoir qui appartient à ce corps est puissant, seul Caleb se sent capable de l'utiliser et pourtant, il demeure évident qu'il ne le maitrise pas encore assez. Leurs efforts ont été vains, aucun d'eux n'a réussi … au final, Caleb à cette sensation désagréable d'avoir été repoussé de force, d'avoir dû rebrousser chemin, la queue entre les jambes et forcément, il enrage. La douleur qui émane des plaies qui ornent son dos et son épaule droite n'aide pas, elles ne sont pas graves, mais elles lui ont fait perdre du sang et lorsqu'il est rentré, après avoir fait le nécessaire et tirer un matelas au beau milieu du salon, pour palier cette angoisse grandissante face une potentielle solitude, il s'est littéralement effondré.
Ce sommeil, pourtant, est loin d'être réparateur, durant les premières heures, il ne sert qu'à reposer un minimum son corps et puis … ses yeux s'ouvrent à nouveau. Il revoit l'homme. Il entend le bruit, le fracas des immeubles qui s'arrachent, et de ces routes qui éclatent. Il se revoit, en train de donner tout ce qu'il a de puissance, dans les ondes de choc qu'il envoie et qui traversent les rues en détruisant tout sur leur passage. Une véritable scène d'apocalypse. Tout ça, pour ça. Et en y repensant, il grogne. Quand il bouge, il grimace, puis gémit et quand la voix de Prudence résonne dans la pièce, il se redresse sur le matelas, s'assied, et fixe le vide ténébreux face à lui.
de jaspe et de sardoine
07:34 - 185, park avenue, clématis - levi stellaa
Prudence reste silencieuse pendant quelques instants avant de bafouiller vaguement, embarrassée. Je ne suis pas certaine de pouvoir accéder à ta requête, elle hésite en triturant le cuir du canapé entre ses doigts libérés des épais gants qu'elle porte habituellement, je ne possède pas de qualités de médecin, elle explique ensuite en s'agitant, perchée sur son canapé. "Son" canapé, c'est un bien grand mot.
Finalement, elle cède la requête et se laisse glisser de son perchoir pour rejoindre Caleb devant le réfrigérateur, dont la lumière vive et froide du néon agresse ses yeux. Tu aurais dû suivre mon conseil et dormir sur le ventre. Après tout, elle ne s'était pas embêtée à lui poser des bandages et des pansements maladroitement pour qu'il arrache tout à la première sieste. Mais elle comprenait l'absurde de la requête - elle supposait. Prudence connaissait assez Caleb pour savoir que la moindre de ses requêtes, même les plus abordables, pouvait paraître improbable aux yeux de cet homme. C'est bien pour cela qu'ils passaient leur temps à hausser le ton.
L'inspection des blessures lui arrache un soupir. Ce n'est pas très beau, elle constate en faisant attention à finir de décrocher les bandages sans trop tirer sa peau. Je pense qu'il va falloir repasser du désinfectant et changer les bandages.
Un silence, alors qu'elle l'observe à l'aide de la lumière du néon. Son regard est lourd et ses yeux piquent. Je n'arrive pas à dormir... Prudence avoue avec un faible sourire. Pourtant, je suis épuisée.
@Prudence Vorpaline //
Finalement, elle se lève, elle avance jusqu'à la cuisine pour le rejoindre et il se tourne, immédiatement, pour la laisser voir l'ampleur des dégâts. Ouais, elle avait dit qu'il devrait dormir sur le dos, mais encore une fois, Caleb en est bien incapable, c'est plus le truc d'Altaïr ça, et pour une fois qu'on aurait eu besoin de lui, l'alter qui pourtant aimait le plus se montrer semblait s'être terré au fin fond de leur monde intérieur.
Le plus surprenant, sans doute, c'est que Caleb se laisse faire, et qu'il ne songe même pas à se tourner, pour vérifier ce qu'elle fiche. Il sait quel danger elle représente mais ne craint pas pour sa vie en sa présence, simplement parce qu'ils sont liés, qu'ils sont dans le même camp, et que malgré les piques et les provocations, entre eux, la confiance semble finalement avoir trouvé sa place.
de jaspe et de sardoine
07:34 - 185, park avenue, clématis - levi stellaa
Un soupir amusé la quitte alors qu'elle triture la bande élastique de ses lunettes épaisses, qu'elle a refusé de quitter. Le masque qu'elle utilise pour respirer avec plus d'aise est abandonné sur l'accoudoir du canapé, accompagné des restes de son masque et de son équipement habituel. Seules restent les lunettes, inchangées. C'est un miracle que les verres ne se soient pas brisés pendant la bataille. Mais Prudence est saine et sauve, si on omet quelques bleus et égratignures dont elle se remettra vite. Elle n'a pas le temps de se reposer de toutes manières. Si le maître a besoin de quelque chose, c'est sûrement à elle qu'il demandera. Elle sera prête, alors.
Il le faut. Ses états d'âme et de corps importent peu à l'étoile, et bien que ça lui pèse, Prudence ne reviendra pas sur ses mots - elle a accepté son statut d'arme, d'outil - pour que les autres n'aient pas à le faire à sa place, pour qu'ils n'aient pas à tenir la même promesse, le même serment sanglant. J'arrive, elle intime à Caleb avant de se glisser dans la salle de bain pour aller récupérer de quoi soigner ses blessures. Du désinfectant, des bandages, des pansements, du coton. Tout était rassemblé dans un coin, soigneusement.
Ca ne me travaille pas, elle répète, roulant nerveusement ses r, hésitant sur ses syllabes. C'est juste... Elle s'arrête, prend le temps de déboucher la bouteille de désinfectant, de poser sa main à plat dans le dos de Caleb, là où il n'y a pas de blessure. Il faut qu'elle choisisse ses mots, là où le maître entend ce qu'ils font, sait ce qu'ils disent, voit ce qu'ils regardent. Je ne pense pas... Oh, tu comprends. Elle conclue abruptement, presque nonchalamment, attribuant un regard appuyé à Caleb. Elle pense que leur maître va fuir sans leur donner d'ordre. Et qu'ils n'auront pas à se battre à nouveau. Et que s'ils sont amenés à le faire à nouveau, ils perdront sûrement. Mais elle ne dit rien de tout cela, Prudence. Elle ne peut pas. La rancune serait trop forte. Elle pince les lèvres, et se contente de nettoyer les blessures et de les bander à nouveau, en silence.
@Prudence Vorpaline //
C'est cependant une pensée que Caleb chasse rapidement. Prue n'est pas n'importe qui, et surtout, à son humble avis, elle ne fonctionne pas comme n'importe qui … s'il essaie de se montrer compréhensif, s'il essaie d'être apaisant, il sent bien que ça ne servira pas à grand-chose et que, de toute manière, ce qui chagrine Prue est au-delà d'une simple déception, ou d'un choc. Elle en a vu d'autres, après tout.
Il patiente, sans un mot de plus, sent sa main contre sa peau, contre la partie de son dos qui demeure sans plaie, sans dégâts.
Quand les bandages sont de nouveau accrochés à lui, Caleb se dégage rapidement, il vient boire à nouveau et sans réellement savoir quelle mouche l'a piquée, voilà qu'il sort tout et n'importe quoi du réfrigérateur et des placards.
de jaspe et de sardoine
07:34 - 185, park avenue, clématis - levi stellaa
Une chose est sûre : Caleb n'est pas bavard. Ca change d'ordinaire, et ce n'est pas une mauvaise chose. Prudence reste impassible, elle aussi. Le temps n'est plus vraiment aux émotions. Elle se souvient encore de son craquage total dans le bureau de Niels avec une pointe de honte. Une crise de larmes n'est plus prête d'arriver de sitôt, merci bien.
Mais ce silence radio l'angoisse, et la taraude. Elle ressent que Rastaban est profondément déçu; déçus d'eux, et surtout, déçu d'elle. Mais qu'aurait-elle pu faire ? Elle n'est qu'une chasseuse. Et la pire créature qu'elle n'ait jamais traqué était une jeune femme aux pouvoirs d'eau qui lui a causé bien du fil à retordre. Ou bien une jeune enfant qui l'a regardée l'assassiner et qui lui a supplié de ne pas lui faire de mal. Ce sont les pires monstres qu'elle n'ait jamais eu à affronter. Bételgeuse… était dans une autre catégorie. Prudence soupire, et crispe ses poings contre le plan de travail près duquel Caleb s'affaire.
Caleb, d'ailleurs, parlons-en. Par les dieux. Qu'était-il en train de faire ? Qu'on soit bien d'accord, Prudence n'avait aucune compétence culinaire. Mais elle savait au premier coup d'oeil que Caleb n'était pas en train de faire les choses comme il le fallait.
Elle l'observe, le poing contre le menton, semblant profondément pensive. Finalement, elle toussote, et d'une voix polie, propose une idée. Je ne suis pas certaine que Mila aurait fait ça comme ça, Caleb va sûrement s'énerver, mais elle ne voulait pas qu'il enflamme l'appartement de Levi pendant son absence. Cela dit, elle était bien incapable de rectifier le tir de Caleb elle-même.
@Prudence Vorpaline //
Il se détourne de tout ça de façon … habile, si l'on veut. La faim est son excuse, et elle est véritable. Son estomac est vide, un creux qui se fait sacrément gênant, surtout après une dépense d'énergie pareille. Il aura tout donné, il a sûrement bien trop usé de son pouvoir, aussi, mais ça, il ne l'avouera pas lui-même. Il essaie de se débrouiller, il n'a certainement pas pour habitude de se pencher sur ce genre de tâche alors, il suit sa propre logique. Une logique pour le moins désastreuse.
Comme pour pallier sa bêtise, voilà que par-dessus les pâtes crues - qui ont commencé à cramer, en plus - il vient ajouter une grosse quantité d'eau, brusquement. Ca éclabousse les plaques, la moitié du plan de travail, et pour couronner le tout, il balance le bol dans l'évier. Vexé. Ouais.
de jaspe et de sardoine
07:34 - 185, park avenue, clématis - levi stellaa
Prudence ne pouvait que contempler le chaos qui se créait devant ses yeux - impuissante. Elle non plus ne savait pas comment se servir des plaques de cuisson, et si jusqu'ici elle n'avait pas trop eu à s'en faire, là, c'était le drame de sa vie. Elle observait avec angoisse Caleb s'affairer, avec le sentiment persistant que ce qu'il faisait n'était pas bien.
Sinon... Nous pourrions peut-être regarder dans les placards, s'il y a quelque chose à manger ? Je ne veux pas que tu mettes le feu. Petite pause. Oh. Ah. Elle le sentait venir : l'agacement. Il n'y avait que Caleb qui pouvait réellement agacer Prudence. Il n'y avait que lui qui pouvait réellement la faire sortir de ses gonds, bien qu'elle conserve une maîtrise de soi impeccable, ses phrases se faisaient toujours plus sèches, tranchantes même. Pourtant ce n'était pas Bien de ressentir de la colère, ce n'était pas une bonne émotion. Mais, voilà. Caleb. D'une main, Prudence saisit la poêle qu'elle éloigne du feu, et de l'autre, elle saisit fermement le poignet de Caleb. Tu fais n'importe quoi. Elle déclare strictement, le fusillant du regard sous ses épais verres rouges. Arrête. On dirait un enfant. Elle éloigne son poignet d'une tape peut-être plus violente qu'elle ne le voulait, avant d'éteindre maladroitement les plaques -enfin, elle supposait que c'était éteint- et de croiser les bras, se redressant de toute sa hauteur -soupir- pour lui tenir tête.
@Prudence Vorpaline //
Borné, bien trop accroché à son idée, il ignore royalement ce que Prudence lui propose, et pourtant, ç'aurait sans doute été plus simple. Mila le lui fait remarquer, elle lui rappelle qu'elle pense à lui quand elle fait les courses, qu'il y a des plats à réchauffer dans le congélateur. Néanmoins, il faut que Prue change d'expression, et d'attitude face à lui pour qu'il sorte de ça … et forcément, quand elle le remet à sa place comme un enfant qui ne sait pas faire les choses, il enrage. Les plaies de leur passé les rattrapent, Caleb est le gardien de ces violences qui ont laissé des traces, il y a des choses qu'il ne peut supporter. Si les mots ne l'atteignent pas, les gestes eux, ont leur importance.
de jaspe et de sardoine
07:34 - 185, park avenue, clématis - levi stellaa
Caleb est détestable, alors en comparaison, Mila est un oasis dans le désert. Elle lui adresse un sourire, Prudence - un sourire qui s'efface rapidement quand l'autre ahuri reprend le dessus et s'énerve, à nouveau. Un grondement sourd s'échappe de Prudence, ultime signal que la rage de Caleb est communicative.
Tais-toi, elle lui ordonne sèchement. Va ramasser ce que tu as fais. Elle le pousse doucement vers les ustensiles de cuisine dispersés sur le sol, avant de récupérer ce que Mila lui avait sorti du réfrigérateur. Ca ne devait pas être trop dur à préparer... au pire, il y avait des indications sur le paquet, qu'elle s'employait à déchiffrer. Se faisant la réflexion qu'elle devait travailler sa maîtrise écrite de l'anglais, elle soupire. Elle était si loin d'être parfaite.
Mais en soit, voir des phénomènes comme Caleb la rassurait un peu... et cela n'avait rien à voir avec ce qui affligeait Levi, non. C'était simplement Caleb en tant qu'individu qui la désespérait.
Il faut que tu manges, elle continue, plus calmement, plus gentiment. Tu ne peux pas espérer guérir correctement si tu es affamé.
@Prudence Vorpaline //
Alors il peste, et il entend que Mila soupire. Elle a toujours dit qu'elle pouvait l'aider, le soutenir, qu'au besoin, elle était prête à aller au front pour gérer les aspects dont il avait du mal à s'occuper, mais, Caleb est têtu, il refuse encore et toujours et quand l'un d'eux force, il a l'impression terrible d'être en échec. Il a toujours été difficile de contrôler et de supporter Caleb, quand il revient, son mauvais caractère est la première chose qui s'impose. Heureusement, Prudence n'a jamais été faible face à lui, et c'est probablement pour ça qu'il s'acharne à graviter autant d'elle, il sait bien qu'elle est capable de le remettre à sa place, et même de le frapper un bon coup s'il dépasse les bornes. Certains trouveraient probablement ça malsain, lui trouve ça sécurisant.
Aussi, quand elle lui ordonne de se taire, il sert les dents, quand elle lui demande de ramasser ce qu'il vient de faire, il s'exécute. En plus, la voix de Mila lui hurle de ramasser ce qu'il vient de faire dans sa précieuse cuisine et il ne le supporte pas, c'est donc presque docilement - mais en grognant - qu'il s'applique à récupérer le pot, puis, à y placer un par un les ustensiles pendant que Prue ouvre ce qui a été sortie par l'alter féminin de leur corps pour qu'ils puissent manger.
Brutalement, il vient remettre en place ce qu'il a ramasser, il se hisse ensuite sur l'un des comptoirs de la cuisine pour s'y asseoir et observer son acolyte.
de jaspe et de sardoine
07:34 - 185, park avenue, clématis - levi stellaa
Caleb lui fait penser au plus vieux de ses frères cadets. Brutal, brute, brusque. Énervé pour tout et rien. Prudence approuve en silence ses dires, la référence lui passe totalement au dessus de la tête et elle ne lui prête à peine attention, à vrai dire. Prudence est... un peu fatiguée. Entre leur rude bataille de la veille et le caprice que Caleb lui offre aujourd'hui, elle n'en peut plus. Elle atteint un point d'épuisement qu'elle ne soupçonnait pas.
Elle met les plats au micro-ondes et le met en marche maladroitement. Ceci fait, elle vient s'accouder au comptoir de la cuisine où Caleb est assis, pliée en deux, le visage contre ses poings liés. Un long, lourd soupir s'échappe de ses lèvres et finalement, elle pose son front contre le même comptoir. Il y a un silence. Finalement, elle retire ses lunettes en prenant grand soin à ce que Caleb ne voit pas son visage - reniflant un peu. Elle doit se montrer forte. Surtout devant Caleb. Qui sait quelles seront les conséquences, sinon. Le silence s'étire, entrecoupé par les petits reniflements qu'elle émet, malgré ses tentatives de couper court aux larmes. C'est trop dur.
Finalement, elle se redresse, à peu près dos à lui. Quatre minutes ? Elle redemande, comme pour combler ce silence qui au final, à force de s'allonger, s'est fait embarrassant.
@Prudence Vorpaline //
Il est pourtant capable de voir qu'il est allé trop loin, capable de se rendre compte aussi, à quel point il n'est pas seul dans tout ça … Caleb ne mesure sûrement pas le poids que Prudence porte sur ses épaules, pour faire passer les choses plus facilement, il a toujours tendance à prendre les choses comme un jeu. Les gentils. Les méchants. Tuer un méchant, ça dédramatise. Ainsi, il se préserve, et il préserve Levi, autant que les deux autres. Ce soir, pourtant, il comprend. Il sent Mila se mouvoir, lorsque les sanglots étouffés maladroitement remontent jusqu'à ses oreilles mais alors que Prudence bouge déjà, alors qu'elle semble vouloir fuir sa peine, sa douleur, peu importe ce que c'est en continuant de s'acharner sur cette fichue nourriture, il prends leur alter féminin de vitesse en sautant de son perchoir pour passer le bras autour des épaules de Prue. Elle est si petite, et elle a l'air si fragile, ce soir, qu'il supporte mal de la savoir peinée … leur lien est là, même s'ils passent leur temps à se chercher des poux dans la tête, même si leurs deux caractères sont absolument incompatibles.
Il n'est pas bien doué, pour ce genre de choses. Mila aurait sûrement ajouter quelques mots doux, elle aurait offert une véritable étreinte, Caleb se dit qu'elle n'a pas besoin de ça, qu'elle n'en veut certainement même pas. Lui, il préfère lui offrir une simple preuve de sa présence et de son soutien, un geste qui ne lui ressemble pas et qui d'ailleurs ne dure pas puisqu'il la relâche en moins d'une minute avant d'attraper lui-même l'un des plats pour le mettre dans le micro-onde avant d'allumer l'appareil.