Voilà un animal que tu n'aurais jamais imaginé héberger chez toi, Leith. Un furet. Et pourtant, il faut bien quelqu'un pour en prendre soin, cette pauvre bête à déjà perdu Riley, voilà qu'il perd Cursa maintenant. Ca te fais de la peine, et puis, tu sais qu'aucun des deux n'aurait voulu que Tofu soit abandonné à des inconnus alors, tu l'as emmené avec toi, tu as pris toutes ses affaires, tu as aussi pris soin d'emmener ce que Cursa avait gardé de Riley, tu as tout mis dans une boîte, et c'est probablement la seule chose de précieusement rangé dans ton appartement.

Nova ne semble pas tellement embêtée de la présence du mustélidé. Étrange. Tu pensais pourtant que ce serait la guerre, que tu devrais lutter pour qu'elle ne finisse pas par en faire son quatre heures, cependant, elle semble l'apprécier. En fait, le seul problème actuellement, c'est ton manque d'information. Un chat … ça va. D'autant que la tienne est plutôt indépendante et facile à vivre. Mais un furet ? Tu l'as installé comme tu le pouvais, tu as pris exemple sur ce que tu as vu chez Cursa mais ton état actuel fait que tu paniques pour un rien. Tu stresses facilement, tu angoisses. Et alors que ce matin, tu t'es rendu compte que sa nourriture était pratiquement vide, tu as littéralement foncé jusqu'à une animalerie et … comment dire ? Disons que tu as sûrement dévalisé le rayon furet. Tu as les bras chargés alors que tu remontes péniblement la rue pour rentrer chez toi et alors que tu esquives une bonne femme sur le trottoir, t'efforcant de ne pas la bousculer avec ton bazar, tu finis par tout simplement tout faire tomber sur le bitume. « Hé merde ! » Que tu clames, peut-être un peu trop fort, attirant de ce fait quelques regards surpris.

Pas le temps de te mettre à ramasser toi-même, voilà qu'une voix te surprend, et toi tu soupires déjà prêt à grogner que ça ira, que tu peux te débrouiller seul avec tes conneries. Cependant, quand tes yeux sombres se posent sur elle, et que tu te retrouves là, devant elle, à l'observer tandis qu'elle rassemble tout ce que tu viens de faire tomber, tu te figes. Tu sens ce petit quelque chose, tu ressens sa présence, ça gronde, ça vibre en toi, ça allume chacun de tes signaux d'alarmes et pourtant … tes yeux ne la reconnaissent pas, de l'identifie pas. Encore une fois, ton cœur et ton cerveau entrent en conflit, et tu te retrouves face à elle, qui te souris, figé, incapable de dire un mot.

« Non … » Que tu viens répondre à sa question, avant d'attraper, à ton tour, un sachet. Un sachet de croquettes pour furet. « Enfin si. En garde alternée. » Ouais, enfin, alternée entre toi et toi, pour l'instant, n'empêche que, malgré que tu saches maintenant ce qui est arrivé à Madison, en tant qu'hôte, tu n'as pas perdu espoir de revoir ton étoile, un jour. Tu te dépêches, de ramasser ce qu'il reste au sol, tu empiles les choses de façon presque stratégique, et pourtant, ta concentration est ailleurs, ton regard littéralement happé par cette inconnue. « Excusez-moi … » Tu finis par souffler. Tu continues de la fixer, hein, mais tu te rends bien compte que c'est étrange, impoli, aussi, alors, tu sors cette question d'une banalité sans nom. « Est-ce qu'on se connaît ? » La réponse est non. Tu es sûr et certain que tu ne l'as jamais vu de ton existence, cependant, il y a cette sensation, cette familiarité. Ça vibre.

Te revoilà, les bras chargés de façon un peu plus stable que tout à l'heure. Et tu l'observes. Tu sens quelque chose, tu ressens sa présence, à elle, et pourtant … impossible d'en être sûr, d'acquérir cette certitude tu as sans doute tant besoin pourtant. Voilà des jours que tu la cherches, partout. Au départ, tu cherchais Madison, depuis que tu sais qu'elle n'est plus, tu as cherché Cursa dans chacun des regards que tu as croisé, en vain. Et voilà qu'elle apparaît, cette femme. Probablement un peu plus âgée que Madison, son regard est si différent. Ce qu'elle dégage aussi. Impossible de la voir comme une petite chose fragile, néanmoins, il y a cette douceur, différente et similaire à la fois.

Ton prénom qui s'échappe d'entre ses lèvres, la voilà, finalement, ta conviction. Elle est différente, et tu prends le temps de l'observer un instant, ton cœur se serre. La promesse à été tenue. « Comment va-t-elle ? » Tu te risques à cette question, sachant que tu ne risques de ne pas apprécier la réponse. Tu n'imagines pas, ce qu'elle a pu vivre, ce soir-là, il t'as semblé ressentir une partie de sa détresse. Cursa à perdu le corps de Madison, et tu sais qu'elle s'en veut probablement énormément. « Comment tu t'appelles ? » Le vouvoiement saute, le lien est là, tu le sens, plus présent que jamais.

Tu le savais, mais ça ne rend pas la chose plus facile à encaisser. Comment tu vas gérer ça, Leith, franchement ? C'était plus simple, avant, tu avais acquis cette proximité, avec Cursa, tu savais qu'elle avait confiance en toi, et tu n'étais pas hésitant quand il s'agissait de l'approcher, de la toucher, de la serrer dans tes bras. Aujourd'hui, tu sais qu'elle va mal, et même si cette femme reste évasive, tu n'es pas assez idiot pour penser que ça ira, que ce n'est pas si grave … C'est sérieux, et tu ne peux outrepasser la distance qui s'est instaurée entre elle et toi. Ange est là. Au milieu. Ange est une inconnue. Aujourd'hui, Cursa à cette hôte, bien réelle et bien présente, et tu te rends compte que ça ne sera probablement pas simple de t'y habituer.

Tu hoches la tête, tout en remontant la rue jusqu'à ton immeuble. Tu rêves déjà de pouvoir te débarrasser de tout ça, d'avoir les mains libres. Tu restes silencieux, cependant, incapable de trouver quoi dire … Le sentiment qui s'installe en toi est déstabilisant. Tu sais qu'elle est là, mais lorsque tu tournes la tête, tu pourrais presque te mettre à douter. « Je suis soulagé … » Tu finis par glisser, presque à demi voix. « Je l'ai cherchée un bon moment, je désespérais un peu de ne pas réussir à la retrouver. » Maintenant, elle est là. Elle est là, sans l'être. Est-ce que ça te suffit ? Non. Certainement pas. Tu ne ressens que l'envie de hurler, pour évacuer tout ce qui s'est accumulé en toi, ces derniers jours, cependant, il est évident que tu n'en feras rien. « Tu as déjeuné ? Je t'invite, si tu le veux bien. » Hors de question de la laisser repartir.

Alors comme ça, au final, tu n'étais pas si loin que ça … tu ne sais pas trop, si tu dois en être satisfait, ou bien plus frustré encore. Toi, tu n'as jamais eu l'impression d'être proche, tu n'avais pas senti la présence de Cursa de façon claire depuis le soir du trente et un. Tu n'es pas parvenu à la retrouver, malgré tous tes efforts, et ça te fais dire que tu as encore beaucoup à apprendre, si tu veux éviter que la catastrophe d'Halloween ne se reproduise. Tu dois définitivement devenir plus fort.

« D'accord. Si tu veux. » Tu tentes même d'esquisser un sourire, résultat peu concluant, il faut bien l'avouer. « Je veux monter ça d'abord. » Tu désignes la porte près de laquelle tu finis par t'arrêter. L'entrée de ton immeuble. Cursa est déjà venue ici. Mais Cursa est là sans l'être, encore une fois. « Si tu veux monter voir Tofu tu peux, il … enfin, ouais, comme tu le sens, en fait. » Tu ne vas jamais t'en sortir, c'est ce que tu te dis. Cette impression de l'avoir près de toi, qui entre sans cesse en conflit avec ce que voient tes yeux … à savoir Ange, nulle autre que Ange, et non pas ton étoile. « De toute façon, j'en ai pas pour longtemps. »

Ca te fait souffler du nez tiens. Elle est … différente. Probablement bien plus solide, et en même temps, Leith, la première fois que tu as croisé ton étoile, c'était à l'hôpital. Elle était fragile, oui, son hôte n'était plus, elle semblait un peu perdue. Difficile, donc, de se dire qu'Ange ne fait plus qu'un avec Cursa. Elle semble avoir un caractère plus fort, et finalement, tu en viens à songer, en montant les escaliers, que c'est peut-être une bonne chose.

Quoi qu'il en soit, alors que tu t'arrêtes sur ton palier, luttant pour ouvrir la porte, tu viens faire claquer ta langue contre ton palais. Tu pousses la porte d'un coup d'épaule avant de t'engouffrer dans l'appartement pour enfin lâcher ton bazar sur le canapé et enfin te tourner à nouveau vers elle. Tu lui lances un drôle de regard, avant de pointer le coin où tu as installé Tofu. « J'en prends soin. Je sais à quel point elle y tient. » Tu pourrais te vexer, tiens, c'est là que tu mesures encore une fois la différence entre elle et Cursa, celle que tu as côtoyé jusqu'à présent. « Une garde alternée avec toi … » Tu répètes, en t'appuyant sur un tabouret de ta cuisine, les bras croisés. « Je ne sais même pas où tu vis. » Et un instant, tu songes à lui faire remarquer que tu ne la connais même pas, mais le lien se rappelles à toi, il vient te hurler que tu peux lui faire confiance, puisque Cursa semble l'avoir fait ? « Tu veux manger où ? »

Il y a une certaine méfiance, c'est là, tu ne peux pas tellement t'en empêcher au final et ce, malgré que tu saches pertinemment que Cursa est là, quelque part. En fait, Leith, tu seras probablement un peu plus calme à son sujet lorsque tu auras eu l'occasion d'échanger avec Cursa, avec ton étoile, pas avec son hôte … une hôte qui, mine de rien, n'est pas si ignorante qu'on pourrait le penser, tu t'en rends compte, en l'observant. Pas tellement l'air perdue, ici. Et puis, Tofu semble heureux de la voir, c'est comme s'il la retrouvait à l'identique. « Ça me va. » Tu finis par souffler en te détournant pour attraper quelques affaires que tu charges dans tes poches. Tu marches sur des œufs, voilà l'impression que tu as présentement.

« Tu vis loin d'ici ? » Tu reviens vers elle, lançant un regard à la cage du furet, puis à Nova, installée comme à son habitude en haut du réfrigérateur. « Que je sache si on prend la voiture, ou non. » La voiture t'arrangerait, en vérité, tu as probablement beaucoup de questions, même si elles ne viennent pas dans la seconde.

Tu fais quelques pas, t'avance à nouveau en direction de la sortie, tu ouvres la porte pour la laisser passer devant. « Tu as déjà rencontré les autres ? » Les autres, ils ne sont plus beaucoup, d'ailleurs.