C’est un grand sourire sur le visage que tu accueilles Divine dans le salon. Tu ne t’étais pas souciée de son retard, tu les savais fréquents, quand elle consultait, et tu en avais profité pour plutôt te concentrer sur le déjeuner que tu allais lui proposer aujourd’hui.
Un thé, déjà. Blanc, comme vous l’aimiez toutes les deux. Tu en avais récemment trouvé un élégamment fruité, que tu avais hâte de lui faire goûter. Aujourd’hui, tu avais eu le temps de préparer une fournée de madeleines pour le dessert, et tu n’en étais pas peu fière. Elles étaient très belles, tes madeleines, plus belles que le temps qu’il faisait dehors. Ne t’en fais vraiment pas, mon ange, tu sais que je ne suis pas vraiment à cheval sur les horaires. En réalité, tu l’étais. Mais pas pour Divine. Jamais pour Divine, qui voguait dans un monde à l'opposé du tien. Et pourtant, vous étiez si semblables… J’espère que tu as faim, j’ai encore fait à manger pour une famille entière. Le rire qui t’échappe illumine un instant la pièce, et tu attrapes le manteau de ta protégée pour le déposer soigneusement sur une chaise. Le portemanteau débordait de tes propres affaires, et de celles de Vanille. Vous n’étiez pas du reste, quand il s’agissait de shopping. Surtout toi. On ne refusait jamais un beau manteau, surtout par des temps si froids. Des temps si sombres.
Heureusement que tu avais ta famille. Ça t’empêchait de penser à ce qui vous attendait dehors, si vous n’étiez pas prudents. Ça t’empêchait de penser à ce qui vous attendait, si votre famille se faisait dévoiler au grand jour. Si les Chasseurs vous retrouvaient. Si vos vies étaient en danger.
Tu ne fermais pas l'œil, certaines nuits, en imaginant les dangers qui rôdaient. En imaginant qu’on puisse te prendre celles et ceux que tu aimais plus que toi-même. Cette simple pensée te rendait malade.
Mais ce midi, avec toi, il y avait Divine. Et ça suffisait amplement à rendre ton coeur léger. Enfin, il y en a pour Fauve, bien entendu, mais je pense qu’il dort ? Tu invites Divine à te suivre dans la cuisine, la table de la salle à manger étant encombrée d’un tas de nouveaux objets que tu venais d’acquérir, et que tu estimais soigneusement, un à un, avec la délicatesse d’une mère. Comment s’est déroulé ta consultation, chérie ? Sans problème ? Tu as passé une bonne journée ? Tu tournes autour de la table que tu dresses pour deux, et mets à chauffer la bouilloire. Tu adorais quand elle te parlait de ses aventures. Tu ne t’ennuyais jamais, avec Divine.
Tendres baisers,
Bérangère Gardin de Boisdulier