Accueil
Dernières images
Rechercher
Membres
Groupes
S'enregistrer
Connexion
PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
((let's go NaNoPrue2021))
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#1 — crystal
─ Calme-toi, Prudence. Tu vas le retrouver.
Prudence retourne la maigre bâtisse de bois avec une fureur qu'elle ne se connaît pas. Elle connaît exactement l'objet qu'elle traque: c'est un collier de corde noire, avec attaché en guise de pendentif, un cristal, une pierre précieuse qui ne veut peut-être rien. Une pierre translucide, aux reflets irisés. Une pierre qu'elle a longuement admirée. Une pierre qui, soit disant, rappelle les couleurs des yeux d'une personne qui a disparu de sa vie depuis bien longtemps.
─ Il faut absolument que je retrouve ce collier. Je... Je ne peux pas me permettre de le perdre ! Ég sver það við guði, Viktor, si tu ne m'aides pas à chercher tu sors d'ici.
Si le ton est dur, il est encore maladroit : ce n'est pas tous les jours qu'elle doit utiliser l'anglais pour communiquer, mais Viktor est un étranger, et il ne parle pas leur langue. En tant qu'interprète, et en tant que seule personne du village à bien vouloir s'occuper de cet homme étrange qui a débarqué chez eux du jour au lendemain, Prudence fait un effort. L'homme lève les mains en signe d'abandon, et préfère la laisser seule. Sa pauvre cabane est sens dessus dessous. Au moins, elle pourra faire un peu de ménage... Le printemps arrive, de plus. C'est l'occasion. Elle souffle. Le soleil est encore haut dans le ciel.
La lune est haute dans le ciel quand un cri retentit. Viktor déboule dans la cabane aussitôt. Il s'étrangle avec son prénom, et ravale son inquiétude en apercevant l'éclat d'un cristal.
C'est vrai que c'est une jolie pierre - encore plus quand Prudence la brandit fièrement, le visage couvert de poussière et de terre. Il préfère ne pas lui demander où est-ce qu'elle l'a retrouvé; l'importance c'est qu'il soit là, en sécurité dans le creux de sa main, parant les doigts fins de mille couleurs.
Le jour où Prudence est partie, elle a laissé le cristal derrière lui. Ça, et plein d'autres choses.
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#2 — suit
Prudence observe Niels Bjorntvedt et se demande ce qui le différencie de ces hommes en costume trois pièces qui débarquaient, souvent sans prévenir, au village. Cela arrivait de façon événementielle, quelques fois tout au plus pendant l'année. Au départ, c'était son père qui s'occupait des relations diplomatiques entre le village et la capitale. Il y avait des interprètes, des gens qui les regardaient tristement, comme s'ils étaient des moins que rien, des sauvages, des idiots. Quand Prudence est devenue grande, et a commencé à apprendre l'anglais, c'était par nécessité : parce qu'un jour, les hommes en costume trois pièces n'ont plus pris la peine de s'aider d'interprètes. Ils parlaient construction, réhabilitation, protection. Ils parlaient modernisme, ils parlaient éloignement - ils parlaient d'Auriga et d'Astéria. Ils parlaient des croyances et des cultures, et du gouffre. Un gouffre, entre eux. Prudence ment si elle dit ne jamais avoir souhaité creuser un peu plus ce gouffre.
Alors pourquoi apprécie-t-elle autant Niels Bjorntvedt, qui, entre nous, est peut-être pire que tous les hommes en costume trois pièces que Prudence n'a jamais rencontré ? Elle ne sait pas, Prudence. Mais elle a eu beaucoup de temps pour réfléchir, ces derniers temps. Monsieur Niels n'est pas un modèle de tolérance. En tous cas, il cache bien son jeu. Elle ne comprend toujours pas ce qu'il se passe dans sa tête - et elle suppose que c'est la même chose pour lui. Alors quoi ?
Quels sont les choix que vous faites ?
Réfléchis, ou instinctifs ?
Pour ma part, je rentre plutôt dans la première catégorie.
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#3 — vessel
Poing à terre, agenouillée. Prudence est celle qui accorde le plus de respect à Rastaban et est la seule à pouvoir établir le contact avec l'étoile.
Cette mission n'a jamais été un honneur. Cette mission n'a jamais été ordonnée par les dieux eux-mêmes - les croyances de Prudence subissent le contre-courant, subissent le poids de ses doutes. Les mots tombent, l'ordre, elle vacille. Il n'a jamais été question de tuer des humains - il était question de protéger son étoile. Prudence avait-elle été naïve ?
Il me semble que tu es un chasseur, chez toi. C'est pour ça que je t'ai choisi.
Aucune réponse - elle ne se permettrait pas de parler sans qu'on lui ai ordonné. Prudence voit le feu dans les yeux de son étoile, dans les pupilles carmin. Il y a une soif de vengeance qui naît de nulle part; ce n'est pas une vraie vengeance. Quelqu'un a-t-il déjà fait du tort à l'étoile ? Ne serait-ce pas de la terreur déguisée ?
Les liés des autres cercles... tu les chasseras pour moi, alors. Considère ça comme un exercice de ta loyauté et un ordre.
Silence. Est-ce juste ? Prudence souhaite-elle réellement devenir l'instrument de la conquête ?
Si ce corps doit mourir, tu seras mon vaisseau.
Ce n'est pas un honneur. C'est un otage, une menace. Ce corps ne doit pas mourir. Alors Prudence chassera.
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#4 — knot
C'est un souvenir qu'elle a oublié depuis. Elle tend sa main, sa petite main d'enfant. Sa mère est là, accroupie en face d'elle, avec un sourire aux lèvres - c'est un sourire si lointain que Prudence ne se souvient plus de sa chaleur, ne se souvient plus des détails, ne se souvient plus de ce qu'il voulait transmettre.
Elle enroule son poignet de bandages et noue un petit nœud. C'est une vilaine blessure, elle commente dans une langue que Prudence ne considère plus vraiment comme la sienne. Mais tu verras, dans quelques jours il n'y aura plus rien. Peut-être que tu n'auras pas de cicatrice, si tu as de la chance ! La chance. Prudence se souvient l'avoir regardé de ses yeux d'enfant et avoir hoché la tête. Puis elle avait baissé le regard sur ce petit nœud qui ornait son bras et elle avait souri.
Il n'y a pas de chance dans les montagnes. Il n'y a que la volonté des dieux. Elle n'a jamais gardé cette cicatrice, parce que les dieux l'avaient voulu. Prudence ne se souvient pas de sa mère, parce qu'elle l'a oublié. Peut-être n'aurait-elle pas dû. Peut-être qu'elle aurait dû se rappeler des erreurs qu'elle avait commises pour ne pas reproduire les mêmes.
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#5 — raven
S'étendent dans le ciel deux ailes noires - un croassement de mauvais augure résonne dans l'entièreté du village et Prudence soupire. Un soupir stressé, nerveux - assorti au regard qu'elle lance à l'entité qui descend à sa hauteur en battant violemment des ailes.
Ils attirent l'attention de l'entièreté du village et elle déteste ça. Les regards sont amusés et inquiets, parce que cela fait des jours qu'un corbeau massif harcèle Prudence - il se pose à l'entrée de sa cabane une fois le crépuscule arrivé et attend de pied ferme qu'elle en sorte au petit matin.
Un jour, ils ont eu une discussion au sommet de la montagne.
Ensuite, il a disparu.
Au creux de la capitale, elle se demande quand elle reverra ces ailes de jais. Si cet oiseau daignera lui porter à nouveau conseil.
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#6 — spirit
Première chasse. Elle n'est que spectatrice. La flèche fend l'air, se juche dans sa proie - elle sursaute et plaque ses mains gantées sur sa bouche. Le spectacle du sang et de la mort est nouveau pour elle. Elle reste tapie dans les buissons, et attend le signal de son père. Il s'assure que la bête est morte et lui adresse un sourire; c'est le signal. La petite fille se lève et détale à ses côtés.
Elle baisse les yeux sur le jeune cerf à ses pieds. Il n'est pas encore totalement mort. C'est une scène affreuse. Elle lève les yeux vers son père - elle le questionne du regard. Et maintenant ?
Il s'accroupit et pose la main sur le cou de l'animal. Maintenant, tu dois l'honorer. Tu dois prier pour son esprit, et le remercier. Tu remercieras toutes tes proies. Il récite quelques paroles qu'elle écoute avec attention. Prudence ferme les yeux très fort, comme pour garder des sanglots. La bête souffle, respire avec difficulté.
La douleur de cette bête,
La douleur de cette femme,
elle est insurmontable.
elle est insurmontable.
Prudence ne peut ignorer le torrent d'émotions qui la traverse.
La main de son père se pose sur son épaule. Allez, prononce la prière. Prudence souffle.
Les dieux t'honorent, elle sanglote. Elle n'a pas le temps de réfléchir plus - il faut en finir vite.
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#7 — fan
Prudence regarde la ventilation, poings sur les hanches. L'appareil accroché au mur, souffle comme l'œil d'une tempête. Sen la rejoint peu après, mains dans les poches. Elle lui adresse un regard sous le masque. Il hausse les épaules. Nerveux. Il est toujours nerveux, Sen. Elle ne sait pas - si il est nerveux avec tout le monde, ou juste en sa présence. Elle lui adresse un sourire qu'il ne voit pas.
Ouais, c'est la clim', je sais pas ce qu'elle a.
Il y a un vent glacial qui traverse ce couloir précis de la résidence étudiante. Les yeux de Sen se posent sur elle, elle sent son regard malgré que le sien soit fixé sur la ventilation défectueuse. Elle peut entendre le sourire timide de Sen dans ses paroles. Ca te perturbe aussi ?, il tente. Prudence hoche la tête, solenelle.
Cinq minutes plus tard, le bloc en plastique dur tombe à terre, dans un bruit retentissant. Ils se réfugient dans la chambre de Sen alors que quelques étudiants curieux et alertes sortent de leurs chambres respectives.
Problème réglé.
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#8 — watch
Elle est l'aînée. Plus jeunes qu'elles, ils sont cinq. Mère est partie juste après avoir mis au monde le petit dernier. Exilée. Aucun d'entre eux n'est venu avec elle. Prudence n'en avait pas envie. Elle ne serait jamais venue avec elle.
Les enfants naissent sous le signe de la Lune et grandissent sous le Soleil. Ce sont des cadeaux. Des miracles. Mais dans ces montagnes, tout est dangereux - les enfants doivent être surveillés, constamment. Prudence s'en occupe souvent, c'est une activité épuisante mais qui lui apporte le repos de l'âme (entre deux crises d'urticaire, naturellement).
Elle tient le plus jeune contre elle et le berce. Il s'endort alors que la Lune s'élève sans un bruit dans le ciel de fin d'après-midi. Observe les quatre autres enfants d'un œil avisé. Peut-être un peu trop avisé pour son âge. Prudence sait être sage.
En son for intérieur, elle sait qu'elle ne pourra plus les surveiller longtemps; un jour, il faudra partir. Et, ce jour-là ? Que feront-ils, sans elle ?
Que feront-ils sans elle pour les surveiller ?
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#9 — pressure
Tu es une leader née, commente Andromède.
Prudence sait que ce n'est pas un compliment. Elle soupire et joint ses mains sur ses genoux, embarrassée. L'homme lui sourit, un sourire triste. Ils ont le même.
Cheffe en devenir de son village. Figure d'autorité au sein de son cercle. Rien de tout cela n'est une décision qu'elle a sciemment prise, mais Prudence est prête à accepter responsabilités et conséquences. Ses épaules sont voûtées. Prêtes à ployer sous le poids de ce qu'elle porte. Culpabilité et responsabilités la conquièrent, main dans la main.
Elle observe le paysage urbain sans pensées précises. Je suis désolé que tu aies été choisie, Prudence. Il recommence - avec ses excuses. Comme s'il s'excusait pour tous les malheurs du monde.
Cela dit, Prudence comprend.
Elle, n'a jamais eu à s'excuser. Parce qu'elle a toujours fait ce qu'il fallait. Même si cela ne lui plaisait pas, et que ferait-elle le jour où elle ne ferait plus ce qu'il fallait ? S'excuserait-elle à son tour ?
C'est moi qui suis désolée. Les mots sonnent étrangers dans sa bouche. Salés. Ah, c'est bien ça, alors. Oui. Les excuses ont le goût des larmes.
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#10 — pick
C'est toi que je veux.
Voilà ce qu'elle lui annonce: elle le choisit, lui. Elle le choisit avec un sourire timide. Elle regarde son expression se décomposer, passer de surprises en surprises en réalisation en surprise encore et finalement en embarras.
Elle éclate de rire. Il bafouille. Elle rit de plus belle.
Viktor ! Elle le réprimande d'un ton amusé, parce qu'il n'arrive plus à aligner le moindre mot. Même le rire a le goût de larmes.
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#11 — sour
L'onomatopée qui s'échappe de ses lèvres aurait pu faire rire un stade de foot entier. Elle recule, tousse un peu. Mai la regarde avec un sourire et les yeux plissés.
C'est... c'est... Elle hésite sur ses mots, observe le fruit qu'il tient entre ses doigts. Ce n'est pas vraiment à mon goût... Elle déclare poliment. Tu peux aussi dire que c'est dégueulasse, il répond du tac-au-tac : la prenant par surprise.
Elle soupire et capitule. Effectivement... Mai croise les bras. Donc, j'récapitule: pas d'épices. Pas d'aliments trop sucrés. Le café, c'est mort. Et maintenant t'es en train de me dire que t'aimes pas les aliments acides non plus ?
Longue soirée.
Re: PRUDENCE ⊛ stories of the outlands
#12 — stuck
Il pleut des cordes. Elle soupire, et revient s'asseoir à même le sol. Au moins, elle n'est pas sous la pluie... elle est juste coincée dans une caverne, éloignée des autres. La situation aurait pu être plus critique encore, mais elle n'est pas idéale.
Coincée de cette façon, Prudence a le temps de réfléchir. Coincée de cette façon, elle a largement le temps de se lamenter sans qu'on vienne l'interrompre -
A peu de choses près. Un corbeau vient se poser à la lisière entre la pluie et la protection rocheuse de la caverne, et ébroue bruyamment son plumage. C'est un corbeau qu'elle connaît bien, et la jeune fille lève haut les yeux au ciel, sous ses épais verres.
Je n'ai pas envie de parler. Laisse-moi tranquille pendant que j'attend la fin de la pluie.
Il ne dit rien. Ne croasse pas. Peut-être qu'il vient attendre avec elle. Se passe un silence pendant lequel elle l'observe sans un mot. Prise de curiosité, elle tend les doigts vers lui. Il la pince sans la moindre once de douceur. Son hurlement a sûrement pu s'entendre dans la montagne toute entière.
Oiseau de malheur.