l'accalmie de début d'après-midi est accueillie avec soulagement. dans la boutique soudain rendue au calme, on pourrait entendre une mouche voler. un peu hagarde, tu échanges des regards mi-amusés mi-épuisés avec tes collègues. vous avez survécu.

tu travailles à l'Astria depuis quelques années, d'abord comme job étudiant puis, depuis à peine un peu plus d'un an, à plein temps. c'est toi la plus ancienne de l'équipe, tu devrais donc être habituée à la folie de décembre, mais tu te fais avoir à chaque fois. il faut croire que, tant qu'on est en novembre, les fêtes de fin d'année restent un concept flou, lointain; et qu'aussitôt le premier décembre arrivé, tout le gratin de Polaris réalise en même temps que Noël et le Nouvel An ne sont plus très loin. c'est alors une course folle qui commence pour des achats de dernière minute, tout le monde voulant être sur son trente-en-un pour les réceptions qui n'allaient pas tarder à s'enchaîner. et bien sûr, le stress rendait les gens infiniment plus désagréables. pas tous, heureusement. vous avez même reçu des macarons aujourd'hui, «pour vous remercier de votre aide si précieuse».

tes yeux se posent sur la boîte en carton crème et or. tout le monde s'est déjà servi, tu as poliment décliné. 101 calories par macaron. 18 grammes de glucides. 3 grammes de lipides. une charge glycémique de 37/100. tu as le regard d'un prédateur et la honte chevillée au corps. tu approches ta main…


– Ah… Monsieur Dionzo, bonjour!

ton patron vient d'entrer dans la boutique, emmitouflé dans son manteau de fausse fourrure si reconnaissable. avec un grand sourire tu viens à sa rencontre, tenant la boîte de macarons.

– Vous arrivez au bon moment, nous avons un peu de calme… Est-ce qu'un macaron vous ferait plaisir? C'est madame Veniaminova qui les a apporté, en remerciement. Je pense qu'il en reste un à la pistache et un à la framboise.