Deep down below [feat. LIBRE]

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Deep down below

I think of you from time to time
More than I thought I would
You were just too kind
And I was too young to know
That's all that really matters

Will you remember all ?
Burning like embers,
falling, tender
Longing for the days of
no surrender

24 mai 2022

Les méduses.
Dépourvues de squelette, de cerveau et de poumon, elles ne sont pas aussi frustres qu'il y parait. Généralement prédatrices, elles paralysent leurs proies grâce des filaments venimeux nommé cnidocystes. Certaines peuvent même être mortelles pour l'Homme.

Louise s'est assise en tailleur à même le sol, fascinée par le lent ballet des méduses dans leur grand aquarium cylindrique. Toute la galerie est presque complètement plongée dans le noir, seuls les éléments d'exposition ainsi que les bassins peuvent dispenser une légère lumière bleutée.

La jeune femme, les jambes en tailleur, se gorge du bruit blanc des pompes qui brassent l'eau de chaque aquarium. Son anniversaire était passé depuis deux jours, mais puisqu'elle avait dû travailler, elle considère que sa vraie journée de fête est aujourd'hui.
Après avoir fait des pancakes pour son petit déjeuner, elle avait longuement contemplé son téléphone en se demandant une fois de plus où pouvait bien se trouver cette personne et si elle la verrait aujourd'hui. Bien sûr que non...
La conversation avec Rachelle lui était alors revenue en tête : il fallait qu'elle soit un peu plus égoïste. Alors elle avait envoyé un sms, qui ne recevrait certainement jamais de réponse, et qui comportait simplement une photo de ses fleurs sur le bord de fenêtre, en train de se baigner dans la lumière du soleil. Neven se moque des fleurs. Mais elle avait eu envie de partager, encore une fois, un fragment de son quotidien avec lui.

Sachant très bien que si elle ne s'offrait pas un cadeau pour son propre anniversaire, personne ne le ferait, Louise avait alors fermé le Moon à clé et prit la direction de l'Aquarium.

La direction des abysses.

Une exposition temporaire la tentait bien et en ce mardi après-midi, il ne risquait pas d'y avoir beaucoup de gens. Voilà comment elle en était venue à prendre ses aises dans l'un des longs couloirs du bâtiment.

Tout semble désert. Comme chaque fois qu'elle est seule.
Elle se laisse bercer. Voudrait sombrer en silence.
Face au vide qui aspire toute sa vie petit à petit, la pénombre et la pression des profondeurs lui paraissent réconfortants, comme une grosse couverture. Et il y nage des créatures aussi étranges et incomprises qu'elle. De fascinants organismes à la délicatesse évanescentes, qu'elle voudrait frôler du bout des doigts.
Ah... Ce vieux rêve d'être capable de respirer sous l'eau pour pouvoir en explorer tous les mystères sans restriction. Et échapper à tout ce qui se trouve en surface.

Jawn pour EPICODE

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Deep down below

Il n’ya personne, si ce n’est elle. Les ombres vont et viennent dans ce lieu à la lumière tamisée. Deirdre est seule, pourtant, elle ne l’est pas. Les gens vont et viennent dans un ballet de texture et de couleurs assombris par la douce lueur de ce lieu.

Ici, le temps n’existait pas.
Ici, Deirdre pouvait respirer un petit peu, un tout petit peu.
Le monde se dilatait en dehors, les heures pouvaient bien passer mais Deirdre regardait les méduses danser, sans que rien ne semble les distraire de leur immuable fête.

Aujourd’hui fut une belle journée, tout allait selon ce qu’elle désirait, tout suivait l’ordre parfait qu’elle contemplait avec envie. Alors, elle a voulu se faire plaisir et s’oublier ici à l’Aquarium, on s’est disloqué avec amour.

Un long soupir vint secouer ses mèches courtes, il fallait peut-être les couper un jour sans doute. Les cheveux longs étaient un vestige du passé, d’une époque qu’il valait mieux considérer comme révolue. Et elle dessinait. C’était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour exister, dessiner, tracer à grand coup de fusin ce que le monde lui offrait. Les visages des enfants gâtés qui se plaignaient de la simplicité des lieux, les couples aimants et les personnes âgées marquées par des souvenirs qui n’ont plus lieu d’exister.

Et ainsi, une femme est apparue dans son empire de solitude. Son visage était prisonnier du faisceau de lumière émanant du bassin et elle regardait avec une expression indéfinissable les délicates danseuses aquatiques. Elle n’était pas ce que Deirdre considérerait comme “belle”, peu importe ce que ce terme voulait dire, elle était comme les lilas de son enfance.

Mélancolique mais si lumineuse.

Sans que vraiment son esprit puisse conceptualiser ce que ses mains faisaient, des traits furent tirés. Encore et toujours, l’oeil unique ordonnait aux mains de créer la façon dont la lumière se réflétait dans ses cheveux, comment l’ombre rendait ses joues plus rondes et son regard plus limpide, comment son nez se posait au milieu de sa figure avec le caractère d’un chaton un peu joueur. C’était donc cela l’inspiration ?

Puis le souffle s’arrête, que pouvait ressentir Deirdre ? Rien, rien. Juste cet étrange vide plein de plénitude tandis que l’inconnue demeurait là, le regard vers l’eau et vers ses pensées inatteignables. Ses pas la guidaient vers elle, que faire ? Il était honteux de voler l’image de quelqu’un sans lui demander. Comment demander si l’on n’avait pas de voix pour s’exprimer ? Le lèger déchirement du papier fit sursauter la muse des méduses et un fin sourire gêné prit place sur le visage de Deirdre. Elle devait avoir sotte avec son bout de papier tendu, face à cette fenêtre des abysses.

Ce n’était qu’un dessin, mais c’était le premier qu’elle dessinait avec un coeur qu’elle pensait avoir calciné, il y a si longtemps de cela.

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Tu sais pas où tu vas, mais tu y vas.
Elias, quel con parfois. Vos prises de tête sont rares, et Dieu sait pourquoi. Le salon est sens dessus-dessous. T’étais pas d’humeur, et lui non plus.

En même temps, Louise, quelle idée ?
Des fleurs. Tu te fous de ses fleurs. Tu t’en foutais moins quand elle était dans tes bras.
Louise n’est plus là, mais toi oui. Toi, toujours. Tu ne répondras pas.
Tu ne répondras jamais.
Ou alors, pas maintenant.

Tu ne lui donneras jamais ce collier, dans le fond de ta poche, et mal emballé. Froissé par la force de tes doigts crispés dans ta veste. Froissé par ta peur et ta culpabilité. Tu ne lui as pas souhaité son anniversaire, tout simplement parce que tu voulais lui montrer que tu l’avais oubliée.
Pour pas qu’elle ne t’attende. C’est terminé. Tu la protégeras jusqu’au bout. Quitte à mourir seul.

Une exposition sur les abysses. Parfait, exactement là où tu aimerais te trouver : dans un putain de trou. Et puisque cela n’intéresse personne, c’est l’endroit idéal. La solitude t’appelle avec entrain, et bien sûr, tu l’écoutes.

Tu traverses les couloirs, les mains dans les poches et les yeux fuyants. À défaut de profiter du calme d’une soirée étoilée, comme à ton habitude, tu vas chercher tes étoiles ailleurs. Dans la lumière des aquariums. Qu’est-ce que tu fous là, sérieux ?

Et surtout, qu’est-ce qu’elle fout là ? Juste quand tu essayais de te changer les idées, une tête rose apparaît dans ton champ de vision. Tu t’arrêtes, incertain. Ne va surtout pas lui parler. À ta droite, quelqu’un l’observe. D’abord suspicieux, tu lui jettes un regard noir ; prêt à bondir pour la protéger, tu patientes. C’est là que tu comprends.

Un dessin ?
Un sourire s’affiche aux commissures de tes lèvres. C’est vrai qu’il y a de quoi dessiner, là. Tu ne sors pas avec n’importe qui après tout - enfin, sortais. Pris dans une nostalgie sans nom, tu viens t’adosser contre l’un des aquariums, le pied relevé et posé contre la vitre. Toujours cette main dans ta poche, tu sers davantage le cadeau entre tes phalanges.

Tu te contentes d’observer Louise. Elle ne te voit pas, toi qui est placé dans son dos, mais toi tu as tout le loisir de la contempler.

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Longing for the days of
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Elle pense au bruit de vague, à la sensation de froid lorsqu'elle va se baigner en mer, au cri des mouettes et aux ténèbres des grands fonds. Elle imagine s'enfoncer dans l'eau, le regard tourné vers la surface, et voir la lumière se refléter sur son visage avant de faiblir, de s'éloigner, de se teinter de bleu. Et à mesure qu'elle s'enfonce, elle croise toute une faune aquatique qui prête à peine attention à son passage. Jusqu'à ce qu'elle parvienne aux méduses.
C'est un joli rêve.

Mais comme tous les rêves, il s'envole à la moindre turbulence du sommeil. Louise sursaute lorsque le bruit de papier arraché la fait revenir dans son propre corps. Elle a si bien oublié le monde autour d'elle qu'il lui faut un instant pour se rappeler de là où elle se trouve. Une grande femme s'est approchée et lui tend une feuille.

Toujours assise par terre, Louise bat des cils à deux reprises avant de bouger. Il faut dire qu'avec cette vision en contre-plongée et les ombres mouvantes que projette la galerie, elle a cru un instant avoir à faire à un spectre.

— Pour moi ?

Elle semble perplexe, se relève, passe machinalement une main sur la jupe à plis qu'elle porte et prend enfin ce qu'on lui tend. L'émerveillement lui écarquille les yeux et un sourire lui monte aux lèvres. Un profil assez enfantin, une masse de longs cheveux flottant tout autour et de grands yeux. Si grands et si plein de quelque chose qu'elle n'a pas l'impression d'avoir.

— Vous avez beaucoup de talent, c'est vraiment très beau ! Oui, vraiment... Il est...

Sa gorge se serre, retient la suite de la phrase. Pourtant elle sent toujours le sourire sur ses lèvres. Alors pourquoi sa vue se brouille de larmes ? Pourquoi elle sent-elle monter un gros sanglot ? Il lui faut une bonne inspiration pour réussir à articuler la suite.

— M-Merci de me l'avoir m-montré, fait-elle alors que sa voix part dans les aiguës et qu'elle rend son dessin à l'inconnue.

C'est qu'elle à l'air si bien, si paisible sur ce dessin ! Enterrer ses problèmes, relativiser ses sentiments négatifs et fuir, fuir toujours pour se réfugier dans sa petite bulle confortable, pour ça Louise est très forte. Sourire lui vient naturellement et elle veut plus que tout que ce sourire soit contagieux, mais aujourd'hui, dans ces fausses profondeurs, on dirait qu'il est bien difficile de faire bonne figure.
Elle écrase ses larmes d'un geste rapide, les essuyant dans ses manches de hoodie trop grand.

— P-Pardon ! J-je ne voulais p-pas vous embêt-ter, hoquête-t-elle sans comprendre ce qui lui prend tout à coup, son sourire complément trempé de grosses larmes de crocodile. M-mais j-j'aime beaucoup votre des-sin !

Allons bon, qu'est-ce qui se passe à la fin ?

Jawn pour EPICODE

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Deep down below

Sa tristesse flottait à sa surface de cette conversation, comme une lourde chape de plomb que l’inconnue portait autour de son cou. Les larmes tombaient et scintillaient à la lumière des flots comme des miniscules joyaux prestemment absorbés par la moquette à leurs pieds.

Elle s’était levée, elle l’avait remercié et sa moue se fit paisible. Ainsi, elle n’était pas agacée, pas en colère de cette intrusion de son intimité et pourtant, voilà qu’elle pleurait. D’ordinaire, Deirdre aurai retracté son visage et son coeur, sans doute aurait-elle fuit quelque part pour refuser les compliments et les émotions d’autrui. Mais cette jeune femme la touchait étrangement, effleurant quelque chose qu’elle avait cru de plus pouvoir atteindre.

Alors cette expression de peine l’affectait comme si c’était la sienne, et quand elle lui fit mine de lui rendre le dessin sa main se secoua doucement. C’était pour elle, c’était pas pour Deirdre. Elle avait bien vu dans l’étrange éclat de lumière dans ses yeux, ce sentiment fugace mais qui paraissait si doux. Peut-être souffrait-elle d’une peine innommable ? Peut-être quelque chose se gravait dans son coeur par la violence des horreurs ordinaires ? Ainsi, si elle avait aimé son dessin, elle devait le garder. Le contact contre la peau chaude de la femme à le chevelure couleur des roses la fit frisonner un peu mais doucement, sa main appuya le dessin vers le torse de l’inconnu.

Sa tête se secouait doucement, Deirdre. Elle ne la dérangeait pas, ici, dans ce lieu abandonné du Jour, elle pouvait offrir sa compassion à l’inconnue. Deirdre n’aimait pas son sourire, elle aimait bien mieux l’expression rêveuse qu’elle affichait auparavant, cette moue qui montrait l’image des songes, la douce fille de Morphée. Deirdre ne pouvait pas parler, les mots s’étaient perdus à jamais dans son esprit et pourtant, elle aurait tant voulu lui parler comme elle a parlé à Eriu. Lui dire que tout ira mieux, que les bobos deviendront des cicatrices et que les papillons ne naissent pas en un jour.

Peut-être était-ce là, la raison pour laquelle elle avait été si attirée par la muse des méduses ? Car elle lui rappelait sa soeur.
Alors sa main ,précédement posée sur celle tenant le dessin, se souleva et s’appuya doucement sur la chevelure colorée de la femme en face d’elle. C’était des caresses simples, un fredonnement qui s’échappe de sa bouche bien malgré elle et les joyeuses danseuses s’agitaient autour d’elles. L’angoisse montait dans son souffle, peut-être qu’elle était odieusement déplacée ? Peut-être qu’elle n’aurai pas dû, elle et sa laideur ? Elle ne connaissait plus d’autres moyens d’apaiser que par les contacts.

Alors, elle continuait. Pendant un instant ou une éternité, elle ne le sut sans doute jamais. Tout s’était arrêtée entre elles, elle pouvait presque sentir sur ses joues la douce caresse du vent d’été et les rires d’une époque passée. Juste à frotter les cheveux de la femme, et à faire vibrer ses cordes vocales dans un mélodie que seule elle connaissait. D’un geste brusque, Deirdre retira sa main. L’absurdité du moment la saisit et une rougeur vient teindre son visage. Un pas en arrière et elle voulut sans aucun doute disparaître. Qu’avait-elle donc fait ?

Inscription : 17/05/2022

Le moment que tu attendais tant, la réaction de Louise au don de cette dessinatrice anonyme. Et ce n’est pas ce à quoi tu t’attendais.

Elle fond en larmes.
Tu te mords la lèvre, car tu sais. Bien sûr qu’elle n’allait pas en rire. Tu as littéralement boycotté son anniversaire, pour lequel tu avais l’habitude de faire toute une fête surprise avec des confettis, des clairs de lune et de la musique à s’en péter les tympans. Tu sais qu’à part toi, Lou n’a pas grand-monde près d’elle.

Les remords te frappent en plein dans l’estomac.
Tu baisses la tête, coupable.
Qu’est-ce que tu l’aimes.

C’est bien pour ça que tu te dois de la protéger.
De toi, de tout. Parce que tu tiens à elle plus qu’à quiconque, et qu’une bague au doigt ne serait simplement pas juste pour celle que tu chéries tant. Tu ne veux pas la condamner.

Même si tu ne lui as jamais demandé son avis.
Peut-être que tu aurais dû, au fond. C’est cette pensée qui te paralyse les jambes. Et si elle n’avait pas peur, elle, de tout perdre ? Et si elle souhaitait en réalité risquer sa vie, rien que pour fuir, à deux ? Et si tu pouvais tout quitter pour être près d’elle, fuir ton passé et tout ce qui s'apparente au danger ?

Et si… tu lui demandais son avis ?
Si tu lui avouais tout ? Après tout, Neven, rien que le fait qu’elle possède une place dans ton cœur signifie qu’elle est potentiellement en danger. Si on te retrouvait ? On se servirait d’elle, bien évidemment. Pour t’atteindre, pour te piéger. Elle est ta faiblesse.

Quand tu relèves finalement les yeux, tu constates que la dessinatrice se met à la consoler. Tu souris. Elle n’a peut-être pas besoin de toi. Peut-être se porte-t-elle mieux sans toi, d’ailleurs.

Tu laisses ton regard vagabonder, s’accrocher aux vitres des aquariums qui vous entourent de leur lueur bleutée. Tu pries pour qu’elle te remarque, mais aussi pour qu’elle passe son chemin et t’oublies à jamais.

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Et ça pleure, et ça renifle... Aller ma fille, faut se ressaisir là. Bye bye la confortable couette de silence.
Louise sent bien qu'elle a besoin que ça sorte, mais elle aimerait que ça soit dans l'intimité de son chez-elle et pas en plein lieu public, face à une inconnue. Une inconnue qui lui fait un cadeau et qui va même jusqu'à tenter de la consoler.
Nouveau hoquet, suivi de quelques larmes supplémentaires.

— M-merci... C-C'est gentil...

Il lui faut encore un instant avant de pouvoir prendre une inspiration plus longue et moins hachée. Heureusement qu'elle a toujours un mouchoir sur elle, elle s'épargne au moins l'humiliation d'avoir le nez morveux. Les hoquets se calment rapidement et on dirait que le trop-plein s'est un peu vidé. Elle ne semble pas avoir remarqué le malaise de Deirdre, ou peut-être feint-elle simplement de l'ignorer. En revanche, elle serre la feuille de papier contre elle.

—Pardon, c'était déplacé. Je fête mon anniversaire aujourd'hui et je ne m'attendais pas à recevoir un cadeau... Drôle de surprise ! Vous avez sauvé ma journée.

Louise n'a jamais eu une tonne d'amis prêts à l'inonder de cadeaux ou de mots pour son anniversaire, noël ou nouvel an. Elle n'en a pas besoin. Cependant, lorsque aucun de ses habitués ne vient la voir et que même sa famille ne peut lui souhaiter que de loin, le sentiment d'abandon est difficile à combattre. Sans parler de lui, bien sûr.
Maintenant qu'elle a un peu moins d'eau dans les yeux, elle prend le temps de regarder l'artiste qui lui a aimablement offert un portrait, sans un mot. Il y a quelque chose d'intimidant et de tout doux chez elle. Louise l'apprécie instantanément (plus que ce n'était déjà le cas). Elle plonge la main dans son autre poche et en sort une petite carte colorée portant le nom du Moon Embrace ainsi que l'adresse.

— Laissez-moi vous remercier avec un cadeau à mon tour : à l'occasion, passez me voir à mon salon de thé et je vous offrirai la boisson de votre choix ! Je peux au moins faire ça en retour... Personne n'avait jamais fait mon portrait avant.

Dès que Deirdre a pris la carte, la jeune fille pli avec beaucoup d'attention le dessin et pivote un peu pour essayer d'atteindre son sac. Il faut mettre le précieux cadeau à l'abri ! Entre les pages de son propre carnet, ça sera très bien. Il ne se froissera pas.
Et c'est excatement à cet instant que, du coin de l'œil, elle remarque qu'il y a une troisième personne dans la salle aux méduses. Sans doute la plus incongrue, la plus improbable des personnes qu'elle puisse croiser. Ses épaules se relachent et elle s'immobilise.

— Neven ?

Surprise. Bonheur. Doute. Espoir. Peur.
Ses doigts serrent si fort le carnet qui pend pourtant mollement au bout de son bras. Est-ce que c'est une hallucination ?
Elle se jette en avant, franchit la distance en trois enjambées, lui saute au cou et le serre contre elle. Jusqu'à être certaine qu'il ne puisse plus disparaître comme il l'a fait. Elle le serre et elle pleure à nouveau, sans doute, et passe une main dans ses cheveux, et sent l'odeur de cigarette.
Un battement de cil plus tard, elle revient à elle pour constater qu'elle n'a pas bougé d'un pouce.
Paralysie. Ça se déchire à l'intérieur. Pourquoi ça fait si mal ?
Pourtant tout son corps semble tendre vers cette silhouette à moitié mangée par l'ombre, à l'image de quelqu'un suspendu à l'exacte point de bascule entre la station verticale et une chute vertigineuse.

Jawn pour EPICODE

Merci

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