des cadavres trop bavards ( niir )

Des cadavres trop bavards ;

02/10/21

Dans un cadre aux lumières clinquantes, un tintamarre de tous les diables ; le cliquètement ininterrompu des pièces s’échappant des appareils mécaniques ordonnées en rangées sans fin ; la transe nébuleuse du vacarme étourdissant, du mouvement tourbillonnaire, où les actions machinalement réitérées des donneurs entraînaient l’ivresse des parieurs ; toute cette cacophonie ambiante qui offrait l’illusion de l’éternel — en traversant les portes du Casino Lotus ce soir-là, Arden avait accepté d’être dépouillée de toute décence, de toute raison et vraisemblablement, d’une part ( négligeable ) de son héritage.

Ils étaient plusieurs autour d’elle à observer le moindre de ses gestes : des amis de longue date, des enfants des partenaires d’affaires de son père — les deux, en même temps. Le croupier, d’un mouvement de main habile, distribua les premières cartes d’un duel qui approchait de son point culminant.

14 — une mauvaise main au blackjack !

Des lamentations exagérées et grandiloquentes éclatèrent dans le vacarme étourdissant des glaçons s’entrechoquant dans leurs verres.

Dans un élan de hardiesse, ou d’inconscience renversante, Arden tapota promptement l’index contre le tapis vert ; un signe auquel le donneur répondit par le regard faussement ingénu de celui qui se savait favorisé par les règles. Passé maître dans l’art de la mise en scène, ce dernier marqua une pause dramatique en survolant le sabot, puis fit glisser une nouvelle carte jusqu’à elle avec une précision millimétrique avant de la retourner. Sans surprise aucune, elle sauta à son tour.

« Oh, Arden ! Décidément, tu n'as vraiment pas de chance ! » s’exclama tout d’un coup une jeune femme derrière elle, qui lui agrippa les épaules.

Le râteau du croupier ramena devant lui un monceau de jetons bleus — sa mise, à la hauteur de la limite fixée — qu’elle venait seulement d’acquérir, au moyen d’une somme de plusieurs centaines de dollars.

« Ne vous inquiétez pas ; je me referais une de ces nuits ! »

Cette annonce pontifiante fut suivie par une salve d’applaudissements ironiques de ses confrères ; Arden, sous le feu des projecteurs, baignait dans un état de ravissement qui colorait sa vie en rose. Lorsque les bras de son amie se refermèrent autour d’elle dans une torsion semblable au mouvement d’un serpent tentateur, elle ne se sentit pas prise au piège, mais en sécurité dans une étreinte merveilleuse.

« C’est mon anniversaire et tu as promis de prendre en charge toutes nos dépenses, ce soir ! Tu ne l'oublies pas, j'espère ? » Dans cette euphorie de flottement, les paroles de sa voisine pénétrèrent son cerveau comme des injonctions incontestables. Arden serra la main de son amie dans la sienne, comme pour la retenir, de peur qu’elle se sauve à la première désillusion, à la première expectative inassouvie. « Jamais ! C'est ta fête, ce soir. Je vais récupérer une boisson au bar et je vous retrouve dans l'arrière-salle ? »

Il y eut des regards échangés.
Puis, des rires. Tout rentra dans l’ordre des choses. Une fois laissée pour compte, Arden se leva avec beaucoup de peine pour un remontant supplémentaire. Une aubaine que le bar, en fin d’après-midi, n’était qu’en partie fréquenté. La clientèle de l’heure profitait de leurs collations près des machines à sous, des tables de blackjack et de roulette. Elle heurta maladroitement son voisin de comptoir, sans paraître s’en rendre compte, avant de s’adresser au seul employé présent : « Un Dry Martini, avec deux glaçons et une olive... ? »

code by managarm

Niir Odrogne a écrit:
@Arden Montgomery & @Niir Odrogne

Des cadavres trop bavards

02/10/21

C'était le troisième soir de suite qu'il venait ici.

Certains auraient considéré les petites sommes qu'il avait su obtenir comme des dons du ciel et les auraient conservées très précieusement tels des trophées. Cependant, ce n'était pas la façon de voir les choses de Niir. Bien au contraire, dépenser chaque petit jeton que le hasard lui avait offert lui brûlait les mains.

Une petite collection de piécettes dans la poche gauche et un verre d'un alcool dont on ne voulait savoir ce dont il était fait dans la main droite, il avait choisi de laisser son peu de libre-arbitre auquel il avait le droit au casino à l'ivresse.

« 'Soir... Ç'poker... J'vais pas m'faire plumer... » se répétait-il lentement, appuyé contre le bar, ses yeux vitreux fixant avec difficulté le fond de sa liqueur. On pouvait très aisément déceler, malgré le volume bien bas de sa voix, un cruel manque d'articulation de sa part.

Sauf qu'en l'occurrence, le seul gagnant, ou celui qui ne se faisait jamais plumer, c'était le casino.

Alors qu'il se massait doucement les tempes avec incommodité, tentant tant bien que mal de retrouver ses esprits ou du moins une certaine contenance, Niir reçut un léger coup d'épaule venu de nulle part, se retrouvant éloigné de sa boisson un genou au sol. Personne, sobre, n'aurait eut cette réaction directe de se rapprocher du sol.
Il ne comprit pas vraiment ce qui venait de se passer. Relevant la tête et le reste de son corps au passage, il vit que ce n'était pas n'importe quoi, mais une personne qui l'avait amené à se mettre dans une position aussi désagréable et involontaire.

Aucune colère n'était en lui. L'alcool savait le calmer. Tandis qu'en temps normal il se serait empressé d'ouvrir la gueule pour lui aboyer dessus, il se retint, avec démagogie - ou surtout absent du moment.

« Eh... J't'en veux pas... Mais t'pourrais... T'excuser... » marmonna-t-il en se permettant de lui taper sur l'épaule à deux reprises, balbutiant sur place.

La musique ambiante qui animait l'endroit ne permettait pas vraiment de l'entendre. Et puis, les mecs bourrés dans son style n'étaient pas vraiment ceux dont on attendait le plus de paroles. Il attendait une réponse, clignant frénétiquement des yeux et encore une fois de façon involontaire, droit comme un piquet qui aurait quelques soucis de tenue.

Niir

Des cadavres trop bavards ;

— ft. @Niir Odrogne

Soudain, elle sentit une main baladeuse sur son épaule ; de justesse, Arden se garda de crier au malotru devant cette indélicatesse — mais une légère seconde de latence de sa part permit à l’homme de placer quelques mots, qui sur l'instant, ne firent pas beaucoup sens à ses oreilles. Elle le considéra avec une expression où flottait une pointe de tendresse, mais ce n'était pas la sévérité de son méfait qui étreignit son coeur :

« Oh là là… Vous avez l’air en pleine forme… » commenta-t-elle avec sarcasme, devant ses yeux brillants d’alcool et ses mots qui s'éteignaient en soupirs.

Le réveil allait être cruel au lendemain de l’ivresse de la soirée, mais ce n’était pas le genre d’Arden d’être si trouble-fête — comment priver d’un homme des plaisirs simples de la vie ? Avec un sourire éclatant, faisant fi des barrières physiques propres à chacun ( celles-là mêmes qu’elle défendait quelques secondes avant ), Arden posa machinalement sa main sur le bras de l’étranger — avant de donner des petites tapes répétées au même endroit, avec une douceur prudente, comme pour effacer sa marque. « Je vous ai poussé ? Je devais avoir la tête ailleurs… »

Un employé glissa sa boisson sur le comptoir, qu’elle porta à son nez pour en humer l’arôme intense et délicat d'armoise et de gin. Elle prit une gorgée, ferma les yeux, se délecta de cette fraîcheur bienveillante.

…

Sans crier gare, elle s’exclama à l’encontre de son nouveau compagnon — la voix beaucoup plus forte, pour être ouïe à travers le tumulte d’une foule à la fortune abimée : « Comment me racheter auprès de vous ? Et si je prenais en charge votre prochaine mise ? » Ce geste de générosité désintéressée allait devenir un rite dans la nouvelle histoire de leur amitié, décida-t-elle. « Ce ne peut être le hasard qui m’a conduit à vous heurter ? Je crois même que nous étions promis à nous rencontrer ici ! Mettons le destin à l’épreuve sur une table de roulette, de poker, du jeu qui vous plaira ! »

Son discernement, rendu imprécis par les mouvances de lumières colorées et changeantes, ne l'aidait pas à deviner correctement les qualités du personnage devant elle, mais il avait l’air gentil. Une amabilité molle, vraisemblablement induite par sa consommation, qu’elle ne distinguait pas sur le moment de la gentillesse véritable.

( Quelque chose de viscéralement ancré au plus profond d’elle-même lui intimait de ne pas se rendre tout de suite dans l’arrière-salle. )

code by managarm

Niir Odrogne a écrit:
@Arden Montgomery & @Niir Odrogne

Des cadavres trop bavards

02/10/21

En pleine forme, et comment ! Tandis qu'elle justifiait sa maladresse, Niir cherchait les bons mots à prononcer pour lui dire que ce n'était pas grave et que son seul et unique souhait actuel était simplement de retrouver le nectar qu'il avait payé et qui gisait sur le comptoir, dans l'attente d'être bu. Il allait prononcer les premiers mots de sa démarche lorsque la jeune femme, ou du moins la personne en face de lui reprit la parole, comme si on volait le témoin qu'il tenait dans ses mains.

Avec très peu d'ardeur, mot par mot, il constituait le propos d'Arden, sans même connaître son prénom. Bizarrement, lorsqu'il comprit qu'elle voulait lui offrir sa prochaine mise, son envie de boire se coupa subitement.

« Oh bah... Si c'est l'destin qui... m'permet de n'pas dépenser... » ricana-t-il trop fortement pour ce que c'était, il il souriait bêtement en faisant non de la tête, à l'instar des moments où nous sommes surpris. Encore une fois, il n'était pas sûr que son interlocutrice puisse tout comprendre dans son entièreté, son articulation étant d'une piètre qualité.

À présent, vu le bonheur qu'il lui apporte, il voulait croire un minimum en cet hypothétique destin. Ce trouble-fait de pacotille qui menait la vie dure à certains et couronnait la naissance des autres, choisissant qui méritait quoi dans le plus hasardeux des chaos.

Niir ne comprenait pas vraiment ce qui s'opérait devant ses yeux, tant sa vue était trouble. Il avait compris le noyau de ce qu'elle comptait faire - et cela lui plaisait. Continuant à sourire bêtement, il surenchérit.

« Pourquoi pas... un p'tit poker... J'sens qu'la chance est d'mon côté !... » bafouilla-t-il, méjugeant cruellement l'importance qu'on le comprenne. Même si dans sa phrase un éclatant état de joie était perceptible, la molesse et le débit bien trop lent de ses paroles nous donnait quelques indices sur son état intérieur.

Son foie crierait le lendemain, sa tête réclamait le jeu. À présent il ne faisait que patienter que la personnes à la chevelure sang décide d'aller jouer. Ce n'était plus de son ressort et il n'avait plus vraiment la force de demander à ce qu'on y aille.

Niir

Des cadavres trop bavards ;

— ft. @Niir Odrogne

Elle avait rarement vu un sourire aussi sincère que le sien — bien sûr qu'il était une bonne personne ! Le produit du pouvoir qu'elle exerçait et de la jubilation évidente de son interlocuteur lui donnait l'impression d'avoir des ailes, d'être l'héroïne d'une fête de grande envergure : tant pis si elle ne saisissait pas toujours ce qu'il marmonnait entre ses dents ! Elle répondit à son enthousiasme apparent avec une expression chaleureuse, prête à l'entraîner avec elle dans les tourments de la providence :

« Une partie de poker, maintenant et dans votre état ? Quelle merveilleuse idée ! Connaissez-vous les règles ? »

Il n'était jamais simple de remplir une table à cette heure, mais cette entreprise s’accomplit sans encombre dans leur cas précis : Arden et son groupe avaient déjà attiré l'attention sur la gérance hasardeuse de leur capital et Niir, par sa démarche dégingandée et son attitude béate, ne se comportait pas comme un compétiteur digne de ce nom. Autrement dit, il était un adversaire idéal pour qui souhaitait se renflouer.

Seulement, les sourires moqueurs se raidirent peu à peu en réalisant que celui dont on escomptait la ruine balayait adroitement les mains de ses adversaires.
Pendant près de deux heures, Niir fut porté par une chance fabuleuse. Ses surrelances offensives provoquaient des hauts de cœurs chez ses observateurs et ses all-in avaient manqué de peu de faire tomber en pâmoison sa partenaire pour la soirée. On se pressait autour de leur table pour interroger ses prises de risques, stupéfaits de la vaste imprévisibilité de ses contres — et chacune de ses décisions ( sagement réfléchies, à n’en point douter ) élevait l’admiration d’Arden pour lui vers de plus grandes hauteurs.

Il était presque dix-neuf heures trente lorsque la partie dût prendre fin à la suite du départ précipité de plusieurs joueurs. Un invraisemblable amoncellement de jetons devant eux scintillait de mille feux.

« Je dois être honnête ; je ne croyais pas en vos chances au départ… vous êtes visiblement un… as du Poker ! » dit-elle en s’adressant clairement à l’orgueil du jeune homme, avec une subtile plaisanterie. Elle ajouta, souriante, en soulevant un verre de Martini rempli une nouvelle fois entre-temps : « Vous êtes né sous une bonne étoile… »

Un silence assourdissant régnait tout à coup entre eux, mais elle ne sembla pas s’en affecter. Au contraire, Arden fit mine de réfléchir un instant avant de feindre la stupéfaction : « Je ne sais toujours pas comment vous vous appelez ! » Cette confession lui provoqua un rire sans retenue et sa main vint se poser sur le bras de son interlocuteur, pour s’empêcher de basculer.

« Je m'appelle Arden. Je ne vous ai jamais vu ici ? »

code by managarm

Niir Odrogne a écrit:
@Arden Montgomery & @Niir Odrogne

Des cadavres trop bavares

02/10/21

Le prenait-elle pour un triple, que dis-je, un quadruple-idiot ? Ce n'était pas sa réflexion sur son état qui le fit grincer des dents mais simplement la question sur sa connaissance des règles du poker. Quelle question ! Pourquoi aurait-il proposer de faire une partie d'un jeu dont il ne connaissait rien ? Après tout, s'il était là pour le troisième jour de suite, il ne pouvait que remercier sa capacité à gagner.
Alors qu'une boule de feu remplie de commentaire quelque peu haineux vis-à-vis de sa remarque se chauffait dans sa gorge, toujours avec une articulation très peu prometteuse, il se souvint que cette personne ne le connaissait pas et qu'elle qui lui paierait sa prochaine mise.

Il ravala sa fierté et décida de placer ce petit abcès de colère dans les parties à venir.

Niir avait suivi de très près Arden jusqu'à la table, titubant assez pour confirmer que lui donner main mise sur le prochain pari était une décision complètement folle, voire tout à fait inapproprié. Enfin, si elle usait de cette manière son argent c'est qu'elle en avait assez pour ne pas être prise d'un arrêt cardiaque si elle le perdait malencontreusement.

Tout se passa... un peu trop bien. D'un côté, sa fierté ravalée l'avait obligé à jouer avec ardeur et défiance, tandis que de l'autre ce n'était pas son argent en jeu, alors il n'en avait pas vraiment grand chose à faire de ce qu'il en adviendrait. Ce mélange de risque et de non prise de risque était un mélange explosif, mais il l'avait mené là. Sa manière de parler tout au long de la partie avait été assez pâteuse, mais le peu de conscience qu'il avait s'était assez concentré sur les parties pour que du bon en sorte.
C'était comme pendant les soirées arrosées : si quelqu'un avait un grave problème, peu importe son état sauf exception, il arriverait à mobiliser quelques cellules de son cerveau encore active pour aider la personne.

Après environ deux heures de parties remplies de courage et de hasard, le résultat était bien trop surprenant. Et en deux heures, son état s'était en quelque sorte amélioré, à tel point qu'il arrivait à mieux user de la parole. Assis, la tête avachie sur le plateau de jeu, il fixait la petite masse de jeton qu'il avait su remporter sans vraiment trop savoir ce qu'il faisait puisque son instinct avait pris les commandes.
Il se remit un peu plus droit en s'étirant. Un léger mal de tête commença à cogner derrière la tête du jeune homme. C'était le contrecoup d'un tel effort et de son état préalable.

À ne surtout pas reproduire chez soi !

C'est à ce moment là que la placeuse de fond vint lui poser une question qui se portait plutôt bien au moment. Il avait à cet instant plus d'intérêt à lui causer qu'à fixer le monticule d'argent qui s'accumulait sur la table. Il sentait que, puisque la mise n'était pas sienne, il n'en prendrait pas un sou. Il accepta son triste sort qu'il imagina d'une manière très pessimiste. C'était la descente d'endorphine qui le ratatina.
Il tourna la tête dans sa direction, se rendant enfin compte des traits de son visage.

« J'm'appelle Niir, et toi ? » répondit-il avec beaucoup moins d'ardeur que lors des parties. Il semblait avoir sniffé de la poudre chez le marchand de sable.

Niir

Des cadavres trop bavards ;

— ft. @Niir Odrogne

Sa première pensée fut de trouver son prénom peu banal, d’une sonorité franche et claire. Arden s’interrogea sur ses origines, comme on s’intéresse à tout ce qui est un peu bizarre et différent de nous ; cependant, cette curiosité ne la porta qu’à examiner silencieusement le profil flou de l’homme sans mettre de mots sur ses impressions.

« Arden ! Je viens de vous le dire… je viens de vous le dire ? »

À moins que son imagination ne lui jouât des tours ? L’indolence excessive de son interlocuteur se traduisait à ses yeux comme la marque d’une superbe assurance, en particulier depuis qu’elle avait été spectatrice de ses prouesses aux cartes. D’un geste nerveux, elle se frotta la tempe du bout des doigts dans un effort de mémoire, mais la flamme virevoltante de son attention ne tarda pas à trouver un autre sujet de conversation :

« Vous semblez bien affligé pour quelqu’un qui vient de remporter le pot. D’ordinaire… c’est là que je suggère d’aller sabrer le champagne. »

Le pactole n’était peut-être rien de plus qu’une somme modeste de quatre cents dollars ( c’est-à-dire, tout juste assez pour se sustenter et se loger dans un hôtel-restaurant réputé pour la nuit ), mais on trouvait difficilement des tables aux mises plus élevées en dehors de cercles de jeux réservés à une certaine élite. Parti de rien, cela lui parut être un gain respectable qui aurait dû lui arracher un cri de jubilation.

« Si vous ne comptez pas échanger ces jetons immédiatement… pourquoi ne pas tenter votre chance aux machines ? » lui proposa-t-elle avec un sourire, en prolongement évident de leur soirée.

D’une certaine façon, elle s’était amusée à le regarder et se pensait tout aussi victorieuse : Arden contribuait au bonheur des autres à sa façon. S’il lui avait suggéré maintenant de récupérer l’argent qu’elle lui avait volontairement distribué, elle aurait sans doute chaviré d'embarras. Bien sûr, cet altruisme désintéressé passait souvent par-dessus la tête de qui la côtoyaient pour la première fois, quand elle n’exaspérait pas tout simplement ceux qui se sentaient l’objet d’une commisération méprisante.

code by managarm

Niir Odrogne a écrit:
@Arden Montgomery & @Niir Odrogne

Des cadavres trop bavares

02/10/21

Effectivement, Arden avait déjà donné son prénom il n'y a que quelques secondes auparavant. On ne pouvait savoir si son erreur venait de sa fatigue apparente, du reste d'alcool qui se mélangeait à son sang ou bien simplement à une erreur d'habitude. Car oui, la plupart du temps, lorsque l'on donne son prénom, on place un "et toi" afin de retourner la question.
Il soupira en guise de réponse, Une réponse peu avenante.
En l'occurrence, il avait même user d'un tutoiement de façon assez instinctive. Niir n'avait pas vraiment réfléchi aux règles de bienséances concernant les inconnus ou à une certaine politesse nécessaire. Son esprit était déjà occupé à autre chose, quelque chose qui lui semblait bien plus important.

Il se retint de venir sur ce sujet, c'était son erreur et il venait de s'en rendre compte, à son plus grand déplaisir. Déjà qu'en titubant il avait l'air débile, maintenant il ne savait même plus écouter ce qu'on lui disait.
Étonnement, dans la même lignée, son commentaire qui aurait pu le faire froncer les sourcils n'eut pas le moindre effet dessus l'individu. Il soupira très franchement en tournant sa tête ailleurs, fuyant son regard.

C'était donc ses propres jetons à présent ? Il avait totalement oublié la clause du contrat qui stipulait que la mise lui appartenait. Ses yeux s'écarquillèrent, comme deux gros ballons remplis d'or. Cette situation était bien plus agréable que ce qu'il n'y croyait. Peut-être qu'il rentrerait avec un peu d'argent ? Ou du moins, il pourrait continuer à s'amuser sans avoir à toucher à son porte-monnaie, comme les 2 derniers soirs.

Sur ces paroles, il se rappela de "sabrer le champagne", et avec toutes les pièces du puzzle imbriquées ensemble, le moment arriva à lui retirer cet air misérable digne d'un vieux ronchon. Allons ! Pourquoi faire la tête quand tu gagnes ! pensa-t-il avec malice et joie. Le petit démon se frottait les mains avant de lui mettre une petite pichenette sur le lobe de son oreille.

« Avant tout, allons sabrer une bouteille avant de tout plaquer dans les machines. Je te l'offre, car sans toi, rien n'aurait été possible. » s'exclama-t-il en imaginant déjà quelle boisson il allait pouvoir déguster. On aurait presque cru qu'il n'avait jamais bu tant son état à cet instant avait été réhaussé grâce, très sûrement, à l'endorphine que cette prise de conscience lui apporta.

Tapant deux fois sur l'épaule d'Arden, il lui fit un grand sourire ainsi qu'un signe de le suivre. En quelques secondes de marche, il parvint au bar d'avant, beaucoup plus peuplé qu'avant.

Niir

Des cadavres trop bavards ;

— ft. @Niir Odrogne

Quelle joie que de partager un instant de félicité avec quelqu’un ! Il répondait à sa générosité par la générosité comme si c’était la chose la plus naturelle du monde — Arden se trouvait si fortement émue par sa magnanimité, prête à chanter ses louanges, si seulement son esprit n’était pas plus enclin à la rêverie. Les légères tapes sur l’épaule la réveillèrent de sa torpeur et elle laissa échapper un hoquet de surprise, avant de se lever de table pour marcher dans les pas de sa nouvelle idole.

« Quelle générosité de ta part ! » s’exclama-t-elle en sa direction. ( Un passant non loin d’elle écarquilla grand les yeux et regarda frénétiquement autour de lui, pris de panique. )

C’était les heures de grande fréquentation ; les employés de bureau s’attroupaient autour des machines avec cet infime espoir que la main du destin se tendrait pour les embarquer vers des horizons meilleurs et les fidèles se retrouvaient là comme d’autres se rendent à des cercles de loisirs huppés, s’acharnant des heures durant sur des parties de poker. Quelques curieux vacanciers prospectaient les allées avec ce regard vitreux et légèrement abêti des victimes de mauvaises pratiques. Le bar proposait une carte de vins, de spiritueux et de liqueurs particulièrement fournie, soucieux de leur clientèle internationale. On servait aussi bien du Dom Pérignon dans des flûtes de cristal, que des cocktails à base de sherry ou de whisky ; à des prix parfaitement délirants.

Arden s’installa sur une des chaises hautes en cuir et or devant le zinc et fit signe à son compagnon de s’asseoir près d’elle.

« Buvons avec modération... » Elle était tellement occupée à essayer de se convaincre elle-même que, l’espace d’un instant, elle cessa de prêter attention à leur discussion, se massant douloureusement les tempes pour essayer de combattre la migraine. En fin de compte, après avoir pesé le pour et le contre, il lui sembla que rien ne serait plus utile qu’un bon remontant avant que ses amis ne la récupèrent — elle les avait complètement oubliés et leur fureur serait implacable.

« Une coupe de blanc pour moi, s’il te plait. »

code by managarm

Niir Odrogne a écrit:
@Arden Montgomery & @Niir Odrogne

Des cadavres trop bavares

02/10/21

Cette fameuse générosité ne venait que de la bouffée d'endorphine que lui avait procuré la victoire, ou plutôt l'enchaînement de victoire. N'importe qui aurait agis de la sorte lorsque tout va bien. Cependant, à l'inverse, lorsque la situation n'est pas encline à cette hystérie positive, peu de personne ne craquerait au point de débourser un peu de son précieux pour un simple amusement.
Il ne s'attarda pas trop sur cette pensée, il avançait.

S'extirpant de nombreux groupes qui s'entassaient petit à petit dans tout l'établissement, Niir avait perdu Arden le temps de quelques secondes. Se frayant un chemin plus ou moins sinueux à travers cette foule bruyante et pleine d'appât du gain, il parvint à rejoindre la jeune femme. Directement, en la voyant assise, il s'installa juste à côté.

« Ça marche, ça arrive tout de suite. » soutira-t-il en approchant sa tête de l'oreille de la chevelure de feu pour qu'elle puisse l'entendre avec un peu plus de facilité.

Ramenant sa tête dans l'axe, il réfléchit quelques secondes à savoir ce qu'il voulait, fixant durement la carte des boissons et apéritifs. Sur un coup de tête, il essaya d'appeler un barman assez directement d'un geste furtif. Malheureusement, celui-ci ne vint pas tout de suite à sa rescousse ; il y avait énormément de monde, il n'était pas tout seul, malheureusement.
Soupirant un bon coup, il réessaya deux fois, et surprise : on vint enfin vers lui passer commande.

« Une coupe de muscat et un double whiskey s'il vous plaît. » s'efforça-t-il de prononcer en exagérant assez son articulation pour que le serveur le comprenne, rendant sa tête presque comique à ce moment.
L'homme en costard repartit directement de l'autre côté du bar en ayant fait un signe de tête montrant qu'il avait bien tout compris.

Niir tourna son regard à nouveau vers celle qui lui avait permis de gagner cette petite somme que ses poches gardaient comme un coffre-fort. Il ne savait pas vraiment quoi dire de plus. C'était sûrement le genre de rencontre qu'il redoutait le plus : sans activité, il est toujours difficile d'entretenir une conversation qui puisse plaire sans chercher trop loin.
Il stoppa son essai intérieur, guettant si le serveur revenait. Peut-être qu'elle parlera d'elle-même, pensa-t-il, laissant son regard balayer l'horizon.

Niir

Des cadavres trop bavards ;

— ft. @Niir Odrogne

L’inconfort à peine dissimulé de son compagnon de jeu n’embarrassa nullement Arden ; ses pupilles brillantes paraissaient fixer le vide, un éternel sourire figé sur les lèvres, en proie à des rêveries légères dont elle était bien éloignée de soupçonner le véritable motif. Le barman déposa discrètement les deux consommations sur le comptoir et se retourna pour d’autres commandes. Aussitôt ramenée à la surface par le diable, Arden souleva solennellement la coupe :

« À ta santé ! » dit-elle en trinquant avec Niir, son mouvement empreint d’allégresse.

Arden l’apporta à sa bouche pour avaler une gorgée du précieux liquide, l’apprécia d’un petit signe de tête avant de reposer la boisson sur le comptoir. Elle se demanda un instant ce qu’elle avait bien pu faire de son premier verre, mais, aucun scénario ne venant à l’esprit, elle reporta son attention sur son interlocuteur.

« Niir, mon ami... » commença-t-elle, avec toutes sortes de câlineries dans la voix. « Je ne sais absolument rien de toi à part ton prénom et tes facultés d’analyse ! » N’était-ce pas un peu triste de célébrer une nouvelle amitié avec si peu d’éléments ? « Je suis très curieuse, même si ce n’est pas intéressant ! Par exemple, mon père travaille dans les fonds spéculatifs... »

Alors qu’elle se plongea dans l’énumération méthodique des accomplissements de son paternel, les grandes portes vitrées du casino à l’entrée de l’établissement s’ouvrirent en grand et deux agents de la sécurité visiblement décontenancés pénétrèrent dans le bâtiment. L’un d’entre eux, ses mains fermement appuyées sur ses yeux, se laissa tomber au sol avec l’intensité pathétique qu’exigeait une urgence exceptionnelle. Un employé de la maison se hâta à leur rencontre, et quelques curieux flâneurs commençaient déjà à se regrouper, attirés par les complaintes confuses et les grimaces des enquêteurs.

Rapidement, les rumeurs inquiétantes d’une lumière étincelante comme le soleil dessinée dans le ciel nocturne se propagèrent comme une traînée de poudre dans les allées des machines à sous.

« … lumière soudaine dans le ciel ! »
« … regardais dans cette direction et… que je m’assois... »
« … sur les réseaux sociaux ? »

Tout cela, Arden n’en fit rien — c’était une agitation supplémentaire, par-dessus une agitation déjà ancienne.

code by managarm

Merci

des cadavres trop bavards ( niir )

des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )

Re: des cadavres trop bavards ( niir )