Vacation night

Vladymire. Ô douce Lady. Tu l’aimes autant qu’elle t’agace parfois. Et là. Là, elle t’agace. Elle te prend la tête. Tu ne sais même pas vraiment pourquoi à la base. La litière du chat. Ou les cheveux dans la baignoire. Quelque chose de stupide, ça c’est sûr. Une raison presque ubuesque. Ridicule. Ça escalade. Ça fait des esclandres. Bientôt, ce n’est plus le ménage le problème. Des reproches. Des mots durs. Des mots que tu auras oublié demain mais que tu as besoin de digérer pour le moment. Alors tu enfiles ton manteau. Tu enfiles ton casque. Tu disparais dans l’obscurité de la nuit sur ta bécane. Tu braves ta peur du noir pour éviter de cracher plus de venin. Pour éviter de dire des choses que tu ne penserais pas.

Se réfugier dans ce bar que tu fréquentes depuis ton arrivée à Polaris. Ton safe space à toi. C’est toujours là que tu viens quand vous vous disputez. Si bien que tu as appris à connaître les employés. La gérante aussi. Caroline. Une vieille femme sémillante aux cheveux violets prune. Quand elle te voit arriver, elle sait. Quand elle te voit arriver, elle esquisse un sourire désolé. Et tu n’as rien à dire qu’elle te sert déjà un verre. « De l’Eristoff ? Sérieusement ? Tu me déçois Caroline. » Taquinerie à peine dissimulée. Elle ne va pas t’offrir un verre de son alcool le plus cher, tu t’en doutes bien. Elle ricane, s’éloigne pour vaquer à ses occupations. Une voix s’élève et t’arrache une grimace affreuse. Soirée karaoké. Si tu avais su, tu ne serais pas venue ici ce soir. Son chant est insupportable. Tu as presque envie de lui balancer des tomates. « Faites la taire bon sang. » Que tu grommelles dans ton verre.