les vérités qui fâchent
5:47 - casino aquila - dusk rokkur & ceylan alterra
C'est cher, le saumon. C'est une denrée dont tu ne peux te permettre l'achat d'ordinaire - alors tu ne vas pas faire la fine bouche, au contraire. Tu acquiesces d'un hochement de tête, tout en observant Dusk laver la vaisselle (pour faire attention à ce qu'il ne rate aucune tache, naturellement). Ce n'est pas plus mal que Ceylan te donne quelque chose à faire, sinon tu serais sûrement allé embêter le rouquin, et pas de la plus mature des façons. Tu adresses un sourire à Ceylan avant de te mettre au travail. Tu es doué en cuisine, et encore plus avec les couteaux. C'est donc un jeu d'enfant pour toi, en théorie. La remarque de Ceylan te fait relever les yeux et tu croises son regard. Il pleure. Tu ne sais pas si ça te fait quelque chose. Sûrement. C'est un coup au coeur et tu t'inquiètes, en réalité. Tu pinces les lèvres et reposes le couteau pour venir tapoter son épaule. Je m'en occupe, si tu veux. Tu as bien compris son message caché, et tu fais comme si c'était réellement les oignons qui mettaient Ceylan dans cet état, et pas... quoi que ce soit qui se passe dans son coeur et sa tête. Ou alors, hm. Dusk, t'as fini ta vaisselle ? Tu peux v'nir couper les oignons ? En espérant qu'il ne se coupe pas comme un idiot avec le couteau.
La vérité c'est que le temps sépare plus qu'il ne répare
─ Tu t'y prends n'importe comment, tu souffles, à l'intention de Dusk, une main à plat dans son dos, pour l'encourager.
Fray en a terminé avec le poisson, et tu le vois s'occuper de le poêler, ta main trouve facilement la même place sur lui, dans son dos, et ils sont sur un pied d'égalité. Tu ne touches pas de peau, tu fais attention. Perdre un souvenir de Fray, quel qu'il soit, serait un coup de trop. Tu ne peux pas te le permettre, d'aucune façon. Tu meurs d'envie de prendre sa main, mais tu as quitté tes gants. Tu meurs d'envie de les embrasser, mais tu ne peux pas. Tu ne peux pas te permettre ça. Tu ne pourrais supporter de le voir faire. Finalement, tu les relâches, et te lave les mains, et prétend devoir mettre la tâble. Tu parles, trois assiettes, trois fourchettes, trois couteaux et trois verres, c'est pas la mer à boire. Mais, tu as besoin d'un peu d'air, de t'éloigner de ça.
─ Fray, Dusk.
En silence, tu te redresse, depuis la petite table où vous mangerez, à un ou deux mètres des deux comparses, tu entrouvre la bouche.
─ Je vous aime sincèrement.
Y a-t-il autre chose que tu puisses leur dire pour que jamais ils ne t'abandonnent ?
les vérités qui fâchent
5:47 - casino aquila - dusk rokkur & ceylan alterra
Ce sont tes idiots - tu te fais cette réflexion alors que tu subis presque une expérience hors du corps, à les regarder sans un mot. Tu ne sais pas ce que c'est, l'amour, Fray. Pas cet amour-là, en tous cas. Tu as connu, pendant quelques années, l'amour paternel. Et c'était tout ce dont tu avais droit. Tu n'as jamais réellement eu d'amis avec qui tu partageais un lien fort, jamais de relation amoureuse. Mais à les regarder, là... A regarder Ceylan faire cette déclaration qui te paraît si sincère et si touchante...
C'est à peu près comme si ton coeur s'arrêtait pendant de longues secondes avant de redémarrer, vibrant et terrifiant. Tu te contentes de regarder Ceylan et Dusk vivre, agir, faire ce qu'ils veulent et tu restes figé. C'est un gros coup au coeur, une déclaration si forte. Tu finis par baisser les yeux, observant le sol. Tu ne sais pas trop quelle réaction a eu Dusk, tu n'as pas pu écouter, tu n'as pas pu voir.
Je vous aime aussi, tu souffles malgré toi. C'est étrange, comme quelques mots peuvent te mettre en état de choc ainsi.
La vérité c'est que le temps sépare plus qu'il ne répare