Il est dix-neuf heures et tu fermes la boutique d'un air encore plus distrait qu'à l'accoutumée, l'esprit encore encombré par ta rencontre de la journée. Cette femme et sa broche. Cette femme qui soulevait beaucoup de questions et, peut-être, une certaine inquiétude. Elle savait. Que savait-elle ?
Le chemin jusqu'à la maison, jusqu'à votre refuge n'est pas loin et tu t'y rends à pieds d'un pas sûr et habitué, tu ne fais même plus attention à la route que tu connais par cœur, à force de la fouler tous les jours, qu'il pleuve, qu'il vente ou que le soleil brûle ta peau toujours si pâle. Tu ne penses qu'à ses yeux, ses yeux étranges et envoutants (mais est-ce que tu t'entends penser, Bérangère ?!), et à Vanille.
Tu penses toujours à Vanille, mais aujourd'hui plus encore qu'à ton habitude, parce que son nom était apparu dans la conversation, et tu n'avais pas vraiment l'habitude qu'on te parle de Vanille, parce que Vanille... ne sortait pas beaucoup, ne connaissait pas beaucoup de monde, au final.
Tu gravis les marches qui mènent à l'étage d'un pas dynamique, tes hauts talons claquent sur l'escalier en bois sombre et, sans même prendre le temps d'enlever ta veste, de poser ton réticule ou d'enlever tes chaussures, tu te diriges vers la chambre de ta colocataire, ton amie, ta sœur, et tu toques trois petits coups, comme tu en avais l'habitude. Vanille, chérie ? Il faut absolument que je te raconte la rencontre que j'ai fait aujourd'hui. Une dame qui te connaissait, apparemment ?
♡
Tendres baisers,
Bérangère Gardin de Boisdulier