i got nothing to say i ain't said before
i bled all i can, i won't bleed no more

C’est bien ironique ça. Ah ça pour saigner j’ai saigné, putain, j’ai passé ma vie a ça, c’est un miracle que je sois pas mort, depuis le temps

un miracle

un miracle tu PARLES HA HA HA TU PARLES

u n   m i r a c l e
un miracle qu’il dit l’autre

i don't need no one to understand
why the blood run hold

UN MIRACLE, J’AURAIS DÛ MOURIR, ÇA FAIT QUARANTE-TROIS ANS QUE J’AURAIS DÛ ÊTRE MORT PUTAIN
PUTAIN

why the blood run hold
the hired hand

mais c’est trop tard maintenant, c’est trop tard
ah putain ça vous fait chier hein
tous
je vous déteste je vous déteste je vous déteste

ǝʇsǝʇ́ǝp ǝɯ ǝɾ̣

on heart

hand of god

LE SANG SUR LE CARRELAGE
à qui est-ce qu’il appartient ce sang à la con déjà ?
je sais plus je m’en fous c’est peut-être le mien c’est peut-être celui de ta putain de grand-mère pour ce que j’en ai à FOUTRE
ET JE VOUS E M M E R D E
contre qui tu hurles, même, connard, y a personne qui t’écoute t’es tout seul, t’es seul ok, t’as choisi d’être seul donc t’ARRÊTES DE HURLER TOUT SEUL, CLOCHARD
T’ARRÊTES TOI T’ARRÊTES
T’ARRÊTES D’ÊTRE CON MAINTENANT

flood land and
… and quoi, du coup ? c’est quoi, la suite ?
putain tu te fais vieux, mon gars, tu te fais vieux t’as plus de mémoire t’as plus personne t’as juste tes
putain c’est quoi le mot déjà
tes
tes

poings
poings putain voilà tu peux juste cogner bravo champion

flood land and
bon je sais plus ça me saoule ÇA ME CASSE LES COUILLES mais ta gueule aussi !! TOI TA GUEULE je suis f a t i g u é
(le regard)
fatigué tout me saoule tout me fait chier
(l’arme pointée sur son visage)
jamais compris pourquoi je suis pas
‘fin
jamais compris
genre
pourquoi moi
pourquoi moi tu vois
pourquoi moi je suis toujours en vie
alors que j’avais pas envie
tu vois
…
bah écoute c’est du passé
du passé
increvable, jsuis increvable moi, maintenant
in-cre-vable
et je vais vous faire chier jusqu’au bout putain je vais vous faire chier

FLOOD LAND AND DRIVEN APPART
RUN COLD
TURN
COLD, BURN LIKE A HEALING HAND
ah bah tu vois, c’est revenu

son regard capte la silhouette dans l’ombre et il s’arrête brusquement. ses poings se serrent ; il est sur la défensive, comme chaque seconde de sa vie. il n’aime pas se faire surprendre et ça l’énerve encore plus, si c’était humainement possible. il toise la haute silhouette, les sourcils froncés.

Putain mais quoi
encore
bordel de merde mais c’est qui ça, encore, c’est quoi ce type qu’est-ce que tu me veux, ducon ? mon portrait, des pièces jaunes, tester ma patience, ta mère t’a jamais dit que c’était bizarre d’aborder des inconnus bourrés en pleine nuit ? Non ? C’est trop demander qu’on me laisse m’énerver tout seul genre, une minute ? Putain ? En pleine rue ? En pleine nuit ? Foutez-moi la paix ? Merde ? J’ai vraiment pas besoin de compagnie. Retourne te cacher. Tu me la feras pas à moi.
Pas à moi. Range ton grand couteau, mon gars, c’est vraiment pas à moi que tu vas faire peur.
Tu t’es mal renseigné, on dirait.
Ou alors tu t’es pas renseigné du tout et ça c’est une terrible erreur, de débutant si je puis me permettre, on s’informe toujours, parce que tu pourrais tomber sur un vieux con avec un couteau.
Genre moi.
Ou alors c’est pile ce que tu cherches et franchement, j’ai pas la tête à ça.
Alors fous-moi la paix, putain.

il sort de la poche intérieur de sa veste un couteau à cran d’arrêt, qu’il déplie d’un geste sec. il plisse les yeux et ne bouge pas d’où il était, attendant de voir comment allait réagir son très grand assaillant. main serrée sur le manche du couteau, pieds bien ancrés au sol, la murge qu’il était en train de se mettre soudain vague souvenir, il était prêt à rendre tous les coups qui lui seraient portés.

et dieu sait qu’à ce genre de ballet, il n’avait rien à envier à personne

Et tu te prends pour qui, maintenant ? De un tu t’amènes, prêt à m’agresser, comme si on était pas au milieu des CDC et que tout le monde avait pas une arme sur lui, tu me cherches des embrouilles ? A moi ? De toutes les personnes possible ?
Et en plus maintenant tu cherches à jouer les psy ?
Mais respecte-moi, deux secondes, non ?
“Qu’est-ce qui t’énerve autant” tu veux savoir ? Tu veux savoir ce qui m’énerve ? Tu veux savoir ce qui me fait absolument sortir de mes gongs ? Tu veux savoir pourquoi j’ai pas fermé l'œil de la nuit et pourquoi je suis en train de me bourrer la gueule comme un vieux clodo et pourquoi si tu me cherches je te saignerai j’en ai rien à foutre j’en ai rien à foutre putain
tu veux savoir
tu veux vraiment savoir ?
à part à cause d’elle
tu veux savoir ce que j’ai vécu, hier soir ? parce que je serais ravi de te raconter, oh je serai ravi de te raconter dans le moindre détail parce que figure-toi, tu vas rire, figure-toi que je n’ai pas la moinde FOUTUE idée de ce qui s’est passé hier soir
j’ai pas la moindre FOUTUE pitain d’idée de comment il a pu s’échapper il m’a glissé entre les doigts il a juste disparu il a DISPARU PUTAIN DE MERDE
les gens ne peuvent pas DISPARAITRE
LES GENS NE DISPARAISSENT PAS D’UNE SECONDE A L’AUTRE
LES GENS NE S’EFFACENT PAS LES GENS NE VOLENT PAS LES GENS NE DEVIENNENT PAS INVISIBLES ALORS POURQUOI, PUTAIN DE MERDE, POURQUOI LUI IL A DISPARU ? HEIN ? POURQUOI LUI IL PEUT, C’EST QUOI CES CONNERIES ENCORE, C’EST QUOI ÇA
LES GENS
NE PEUVENT PAS
DISPARAITRE
C’EST
IMPOSSIBLE

c’est

impossible

putain de merde

Si t’as un remède miracle contre les gens qui disparaissent devant tes yeux, je t’écoute.

son poing se serre davantage sur le manche du couteau, si fort que ses jointures blanchissent.
de l’autre main, il lui fait signe d’approcher.
sourire de hyène.

Et si non… j’ai besoin de me défouler un peu.

Vas-y, approche.
Que je te fasse bouffer la vraie colère.

il s’attend à avoir le temps de réagir. il sait que ses réflexes sont amoindris, il sait qu’il est moins rapide que d’habitude

mais il ne s’attend pas à se faire ruer dessus avec une telle force.
quand ses pieds décollent du sol, il se dit qu’il est un peu -oh, si peu- dans une merde noire. il a le réflexe de croiser les bras devant lui, pour protéger sa cage thoracique et son visage de l’impact, mais le choc vide l’air de ses poumons.
écrasé par le poids de son adversaire, ses pensées se font brumeuses, ne rugit en lui qu’un état d’alerte comme une lumière rouge dans son crâne, dans sa main toujours le

COUTEAU
DÉFENDS-TOI
VISAGE
PROTÈGE-LE
JAMBES
REPLIE-TOI
BOUGE
BOUGE
COUTEAU
TUE-LE
TUE-LE

bras droit toujours à hauteur des parties les plus critiques de son anatomie -le cou le coeur-, il donne un coup de couteau en direction de son assaillant
misant sur la fureur pour éponger l’alcool

Cri étranglé. Hurlement coincé dans le fond de sa gorge. Douleur intense. Traverse le corps. Le sang

le sang le sang le sang le sang

entre ses doigts contre sa gorge.

La douleur.
Pendant un instant tout n’est que douleur.
Vision zèbrée de blanc, aux portes de la nausée.
Adrénaline. Coup de fouet pour contrer la douleur, pupilles dilatées à l’extrême sur iris parfaitement noirs. Pas assez de forces pour faire bouger la montagne qui l’écrasait.
Juste assez pour lui donner un coup de poing au visage.
Un craquement.
De qui venait-il ?
Il attrape les cheveux d’Athéleïs et il tire, pour le détacher de sa chair.

COUTEAU.
IL FAUT RÉCUPÉRER LE COUTEAU.

Hurlement à nouveau.
Rage en plus de la douleur.
Hyène prête à mordre si c'est son dernier geste.

Il se redresse sur un coude, haletant. Hagard. Sa main vient à la rencontre de la blessure, pour en vérifier la gravité. Le toucher envoie une décharge électrique douloureuse dans tout son corps.
Il n’a pas la force de continuer à se battre. Il ne faisait pas le poids ; il s’en rendait très bien compte.
Il dévisage l’homme qui lui fait face, le visage souillé de son propre sang.

son sang qui coule entre ses crocs

vivant ?
vivant ?

et pourtant il devait admettre qu’il avait raison

souffle court
dents serrées

ET QU’EST-CE QUE TU VEUX, ALORS ?!

Il le regarde se lever, muet, chose rare, de stupeur. Il en profite pour s’asseoir, grimaçant de douleur au moindre mouvement de son épaule.
Il n’a plus l’énergie de lui sauter dessus pour récupérer le couteau et continuer.
Il n’en a même pas l’envie.
Il s'accroupit, chancelant, et décide d'attendre quelques secondes avant de se relever. Sa vision se couvre de tâches noires, et ça l'agace. Faible, fragile corps humain.

Et donc ça, là.

un geste englobant le sang

Ça sort de ton cul, c'est ça ?