La vérité c'est que le temps sépare plus qu'il ne répare
─ Mec on dirait qu'un bus t'a roulé dessus.
Malgré ta tête de gars encore un peu endormi et un bâillement qui en disait long sur la situation, tu laisses entrer l'homme dans l'appartement, te demande d'ailleurs pourquoi il n'a pas utilisé son double. Mais bon, peut-être qu'il tenait absolument à être correct, ou un truc du genre. Enfin, toujours est-il que tu fais les quelques pas qui te séparent du canapé et finit par t'avachir à nouveau dessus, sans le quitter des yeux.
─ Reste pas planté là. Y a quoi ?
Hé oui, tu commences à te réveiller un peu, et l'attitude de Dusk est loin de tout ce que tu as pu connaître jusqu'ici venant de lui. Finalement, ce qui vient enserrer ton cœur est bel et bien un petit éclat d'angoisse.
La vérité c'est que le temps sépare plus qu'il ne répare
─ Assied toi.
Tu sais qu'il n'est plus blessé, qu'il a eut le temps de se remettre de la dernière fois, aussi quand tu l'attrapes par le col pour violemment le faire s'asseoir dans le canapé, un air sombre au visage, tu as l'air d'une daronne en colère.
─ Respire un bon coup et explique moi, je comprends rien de ce que tu dis.
Tu n'oses pas tellement lui demander quelle substance il a pu prendre, parce que tu supposes que ça va juste le braquer et qu'il ne voudra pas répondre, supposant qu'il dira quelque chose genre c'est pas ça le problème. Tu préfère déminer la situation avec prudence, Dusk ne serait pas le premier junkie à chercher à te planter, entre nous, et si aucun d'entre eux n'a réussi jusqu'ici, tu ne tiens pas à ce que ça arrive. Autant, pour l'instant il n'a pas encore brisé ta confiance, et te voilà juste dans l'incompréhension la plus totale face au phénomène Dusk.
─ De qui tu parles, et pourquoi ça te met dans cet état ?
La vérité c'est que le temps sépare plus qu'il ne répare
─ C'est bon ? T'as fini ?
Ton ton est juste las et tu te retiens d'être un peu moqueur parce qu'il n'a évidemment rien compris à la situation. Mais venant de Dusk, finalement, ça ne te surprend pas tant que ça. Au moins, si tu es plutôt du genre à lâcher l'affaire et laisser couler, lui a le mérite de foncer dans le tas. Sauf qu'en l'occurrence, il se plante sur toute la ligne et c'est presque amusant.
─ Tu m'as vu sortir de chez Danaé, que tu sais avoir quelqu'un dans sa vie, et t'en as immédiatement conclu que j'étais son amant. Cool.
T'es pas vexé, en fait tu répètes ça uniquement pour lui souligner à quel point il va vite en besogne et est parano. Il n'avait cependant peut-être pas besoin de se l'entendre dire, et c'est tant pis pour lui.
─ Si tu veux tout savoir, Danaé c'est mon ex.
Il commence, calmement, avant de se mettre à détailler Dusk.
─ On est restés ensemble à peu près 8 ans, et c'est fini depuis ... 2017.
Tu ne sais pas pourquoi tu t'attèle à être aussi précis sur les dates, c'est sans doute pour mettre du clair dans ton esprit, et ne pas penser à votre discussion. C'est sans doute mieux comme ça. Mais par contre, pour ce qui est du reste, tu sembles un peu plus embêté.
─ Autant que je sache, je connais pas tes frères et sœurs, mais c'est pas exclu que je les ai croisé, ici ou ailleurs. J'demande pas son ID à tous ceux que je croise en fait.
Le ton se fait un peu plus sombre, lorsque finalement tu termines ton verre d'une traite.
─ Fray travaille pour moi, si on parle du même. Il a passé la nuit ici y a pas longtemps, parce que j'étais en train de péter un câble et qu'il venait de tuer un gars.
Silence, la situation est si cocasse que tu ne sais même pas quoi ajouter.
─ Tu veux savoir quoi d'autre ?
Ah oui, il a mentionné un ... Ether, c'est ça ? Alors, ça par contre, ça ne te dit rien. Tu préfères ne pas l'évoquer, par manque d'intérêt.
La vérité c'est que le temps sépare plus qu'il ne répare
─ Je veux que tu arrêtes d'être con, et d'être une dramaqueen. T'as quoi, la trentaine ? Ce serait bien de te comporter en tant que tel.
Le ton n'est pas froid, il est peut-être même un peu attendri. S'il réagit comme ça, c'est clairement qu'il tient à toi, mais ceci dit, tu ne tolères pas sa jalousie si elle est mal placée. Encore que, ces derniers temps, tu as clairement besoin de te sentir appartenir à quelque chose. Alors, peut-être que ça te rassure un peu.
─ Si tu veux faire quelque chose, fais la vaisselle.
C'est vraiment histoire de dire, parce qu'il doit y avoir deux verres, une assiette et une fourchette basiquement. Tu ne mange pas beaucoup ces derniers temps. Pour autant, tu n'as pas lâché sa main, sans doute peu envieux qu'il ne se relève finalement. Tu as besoin d'un peu de présence, et pour peu, tu serais capable d'appeler Fray histoire que lui même secoue les puces de Dusk comme il sait si bien le faire. Et en fait, en parlant de ça, tu attrapes ton téléphone de ta main libre et commence à faire défiler les contacts avant de trouver l'intéressé.
Si t'es en train de taffer, monte à l'appart. Merci.
Tu relèves les yeux vers Dusk avant de le gratifier d'un sourire un peu mesquin.
─ Je convie Fray, si on parle du même, il sera le plus apte à te secouer.
les vérités qui fâchent
5:47 - casino aquila - dusk rokkur & ceylan alterra
Tu t'es plains toute la journée, Fray. En ton for intérieur, cela va de soi. Les choses s'étaient calmées, mais toi, tu étais épuisé. C'était une sensation étrange. Tu ne t'inquiètes pas pour tes proches, ou peut-être seulement pour certains privilégiés que tu sais incapables de prendre soin d'eux, bien trop occupés à s'attirer les pires ennuis. Tu ne t'inquiètes pas pour toi-même - merci bien, tu sais rester hors de danger. Tu esquisses relativement bien les problèmes, c'est une compétence que tu avais acquis jeune et ton éducation t'avait conforté dans une seule certitude: la vie est plus tranquille quand on se mêle de ses propres affaires. C'est un principe que tu te forces à appliquer, sinon tu serais certainement en train d'aider, bénévolement, les habitants des CDC touchés par les dégâts matériels.
Enfin bref. Tu râles, tu râles, nom de Dieu, tu as assez du fuel pour alimenter toute la ville tant ton venin ne connaît pas de fin. Tes yeux piquent de fatigue, et tes muscles sont endoloris, mais ton cerveau n'est pas embrumé le moins du monde. Au contraire, tu es plutôt... en forme. En tous cas, tu l'étais. Quand tu reçois le message sur ton portable, toute ton énergie est sapée vive.
Tu ne prends pas la peine de répondre, et tu maugrées. Tu énonces quelques indications aux pauvres hommes qui t'accompagnent dans ton labeur, et ni une, ni deux, en quelques minutes tu es planté devant la porte de l'appartement. Et tu te dis que tu peux encore rebrousser chemin. Que Ceylan n'a pas d'ordre à te donner -si- et que tu pourrais très bien mentir. Mais tu ne sais pas mentir. Alors, d'un geste décidé, tu ouvres la porte sans t'annoncer. Ce n'est pas très poli.
Bon sang, comme tu regrettes. A choisir, tu aurais préféré que Ceylan soit là en train de t'attendre, allongé nu (avec ses gants, on suppose) sur son bureau avec une rose entre les dents. Tu aurais hurlé de terreur, refermé la porte et changé de pays. Mais non, il y a pire que ton patron, en train de te faire des avances indiscrètes. En fait, il y a pire que tout ce que tu aurais pu imaginer dans le bureau, parce que dans le bureau... se trouve Dusk.
Le tableau qui se dresse devant tes yeux ébahis est digne d'une fresque romanesque. Il y a Ceylan, Ceylan au naturel, vraisemblablement ennuyé ou impassible -impossible de le savoir-, qui te regarde, et tu te demandes s'il te juge. Et il y a Dusk. Rouge comme un écrevisse pour une raison que tu ignores, et ton instinct te hurle qu'il a fait une bêtise. Tu ne sais pas ce que Dusk fait là, vraiment, et à bien choisir, tu ne veux pas savoir.
La vague de honte qui te traverse instantanément est semblable à un tsunami, mon pauvre Fray. Tu n'as pas honte de toi, tu as honte de lui. Et le pire dans tout ça, c'est que tu ne sais même pas encore ce qu'il a fait. Tu te crispes, la main sur la poignée. Tu fais un pas, rigide. Tu refermes la porte derrière toi, tu gardes la main sur la poignée comme pour te laisser une occasion de fuir.
Je... peux savoir ce que vous me voulez ?
C'est maigre, par rapport à la tonne de questions qui t'assaillent. Mais, tu t'en contenteras. Moins tu en sais, mieux tu te portes.
La vérité c'est que le temps sépare plus qu'il ne répare
─ Il a débarqué ici sans prévenir en me faisant une scène incroyable.
Tu reprends, en croisant les bras sur ton torse doucement, enfoncé dans le canapé. T'as bien l'air de l'homme de pouvoir que tu es, maintenant, un poil moqueur.
─ Je me suis dis que tu avais potentiellement besoin d'une pause, et que tu pourrais lui remonter un peu les bretelles.
Tu ne savais pas exactement ce qui t'avais poussé à faire ça, sans doute un espèce d'instinct qui te disait que Fray devait venir maintenant, et que cet abcès qui allait sûrement grossir avec le temps se devait d'être percé maintenant, plutôt que d'envenimer la situation. Tu ne savais pas exactement ce qui se tramait entre Fray et toi, mais tu savais que si Dusk avait fait une scène pour Danaé, ce n'était pas impossible qu'il te fasse une scène pour Fray.
─ Dusk allait préparer quelque chose à manger, pas vrai Dusk ?
T'étais assez gentil pour lui offrir une potentiel porte de sortie. Enfin, vite fait vu qu'il n'y avait de mur à proprement parler entre le salon, le large couloir et la cuisine. Mais assez pour qu'il puisse un peu s'isoler si jamais.
les vérités qui fâchent
5:47 - casino aquila - dusk rokkur & ceylan alterra
Si tu essayais de te fondre avec le mur un instant plus tôt, la réaction de Dusk t'arrache une réaction épidermique. Tu te redresses d'un bond, sourcils froncés. Si tu es dressé sur toute ta hauteur, la tête aussi haute que tu peux, tu te rends vite compte que tu es minuscule à côté des deux asperges présentes dans l'appartement - mais en soi, tu as l'habitude de passer ta vie avec des personnes de près de deux mètres de haut. Pas l'âge ?! Rokkur, je te rappelle que je suis totalement majeur et conscient de ce que je fais. Arrête de te prendre pour mon père et trace ta route, tu feules, peut-être plus venimeux que tu ne le voudrais. Dusk est épuisé, ça se voit. Mais vraiment, cette façon qu'il a de te couver te déplaît plus que tout.
Heureusement, Ceylan est présent pour te concentrer sur autre chose et t'empêcher de réduire Dusk en charpie sur le champ. Tu tournes la tête vers lui, et soupires. Tu pensais que vos retrouvailles se feraient dans d'autres circonstances. Honnêtement, tu pensais la même chose de Dusk. Tu avais des sentiments pour eux deux, après tout. Mais si tu avais tes réticences envers Ceylan parce qu'il était ton patron, tu avais des réticences envers Dusk parce qu'il était, je cite, vraiment abruti. C'est pas "une pause", de lui remonter les bretelles. Tu croises les bras et tapotes du pied, jaugeant le rouquin de haut en bas. Bon, c'est génial, vous êtes tous les deux présents donc on va pouvoir crever l'abcès. Ou les multiples abcès, je sais plus à ce stade. Tu es fatigué. Dans treize minutes, tu seras réveillé depuis vingt-quatre heures. Tu peux sentir chacune de tes vertèbres te faire souffrir, et ça a le don de te mettre en rogne. Je sais pas pourquoi tu lui fais une scène, alors que tu devrais te reposer. Mais si c'est à cause du taf, j'ai pas prévu de démissionner dans un futur proche. Ton regard se glisse vers Ceylan. Même si tu as depuis récemment accès à certains privilèges que tes collègues n'ont pas et que tu ressens que Ceylan s'en contrefiche de si tu es à son service ou non, tu préfères faire attention à ce que tu dis. Et même si j'avais prévu de démissionner, en fait, ce ne serait pas pour tes beaux yeux. Tu regrettes de lui avoir dit qu'il avait des beaux yeux, mais en soi, c'était la réalité. Arrête d'essayer de décider à ma place ce que je dois faire ou non. J'ai pas huit ans, je suis pas ta petite sœur, et de toutes façons, on en a déjà parlé, je comprends même pas pourquoi le sujet est encore sur le tapis. Tu croises les bras à nouveau. Le silence est d'une lourdeur insoutenable. C'en devient gênant. Tu tournes la tête vers Ceylan, le sourire que tu lui adresses est microscopique. Tu n'es pas d'humeur. Tu as besoin de moi ?
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─ Tu as dû avoir sacrément peur tout le temps qu'on a passé ensemble, parce que je ne t'ai jamais vu autre chose que foncièrement con.
C'est dit dans la moindre animosité, au contraire, tu affiches un sourire amusé à présent, un sourire sincère, finalement. Tu es heureux de voir Dusk dans cet état, ça te ravit de le voir aussi à l'aise, reprendre du poil de la bête, surtout quand on considère l'état dans lequel il était arrivé dans ton appartement. Tu tends la main pour attraper la bouteille d'eau, histoire de te resservir un verre d'eau un peu tiède désormais - elle avait passé ta "nuit" sur la table basse - mais tu abandonne l'idée de te servir et décide juste de prendre une bonne grande gorgée, histoire de.
Tu viens de comprendre.
C'est ça. Cette petite attention, là, instinctive et naturelle de Dusk à Fray, juste un baiser sur son front. C'est ça, qui te travaille. Ça n'a rien à voir avec de la jalousie, ce n'est pas tellement ton genre, et au contraire ça t'a fait un peu chaud au coeur, mais. Il y a un mais, et il n'est pas des moindres. Jamais tu ne pourras en faire autant. Malgré tout, tu te souviens de la soirée passée avec Fray, ta soirée à lui expliquer brièvement ton problème, machinalement tu t'assurer d'un geste rapide que tes gants sont toujours là, et tire un peu tes manches sur ceux-ci, après avoir posé la bouteille sur la table. Jamais tu ne pourras toucher Fray, Ceylan. Tu te rends compte ? Au delà de ça, tu ne sais pas comment faire ça. Comment être aussi naturel, comment simplement décider d'aller vers quelqu'un et de le prendre dans tes bras, parce que tu le peux. Tu ne sais pas comment t'exorciser de cette idée que, peut-être, tu es de trop. Peut-être, tu déranges. Peut-être, ce n'est pas le bon moment.
La remarque de Fray finit par te détourner de ton objectif premier, et tu accroches son regard. Erreur fatale, tu le sais. Il lira en toi. Bon sang. Tu sais qu'il n'en dira rien, sûrement pour ne pas gâcher la bonne humeur retrouvée du rouquin. Tu le regardes, simplement, sans rien dire, mais tes yeux hurlent quelque chose comme répare moi. Et le silence s'égraine encore, et encore, jusqu'à ce que tu n'ouvres la bouche finalement, et esquisse un sourire timide, mais sincère. C'est déjà ça, au moins, tu ne te forces pas.
─ Oui. Prends un peu de temps pour te reposer, s'il te plait.
Tant pis si tu vois vivre avec ça, sur la conscience. Tant pis si tu dois vivre ça par procuration, tant pis si tu dois vivre ça avec ce poids infini dont tu n'arrive simplement pas à te défaire. Toi qui ne pouvait pas vivre sans contact physique, pendant des années. Tu t'y feras. Tu finiras par t'y faire.
les vérités qui fâchent
5:47 - casino aquila - dusk rokkur & ceylan alterra
Il y a beaucoup de choses qui te font mal au coeur. Mais tu ne comprends pas toujours pourquoi ça tiraille les cordes de ton coeur. Ceylan et son regard triste, tu comprends. Ceylan t'a toujours fait une immense peine. Mais le rire de Dusk ? Il est tellement sincère et chaleureux, il ne devrait pas te faire de mal.
Mais voyons le bon côté des choses. Dusk a l'air de vouloir te lâcher un peu les baskets. En tous cas, de ne plus vouloir te couver, comme son côté protecteur lui crie de le faire. C'est une bonne chose. C'est... une avancée. Tu es un peu sous le choc, Fray, un peu hors des choses, quand il t'attrape contre lui pour embrasser ton front. Tu l'observes, sans rien dire et sans réagir pendant un instant, avant de lui sourire, les joues un peu chaudes. Quand il te relâche, tu restes contre lui, mais ta tête se tourne vers Ceylan; que tu observes attentivement. Vos regards se croisent et tu plisses les yeux, comme tu sais si bien le faire.
Bien sûr, tu vois droit à travers lui, comme un livre ouvert et lu à voix haute. Il ne peut pas te toucher. Il ne peut sûrement pas toucher Dusk non plus, quoique tu n'en sais rien, mais cela te semble logique. Tu scrutes Ceylan pendant un instant, avant de te rapprocher de quelques pas et de venir prendre sa main, gantée certes, mais tu espères qu'il puisse sentir la chaleur de tes doigts entre les siens malgré le cuir. Ou que l'attention soit assez pour le rassurer, au moins un peu. Finalement, tu reportes ton attention sur Dusk et tu lui souris, amusé, taquin. Tu sais cuisiner, toi, au moins ? Montre-moi ce que tu sais faire, parce que j'ai la dalle.
La vérité c'est que le temps sépare plus qu'il ne répare
Le sourire est léger en apparence, lourd en profondeur. Lorsque Dusk revient vers vous pour balancer son téléphone et vous pousser à commander, tu ne peux pas t'empêcher de rouler des yeux. Non seulement il n'a pas fait la vaisselle, mais il manque vraiment à tous ses devoirs. Tu n'as pas tellement l'air de lui en tenir rigueur lorsque tu échappes finalement à son contact et à sa présence, ainsi qu'à celle de Fray, pour te relever. La fatigue ne t'assaille pas autant que ces derniers jours, et tu as besoin de respirer un peu. Leur présence, aussi rassurante soit-elle, est beaucoup à digérer d'un coup. Surtout pour tes habitudes de solitude.
─ J'ai compris, j'ai compris. Tu veux juste te prélasser sur le canapé. Je vais m'en occuper.
Tu sais que Fray insistera pour venir avec toi, et la cuisine ouverte donne directement sur le salon, ce n'est pas comme si vous ne pouviez plus discuter. Cependant, tu supposes quand même que Dusk s'endormir au bout de trois minutes sur le canapé, en vérité. Alors, tu contournes le couloir pour aller laver ce qui traînait dans l'évier et commence à farfouiller dans les placards et ton frigo.
─ Tu n'as peut-être pas peur du courroux de Fray, mais ce n'est pas le cas de tout le monde.
La remarque est glissée avec un sourire amusé, complice au visage en vérité. Tu viens de quitter avec soin tes gants pour les poser sur un coin des plans de travail, alors que tu t'attèles à la vaisselle en silence.
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5:47 - casino aquila - dusk rokkur & ceylan alterra
Ah, c'est la meilleure. Les voilà en train de vouloir commander à manger... ou pas ? Bien, il semblerait que Ceylan possède encore un peu de bon sens et ai décidé de cuisiner. Ca a le mérite de piquer ta curiosité, alors tu abandonnes Dusk avec un petit sourire à son intention pour trottiner aux côtés de Ceylan.
Il reste des trucs, dans ton placard, au moins ? Tu lui demandes. Tu poses d'abord les poings sur tes hanches, avant de ciller un peu et de venir passer tes bras autour du sien, timide. Bien évidemment, tu fais attention à ne pas toucher sa peau, mais bon, couvert comme il est, ça devrait aller, n'est-ce pas... Quand il tourne la tête vers toi, tu l'observes sans un mot, la joue contre son bras. Si ça t'embête pas, j'aimerais bien... t'aider. Je me débrouille en cuisine. Tu adresses un regard au lavabo avant de ricaner et de tourner la tête vers Dusk. Hé, je croyais que tu devais faire la vaisselle ? Ramène-toi.
La vérité c'est que le temps sépare plus qu'il ne répare
Entendre Fray reprendre Dusk a le mérite de te faire sourire, tu les observes d'un oeil amusé, l'un puis l'autre, avant de reposer tes yeux sur Fray. Il a l'air minuscule, appuyé comme ça contre ton bras, et tes doigts gantés viennent caresser ses cheveux doucement, le cœur encore serré. Tu aimerais faire plus, juste un baiser contre ses cheveux, ou son front, mais le risque est trop grand. La remarque de Dusk qui approche pour faire la vaisselle te fait plisser un peu les yeux. Tout d'abord, tu te demandes, puis jette un œil dans le grand - trop grand - frigo américain dont tu sors deux barquettes et un pot de crème, puis dans les placards dont tu sors un oignon. Tu attrapes la planche à découper, un grand couteau puis te décale pour laisser de la place à Fray et à Dusk dans la cuisine qui, finalement, a largement la place d'accueillir trois personnes.
Tu veux juste ne pas t'éloigner.
─ Je propose des tagliatelles fraiches au saumon.
Tu interroges le roux, puis le brun du regard, avant de t'atteler à couper l'oignon avec précaution, alors que tu pousses un peu la barquette blanche vers Fray.
─ Tu peux couper le saumon en morceaux plus petits, il nous faut trois pavés de taille égale.
Tu observes le dos de Dusk en train de laver la vaisselle, ton sourire trahi la tendresse que t'inspire ce moment. Peut-être de la mélancolie, aussi. Sûrement. Tu essayes de ne pas y penser. Puis un regard vers Fray, qui te dévisageais et tu rosis un peu, les yeux plus humides que tu ne le voudrais.
─ Ha, t'en fais pas pour ça, c'est juste l'oignon.