c'est rare, mais Winchester Nova a quelques regrets.

il pensait regretter la soirée avec Garance, il pensait regretter s'être laissé faire et avoir réclamé. mais maintenant, il a surtout l'impression de regretter sa vengeance contre son corps. contre lui ou Garance. contre lui et Garance. il ne sait même plus. il en avait voulu à la terre entière, mais surtout à sa propre faiblesse. maintenant que la colère et le dégout se sont apaisés, il ne reste plus que le manque maladif, oui, Garance Giesler lui manque.

oui, il a voulu se renseigner. il a trouvé son nom facilement, dans le logiciel du commissariat, et ce nom là l'a fait tiquer. il avait pensé à une coïncidence, mais l'adresse affichée sur l'écran était trop familière. par curiosité, il était allé voir son casier judiciaire... il n'avait pas été déçu, ni étonné, même s'il s'attendait à un peu plus que cette tâche d'encre étalée sur 3 années. il se demandait la raison de tout cela. alors il avait passé l'après-midi à lire ce qu'il trouvait, à droite, à gauche, il restait quelques bribes du dossier. il était venu au commissariat en vrai touriste, on l'avait probablement juste laissé entrer car les nouvelles ont vite tourné sur ses RTT et la fusillade de mai. quand il était enfin ressorti, il avait eu envie de voir Garance.
aussi simple que ça.

mais ça veut dire s'approcher, le regarder dans les yeux, résister à l'envie de
pas si simple que ça.

(...)

et c'est comme ça que Winchester Nova termine adossé à la voiture de Garance Giesler, garée près du Cheesy Going. il n'a vraiment pas envie de rentrer, surtout en remarquant que la gigantesque meule dansante est encore postée devant. pourtant, sa peau brûle, il le sent, juste là, si près, si près, il a envie d'y aller. il se force à attendre. il pose la boîte cartonnée qu'il tient sur le toit de la voiture, et enfouit ses mains dans ses poches pour en ressortir une cigarette qu'il s'empresse d'allumer et de fumer, tout pour ne pas penser au malaise qui lui tord le ventre. pas d'uniforme ce soir, simplement le survêtement réglementaire de feue l'armée d'Astéria. (il a tout conservé, même son Vrai uniforme) il attend sagement la fermeture.
et quand enfin il sent Sa présence qui s'approche, l'envie de fuir le prend à la gorge. mais il tient bon, écrase son mégot et relève les yeux. il reprend la boite posée sur le toit, et regarde son tendre bourreau.

t'as faim ? c'est pour toi. il lève le bras, montre la jolie petite boîte décorée. elle contient un assortiment de macarons qui ont l'air délicieux, une boîte bien garnie, chère, très chère, il n'a même voulu savoir le prix et a rentré son code sans regarder l'écran du terminal de paiement à la boulangerie. et il l'offre à Garance Giesler. j'ai... peut être un peu abusé récemment.

c'était lui, lui seul, qu'il avait voulu blesser. il avait juste eu besoin de ça pour se rappeler ce qu'il était, pour ne pas se perdre dans un flot de pensées trop noires pour y repenser là. est-ce qu'il avait aussi voulu lui faire du mal ? il n'en est même pas sûr, ça ne l'a pas arrêté, non, mais ça n'était qu'un dégât collatéral. combien de temps ça avait duré, avant que Richard Breckenridge ne vienne ? il ne se souvient même plus. longtemps, à en juger par le sang encore coincé sous les ongles de sa main gauche.

(tu m'as insulté ? tu m'as détesté ? tu m'en as voulu ?
et là, tu vas m'insulter, me frapper, m'ignorer ?

... est-ce que tu me crois, si je te dis que je m'en veux ?)

Garance Giesler donne tout de suite un ordre à Winchester Nova, c'est bon signe, non ?

alors bien sûr, qu'il le fait sans poser de question, il repose la boîte de macarons doucement sur le toit de la voiture, et toute pensée quitte son crâne quand la main se pose sur son épaule. oui. oui, oui. il y a ce câlin, soudain. oui oui oui merci merci merci pardon je suis désolé je suis si désolé ne me lâche pas s'il te plait je ne ferai plus rien qui te fera partir je te suivrai partout s'il te plait laisse m
l'étreinte se termine aussi vite qu'elle a commencé, quelle cruauté.

mais il ne se plaint pas, et encaisse le rejet étonnement bien. oh, il l'a déjà vécue, cette situation, il se souvient de la main tendue si chaude et presque douce, et il se souvient du venin des mots qui suivaient. pourtant, ça n'est pas dirigé contre lui, pas directement. ça, il ne s'y était pas préparé. (tu aurais du me frapper tu aurais du me traiter de sale petite merde tu aurais du me faire fuir à coup de pieds à coup de poings à coup de haine) ah ? intrigué, il ne se gêne pas pour ouvrir la boîte rejetée, et saisit un des macarons, jaune poussin, qu'il avale d'une seule bouchée. il a à peine besoin de mâcher, et il réfléchit deux secondes. oh, ça va, je m'attendais à pire. dans le doute, il en prend un deuxième, bleu turquoise, qui disparait aussi vite. peut être un peu trop sucré, oui, mais c'est vraiment pas mal.

enfin, il est là car il devrait s'excuser avant tout, oui. il devrait. c'est même ce qu'on lui demande expressément, et oh, Garance... il aimerait tellement le faire, il aimerait tellement te faire plaisir, je te le jure, il voudrait tant pouvoir te prouver qu'il est désolé. il l'est, vraiment, mais une part de lui n'arrive pas à regretter, un autre part ne sait pas demander pardon, elle a oublié ou s'est cassé la voix à trop le demander en vain il fait un pas vers Garance, il aimerait le toucher mais pense ne pas en avoir le droit. alors il se contente de lever les yeux pour chercher les siens. c'était pas contre toi. vraiment pas.

il est là, juste là,
ça lui a trop manqué trop trop trop manqué beaucoup trop comment il a pu rester loin si longtemps ? comme ça lui a manqué beaucoup trop manqué trop trop trop tout à l'heure ça n'était pas assez non non non c'est trop long cinq jours si loin
il faut qu'il le touche
mais il n'a pas le droit !
il veut se mordre la lèvre pour se distraire mais
il n'a pas le droit de lui faire mal encore une fois !
il ne peut
rien
faire ?

frustré, Winchester Nova se contente d'attraper le tissu de la chemise de Garance Giesler, sans tirer, juste... agripper le tissu, et deviner au picotement dans ses doigts la peau juste en dessous, si proche. il pourrait le faire. mais il se retient, douloureusement. dis moi ce que je dois faire, je le ferai. il n'a pas arrêté de le fixer, pas une seule seconde.

(je ne sais pas ce que je dois faire ou dire,
mais si tu me l'ordonne,
je te jure que je le ferai le plus sincèrement possible)

Winchester Nova réagit au quart de tour, tant il se sent trahi par ce qu'il entend.

quoi, alors c'est facile pour toi de t'excuser, donc je vais me faire foutre ? est-ce que c'est vrai, au moins, ce mensonge ? est-ce que tu t'es déjà excusé de quoi que ce soit, Garance Giesler ? est-ce que tu vas t'excuser de ce que tu as fait de moi ?

non. pour une fois, Winchester Nova fait ce qu'il a envie. non.

il pensait qu'Il comprenait. si, si, il doit comprendre. ce n'est pas possible autrement, il a montré qu'il savait ce dont il parlait à demi mots, alors pourquoi il ne le fait pas. pourquoi il ne le dit pas. pourquoi est-ce qu'il lui demande quelque chose qu'il n'arrive pas à lui donner ? c'est injuste. ça n'a pas de sens.
ça le frustre. la main agrippée lâche ce qu'il prenait pour son salut, le pousse, le rejette. il ne veut pas le laisser partir, il ne va pas lui obéir même si ça le démange. c'est super, si c'est simple pour toi. il ne veut pas y croire. il refuse d'y croire. Garance Giesler DOIT comprendre, DOIT être d'accord. il doit l'accepter, pas le repousser. est-ce qu'il n'a plus le même besoin d'être à ses côtés ? alors t'as jamais envie de te jeter du toit et de te sentir t'écraser sur le béton ? de t'ouvrir le crâne en deux sur le rebord du lavabo ? de te prendre une balle comme l'autre fils de pute qui... Winchester, ça suffit. Maintenant il faut te taire, tu en as trop dit, tu devrais fermer ta gueule, tu ne crois pas ? Non, tu dois, tu dois la fermer tout de suite, qu'est-ce que tu es en train de faire, là, espèce d'enfoiré ? ferme ta putain de gueule au lieu d'aboyer comme un clébard qui. a prétendu vouloir de moi. et m'a laissé comme ça.
dans cet état.
non, m'a dressé pour ça.
et toi, tu crois que j'aime ça ?

le regard noir mais rempli à ras bord de rancœur et de rage qu'il ne sait même plus contre qui diriger. alors il décider d'haïr tout le monde, pour ne pas se tromper de cible. les poings serrés, il montre les dents. ça va bien au delà de Garance Giesler, s'il ne se sentait pas insulté il s'en rendrait compte, il essayerait même de demander pardon, du mieux qu'il peut.

mais il ne peut pas. et il en veut à la terre entière, pour ça.
pour ne même pas savoir ce qu'il veut, pour rejeter ce qu'il pense désirer, pour ne savoir que briser de ses propres mains le moindre semblant d'apaisement qu'il arrive à obtenir. il sait qu'il ne connaîtra jamais la paix, mais il y a cru un instant, il a cru qu'il pouvait arrêter de penser, dans les bras de Garance Giesler, le même qui veut l'abandonner.

ben je suis content pour toi. mais putain, tu peux pas entendre que j'aime pas ça, bien sûr que j'aime pas ça, (ce que je suis) bien sûr que je suis désolé de t'avoir fait ça. mais tu vois bien que je ne sais pas le dire. je m'en veux tellement que...

s'il lui demandait de se planter le cœur, il le ferait,
juste pour lui, juste pour lui prouver.

il reste planté où il est, il ne le laissera pas partir.

Winchester Nova ne comprends pas.

Garance Giesler a raison de l'affirmer : non, il ne comprend pas. il ne comprend rien. certainement pas ce qu'il peut ressentir au fond de lui, alors comment commencer d'imaginer ce que peut penser un autre ? c'est trop compliqué, on ne lui a jamais appris ça. alors il essaye d'écouter, vraiment. et comme ça, la colère redescend aussi vite qu'elle est montée, car il n'a rien en face de lui pour monter d'un cran. il était prêt à se battre encore plus vicieusement, à rattraper Garance pour l'empêcher de fuir, à tout, mais il reste là.

oh, il est furieux, mais chaque mot prononcé calmement l'apaise un peu plus, assez pour ne pas faire quelque chose qu'il pourrait regretter. il ne comprend pas ? très bien, il va essayer. il ne pense même pas à prendre une cigarette, il ne pense qu'à Garance et à ce qu'il essaye de lui dire. il est si proche qu'il n'existe que lui, dans l'esprit de Winchester Nova. rien que lui, pas même le bruit des lampadaires ou des voitures qui passent ailleurs. il n'y a que ces yeux clairs orageux qu'il aime autant qu'il les déteste.
c'est son tendre drame, ces yeux qui le clouent sur place.

et il attend, docilement, que les mots viennent.

...

?????????????????????????????????????????????????????????????????????

???

hein ? le choix des mots est assez surprenant pour qu'il n'essaye même pas une seule fois de l'interrompre. il espère que la suite expliquera tout ça, il a vraiment besoin que tout cela ai un sens. mais les mots s'empilent dans son crâne obtus, enregistrés mais vite balayés, comment ça moi je te plait ? qu'est-ce que ça veut dire ? il reste immobile, trop occupé à réfléchir.

quand la cigarette de Garance Giesler termine de se consumer sans qu'il n'ait rien dit, pas encore, il chercher à démêler ce qu'il vient d'entendre. il y a trop de mots pour sa petite tête. tout ce qui sort, doucement, comme s'il n'avait même pas fait attention, c'est un seul mot. une question.

... plaire ... ? il ne peut cacher son air surpris, il n'y pense même pas.
c'est quoi, plaire ? ça veut dire quoi, en fait ? il ne connait pas ce mot là, pas comme ça, pas dans ce contexte. il n'a jamais rien fait qui puisse plaire à quelqu'un, on ne lui a jamais demandé ce qui lui plairait.

comment on sait ça ? comment tu sais ça ? comment tu peux en être sûr ? comment tu peux savoir que quelqu'un te  p l a i t.

tu dois te tromper, Garance Giesler. oui, forcément, tu as du te rendre compte qu'il n'y a rien de plaisant chez Winchester Nova. tu as eu le temps de le réaliser, non ? alors pourquoi tu dis une chose pareille ? comment ça, tu penserais la même chose s'il n'y avait pas ce lien entre vous ? tu ne serais pas en train de mentir ?

et moi, comment je sais que je t'aime bien ? et si c'est vrai, si je le dis ? qu'est-ce que tu vas faire, si je le dis ? est-ce que tu vas me piétiner est-ce que tu vas te foutre de moi est-ce que c'est juste une grosse blague est-ce que c'est un piège qu'est-ce que je dois dire pour   t  e    p  l  a  i  r  e    ?
comment tu sais que je t'aime bien ?


tu mens, non ?
SI TU MENS, DIS LE MAINTENANT, JE T'EN SUPPLIE.
tu ne sais pas ce que tu es en train de dire.

qu'est-ce que ça veut dire, plaire ?

drôle de question. si Winchester Nova a besoin de la poser, ce n'est pas dit qu'il comprendra la réponse. il s'attend au genre de réponses que l'on voit à la télé, dans les films et les séries, tout ces gens qui disent que la question ne se pose pas, on le sait. mais lui ne sait rien.

il ne sait rien, et Garance Giesler sait. et lui explique, avec beaucoup de mots, il le dit lui même, mais sans tout ces mots, comment aurait-il pu comprendre quoi que ce soit ? il ne sait même pas encore si c'est suffisant, mais il essaye de tout digérer.

il réalise, lentement, tout ce qu'il a manqué.
non, ce qui lui a été refusé.
ce dont on l'a privé.

il aurait pu apprendre à baisser sa garde, avec certaines personnes. il aurait pu apprendre à ne pas rentrer la tête dans les épaules au moindre geste brusque, au moindre haussement de voix. il aurait pu avoir envie de passer du temps avec lui, pour de vrai, pas parce qu'il n'a pas le choix. il aurait pu être content de rentrer à la maison, plutôt que de trouver des détours interminables, il aurait pu...
c'est trop tard, pourquoi tu y pense encore ? et puis, qu'est-ce qui lui fait croire qu'il le méritait, lui ? qu'est-ce qu'il a fait ? rien, il a été exécrable, méfiant, désobéissant. mais Garance Giesler lui retourne la question, et Winchester Nova n'arrive pas à la balayer tout de suite. est-ce qu'il pense la même chose de lui ?

ah, je vois. il ne voit pas, mais il essaye. enfin, je crois. c'est plus proche de la réalité. alors...

il a envie de le voir. de le toucher.
il a envie de parler avec lui.
il a envie de... faire des choses avec lui, peut être ?
il baisse toujours sa garde, en sa présence.
il lui a amené des macarons sans même savoir si c'était bon, juste pour se faire pardonner.

non ça n'est pas possible. pas pour lui, et surtout pas avec un autre...
non, il doit bien y avoir quelque chose. quelque chose d'autre.
il y a une autre explication.
ça n'est pas possible.

(je veux bien admettre que tu te vautres à côté d'un homme par frustration, mais tu oses prétendre qu'il te plait ? et tu le crois, quand il dit que tu lui plait ?
j'y crois plus qu'avec toi.)

alors tu me plais. la conclusion tombe simplement. il avait fixé le sol pendant tout ce temps, perdu dans ses pensées et ses réflexions, mais il relève enfin la tête, cherche le regard de Garance. oui, il doit lui plaire, c'est la seule explication. mais...

et après ? ... il réfléchit, oh, il réfléchit intensément, il fait de son mieux, mais tout cela est trop inconnu pour lui. il repense à tous les autres mots qu'il a balayé un peu vite, trop intrigué pour y penser. on peut... aller au restaurant, si tu veux. ou en vacances. ou dormir. je m'en fous, si c'est avec toi. il y a ce besoin physique, oui, sa peau qui le brûle quand il est trop loin, mais il y a quelque chose d'autre. il pourrait lui dire des choses qu'il ne dit à (presque) personne. il peut baisser sa garde. il peut... être plus que ce qu'il pensait être.

il a du mal à y croire. c'est si simple que ça ? et surtout, c'est vrai, tout ce que tu m'as dit, c'est bel et bien vrai ?

qu'est-ce que ça veut dire, plaire ? Winchester Nova pense avoir compris, tout en ayant l'impression de n'avoir rien compris du tout.

les mots ont un sens, mais tout paraît creux quand c'est lui qui les dit. il observe Garance Giesler visiblement gêné, et lui n'a rien ressenti d'autre que de la confusion quand c'était à son tour d'entendre les mêmes mots. il n'a pas rougit. il n'a pas détourné les yeux.
quelque chose est cassé, chez lui ? quelque chose ne fonctionne pas correctement ?

intrigué, il continue de fixer Garance, sa peau plus si pâle sur les joues, c'est ça, rougir ? c'est ça, plaire ? c'est comme ça qu'il est censé se sentir ? il n'est pas prêt pour d'autres explications, alors il ne dit rien, et hausse simplement les épaules pour ne pas trop y penser.  ne rougis pas, alors. est-ce qu'il a déjà rougit ? est-ce que ses joues ont déjà été réchauffées par autre chose qu'une paire de claques ? il voudrait s'approcher encore plus pour satisfaire sa curiosité, mais il n'ose pas, et reste adossé à la voiture, la même position depuis tout ce temps.

il est très doué pour ne pas bouger tant qu'on ne lui donne pas d'ordre.
mais il n'est pas doué pour prendre des décisions pour lui, et Garance ose encore lui poser un dilemme.

(est-ce que j'ai envie de venir ?)

un sourire pour balayer la question qu'il hésite à se poser. c'est bon, tu peux dire ta nièce. les pincettes le font sourire, surtout que Gentiana n'est certainement pas quelqu'un qui a besoin d'être protégée des gens comme lui. il se rappelle les séances de tir, puis leur dernière rencontre, elle couverte de sang et lui simplement perdu. oui, elle se débrouillera, il en est certain.

mais tout ça, c'est simplement un moyen de ne pas répondre. est-ce qu'il veut venir ? la dernière fois... il n'a pas encore envie d'y penser. il fixe Garance, les yeux plissés, une seconde de trop. puis l'idée de rentrer seul tout de suite, avec l'envie de s'arracher à nouveau la peau juste car il est trop loin finit de le convaincre de profiter du temps qu'il peut passer avec lui. et d'accord. mais je donne pas de coup de main, je suis pas un putain de maçon ou un connard qui se salit les mains.

c'est tout ce qui lui faut pour se décider et monter dans la voiture de Garance, un peu plus sereinement que la dernière fois, peut être aussi car il s'est approprié le paquet de cigarettes toujours posé sur le toit de la voiture, entre eux deux. il s'en allume une pour digérer tout ce qui s'est passé.

cette fois, fais semblant qu'un policier te regarde conduire.

c'est presque plus simple, de faire semblant de ne pas avoir d'émotions.
Winchester Nova a conclu toute cette affaire en décrétant que Garance Giesler lui plait, et c'est tout, dossier classé, archivé, rangé au fond de son crâne, prêt à prendre la poussière. tout est sous scellé, il n'aura plus à y penser. c'est simple. il n'a qu'à suivre ses envies, sans y réfléchir trop intensément. il a eu envie de rester près de lui, alors il est monté dans la voiture, et c'est tout.

il ne pense à rien qui le concerne, quand il fume tranquillement comme un sage passager. il pense simplement à Gentiana Giesler, il a hoché la tête pour dire qu'il la connait, sans rien ajouter. il songe à refaire bientôt l'entretien de son arme de service et de son fusil, fait l'inventaire mental des munitions cadenassées chez lui. il n'écoute pas Garance Giesler, il lui plait, et c'est tout, il n'a pas à l'écouter. il le sent à côté, c'est tout ce qu'il veut pour l'instant. il ne fait même pas attention à sa façon de conduire, malgré ses reproches en s'installant. il constate à peine la présence du miroir installé derrière. il est trop occupé à regarder la lumière des lampadaires se refléter sur le capot, en se demandant s'il doit racheter un flacon d'huile.

le Sous-Lieutenant n'écoute pas plus quand ils arrivent. il descend, et voit immédiatement tous les chats. il entend les mots, mais n'écoute pas, la voix de Garance Giesler est plus jolie que son vocabulaire, de toute façon.

hein ? il finit par admettre qu'il ne faisait attention à rien. accroupi, dos à Garance, c'est à peine s'il tourne la tête vers lui, trop occupé à caresser ce petit mâle gris qui est tout de suite venu se frotter contre ses jambes. il lui faut un peu de temps pour comprendre la requête, et il ne peut s'empêcher de sourire. Winchester Nova ne se sent pas très obligeant ce soir. je suis un connard, ou je suis serviable ? sa main droite continue de gratouiller doucement le chat entre les oreilles. laisse moi réfléchir... hmm...

il se relève en prenant le chat gris dans ses bras. ... nan, j'ai déjà les mains prises. démerde toi, c'est pas moi le con qui a cassé ton miroir. un sourire insolent aux lèvres, toujours occupé avec les chats qui se multiplient pour réclamer un peu d'attention à ses pieds. malheureusement, il n'a rien à leur donner, rien d'autre que des caresses. si tu demandes gentiment, j'appuierais peut être sur le bouton de l'ascenseur ?

regarde comme je suis chiant, Garance Giesler.
ça y est, je t'emmerde assez pour que tu regrettes tout ce que tu m'as dit ?