Tout ça, toute cette lumière, toute cette effervescence.
La réalité qui frappe à la porte de tes rêves pour les matérialiser, pour leur donner vie. Tu frisonnes. D’abord de peur, de voir surgir derrière tes épaules d'immenses yeux bleus qui pourraient bien te dévorer. C’est que la douleur de tes rêves avait l’air si…. réelle. Laissant tes pieds traîner sur le sol, à quelques pas du lycée que tu pensais détruit, tu passes tes mains sur ton corps, sur tes épaules en laissant le tout glisser sur ton buste. Pas de sang, mais cette sensation d’épées blanches qui te transpercent, qui te découpent, qui fait fondre ta peau…
Tu sais.
Non.
Tu sens.
Que des personnes sont mortes. Que des gens que tu ne connaissais pas, ou peu, ont fini par disparaître. La seule trace qu’il reste d’eux c’est cette envie de vomir à chacun de tes pas.
Puis finalement tu soupires, essayant de garder un semblant de confiance. Penser à Nori te rassure autant que ça t'inquiète. Tu es là pour lui, autant qu’il n’est là pour toi. Tu sens au fond de toi, une immense flamme de courage. Rien ni personne ne peut vous arrêter, pas même ceux qui ont secoué tout le pays avec leur tremblement de terre !
Ah que t’es con Lyca.
Aufaite, on t’appelle.
Tu captes pas tout de suite. Un peu dans ton monde, tu sursautes quand la voix d’une jeune fille balance ton surnom. Tu plisses les yeux. Sur le moment, t’es pas sûr de la reconnaître. Honnêtement ça fait bien des mois que t’y fous plus les pieds dans ce lycée et à tes yeux, tout le monde t’apparait comme des silhouettes noires sans visage.
Qu’est-ce que tu me veux Caro ? C'est Caro son nom, non ? Ou peut-être Roca... Raco ? Cora ? bref osef, t'as pas le temps pour des devoirs ou autre projet pourri que le prof vous aurez filé. C'est complètement con de donner un binôme absent à quelqu'un non ? M'enfin, tu prends quand même le temps de la détailler, de te rappeler doucement mais surement qui elle est... ou du moins l'idée que tu te faisais d'elle avant tout ce bordel étoilé.
Elle a un gros sac à dos.
Elle va où ?
Nulle part, qu'elle te dit.
Ah.
Tu t'es faite jetée par ta mère ? Pas vraiment la meilleure façon de le formuler, mais quelque part, le dire comme ça avait déclencher cette envie de trouver quelqu'un avec une situation familiale aussi pourrie que la tienne. Qu'est-ce qui te fait penser que je vais t'aider ?
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Le résultat était finalement bien prévisible. Les affaires que tu avais faites, tu les as emportées avec toi dans ton sac à dos, et malgré toutes les recommandations reçues, les mises en garde concernant le danger en ville actuellement, tu avais profité d'un dos tourné pour te faire la malle, bien décidée à ne pas revenir pour l'instant. Comme souvent, évidemment, quand tu faisais ce genre de pseudo fugue, tu n'avais rien prévu, c'est donc comme ça que tu te retrouves à errer, en ville, un peu aux abords de ton lycée, comme si tu allais pouvoir y trouver un refuge alors que pour l'heure, il est fermé.
C'est durant ton errance, complètement par hasard que tu repères, cependant, une crinière un peu familière. Lycaon, tu le connais surtout parce qu'il fréquente justement le même lycée que toi, ce n'est pas le plus proche de toi - as-tu réellement un ou une ami-e proche dans ce lycée ? - mais … là, sur l'instant, tu te dis que c'est mieux que rien alors, tu cours, et tu viens te placer à ses côtés, le plus tranquillement du monde.
FT:
@Coraline Reyes
FT:
@Coraline Reyes
Ah oué Cora. Coraline. J'me souviens maintenant. J't'avais oublié.
C'est vrai quoi. Le lycée, t'as zappé, tu crois même que ta mère, si tu venais à la croiser dans la rue, tu serais pas foutu de la reconnaître. Il n’y a plus que Nori maintenant, Nori et Sirius, et puis le cercle. Le reste ? Quel reste ? Ton frère ? Oué, peut-être…Mais seulement peut-être. Juste parceque - peut-être- tu te diriges vers son appart. T’as pas vraiment envie de le voir… pas depuis que tu t’es engueulé (encore) avec lui à l’université. Mais, tsais pas, genre, tu te dis que finalement, ça serait bien de voir si au moins bah… il existe encore.
Ouai bah moi aussi j'suis occupé, comme ta mère, mais traines avec moi s’tu veux, je t'accepte. Mais là j’vais juste passer devant l’appart de mon frère. Tsais, Leith. L’est surveillant au bahut. Tu marques une pose. T’as envie d’lui demander si il va bien. Si elle l’a croisée récemment, si il fait toujours autant sa vie en solo… si…. si il a demandé de tes nouvelles….? Mais tu traines des pieds et ta question traîne en longueur, comme bloquée dans ta gorge. T’en as ras le cul de ces nœuds, de tes sentiments qui font des bonds de géant dans ta poitrine.
Il devient quoi, ce con ?
Finalement, bouleversé par la situation, tu préfères ne pas regarder Cora dans les yeux et même accélérer le pas, quitte a louper sa réponse.J'veux bien que tu viennes mais fais pas comme moi à trainer dehors, tu devrais retourner chez ta mamie ou j'sais pas quoi. Ça craint trop dehors.
En tout cas, tu es décidée à suivre Lycaon. Disons qu'il a eu le malheur de croiser ta route, voilà tout, c'aurait pu être n'importe qui, tu cherchais surement un visage familier, en fait. Paradoxal, quand on sait que tu viens de fuir la sécurité d'un foyer, et le réconfort que t'apporte ta famille.
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@Coraline Reyes
Oué non ok, laisse tomber.
T’as essayé, tu t’es même dit que peut-être, elle le connaissait un peu plus que toi. Quel soulagement. Parce que dans un sens ça te rassure qu’une meuf du lycée en connaisse pas plus sur ton frère que toi. Ça craind sinon.
Alors tu l’oublis un peu et traces. Elle jacasse, ronchonne, essaye de trouver des espèces de magouilles nazes pour te faire dire oui. Mais à en juger par sa non-gêne, tu en conclus assez rapidement que si tu voulais vraiment t’en débarrasser, il allait te falloir du matoss de serial killer.
Le pire dans tout ça c’est que tu voulais même pas passer voir Leith. En tout cas pas chez lui. Tu voulais juste passer vite fait devant le lycée, voir s' il était encore debout et direct te rendre chez Nori. Mais maintenant que t’as la mistinguette qui te suit comme un chaton perdu, t’allais quand même pas la guider chez ton étoile. Imagines elle rencontre Cyllène…En un bisou le souci aurait été réglé. Mais en te retournant, pour la regarder miauler en te suivant, tu en viens à te dire que ça aurait été dommage de la tuer… d’autant plus qu’il y a déjà bien assez de morts comme ça. C’est que t’as encore ce sentiment bizarre en gorge, qu’un truc qui était là n’y est plus.
Pourquoi tu rentres pas chez toi ? Enfin, j'veux dire genre, pourquoi t'es partie ?
Il faut quasi rien pour arriver devant l’appart de Leith. Tu passes la porte cassée d’en bas. Tu sais qu’elle est cassée parce que t’es déjà venu ici, avant de rencontrer Nori, tu passais, parfois, sans jamais aller plus loin que le paillasson du voisin. Toujours à faire demi-tour pour aller te cacher dans un trou dès que la pression te prenait les tripes.. Mais là, aussi con que cela puisse paraître, tu marches sans soucis jusqu'à sa porte et toque.
Et.
La porte s’ouvre toute seule.
Pas verouillée, pas même fermée.
Bon. Bah. Euh. C'est ouvert ?
Bizarre non ?
Tu chasses tout ça à la vitesse de la lumière. Peut-être que tu finiras par retourner frapper à la porte de l'appartement de Maggie, qui sait ? Peut-être que tu finiras par appeler ta mère. Tu n'en sais rien. Pour l'heure, en tout cas, tu n'as pas envie de rentrer, pas envie d'y retourner. Tu veux fuir tout ça, tu veux voir autre chose et tu veux surtout éviter d'y penser. Ce qui tracasse ta mère te tracasse aussi, alors même que tu ignores ce que c'est. C'est bien pour ça, au fond, que tu lui en veux autant.
C'est pas si loin, au final. Tu suis Lycaon dans l'escalier, sans un mot, jusqu'à ce qu'il s'arrête devant une porte. Il frappe. Ça s'ouvre.
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@Coraline Reyes
T'aime pas trop ça.
Mais en même temps, il est grand ton frère. Grand comme un pommier.
Alors tu soupires et rentres, poussant les affaires qui trainent du pied. Cora est perdue et au lieu de l'abandonner trop vite sur le seuil de la porte, tu l'attends, freine le pas. Elle te répond, un peu dans le vague, tout doucement et son malheur, son mal-être, tu le ressens comme si c'était le tien. Tu sais pas si c'est un truc que tous les ados sont sensé ressentir, mais... t'es bien placé pour savoir que ça fait chier, que ça tire dans la poitrine et que ça étouffe même quand on prend de grandes bouffées d'air frais.
Je te rejoins là dessus, les daronnes ça comprend jamais rien. Mains dans tes poches, tu sens les briquets s'entrechoqués et tu en sors un pour en faire rouler la roulette. Clack. Click. Une flamme, deux, trois, cinq secondes, puis s'évanouit, perd son souffle.
Ephémère.
Pas la moindre trace de ton frère. Il a tout l'air de s'être barré à la vitesse de l'éclair. Avec tout ce qui se passe en même temps.. peut-être qu'il a reçu un coup de fil de maman et qu'il s'est dit que ça serait cool d'aller la voir. Ainsi, tu te demande si il a capté ton absence à l'école... si il captera ton absence de la maison... Sûrement pas.
Fais comme chez toi, j'vais voir si j'peux trouver le chat. Tu balances ton sac sur ce qui semble être le canapé et commences à appeler Nova. T'es pas surpris de la voir débarquer la queue droite et le miaulement facile. Tu lui souris et t'accroupit devant elle pour lui donner quelques caresses. Cheh, c'est à ton tour de te faire abandonner. Ça te fait quoi? Et elle se frotte contre toi. Une nouvelle membre dans le club des laissés pour compte. Super non ? Toi tu te redresses et vas lui trouver de quoi manger. Allant dans la cuisine ouverte, où le bordel continue de s'étaler, tu fouines dans le frigo, dans les étagères.
T’as faim Cora ?
Tu viens littéralement t'étaler un moment sur le canapé tandis que Lycaon fait ses trucs, cherche le chat, visiblement. Un chat noir qui ne tarde pas à se montrer, qui vient se frotter dans les pattes du garçon en braillant, probablement pour exprimer tous les malheurs de sa vie féline.
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@Coraline Reyes
Ça te trotte dans la tête.
Tes rêves. Surtout les derniers. Et vas-y que ça aboie, que ça hurle, que ça grogne. Encore et encore. Ça t'a assommé, pendant de longues heures et t'as tourné et viré jusqu'à ce que rentre Nori et que tu lui expliques tout dans les moindres détails. T'as que ça en tête, quand tu penses à Leith qui traine dehors. Il est grand tu sais bien, plus grand que toi, ça c'est sûr... mais... mais ce qui va se passer dehors...Aucun "grand" ne serait en mesure de gérer "ça". Même Nori... Même Sirius avait l'air profondément inquiet.
T'as zone out.
Perdu dans ton monde d'étoiles, t'as comme arrêté de vivre devant cette étagère ouverte sur des boites de céréale vides. C'est Cora qui te ramène à la réalité, qui te fait balbutier un instant, alors que le souvenir des aboiements t'avait serer la gorge et fait grimper un début de larme. Tu ravales tout.
O-oué, euh, y'a genre des pâtes. Tu renifles.
C'est pas toi.
T'as pas vécu ça.
C'était pas toi.
Tu choppes le premier paquet à moitié vide que tu trouves et attrapes une casserole. Y'a pas grand chose, mais on a qu'a ... mettre du ketchup. Sauf si t'as une meilleure idée ? Et tu te retournes pour la regarder, appuyé sur le comptoir de la cuisine. Insouciante, dans son petit monde, dans sa petite fugue d'ado. Elle en a de la chance. Mais en même temps tu n'échangerais ta place avec elle pour rien au monde. Tu te sens bien, dans ton bordel, dans tes soucis de fin du monde. Tu es où tu dois être. Il ne peut en être autrement.
Une fois de plus, tu sembles déconnecté, ailleurs, et ça sort tout seul.
Dans les prochains jours. Sors pas, ok ?
Si sérieux... plus mature... si droit, presque froid...qu'on dirait Nori... qu'on dirait Sirius.
Tu laisses faire Lycaon, un moment, tu ouvres le frigo de ton côté, tu sors la bouteille de ketchup presque vide elle aussi et puis, finalement, sacrément dépitée par le peu de trouvailles appétissantes, tu te résignes et referme dans un soupir lourd pour retourner t'appuyer contre le comptoir. Tes reviennent à Lycaon, mais cette fois, tu n'es pas la seule à fixer l'autre, toi, ça te met un peu mal à l'aise, alors, tu piétines, tu tritures ton sweat, jusqu'à ce que cette phrase tombe. C'est sorti de nul part, ça te figes, ça te surprend aussi, si bien que plusieurs fois en l'espace de quelques secondes, tu ouvres la bouche pour dire quelque chose sans que rien ne vienne, finalement. Tu pourrais mal le prendre, hein. Ca sonne comme l'une des recommandations de ta mère, d'ailleurs, c'est lâché comme ça, sans explication, comme si tu étais trop stupide pour comprendre.
Tu soupires, à nouveau, tu viens finalement attraper une cuillère en bois et verser les pâtes dans l'eau frétillante avant de remuer un peu.
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@Coraline Reyes
Tu soupires.
Ça tambourine dans ton esprit, ça tape fort, ça racle, ça griffe. Quelque chose cloche, quelque chose te bouffe de l'intérieur. Encore et toujours ce rêve, ce mauvais pressentiment qui te dit de retrouver Sirius, qui te cri de te barrer d’ici, de cette vie, de la compagnie de Cora. Elle mérite mieux que de se retrouver dans ce merdier sans nom. Elle a une maman qui l’aime. Clairement, elle n’a pas le temps pour tes conneries d’étoiles… Et parfois… Ô parfois, que tu aimerais en parler à quelqu’un qui n’y connait rien…Qui n’a aucune idée de tout ce que tu vies, de tout ce que tu ressens… Quelqu’un qui pourrait simplement te juger avec son regard d’humain… qui pourrait te crier dessus, qui pourrait te dire que t’es fou, que tout ça n’a pas de sens… que c’est pas possible…juste… histoire de te rappeler
que toi aussi…
tu es un peu humain.
Je suis fatigué, c'tout.
Elle te regarde, droit dans les yeux. Et tu en fais de même, cherchant le point culminant de ta bêtise dans le reflet de ses yeux. Tu souffles du nez quand elle repart s'occuper des pâtes. Et sous ses instructions tu récupères machinalement la passoire dans l'un des placards du bas. Vous égouttez les pates, tu choppes deux assiettes et des couverts et va déposer ça sur la table basse devant le canap'. L'odeur t'ouvres un peu l'appétit. Ce ne sont que des pâtes mais ne pas manger tout seul change toujours tout pour toi. Lorgnant le ketchup que tu finis par déverser en croix sur ton plat de pâtes, tu balances.
Bah t'as chez mon frère maintenant, si tu veux squatter. Tu fais de nouveaux traits de ketchup avec les pointes de ta fourchette. Cora, t'as un 06 ?
Ces dernières, d'ailleurs, sont rapidement égouttées, placées dans deux assiettes qui elles même sont déplacées sur la table basse avec le fameux ketchup. La vaisselle, tu la balances dans l'évier avec le reste et puis, tu vas te poser à table, juste en face de Lycaon. Tu viens coller un peu de ketchup au-dessus de tes pâtes, pas beaucoup parce que la tomate acide et sucrée, c'est pas tellement ton délire - tu préfères carrément la mayo hein - et tu remues, sans grande conviction, avant de relever un peu le nez.
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@Coraline Reyes
Lui en parler ?
Tu redresses tes yeux sur elle, la transperce d'un regard bizarre, d'un regard entre courage et miséricorde. Un regard si bizarre que tu ne saurais te reconnaitre dans un miroir. Tu soupires, plante les pâtes sur ta fourchette et manges. Ça fait du bien. Ça réchauffe... Tu en viens même à sourire, connement, sans réellement explication autre que le fait de manger des pâtes avec quelqu'un.
Oué non t'as raison, de toute façon Leith saoulerait pour moins que ça... Mais si tu veux j'pourrais peut-être t'amener autre part, j'connais un autre coin pour squatter. L'amener chez Nori ? Pourquoi pas. Après tout y'a de la place... mais en même temps... ça serait salement égoïste de ta part de la foutre là dedans... va savoir se qui peut se passer... va savoir si les aboiements vont pas lui ouvrir la gorge en deux. Tu déglutis... manque d'avaler de travers et frappes sur ta poitrine pour reprendre ton souffle. Urgh.
Pour faire passer le tout, tu changes vite fais de sujet et lui demandes son numéro de téléphone. Pourquoi ? La question serait plutôt, pourquoi pas ? T'as pas beaucoup d'amis, pour ne pas dire aucun. T'es pas trop le genre de gamin fréquentable. Un peu sauvage mais surtout aussi pas mal émotionnelle ce qui te vaux des moqueries, des incertitudes et tout un tas d'autres trucs qui te donne envie de foutre le feu.
J'sais pas. Tu redresses les yeux, fixe le plafond, y retrouve une tache vieille de plusieurs mois, si ce n'est années, et t'affales sur le canapé, assiette vide, ventre plein. Pas que j'ai pas envie de parler, mais... on se connait pas. On est même pas amis. Tu m'as suivis parceque sinon t'allais passer la nuit dehors. Tu finis par lui adresser un regard... blasé. On est dans la même classe, mais ça s'arrête là. Qu'est ce que tu as de plus que les autres pour que j'te parle de mes problèmes ? T'es qui, Cora ? Mise à part une meuf paumée.
Tu manges. C'est pas les repas de la maison, c'est pas non plus les bons petits plats de Maggie, mais t'avais sacrément faim alors tu t'en contente. Quand vos deux assiettes sont vides, tu repousses la tienne pour poser tes coudes sur la table, tandis que Lyca, lui, s'installe sur le dos, sur le canapé. Le voilà étonnamment sérieux, maintenant, autant qu'un adulte, autant que ta mère quand elle t'envoie sur autre chose pour que tu ne vois pas ce qu'elle ne veut pas que tu vois.
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@Coraline Reyes
Tu écoutes.
Un peu comme dans un rêve, tu observes, examine, te fais doux et attentif à ses paroles. T’as envie de croire qu’elle parle de problèmes tout simples, qui bon qui viennent, des problèmes d’une vie sans étoile… mais tu n’es plus tout à fait sûre. Intérieurement, tu croises les doigts pour la mère de Cora, pour Cora tout court, pour que sa mère, que sa famille entière ne soit pas lié à ce bordel scintillant…
Elle fait sûrement tout ça pour vous protéger. Elle a l'air d'être une bonne mère. Tu marques le tout d’un silence… d’un silence étrange, qui te force un sourire sur les lèvres. Puis tu éclates tout simplement de rire. Nerveux ? Peut-être. Putain, mais, ce que je viens de dire on dirait juste une réplique de film ou de série ! Haha jpp ! C’est vrai quoi, on dirait une série Netflix votre délire d’étoiles. Et pourtant, c’est ta vie, la seule qui vaut la peine d’être vécue, la seule qui te permet encore d’avancer, de te construire, de te trouver. Depuis tout ce temps, t’avais l’impression de stagner à toujours chouiner sur le dos de ta mère… A bien y réfléchir… t’es peut-être pas mieux à chialer dans les draps d’un DRH…
Tu finis par te lever, par la rejoindre au comptoir de la cuisine pour l’aider à la vaisselle, sécher les assiettes ou un truc du genre. Tsais, Cora. T'as une maman qui à l'air quand même de vachement t'aimer. Et franchement je t'envie. Et. J'ai envie de tout te balancer, de tout dire, mais ... tsais... comment dire. Tu as cette main qui vient se placer sur ta nuque, en mouvement nerveux. Si ses soucis sont mêlés aux miens et bordel que je ne lui souhaite pas, j'me dis que ça serait mieux si c'était elle qui t'en parlait directement. J'ai...envie de lui laisser une chance de te dire la vérité... de partager ça avec toi. Enfin tu vois quoi, je... si...Si j'avais une maman comme la tienne... ça me ferait vraiment chier qu'elle me parle pas de "ça" et que je l'apprenne de quelqu'un d'autre.. alors... Je te le jure Cora. Tu te retournes vers elle, tout sourire, aussi mature qu'enfantin.. indescriptible, le parfait mélange entre l'adulte et l'adolescent. Je te dirait tout ce qui se passe.