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Invité
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Le hic mon vieux, c’est que ta patience est clairement limitée, ouais. Tu as une sainte horreur qu’on se paye ta tête et tu détestes aussi qu’on soit de mauvaise foi face à toi, alors, quand la facture annoncée par la blonde de l’accueil s’était trouvée différente, et à la hausse, par rapport à celle reçue par courrier, et qu’elle t’avait envoyé sur les roses, lorsque tu lui avais demandé de revérifier … oui, on peut dire que tu avais fini par te laisser emporter. Résultat ? Plus de quarante cinq minutes à te débattre avec elle, l’intervention de l’un de ses collègues, encore plus stupide qu’elle et bien entendu, les soupirs lourds de toutes les personnes qui patientaient derrière toi. Heureusement, tu avais fini par obtenir gain de cause, oui, et quand un type en costume trois pièces était venu à toi te présenter ses excuses, tu t’étais détourné violemment, sans doute pour te retenir de lui balancer ton poing dans le nez alors qu’il te demandait de patienter encore dix minutes à la cafétéria, le temps de régulariser tu ne sais pas trop quoi.
Te voilà donc, Leith. Bouillonnant encore d’une rage certaine et palpable, accoudé à une table haute avec sous ton nez un café censé être à la noisette mais dont l’odeur ne t’inspire rien d’autre que du dégoût, en train de toiser le monde entier d’un regard mauvais et d’un air assurément … peu agréable.
à faire un scandale au milieu d'un couloir d'hôpital, tu le connaissais assez pour le savoir, mais il était maître dans l'art du passif-agressif subtil, et il avait levé les yeux très haut au ciel, soupiré lourdement, marmonné quelque chose d'indescriptible avant de repartir en boîtant tout son soûl, tapant plus fort qu'à l'accoutumée le bout en métal de sa canne sur le sol déjà bien essoufflé de l'hôpital.
Il maugrée tout du long de son petit voyage jusqu'à la cafétéria, le besoin de boire un café plus noir que l'asphalte se faisant rudement sentir. Il n'y a rien entre son vitriol et les gens qui l'entourent sinon sa propre tenue et ses propres bonnes manières. C'est déjà bien assez étrange de sa part de taper autant de la canne comme ça, alors en plus faire un caprice en public ? Non, effectivement, tu avais parfaitement raison, Riley n'aurait jamais osé.
Son regard avait cependant croisé une tête connue, familière, quoiqu'un peu étrangère encore - et le démon sur son épaule était assez remonté pour qu'il fasse son petit bout de chemin jusqu'à la table haute et qu'il se glisse sur le siège libre, l'air de rien. Il ne connaît même pas le nom de ce type. Mais ils ont eu le temps de discuter de temps en temps - et Riley s'est fait à l'idée qu'il ne l'aimait pas, et il n'aimait surtout pas comment ce type t'approchait toi. Le jour où il t'avait ramenée, mal en point, à l'hôpital restait toujours en travers de la gorge de Riley. Il avait eu peur pour toi. Il s'était inquiété. T'avait cherchée, en vain. Avait l'impression d'avoir échoué. Echoué quoi ? Il ne savait pas. Mais aujourd'hui, il remarque l'air furibond de l'homme en face de lui et ça lui arrache un sourire aussi moqueur que compatissant.
leith
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C’est seulement quand tes yeux encore débordant des flammes de ton agacement reviennent se poser sur lui que tes neurones réagissent pour te rappeler que tu l’as déjà vu. Une. Deux fois. Tu n’en sais trop rien. Ce que tu sais c’est que, si vous avez surement échanger quelques mots, ça n’avait rien de bien courtois et qu’il y a ce petit quelque chose entre vous qui pourrait faire comprendre à n’importe que, non, ça ne passe pas, hein. Il y a comme un court-circuit sur le câble de votre lien. Autrement dit, ça fait facilement des étincelles et ni l’un, ni l’autre n’a l’air de vous apprécier plus que ça. Pourtant, Leith, tu es du genre sacrément passif avec les autres, mais lui … disons que tu n’as guère apprécier les regards qu’il a eu le culot de poser sur toi, surtout la dernière fois, lorsque tu l’avais ramenée, elle, jusqu’ici. Alors qu’on soit clair, hein, tu ne sais pas ce qui le lie à elle, et inversement, mais t’as clairement du mal avec le fait qu’on te mate comme un danger quand toi, t’as essayé de faire au mieux.
Ce type ne lui paraît pas être beaucoup plus qu'un idiot, même si tu serais la première à prétendre le contraire. Riley a des opinions tranchées sur beaucoup de choses. Leith y compris.
Il demande, suspicieux. Il se méfie.
C'est rare que Riley soit aussi impliqué dans le sort de quelqu'un, aussi concerné. Il grognerait presque comme un chien de garde, la main glacée refermée sur le manche de sa canne comme la main d'un cadavre. Tendu, à l'affut, il toise l'inconnu, sceptique.
leith
hôpital
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Mais mine de rien, tu as ta réponse. Elle est encore là, et l’information t’arraches une sale grimace parce que tu sais bien qu’ils n’hospitalisent jamais quelqu’un plusieurs jours s’il n’y a pas une bonne raison. Là-dessus, malheureusement, tu n’es qu’un ignorant, tu ne la connais pas, pas beaucoup, lui en revanche semble en savoir bien plus mais tu continues d’estimer que tu n’es pas légitime à poser des questions.
T’as le temps de revenir chercher une gorgée de ton café nul et puis … de nouveau tu le fixes.
Il avoue finalement avec un soupir défait - il avoue sa non-implication dans l'affaire, il avoue son obstination. Les doutes l'assaillent et il les fait taire avec fermeté, sans rien laisser transparaître. Reprend sa contenance et plisse les yeux, sur la défensive.
C'est une menace - la première depuis des années. Riley n'est pas homme de conflit et encore moins homme de rixe. Mais il sait se défendre si besoin est, il est estropié mais pas légume. Pas encore. Cela dit, vu les ombres qui l'assaillent ces derniers temps et qui ne demandent qu'à être lâchées sur un pauvre innocent, il préférerait ne pas avoir recours à la violence. Toute justifiée qu'elle soit.
Les mots se détachent du bout de sa langue avant même qu'il n'ait pu comprendre de quoi il en tenait - et il se retrouve à regarder l'inconnu avec une expression surprise et confuse, même si ça lui semble juste, ça lui semble bien. Ce sont les bons mots, les bons termes, mais il ne saurait dire pourquoi.
leith
hôpital
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Dans tous les cas, tu as quand même bien envie de savoir qui se permet de venir te saouler à son propos. Ouais, c’est qui, ce type ? Au fond, si c’est quelqu’un d’important, quelqu’un de sa famille, tu sais que tu n’auras plus qu’à la fermer parce qu’à côté, tu n’es personne. Et quand il vient te donner sa réponse … tu plisses les yeux, et tu formules une drôle de grimace, presque déçu, finalement, que son statut ne soit pas assez important pour te remettre à ta place.
Et pourtant, tu souffles. Probablement pour revenir à un certain état de calme, tu essaies d’évacuer, tu te redresses, même, t’étires légèrement alors qu’en face, il revient mordre et là, tu plaques sur lui un regard assurément sombre. Tu ne comprends pas la moitié de ce qu’il te raconte, et tu choisis d’ignorer, pour l’instant, une partie de son discours.
Il avoue. Tu vas sûrement lui demander, tu l'aimes bien non ? Tu l'apprécies grandement. Et même si cela embête Riley, c'est toujours toi qui as les rênes. Un nouveau soupir, Riley se laisse un peu aller contre la table ronde qui les sépare.
Il fait à peine sens alors qu'il marmonne vaguement, désespéré.
leith
hôpital
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Et tu vois mon vieux, contre toute attente, alors que tu te dis qu’il va trouver de quoi te renvoyer ce que tu viens de lui lancer, il semble … admettre, et tu l’avoues, hein, ça te coupe un peu l’herbe sous le pied. Ça te laisse sans voix, pendant quelques secondes, et tu le fixes, pris de court, probablement déjà perdant, au final. Et puis bon, tu comprends pas tout. Tu ne sais pas bien de quoi il parle, et à la fois, ça fait écho en toi, quand même et t’es déjà dans un drôle d’état d’agitation, alors, tu te redresses à nouveau, droit, tu fais même craquer quelques-unes de tes vertèbres au passage avant de venir passer tes deux mains dans tes cheveux, ramenant maladroitement ta tignasse brune en arrière avant de reposer les mains, bien à plat contre la table.
Voilà ce que Riley déclare. C'est simple et épuré. C'est une réponse qui ne fait de mal à personne, et à choisir, surtout pas à toi. Surtout pas à toi, il se sentirait mourir si tu souffrais. S'il te faisait souffrir. Cette tendresse soudaine le dégoûte mais trouver un sens à sa vie dans tes yeux le rassure.
Il y a une certaine acidité dans ses mots. Dans son ton. Alors qu'il soupire et qu'il se redresse sur son siège. Il craint de retourner dans la chambre. Il craint de retourner chez lui. Il s'agite, avec la riche idée de vouloir disparaître. Mais il ne peut pas. Pas tant que tu es là. Pas tant que tu as besoin de lui. Dis, Madison, est-ce que tu as besoin de Riley, même ? Ou est-ce de la charité, cette gentillesse qui t'est caractéristique ? Tu le désespères, avec ta bonté. Celle qui sonnera sûrement ton glas. Toujours à t'approcher du danger...
Il sait que ce n'est pas à lui de remercier Leith, parce qu'au fond Leith s'en tape sûrement de ce qu'il pense. Mais il se sent rassuré. Aidé, même.
leith
hôpital
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Tu laisses échapper un soupir lourd. Riley n’y peut rien du tout, évidemment, mais c’est frustrant, pour toi, d’être dans le flou, comme ça. Et puis regarde toi, avec tout ça, tu as déjà oublié le problème de la petite dame, si bien que quand le type vient te trouver, avec son papier, tu lui arraches simplement des mains, sans un regard, pour le poser près de toi. Tu es soucieux, Leith, et chez toi, ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
Il a le sentiment que Leith sait, de toutes façons. Et que si ça n'allait pas, il serait à ton chevet immédiatement, comme invoqué par un sort quelconque.
Et puis il connaît ses propres limites, Riley. Marcher longtemps, ce n'est pas possible pour lui. Leith, par contre, il pète le feu, n'est-ce pas ?
leith
hôpital
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Le silence qui poursuit cette phrase est long et presque embarrassant.
Il conclue rapidement :
Peut-être que Leith ouvrira ses chakras et comprendra que les deux dernières phrases sont liées. Riley avait hésité à déblatérer une pure excuse, un mensonge, mais Tu Ne Mentiras Pas, et ainsi, il ne ment pas. Surtout pas à un homme dont le destin est aussi fermement lié au sien. Il ne peut pas mentir, tu ne lui pardonnerais peut-être pas.
leith
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C'est un euphémisme, en tous cas. Riley n'était pas juste "connu", en tous cas, c'est ce que des gens comme Sen diraient. Riley était "très connu", c'était plutôt ça. La honte, l'homme pense. Il ne sait pas pourquoi il pense ça. La honte, il se répète. Il désespère sur sa condition de "mec connu" pendant un moment, jusqu'à ce que les paroles de Leith le ramènent à la réalité.
Il doit dire,
qu'il comprend.
Sa main rejoint la seconde, sur la tête de sa canne. Sagement. Et il hoche la tête.
Il veut la faire, cette révélation. Mais il a peur. Finalement... C'est un regard indéchiffrable qu'il relève vers Leith. Comme si c'était toi qui lui soufflait quoi faire. Mais la peur l'empêche, pendant un instant.
Finalement...
Un trait sombre glisse le long de la table, entre eux. Un trait qui vient encercler le gobelet vide où Leith avait bu son café auparavant, et qui l'apporte à Riley. C'est bien la première fois qu'il utilise son pouvoir sans que ça ne tourne à la catastrophe.
Le regard qu'il adresse à Leith est toujours là - et il est incapable de prononcer le moindre mot, comme paralysé. C'est de la peur. De la peur que Leith le prenne pour un fou, même si au fond, il sait qu'il est déjà au courant.
leith
hôpital
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C’est surement en sentant qu’il a quelque chose à dire, lui aussi, que tu te décides à juste … rester parfaitement silencieux. Et ce qui se passe sous tes yeux, Leith, ça devrait surement te faire peur, te faire réagir très fort, parce que, le gobelet bouge, c’est comme une ombre qui vient s’en saisir, tu la perçois distinctement et tu la suis du regard tandis qu’elle ramène le gobelet jusqu’à Riley. Là, Leith, tu te contentes de lever la tête, tu demeures atrocement neutre, jusqu’à pousser ce soupir.
Comme pour lui rendre la pareille, voilà que tu désignes, du doigt, la table voisine. Un homme y est accoudé, plongé dans la lecture d’un livre qu’il posé sur la table, alors qu’il mange un sandwich. Tu le fixes, un instant, jusqu’à ce qu’un courant d’air – bien plus puissant d’ailleurs que ce que tu voulais à la base – viennent tourner les pages du bouquin, et même envoyer la bouteille d’eau, à moitié vide, au sol. C’est pendant que l’inconnu, pris de panique, ramasse ses affaires et cherche la provenance du courant d’air du regard que tu reviens à Riley.
Au moins, ils se sont suffisamment rapprochés pour pouvoir se faire suffisamment confiance et se montrer leurs aptitudes, c'est déjà ça. Tu en serais heureuse. Ravie, même. Sûrement. Riley s'accoude à la table, le poing contre la joue.
Y repenser est symbole de malaise, de peur, d'angoisse. Il a cru mourir, ce soir-là ; attaqué par des ombres, dans sa chambre plongée dans le noir. Il avait cru mourir. Pour de bon.
leith
hôpital
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Quand on y pense, vous avez deux liens, toi et Riley, désormais. Ce pouvoir, qui certes n’est pas le même, mais qui tout de même sort de l’ordinaire de façon assez marquante pour être soulignée. Et … Elle.
Et ils restent là. Cons. Faut être honnête, dans la vie, et Riley l'a bien compris. Au moins : ils sont deux. C'est déjà ça. Nerveux, il se met à triturer le gobelet vide, à le défoncer en bonne et due forme.
Riley n'était pas très serein à l'idée de te poser des questions.
Raison de plus, pour qu'ils commencent à être potes dès maintenant. Enfin, potes. Riley relève les yeux vers Leith, fébrile. Il a toujours autant envie de lui casser la gueule, pour être honnête. Mais ç'aurait été plus du jeu qu'une vraie rivalité, qu'une vraie hostilité. Lui casser amicalement la gueule, voilà.
leith
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