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Andrea était une très belle femme. Luciano était un très bel homme, quand elle y repensait. C'était sûrement de famille, et Megumi se retrouvait un peu intimidée. Elle n'était pas moche, on s'entend. Mais Megumi avait souvent la terrible impression d'être encore une gamine, une jeune fille qui attend patiemment de s'être trouvée un style, un modèle, quelque chose. Andrea... Andrea est une adulte, ah ça, personne ne peut en douter. Et quand Andrea la complimente; Megumi meurt un peu. Mais bon sang, Kobayashi, elle est fiancée, la meuf. Arrête tes... tes trucs.

Ah ! La faim. Une bonne chose. C'est bien, d'avoir faim. Megumi mange, donc elle est. Ca avait été son échappatoire depuis longtemps. Ca l'avait toujours été, en fait, peut-être. Je pense pas que ça t'étonne si je te dis que j'ai la dalle aussi, elle répond en ricanant, amusée. Allez viens on y va ! Elle annonce fièrement, entraînant son amie à l'intérieur.

Une fois assise, elle observe Andrea en détail, toujours un peu timide. Pourtant elles sont familières l'une avec l'autre, elles sont bonnes amies. Mais...

Quelque chose lui intime de se méfier. Bon, c'était quoi ce truc que tu voulais me demander ? Elle demande avec un sourire jusqu'aux oreilles, probablement pour cacher ses joues rosées.

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Megumi s'embarrasse toute seule, s'intéressant soudainement particulièrement au menu pour ne pas avoir à rebondir sur la remarque d'Andrea à propos de leur soi-disant date. A quoi elle pense sérieux ! Enfin...

Ses yeux se relèvent du menu qu'elle ne lit pas réellement quand Andrea reprend la parole. Le Conservatoire... Megumi ne peut pas dire que ça se passe mal. Bien sûr, elle a ces moments où elle n'arrive pas à se concentrer, ou ses pensées sont focalisées sur les chiffres vertigineux qu'elle voit au dessus de la tête des gens, dégringolant et remontant à chacun de leurs mouvements, à chacune de leurs actions. Andrea, aussi. Son compteur est nimbé d'une lumière qui lui paraît malade, inhabituelle. Est-ce que c'est la couleur de son âme ? Megumi n'en a aucune foutre idée.

Oh, euh... Ca se passe. Je sais toujours pas si... tu sais, ce dont je t'ai parlé. Elle glousse un peu. J'arrive toujours pas à le cerner, mais il faudra vraiment que tu viennes à un concert un jour, il est vraiment beau. Et puis, il est reconnaissable. C'est le seul type de l'orchestre à avoir les cheveux bleus.

Bref. Assez parlé de ce satané Priam. Megumi s'inquiète, les sourcils vaguement froncés alors qu'elle avance sa main pour effleurer les phalanges d'Andrea. Qu'est-ce qui se passe ? T'as des soucis ? Son instinct, ses expériences passées reprennent le dessus. Le traumatisme parle pour elle avant même qu'elle ne puisse se retenir. C'est Kees ? Il t'a fait du mal ?

Mais non putain, Megu, elle se taraude intérieurement. Mais non.

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Il faut à peine quelques secondes pour que le restaurant entier soit au courant - parce qu'à l'instant même où l'information est remontée au cerveau de la jeune femme et que les neurones ont établi une connexion, elle s'est redressée toute droite sur sa chaise, les yeux écarquillés, et s'est écrié :

HEIN ? Tu es enceinte ?!

On les regarde un peu du coin de l'oeil, elle s'enfonce mentalement dans son plat. Bravo Gumi. Subtil et discret.

Purée, euh... j'aurais pas crû. F... Félicitations ?

Est-ce que c'était une bonne nouvelle ? De son point de vue de liée, elle ne sait pas trop, mais pour Andrea... ce doit certainement être une très bonne nouvelle.

Je veux bien être maraine, du coup, mais je sais pas si c'est une si bonne idée que ça que de me demander à moi... tu l'as dit à Luciano ? Et à ta mère ? Oh mon dieu, tu l'as dis à Kees, même ?