La nuit est étouffante d'obscurité et quand deux yeux jaunes brillent curieusement dans la nuit, tu retiens ton souffle. Finalement, un miaulement fait écho à quelques pas et un petit chat noir, menu et agile, s'extirpe avec aisance des ténèbres. Le chat s'arrête et s'assoit devant toi - sa queue s'enroule autour de ses pattes calmement. Son regard se pose sur ton visage et il se met à ronronner bruyamment.
Les ronronnements s'intensifient alors que tu présentes de la nourriture au petit chat sombre devant toi. Il tend le cou, reniflant visiblement de là où il est, plissant ses yeux d'or avant de se relever et de venir goutter le morceau de gâteau que tu lui tends. Il récupère le bout et le croque avec joie, avant de se reculer un peu, pas craintif pour un sou mais d'une prévenance rare pour un animal de son espèce. Finalement, il vient se frotter à toi et cogner sa tête contre tes genoux en silence, son ronronnement remplissant le silence de la nuit.
Le chat se rassoit après son maigre repas et passe sa patte sur sa joue quelques fois, son ronronnement se tarissant peu à peu. Il donne l'air de n'en faire qu'à sa tête. Le cookie a l'air de lui avoir suffi. Aussi, il s'allonge sur le côté et t'observe, étendu au milieu du trottoir.
La fin des ronronnements laisse place à un silence de plomb. Le chat bâille de tout son soûl et s'étire, toutes griffes dehors. Sa patte avant gauche caresse le pavé du bout de la griffe et il pose sa tête par terre - il t'observe d'un œil attendri et amusé. Le moment est en suspens au creux de la nuit.
Un instant, et puis le chat se relève pour venir se coller contre toi, ne manquant pas de cogner sa petite tête contre ta jambe avant de frotter son menton contre toi. Il cherche ta main pour y frotter sa tête à nouveau, ferme les yeux. Le silence est d'ombres, pesant, suspendu. Finalement, le minuscule chat relève la tête vers toi et cligne des yeux lentement, avant de tourner la tête vers l'amas d'ombre qui t'angoisse tant.
Au final, c'est le chat qui te dépasse - il s'est levé d'un bond et, en miaulant tout son soûl, s'est jeté dans les ombres. Il y disparait aussi sec, sans le moindre bruit. Quand tu te diriges pour le rattraper, il n'y a personne.