l'appel de la gerbille

Il pleut à verses sur Polaris le jour où Vanille se motive à aller fureter en centre-ville. La raison ? Simplement le désir de posséder un animal de compagnie bien à elle et Bérangère qui la rassure en lui disant, peu ou prou, de prendre ce qu'elle voulait. Alors Vanille s'interroge. Rongeur, reptile, chat, chien ? Chat... trop compliqué. Le 42 Cherry Lane est un labyrinthe de babioles et de meubles précieux, il y avait bien trop de potentiels arbres à chats dans les diverses pièces de l'antre. Chien... elle ne se voyait pas adopter un chien. Les chiens lui faisaient un peu peur. Vanille se destinait donc à un serpent ou un rongeur.

Serpent, serpent. Elle a pensé serpent ? Reptile, donc. Regard inquiet sur la droite, la gauche. Comme si la silhouette pouvait apparaître là, à l'entrée du magasin animalier. Mais non, Vanille. Il n'y a plus de mère. Il n'y a plus de foyer, et il n'y a plus de forêt. Il n'y a plus rien pour toi ici, et personne ne t'aimera jamais. Jamais plus qu'elle. Personne ne t'aimera jamais plus qu'elle.

Elle se retrouve à fixer les gerbilles sans rien en penser sinon qu'elles sont plutôt mignonnes, peut-être plus dynamiques qu'elle ne le voudrait.

Et puis, une silhouette à ses côtés la fait sursauter.

l'appel de la gerbille

L'information met un moment à monter jusqu'au cerveau. Cruel rappel de sa propre stupidité. Vanille et ses yeux ronds se posent sur ce qui, de toutes évidences, est Ismène.

Putain de merde. Polaris est un village.

C'est pas possible. De toutes les animaleries qu'on peut trouver dans la CAPITALE du PAYS d'Astéria, il a fallu qu'elle tombe sur celle où Ismène travaille ? Impensable.

Le problème d'Ismène, c'est qu'il ne connaît pas Vanille. Il connaît Yrwine. Elle aurait pu lui dire. Mais elle l'aime trop. Elle a trop peur. Elle ne veut pas lui dire. Et lui avouer devant les saintes gerbilles qu'elle est Yrwine, Vanille, ce que tu veux, putain Ismène, je t'aime tellement, tu m'as sauvé la vie.

Elle manque de faire un malaise au milieu du rayon.

AH oui erm. Bonjour. Jeee... j'aimerais adopter un animal.. ou deux... je ne sais pas trop quoi, je peux tout me permettre maiiiis je sais pas quoi prendre et j'ai un peu peur de mal m'en occuper EUH quel animal me correspondrait, à votre avis ?

Stupide, stupide Vanille.

l'appel de la gerbille

Le gecko léopard lui transperce le coeur avec ses grands yeux trop mignons et ses grosses patounes. Il est vraiment mignon... Il a l'air un peu con, il est parfait : Vanille est amoureuse.

Elle n'a pas mis bien longtemps à faire son choix, pour être honnête. En une vingtaine de minutes la petite bête était déposée avec soin dans une minuscule caisse de transport où il pouvait quand même s'étendre à l'aise, le vivarium choisi avec tout ce qu'il fallait, et c'est avec un caddie très chargé que Vanille repart à sa voiture - le Mystérieux et Trop Familier vendeur à ses côtés.

Quelle situation de merde. Elle écoute ses conseils d'une oreille, actuellement en train de stresser. Malgré la pluie -qui ressemble plus à une bruine qu'autre chose maintenant-, la température de son corps atteignait sûrement les 95 degrés, et Vanille paniquait.

Ah, sa voiture.
Bien.
Elle allait pouvoir fuir, rentrer à la maison, gagatiser devant le gecko qui n'avait pas encore de nom et surtout, SURTOUT arrêter de penser à Ismène.
Ismène qui est vraiment encore plus beau en vrai, Ismène qui a l'air encore plus gentil que sur leur conversation Discord, Ismène qui est Ismène et c'est déjà tellement trop. Est-ce que c'est pas lui qu'elle veut ramener à la maison ? Elle ferme le coffre de la voiture, a soupiré et regardé le caddie vide.

Que dirait Yrwine, sa persona masculine qui la met tellement mal à l'aise ? Elle n'en peut plus d'être lui.

Alors bon.
Elle ne se rend pas trop compte, mais elle s'est penchée sur Ismène et a parlé.

Elle lui a dit qu'elle s'appelait Vanille, qu'elle était Yrwine, peut-être même qu'elle l'a crié, qu'elle était désolée, et
Et puis pas grand-chose en vrai
Elle a sauté dans sa voiture et elle est partie plus rapidement qu'elle n'était jamais partie, manquant peut-être de toquer Ismène au passage.

Désastre.