AAAAAAAAAAAAAA« Non chérie, personne. »
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA♡♡♡
un regard, c'est tout ce qu'il faut à Dallas,
éternel amoureux.
un seul regard, c'est tout, un regard vers ce brun, à peu près son âge, et surtout ses yeux bleus qui ont l'air perdu quelque part, entre l'écran de son téléphone et les passants dans la rue.
c'est tout ce qu'il lui faut, et peut être surtout beaucoup de solitude, des appels jamais renvoyés, des sms laissés en « Vu. », des soirs seul. trop de soirs seuls. Alors Dallas Decœur écoute son cœur et s'installe avec son énorme sourire en face de l'inconnu qu'il a déjà vu passer parfois dans la rue en allant au travail, il l'avait même cherché du regard des soirs, en sortant du studio, en vain.
cette fois, il fait jour, il ne travaille pas, et il est juste là en face. il pourrait presque le toucher, mais se contente de s'adresser au serveur. deux unicorn latte, je vous prie.
* Excusez-moi. Vous êtes qui ?
Et les aboiements, les aboiements. Son crâne en vibrerait presque. Il souffre.
deux boissons colorées, sucrées, capable de provoquer un malaise à un pauvre diabétique qui se contentait de la regarder de l'autre côté de la rue, probablement.
ces deux boissons sur la table. et cet homme, de l'autre côté de la table, cet homme méfiant, et Dallas ne lui en veut pas, Dallas ne cille pas et ne se démonte jamais, même si on oserait lui dire de déguerpir. il prend simplement une gorgée pour encaisser la remarque un peu froide, mais oh, ne vous inquiétez pas, rien de terrible, pas de quoi faire rebrousser chemin à Dallas, qui offre toujours ce sourire dégueulasse, aussi sucré et faux que la boisson qu'il vient d'offrir et qu'il est en train de boire.
Dallas Decœur. mais ça, c'est juste un nom. peut être que je serais celui qui vous tient compagnie quelques minutes ?
encore ce sourire. il s'accroche, oh, ce qu'il s'accroche,
tout ça pour repousser l'inévitable.
s'endetter pour avoir l'illusion de ne pas être seul.
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Il sourit - une pauvre mascarade de sourire, une pauvre excuse - à l'inconnu - Dallas ? - et lui désigne la chaise.
* Je ne m'attendais pas... à avoir de la compagnie.
Dallas ne se démonte pas, et là on on voit un sourire faible, il y voit une invitation. les "dégage" deviennent de simples mots qui perdent leur sens, et les regards exaspérés sont simplement ignorés.
oh, Dallas n'est généralement pas si indélicat, mais au bout d'un moment, au bout de trop de soirs à rentrer seul, et manger seul, dans sa cuisine, autour de la table un peu trop grande, on finit par ignorer les signes de l'univers et se concentrer uniquement sur ceux que l'on veut. c'est tout. point. et tant pis si Monsieur Beau Brun ne veut pas de compagnie.
c'est là tout le piquant de la vie, la surprise ! quel nom puis-je mettre sur un bel homme comme vous ?
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* Haha, oui, d'accord... Hazel, enchanté. Il a la décence de lui tendre la main - sa gêne s'écoule par vagues et étrangement, les aboiements ont cessé. Penauds. Peut-être embarrassés, eux aussi. Comme si les disquettes transcendaient le plan humain.
ce sourire faible, et puis cette main tendue, ce ne sont que des bons signes, pour Dallas. alors il s'entête, car il croit bêtement que s'il insiste et impose sa présence, il finira par être le bienvenue (non).
c'est mieux que de se dire qu'on ne veut pas de lui.
mais il le fait avec un inconnu, car si au final il se fait rejeter, cela ferait moins mal.
gagnant-gagnant.
il aurait pu appeler Vassili, mais il n'était pas prêt à encaisser son regard. ces yeux qui semblent le rencontrer la première fois à chaque fois, comme si chaque parole et chaque geste avaient été insignifiants jusque là... il n'était pas assez fort pour ça. alors il torture un "innocent".
enchanté, Hazel. enfin, juste ça, c'est un peu faible. il faut en faire plus, Dallas, montrer que tu t'intéresse, que tu es gentil ! allez, vas y. je vous ai déjà croisé plusieurs fois, vous travaillez dans le coin ? ou vous êtes l'admirateur secret d'un homme d'affaires ?
et, comme arme fatale, ce sourire trop faux, trop poli, accompagné d'un léger rire, juste quelques secondes. après tout, c'est une bonne plaisanterie.
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* Je suis avocat, je... Oh, certainement pas, Hazel Blumenkranz, tu ne lui donneras certainement pas l'adresse de ton lieu de travail. Et vous... Il le regarde de haut en bas. Vous n'avez pas l'air de travailler dans le coin.
Cet homme sent la pauvreté et la désolation. Dallas(?) sent la misère humaine.
un avocat. un avocat, c'est bien non, quand on a des soucis ? et puis, c'est bien payé, un avocat ? Dallas se dit qu'il aurait peut être du lui demander de payer ces boissons extravagantes, tout en buvant son café qui ne mériterait même pas d'être appelé un café.
malheureusement, il ne connait pas le nom de famille de ce charmant avocat, alors impossible de trouver son cabinet.... dommage. il a intérêt à profiter de ce rendez-vous, alors. profiter de la compagnie, même s'il semble sentir un léger manque de respect dans la remarque sur sa profession.
pourtant, si. le sourire s'élargit, taquin. à la station N.A.S., à quelques pas d'ici, l'immeuble est rempli de studios des radios astériennes, dont celle qui m'emploie depuis quelques années.
et toc. on a pas tous la chance d'être avocat, mais on peut au moins avoir une vie un peu plus surprenante.
plus précaire, aussi.
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* Hmhm. Hazel répond platement. Et là ? Que va-t-il se passer, maintenant ? Hazel soupire, avant de se reculer et de sortir son portefeuille de sa poche - portefeuille qu'il ouvre pour en sortir un billet de cent dollars. Tenez. Je... ne vais pas boire ça. Un regard appuyé sur la boisson multicolore, qui, il faut bien l'avouer, le dégoûte un peu.
putain, quelle blague.
Dallas regarde le billet qu'Hazel sort, et son sourire disparaît une seconde. il est vite remplacé par une expression de colère intense, une sale grimace qui déforme son visage, mais qui part aussi vite qu'elle est arrivée. Dallas fait d'énormes efforts pour la dissimuler et ne surtout pas montrer à quel point l'injure l'a affecté.
non, voyons. il est sympa. regardez, il sourit (crispé).
regardez, ça va, il est appréciable.
mais il parle ne détachant les mots, en réfléchissant un peu trop fort, pour que ses mots ne traduisent pas un dixième de ses pensées offensées.
gardez ça, je vous en prie. (ce qui veut vraiment dire, "range ton billet, sale merde, tu m'as pris pour quoi ?").
désolé, je vous ai gêné ? je peux me rattraper, j'en suis sûr.
souris, pour ne pas t'énerver.
souris, pour oublier la rage.
laisse la disparaitre, ignore ses appels,
ignore ton envie de casser la table avec le crâne de ce mec,
souris.
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* Tout va bien, ne vous en faites pas. Ce besoin d'être poli à tout prix le tuera un jour.
Ah, il veut se rattraper... Fort bien...
* Hm... Je sèche. Il pourrait se rattraper en partant, loin, très loin. Impressionnez-moi. Oh, il va tellement regretter.
Tout va bien, si Hazel le dit, c'est que c'est vrai, non ? c'est que tout. va. bien. pourtant, au fond de lui, Dallas ne décolère pas. heureusement qu'il a eu des années d'entrainement pour se maîtriser et refouler ses émotions au point de s'en rendre malade.
il pourrait partir, à vrai dire. mais il s'accroche, à tout, à tout le monde,
désireux de la moindre miette d'intérêt, et tant que l'on ne s'est pas lassé de lui, eh bien lui ne se lasse pas.
et la Cour en redemande, la Cour demande un nouveau tour au Bouffon du Roi, alors le Bouffon ne peut que sourire et remplir son rôle en se disant que c'est tout ce qu'il mérite. c'est dur, pourtant, d'inventer quelque chose au débotté. mais le Bouffon s'approche de son public de bonne grâce, il se lève et se penche gentiment, tout prêt pour son travail de clown.
mais sa main bouge toute seule, mue par la colère qui continue de bouillir de ses veines, elle agrippe son cou, oh, quelle peau douce, il a de bons gènes, et elle serre,
elle serre, elle serre,
puis elle s'arrête. elle ne se desserre pas, non, mais elle se bloque, là.
ils sont si proches qu'il doit sûrement sentir son souffle dans le cou.
avec plaisir. mais d'abord, j'ai le ventre un peu vide, et vous n'avez pas l'air très attaché à vos billets. si vous êtes aussi gentil que beau garçon, je serais ravi de vous impressionner ce soir.
et pour une fois, il est sincère.
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Il ne doit pas ciller. Il ne doit pas flancher. Pas ici. Les conséquences seraient désastreuses... il y a tellement de gens. Il y a tellement de gens, mais le sang, le sang, le sang, les humains, les Hommes, le sang -
Hazel esquisse un sourire poli. Cette politesse est mesquine. Sa main se lève et vient se glisser dans la nuque de Dallas pour le rapprocher encore, encore. Je vais vous inviter à manger. Après manger, vous vous en irez. Et vous ne m'adresserez plus jamais la parole. Finalement, il le lâche. Un sourire innocent habille son visage alors qu'il se lève. Qu'en pensez-vous ?
les yeux bleus d'Hazel ne le sont pas vraiment. il y a quelque chose, au fond, des abysses qui semblent voir au fond de lui à chaque seconde de plus où il les regarde, mais il continue, avec un sourire hypocrite. on n'intimide pas facilement Dallas, tout simplement car il refuse d'interpréter les menaces comme telles.
et cette main qui se glisse sans sa nuque, il est bien décidé à croire que c'est simplement une imitation de ses avances, et il décide par lui même que ça lui plait, et que ce n'est que ça.
menaces ? il ne connait pas.
quel gentleman... ou presque. mais je peux faire avec. je peux faire avec tout, je suis poli comme ça. (et peut être que CERTAINS ici présents devraient en prendre de la graine. au passage).
quand la pression dans son cou se relâche, il lâche aussi celui d'Hazel, content qu'ils aient visiblement trouvé un terrain d'entente. mais ça me paraît compliqué de ne plus jamais adresser la parole à un bel homme que je vois innocemment marcher dans la rue alors que je me rends sur mon lieu de travail.... hm.
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* Ah oui ? Vous m'encouragez à changer de carrière. Ou à prendre des vacances prolongées. Il lui répond tout sourire, tout en rangeant sa chaise et celle de l'autre homme, puis en sortant du café. Il prend la peine de tenir la porte à Dallas. Où souhaitez-vous manger ?
Les aboiements, couplés au manège des voitures, des moteurs, de la ville qui vit sous leurs yeux. Les aboiements, les aboiements.
Dallas est un indésirable, il le savait déjà, alors ça ne change rien. autant continuer son petit jeu, au moins pour tenter de sauver sa bonne humeur.
c'est peut être moi qui devrait prendre des vacances, mais bon, ça coûte cher... un petit regard qui en dit long, juste ça. s'il ne peut réclamer de l'affection, peut être bien qu'il peut soutirer quelques deniers supplémentaires.
il sourit à la politesse, sourit qu'il lui tienne la porte malgré la sale impression qu'il a, il sait qu'il n'est pas apprécié, alors autant profiter de l'instant tant qu'il dure, et il montre l'hotel juste en face de la rue, réputé pour son restaurant aussi bon qu'hors de prix. là-bas, ça vous irait, monsieur l'avocat ?
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* Je vais être honnête avec vous, je m'en contrefiche.
Les hurlements ont repris. Impassible, il suit Dallas sur le trottoir d'en face, observant autour d'eux.
Dallas se laisse guider, et marche joyeusement, la tête haute.
le gars marche. assez satisfait de lui, à vrai dire. un peu trop satisfait de lui, en fait. tellement qu'il se permet même une petite remarque enjouée, pour souligner sa joie d'avoir bientôt le ventre rempli par de la nourriture de qualité. bon chien. et c'est dit avec un tel sourire qu'on ne douterait pas une seconde de l'absence totale de mauvaises intentions.
le gars marche.
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C'est que dans son crâne, au fin fond de sa conscience et de son esprit
Procyon aboie en réponse.
Procyon aboie et Hazel soupire. Sans vraiment hésiter, il donne un coup dans le tibia de Dallas, un coup à la frontière entre le croche-pied et le tacle. Il l'observe s'étaler sur le pavé en face de l'hôtel et sourit.
* Oh, non. Il réagit sans la moindre émotion dans la voix. Est-ce que tout va bien ? Relevez-vous voyons.