c'est juste une porte.
pas de quoi s'alarmer.
juste une porte, avec écrit plusieurs noms, dont H. Blumenkranz, et là, peut être qu'il faudrait s'inquiéter un peu plus. la blessure en encore récente, et si Dallas serre un peu trop les doigts de sa main gauche, le sang se remet à couler. heureusement, l'infirmière qui s'est occupée de lui aux urgences était plutôt mignonne, et lui a laissé son numéro en lui donnant de quoi nettoyer la plaie pour refaire le bandage plus tard, donc tout n'était pas perdu.
juste son estime de soi.
elle manquait cruellement, surtout depuis ces humiliations, et il était tombé par hasard dans les pages jaunes en cherchant un ancien ami B. Bloomberg sur un nom et une profession qui avait piqué sa curiosité.
alors le voila devant la porte. et enfin il ose toquer, et s'annoncer de sa voix pour l'instant peu troublée. calme. pour l'instant, écoutez, ça va.
excusez moi ? vous avez perdu quelque chose, l'autre jour, dans la rue.
En soi, rien d'alarmant, rien de grave, rien de.
Entrez., il ordonne sans écouter.
Dallas, poli, bon invité, attend qu'on lui dise d'entrer pour le faire. on lui dit, alors il entre, gentiment. il ouvre la porte sans la faire grincer, et s'avance, un pas, deux pas, dans le bureau.
et il sait tout de suite qu'il est tombé juste, et peut être qu'il a un peu de chance dans sa malchance extrême. presque un peu de bonheur dans la série de catastrophes monumentales que sont sa vie. et il compte bien aujourd'hui ajouter un échec de plus à la pile.
il sourit, content de lui, un peu trop content de lui.
bonjour ! belle journée, hein ? vous avez perdu quelque chose, l'autre jour, je viens juste vous le rendre.
Qui est assez bête pour revenir voir de son plein gré l'homme qui lui a planté un couteau dans la main ? Il espère sincèrement que la blessure va s'infecter.
* C'est votre couteau, pas le mien. Je n'en veux pas, gardez-le. Au revoir, refermez la porte derrière vous en partant.
oui, c'est une bien belle journée, au final, pour quelqu'un qui aime se laisser emporter par le courant sans jamais tenter de nager contre. on le plante ? bon, eh bien, c'est l'occasion d'aller aux urgences voir si ce qu'on dit sur le charme du personnel soignant est vrai.
on lui dit de dégager juste là et de ne plus jamais se remontrer ?
bon, eh bien,
on va rester un peu.
la douleur qui se diffuse depuis sa main gauche enroulée dans un bandage sert d'avertissement, tout comme ce ton froid qui le chasse. mais Dallas ignore tous les signaux d'avertissement, simplement pour soigner son égo, plus blessé que sa main.
ah, zut, c'est pas les mots auxquels je m'attendais... sourire un peu embêté, comme s'il avait peur de déranger. je m'attendais plus à "pardon" ou "désolé", en fait.
* Je pense que vous vous méprenez...
Il sort en silence un révolver de son bureau et la pointe sur Dallas, le coude contre la surface en bois. Son pouce vient abaisser le chien du révolver dans un clic significatif. Son regard se plante dans celui de Dallas. Il est calme. Composé, même.
* Bien, maintenant vous allez m'expliquer pourquoi je suis censé m'excuser.
Dallas ne sait pas ce qui scellera son destin, le fait qu'il vient de fermer la porte derrière lui,
ou le flingue braqué sur lui.
et il n'a pas vraiment conscience d'être entré dans son tombeau, il y a une pauvre petite minute, mais c'est pourtant bien ce qu'il vient de faire.
il déglutit en entendant Hazel tirer le chien, et le barillet tourner pour mettre la première balle en face du canon. il devrait partir, oui, bien sûr, et il recule même d'un pas, mais il n'ouvre pas la porte. non, il se plaque contre, et même si un air surpris a remplacé son éternel sourire, il ne se démonte pas encore. il devrait. mais c'est une question de fierté, et il semblerait que Dallas tient plus à sa dignité qu'a sa vie.
eh bien, en général, quand on blesse quelqu'un, on dit pardon, question de politesse. il ne sourit toujours pas, et parle un peu trop calmement, comme s'il avait soudainement peur de brusquer Hazel. c'est déjà trop tard, pourtant.
il pense au couteau emballé dans un mouchoir dans sa poche,
et serre les dents.
* Eh bien, il répond en ricanant, je m'apprête à être très poli.
Son coeur bat à ses oreilles, le sang boue. Procyon aboie-
Procyon aboie ?
* Ah!
Le hoquet de surprise se transforme en un cri, un hurlement, le hurlement d'un animal sauvage alors qu'il attrape son crâne. Procyon. Procyon. Procyon, merde, putain !
Il perd pied. Des yeux rouges, fous se relèvent vers Dallas. Des yeux qui ne le reconnaissent pas.
malheureusement pour le reste du monde, Dallas n'apprendra jamais rien.
il ne tirera aucune leçon de cette rencontre avec la mort, même s'il l'a regardée droit dans le canon, car au final, tout ce qu'il en tire, c'est qu'il n'a pas eu tord d'agir ainsi, car Hazel change complètement d'attitude.
honnêtement, Dallas n'y comprend rien, il ne sait pas pourquoi Hazel se tient soudainement le crâne, il ne sait pas pourquoi un cri surpris lui a échappé, il ne sait rien à rien, jamais, et encore moins cette journée là, cet instant là, ne comprend pas qui le regarde avec des yeux aussi rouges et fous,
Dallas ne comprend rien, et ne comprend pas non plus qu'il devrait s'enfuir.
au contraire, il reste là, figé,
choqué,
crispé,
euh, ça va ?
C'est un Procyon mué par une rage nouvelle et par un besoin ardent de sang qui se jette à la gorge de Dallas, crocs dehors.
Requiert jet de dés (0-100) pour : survie de Dallas.
(33) Dallas n'a rien le temps de comprendre, il n'a même pas le temps d'avoir peur, à vrai dire.
il n'était pas rassuré depuis qu'il avait passé la porte du bureau d'Hazel, il avait senti une goutte de sueur descendre le long de sa colonne vertébrale lorsque le canon de l'arme d'Hazel le fixait, il avait même eu peur, à ce moment, mais l'attaque qui suit est trop brusque, trop vive, trop inattendue pour qu'il ai le temps de se dire qu'il a peur.
Hazel se jette sur lui,
et l'instant d'une seconde, le temps ralentit, aux yeux de Dallas.
enfin, ce n'est pas une seconde, si le temps ralentit, non ? c'est plus, moins ? Dallas n'en sait rien, il sait juste qu'il a miraculeusement le temps de repousser Hazel qui bondit sur lui, il y met toutes ses forces, serre les dents, (la plaie à la main s'ouvre), il pousse, il pousse, (la plaie saigne), il pousse de toutes ses forces, (une tache rouge sur le pansement),
il pousse et reste bloqué contre la porte, les yeux écarquillés, comme une biche prise devant les phares d'une voiture.
(3)Les pupilles de Procyon sont dilatées sur une mer de carmin, une sclère de jais. Il aboie, un vrai aboiement canin qui ne devrait pas sortir de la bouche d'un humain - et il gronde, la bave aux lèvres, les crocs sortis et brillants dans la lumière artificielle du bureau.
Il y a
Du sang qui tache le bandage
Et il n'y a plus Hazel pour le brider, il n'y a plus d'humain ou de frère pour lui dire stop et lui dire arrête et dans ses yeux, il n'y a que la lumière agréable d'un chasseur qu'il n'a pas vu depuis si longtemps.
Ce n'est pas une des cibles, on va le disputer. Mais le sang.
Le sang.
Le sang.
Le sang.
Procyon se jette sur l'homme humain qui se dresse devant lui, la main devant comme pour le tenir à distance - et il serre le poignet, et il tient la main dans sa mâchoire, et il tire, il tire-
Il tire jusqu'à ce qu'il n'y ait plus.
Requiert jet de dés (0-100) pour : fuite de Dallas.
(50) il ne pense à rien.
il ne pense plus à rien, il n'a plus le temps, même plus le temps de se demander comment il s'écoule, et pourquoi il se tord, pourquoi Hazel est figé dans les airs face à lui, et en même temps il est déjà sur lui, Dallas le voit en face de lui et il sent ses dents dans sa chair, il sent les tendons malmenés, il sent qu'il tire tire tire
tire
tire.
Dallas sait comment on doit réagir en cas d'attaque de chien. La Famille Decoeur a toujours eu des chiens, et l'un d'eux l'a même méchamment mordu au mollet, il en porte encore la cicatrice mais pourquoi je vous raconte tout ça maintenant moi pourquoi il pense à ça maintenant en fait pourquoi pourquoi pourquoi après tout même s'il ne bouge pas son bras c'est trop tard trop tard trop tard trop tard trop tard t̷r̵o̵p̴ ̶t̷a̵r̶d̶ t̷͍͐̓͌̍r̵̡̬̹̎͝ͅò̸̟p̴̈͠ͅ ̷̼̖͎̙̏͠t̴̨̼͙͖̅̒ȁ̸͖̬͎̕r̶̘̙̿͜d̴͉̫̭̬̎͑͗ ẗ̵̞̦͈̩̘̖́͘̚r̵̨̧̘͈͉͖͘o̴̦̅̋̊͊͂̔̕p̷̨͎͖̰͓̼̭̘̓͐͂̾̐̈́̾͝ ̷̢̹̯̮̩͒̄͆͐̏̕t̵̡̤̖͉̀͐̈́̇̎͛͝a̸̡̹͑̑̀r̶̻̣̺͒̑͂͐̑d̸̖͒̈́͑̀͒̋͝͝
aie aie aie putain de merde maisaieputainlachelachejet'ensuppliejeferain'importequoi s'ilteplaits'ilteplaits'ilteplaits'ilteplait
s'il te plait.
s'il te plait.
lâche. arrête. va t'en. laisse moi. va t'en. laisse moi partir. j'ai mal.
j'aimalj'aimalj'aimal
au secours.
p̷̨̩̫͓͚̐͜a̴̯͍̮͙̐̊̑̏͋͗̂̕̕r̸͇͛́̑̀d̸̪́̇̎̇̀̒̉̽́o̶̧̼̖̊̌̑̂͑́n̸̬̋̓͐͑̓͝ ̴̻̼͉̣̪̄͂̀͑̍́p̸̠͗a̵̺̫̻̿͗̓͛͑̌̕r̶̬̖̻̿͌́͝ͅd̶̯̗͚̮̩̀͛̇̐͗̆͝͝͠ǫ̶̪̳͙͘̚͝n̵͎̾̑̀ ̴̗̜̤͒̓́͗̽̏p̷̛͙̈́̂͋̕͝â̵̘͎̼̋͘͠r̷̢̛͇̠̥̮͓͉̫͇̈́͠͠d̴͉͓̥͖͙̹͖̑̂̃̈̅̈́̕͠ǒ̶̺̗͔͖̒͠n̶̞̳̱͖̜̟̗̣̔̆͂̌͘ͅ ̷̧̡̡̯̫̹̑̓̌̓͘͜p̵̧̫͍̩̱̗̳̑̄͌̋ǎ̸̧̘̙̼͙͕̮̖̞̎̋͛̏̒r̵͙͓̖͉͙͚͓̍̾̄̏́̆̀̏͝d̵̥̱͈̙͚̻̬̲̅͐̒̀ò̷̻̘͔̯͖̼̆̕͜͜͜n̶̡̫̣̬̠͇̐͐͆̓ ̷̛̰̼͊p̸̧̨̠̪̥͓̩̩̦͛̆̒͐̔a̷̢̬͗̉̈́r̵̠͕̻͝ḑ̸̠̺̳̻͎̳̏͂̄́o̷͕͛͜n̴̞̫̟̯̦͂̄́ͅ ̵̨̛̞̞̠̬͎́̐̉̇͌p̸̭̦͎͇͍͉̺̝̅̑͌͆̆ͅa̷̪͇̱̓̒͂r̴̢̘̪̜͙̲̞̈́̅͗̾͘͘d̵̛̳̝̱̓͊̒͜͠ȍ̸̡̫̞̘̣̋̎́n̸̩̩̣̏̅̆̿ ̷̨̰̤͗̿͂̾̿͂̄p̸̰̼͔͊̂̈́a̶̭̞͂͐͊́̾͠r̴̡̨͙̝͙̲͖̙̒̈ͅd̵̺̜͒͛͆̉̅͋̾͗o̸͖̻͈̫̫͑̈́̊͘n̷̙̾̋̀͆̚̕͜͝ ̷̢̦̹̱͓͈͖͆͝p̴͙̱̜̞͈̈ä̵̟͖̯́͒̌ř̷̢̤̾̿̎d̸̞͔̰͓̮͚̻̦̂̌̂͒̈́̃̈́̋o̸̫̽n̶̨̛̝̣̑̊́̀ ̷̻̇p̵̮͔̝͛͊͜ͅa̸̯̦̣̪̖͈͊̃̅͊́r̵̭͋̅̈́͗̔̈́͝
C'est terrible; de reprendre le contrôle alors que le mal est déjà fait. Le mal est déjà fait. Hazel rouvre les yeux dans une scène sanglante, avec un goût âpre et dur sur la langue.
Il vomit. Préfère ne pas réaliser ce que Procyon a fait, mais il faut bien se rendre à l'évidence qu'il a mis plusieurs minutes à revenir à lui, à reprendre le contrôle, et la main a disparu.
Procyon est un monstre et les étoiles doivent être éliminées; mais ce n'est pas le moment d'y penser. Il se jette là où Dallas s'est écroulé, ignore la douleur de ses genoux qui heurtent violemment le sol. C'est quoi, sa douleur, par rapport à celui dont il a arraché la main ? Il ne savait pas ça possible. On s'en fout. Putain. Il est en train de se vider de son sang.
* Ca va aller, ça va aller. Qui essaie-t-il de rassurer ? Qui essaie-t-il de convaincre ? Putain de merde, putain, putain...
Main tremblante. Il appelle les urgences, tient un garrot improvisé entre eux, essaie de ralentir le sang.
quelqu'un ou quelque chose l'entend,
ou peut être juste qu'Hazel Blumenkranz a apaisé sa soif de sang terrifiante.
enfin, ça s'arrête, enfin,
merci merci merci.
quelque part, loin, très loin de lui, il entend Hazel qui vomit, est-ce qu'il regrette son geste ? ou est-ce que c'est simplement que Dallas est trop... dégoutant ? il n'en sait rien, après tout, c'est trop loin. il parle, on lui parle, il y a cette voix qui lui parvient étouffée, comme si elle devait traverser du coton, cette voix qui dit que ça ira,
et Dallas a envie de la croire, cette voix,
alors il ne bouge plus et ferme les yeux.
p- qu'est-ce qu'il tente de dire ? Hazel ne le saura jamais, en tout cas, car c'est à ce moment que Dallas perd connaissance, le choc, la perte de sang, la perte de... il ne veut pas et ne peut pas y penser.
noir.
silence.
calme.
quel soulagement.