Les yeux s'entrouvrent. Tout est flou, trop lumineux.
« ugh... »

La conscience de Veronica sort tranquillement de son marasme. Ses mains s'agitent autour d'elle, comme pour vérifier de la matérialité de son environnement. Une étrange odeur, ou plutôt un mélange d'odeurs, commence à envahir ses narines et la font grimacer. Ses oreilles bourdonnent un peu, ou c'est son cerveau peut-être qui est h.s.... Dans tous les cas, elle entend la confusion de ses sens, de sa tête.

Ce n'est pas la première fois qu'elle se réveille dans cet état. En fait, elle ne le connait que trop bien. Cet éveil qui te fais dire « je ne prendrai plus jamais d'alcool ». Enfin. Veronica n'a jamais pensé une telle chose, parce que ça fait partie du jeu. Elle se plairait presque de cet état, où tu peux te permettre d'être insupportable sous couvert du lendemain de veille et tout le monde te laisse tranquille.

Lorsque son corps le lui permet, Nicky se relève sur ses coudes, un oeil entrouvert et l'autre fermé pour limiter la plus possible la lumière du soleil sur ses rétines ultra-sensible. Il y a autour d'elle un bazar monstre. Elle est étendue sur un tapis à poil long, luxueux, de la fourrure d'une bête peut-être. Il y a un canapé juste à côté d'elle avec personne dessus (pourquoi elle est au sol, alors?), et une jeté qu'elle s'empresse d'attraper pour se couvrir la tête et les épaules.

Péniblement, elle se mets sur ses pieds, chaussée d'un seul escarpin à son pied droit. Où est l'autre ? Aucune idée. Elle secoue son pied pour enlever la chaussure qui vole à travers la pièce. Mission : retrouver Arden. Ou la cuisine. N'importe quelle des deux, ce sera bien.

HRP —    

La cuisine, et Arden. Encore mieux.
Celle-ci l’accueille avec chaleur (pas vraiment, mais vu l’état de Nicky, tout est plus doux que sa tête au bord de l’explosion).
« Gngngn très drôle, Arden... Ahhh, je tuerais pour un bon café! Tu as quelqu’un qui…? »

Son regard vagabonde autour de la pièce. Pas de femme ou homme de ménage, cuisinier.ère, majordome en vue. C’est une maison de campagne après tout, il ne doit pas y avoir des employés présents h24.
« Tu sais faire des cap...pucinos? Avec de la cannelle. Beaucoup de cannelle. »

C’est à la fois une question et une commande. Sa propre voix lui résonne dans les oreilles. Elle observe son hôte qui ne semble même pas avoir un seul cheveux de travers ou un regard un tant soit peu dans le vague. Comme d’habitude, se dit-elle. Mais quand même, Nicky était persuadée l’avoir convaincue la veille de se lâcher un peu plus qu’à l’habitude et de lui avoir refilé au moins une dizaine de shooters? Plus la boîte de douze bières qui s’est vidée en l’espace d’une demi-heure (bon, y avait pas mal de monde sur celle-là, en fait). Et les bouteilles de vin du début de soirée?

Sa tête se met à tourner, en repensant à tout ce qu’elle a consommé. En plus de courbatures qui commencent à apparaître après avoir passé la nuit couchée sur le sol, et la chute n’a pas dû aider non plus. Des bribes de la soirée viennent et repartent, comme des nuages filamenteux qui se perçoivent à peine dans un ciel la nuit.

 HRP —   J'avais écrit ma réponse hier dans un word et j'ai oublié de le poster   sheesh  

Veronica n’a même pas la force de relever les moqueries d’Arden. Elle pose son front sur le comptoir pendant que celle-ci lui prépare le café, réconfortée et en même temps agressée par le bruit de la machine expresso. Sans noter la fierté de son amie lorsqu’elle lui offre le parfait cappucino, Nicky attrape la tasse et hume l’odeur du café frais mêlé au lait chaud et la cannelle. Pile ce qu’il me fallait.

« Planetbucks ? Ouais, j’y vais souvent… »

Ses pensées s’égarent un instant, et le visage de Nori Wallace lui revient en tête, rencontré là bas quelques jours plus tôt, justement. Un petit sourire étire ses lèvres. « J’y ai rencontré un homme il y a quelques jours… on a pris un café ensemble. » Elle se demande pourquoi elle parle de ça, ce n’était qu’une petite rencontre fortuite. Son sourire retombe, et ses sourcils se froncent, créant de petites rides à son front. « Mais pourquoi tu demandes ça ? »

Nicky se risque à tremper les lèvres dans la boisson chaude, le besoin de caféine étant plus grand que la peur de se brûler. À la dernière question, elle ne prend même pas la peine de réfléchir. « Je vais rester un peu. » De un : elle n’avait nullement envie de faire la route jusqu’aux Clématis dans son état et de deux : si elle partait maintenant, elle serait à nouveau seule, dans sa chambre d’hôtel. Et cette perspective ne la réjouissait pas du tout.

 HRP —   "Nori il est trop beaaauu " - Amaury, 2021

Hier soir. Non en effet elle n'en avait probablement rien dit. Normal, car il n'y avait rien de très excitant à dire sur cette rencontre finalement, si ce n'est qu'il avait attiré son attention. Hier soir elle était trop occupée pour parler de ces petites anecdotes. Occupée à danser toute seule, à tenter de faire boire Arden, à courir comme une idiote dans les couloirs...? Un souvenir lui revient.

Veronica avait attrapé un vêtement qui trainait, elle ne pourrait pas à dire à qui il appartenait précisément. Elle l'avait fait passer dans son dos, le maintenant au niveau des épaules, comme une cape. Puis elle avait entreprit des aller-retour au pas de course dans le long couloir à l'étage, jusqu'à ce qu'elle percute un.e indivu, qu'elle tombe au sol et éclate de rire. D'une hilarité exagérée. Veronica eu honte intérieurement.

Le petit jeu de devinette d'Arden la laisse coite un moment. Est-ce que Nicky avait vraiment un « type » ? Si oui, elle ne s'en était jamais rendue compte... Son esprit s'égare un instant sur M. Wallace, et remonte chronologiquement sur ses dernières fréquentations, Riley... Au premier regard, ils n'avaient as grand chose en commun, mais il est vrai qu'en y pensant bien certaines caractéristiques revenaient. Arden avait l'oeil, ou un instinct peut-être.

Elle prend une longue gorgée de son café, même s'il était très chaud, et s'étouffe presque avec. Son visage se déforme un peu en une petite grimace de douleur, et elle secoue la tête, comme pour tenter de démentir la supposition d'Arden.

« Pardon ? Non ! Enfin, je sais pas... » Elle marque une petite pause.  Considérablement plus âgé, c'est un peu exagéré comme jugement.« ...je connais pas son âge, on a pas discuté très longtemps, c'était qu'une brève rencontre... »

Très brève, où elle n'a pratiquement rien appris sur lui d'ailleurs, si ce n'est sa page wikipédia. Veronica soupire, repose le cappuccino sur le comptoir et entreprend de se faire une queue de cheval.

« T'excites pas trop à ce sujet, je ne le reverrai sans doute pas, c'était qu'une petite discussion autour d'un café. Il bosse chez Aether lab, tu connais des gens là bas ? » Si elle le souhaite vraiment, Nicky saurait trouver les moyens de le revoir, par contre.

 HRP —    

Arden ne lui donne aucune réelle information sur l'entreprise en question, mais ne rate pas l'occasion pour encenser son paternel. Veronica ne connait pas bien la famille de son amie, pas personnellement en tout cas, si ce n'est les commentaires et anecdotes parfois évoquées dans le fil d'une conversation, comme à l'instant.

« Ah, mais, non ... »

Il ne lui viendrait jamais à l'esprit de demander à qui que ce soit de lui arranger un coup, et encore moins au père de la famille Montgomery. Arden ne semble même pas se souvenir que son beau-père est tout aussi influent, et que Veronica avait accès à bien des portes (même si elle ne prenait que les opportunités absolument nécessaires).

Ce qu'elle ajouta ensuite lui fait claquer la langue, à la fois agacée et amusée. Veronica a désormais l'habitude avec les manières de son amie, souvent théâtrale. Et son habileté à tirer de (mauvaises) conclusions à certaines situations était chaque fois assez surprenant.

« Ça me va, pour la sortie —mais pas dans l'espoir de croiser M. Wallace, hein. » elle pointa Arden du doigt avec un regard accusateur, les yeux plissés. D'ailleurs, elle réalise à ce moment qu'elle avait oublié de préciser qu'il avait déjà quelqu'un, mais elle préféra taire ce détail. « Par contre... je devrai t'emprunter des vêtements propres. Et du cache-cerne, j'dois avoir une mine affreuse...  »

Sur ces mots, elle reprit son cappucino et en prit de grandes gorgées, fermant les yeux  et souriant de bonheur. « Il est trop bon ton café... » murmura-t-elle en lui donnant des petites tapes sur la main.

 HRP —