La maison à retrouver son calme. La première fois que tu es venue jusqu'ici, c'était pour Alioth, le chiot était en piteux état, tu t'étais retrouvé avec lui, au beau milieu du salon à observer et aider Icare tandis qu'il s'efforçait de prendre soin de lui. Ensuite, tu étais revenue plusieurs fois, pour le voir, en attendant d'avoir le feu vert d'Eliwen pour garder le chien à l'appartement. Finalement, au soir à l'aube du mois de novembre, en revenant une énième fois, tu t'étais retrouvée au milieu d'inconnus, et tu avais rapidement compris, à leur attitude, mais aussi aux chuchotements et aux discussions surprises par ci, par là, qu'ils avaient tous en commun ce que toi, tu partageais avec d'autre. Dans un souci de sécurité - la tienne - tu avais simplement fait profil bas, tu n'avais rien dit, et tu avais fait semblant de ne rien savoir.
Tu étais pourtant inquiète. Tu te savais liée à Danaé, cependant, tu ne savais toujours pas quoi faire de ce lien, ni ce qu'il pouvait représenter. Tu avais les grandes lignes qu'elle avait bien voulu te donner, mais ça s'arrêtait là et malgré ce que le lien en question te faisais ressentir à son égard, malgré la douleur et la panique ressentie pour elle, le soir d'Halloween, tu n'avais pas encore réussi à te décider à retourner auprès d'elle. A quoi bon ? Tu te sentais plus proche d'Icare actuellement, et c'est vers lui que ton inquiétude allait ces derniers jours.
Car oui, il semblait qu'Icare était, tout comme toi, lié à une étoile et à un cercle, tu ne savais pas quoi en penser, alors tu avais simplement attendu qu'ils s'en aillent, tous, les uns après les autres jusqu'à te retrouver seule l'homme. Ce matin, tu savais qu'il n'y avait plus que lui et toi, dans cette maison, alors, tu t'étais levée bien avant le soleil, tu avais profité des restes de provisions qui avaient été faites pour les besoins du petit groupe dans les derniers jours, et tu avais préparé un bon petit déjeuner, pensant même à nourrir les animaux comme tu avais vu si souvent Icare le faire lui-même. Quand la porte s'était ouverte et que les pas s'étaient mis à résonner sur le plancher, tu t'étais simplement tournée, souriante, les cheveux attachés en une queue de cheval haute, toujours vêtue de ton pantalon de pyjama et du t-shirt qui allait avec.
Peu importe l'innocence qu'on peut te prêter, de par ta gentillesse et ta douceur, le fait est que tu ne peux pas réellement t'empêcher de laisser tes yeux glisser sur Icare, et en particulier, sur cette chemise grande ouverte, lorsqu'il apparaît. Tu lui offres un sourire radieux, tu es bien plus à l'aise maintenant que tu ne l'étais il y a encore plusieurs jours, lorsque les autres étaient encore ici. Au-delà du fait qu'il s'agisse d'inconnus, tu t'es retrouvée proche d'Icare sans pour autant pouvoir l'être pour de vrai … Aujourd'hui est un autre jour, voilà ce que tu te dis, et c'est probablement pour marquer cette occasion que tu t'es occupée de tout, y compris du petit déjeuner. Jus d'orange frais. Quelques pancakes. Des œufs. Un peu de bacon parce que tu adores ça.
Tu le laisses avancer, tu lui laisses de l'air et pendant ce temps, tu en profites pour accorder un peu de temps à ton propre chien qui, il le faut le dire, n'en manque pas depuis que vous êtes ici, puisque tu as quasiment passé tout ton temps dans ton coin, avec lui aux pieds.
Tu finis par jeter un œil dans la cuisine, t'attendant à voir la surprise dans ses traits, parce que le déjeuner est prêt à être dévoré, c'est finalement sur ton visage qu'elle s'imprime. Ton doigt vient alors désigner la table, sur le côté, là où tu as tout déposé il n'y a pas si longtemps. Plus qu'à mettre les pieds sous la table finalement mais … visiblement, il n'a rien remarqué.
Ton verre de jus de fruit entre les doigts, tes yeux reviennent se fixer à Icare que tu observes un instant, guettant probablement ses réactions pour savoir si oui, ou non, tu viens de faire un heureux. C'est finalement un sourire qui revient se dessiner sur ton visage, chassant un peu de la fatigue qui s'y était installée ces derniers jours.
Finalement, il vient enfin s'asseoir face à toi, et tu en profites pour attraper une tranche de bacon bien grillée, tu viens croquer dedans avec appétit.
Il te faut finalement voir cette expression étrange dans ces traits, comme si la souffrance passait par là, pour bouger, tendre la main et venir attraper la sienne, sur la table, entre les verres et les couverts, au beau milieu des plats de nourriture encore tiède. Et tu sais quoi ? A chaque fois que tu le touches, ou même que tu l'effleures, c'est la même chose … c'est comme si ça crépitait à l'endroit où vos deux peaux entrent en contact, tu as cette sensation de le connaître mieux que personne, qu'il est celui qui est et qui sera à jamais celui qui est le plus proche de toi, de ton cœur et de ton âme.
Un sourire. Encore. Tu ne réponds que par un sourire, à sa remarque. Tu ne t'es pas sentie embêtée en faisant ce petit déjeuner, en vérité, si tu l'as fais, c'est que ça te faisais plaisir, et puis, oui, probablement que c'est gentil mais toi, tu aurais carrément corriger par quelque chose comme : c'est normal. Après tout, tu aurais tout aussi bien pu te trouver chez toi, seule, ou peut-être avec Eliwen, son ami aurait peut-être été de la partie. Tu n'en sais rien. Il aurait pu aussi se passer … des choses. C'est étrange, hein, mais avec ce que tu as ressenti tout au long de cette nuit-là, tu n'arrêtes pas de te dire que tu as été chanceuse de te trouver là.
Tu entames le petit-déjeuner, tâchant surtout de ne pas faire de manière parce que tu as décidé que tu serais la plus naturelle possible avec Icare. Tu l'es au quotidien, c'est vrai, mais tu es aussi polie et dotée d'une éducation, parfois, tu brosses les gens dans le sens du poil, parce que c'est ton boulot, ou parce que c'est comme ça que les choses fonctionnent. Il parait que les gens font ça, aussi, au début d'une relation, évidemment, tu ne compares pas ce qu'il y a entre Icare et toi à une … relation, seulement, tu ne veux pas jouer.
Et puis les questions viennent, les mêmes que tu te poses à l'infini, en boucle, encore et encore. Au départ, tu as trouvé des réponses un peu trop romantiques, romanesques, des choses à base de destin et de coup de foudre, tu vois. Et puis, tu as choisis d'être logique et d'analyser les choses plus posément, plus raisonnablement. Tu es jeune, Vega, plus proche encore de la vingtaine que de la trentaine, tu es jolie, malade oui, mais ça ne t'empêcherais pas de vivre normalement. Icare lui … et bien ton père dirait qu'il a son âge, environ, il n'est certainement pas aussi ouvert que toi, c'est même tout l'inverse, en fait, vous avez l'air d'être complètement opposés, et pourtant, tu es là. Il est là. Et ce simple contact entre vous, cette main qu'il sert, qu'il garde, qu'il mène jusqu'à sa joue est réconfortant, plus précieux que tout l'or du monde.