Le soleil n'a pas encore complètement décliné à l'horizon, les rues des Clématis sont encore vaguement animées. C'était un beau jour d'été, aujourd'hui, une journée chaude, et les plages ont été assaillies. Les commerces aussi.

Veronica est allé prendre le petit déjeuner à la maison familiale avec sa mère et son beau-père, un moment peu agréable, mais aujourd'hui encore plus que les autres. Une étrange impression occupait son esprit depuis cette nuit, l'empêchant de fermer l'œil tout autant que d'être pleinement éveillée. Un sentiment qu'elle ne comprenait pas, ou plutôt un flux d'émotions tout aussi contradictoires les unes que les autres ; la curiosité, la plénitude, la tristesse, l'angoisse, la colère. Ces sentiments n'étaient pas tous les siens, mais ce concept est encore trop nouveau pour en faire la distinction.

La journée lui semble plutôt floue. Elle est partie de la maison familiale en compagnie de Zeus et Kiffa, a pris sa voiture et a roulé, sans arrêt, jusqu'à l'extérieur de la ville, a fait quelques arrêts, puis est revenue jusqu'à l'hôtel. Elle a dormi, un peu, un sommeil léger.

Elle ne sait pas quoi faire.

Le nom et le visage de M. Wallace lui reviennent, constamment. Elle n'est pas certaine de vouloir le retrouver (et cela l'étonne elle-même).

Mais il le faut.

Et ça lui fout presque la gerbe, parce qu'elle sent bien que ce désir ne vient plus d'elle-même, mais d'une nécessité imposée, et elle résiste. Elle a la trouille, sans comprendre pourquoi.

Veronica se décide à quitter l'hôtel peu après l'heure du dîner, en compagnie de ses deux compagnons au pelage blanc. Perdue dans son esprit, ses pieds la guident instinctivement vers... le Planetbucks, là où ils se sont rencontrés.

Incertaine, elle entre dans cet établissement qu’elle connait si bien. Il n’est pas là, heureusement ou malheureusement.

Un petit « Bonsoir ! » l’interpelle, et elle se dirige machinalement vers le comptoir.

« Bonsoir… euh. elle observe les panneaux, sans vraiment les voir. De son index, elle pointe une boisson, la plus chère du menu. …je vais prendre ça… avec une pointe de tarte, n’importe laquelle. »

Elle le retrouvera, mais pas ce soir.

 HRP — sorry, je profite de notre rp pour mettre la situation en place    

« Celle au matcha, ce sera très bien. Je ne suis pas pressée. »

Elle n’avait même pas encore prêté attention à l’employé depuis son entrée dans le Planetbucks, et ce n’est qu’au nom du duo de chiens qu’elle reprend un peu conscience de son environnement. Elle reconnaît alors le visage et la voix du jeune homme, le meilleur employé du café (à son avis). Toujours si gentil et patient, en plus d’être vraiment mignon.

À son nom, Zeus aboie joyeusement et remue de la queue : il ne reconnait que trop bien cet endroit. Ne pas leur donner de beignet serait un affront, ils bouderaient probablement toute la soirée ! La jeune femme lui gratte doucement les oreilles en souriant « Haha ! Oui, quelques beignets pour les petits gâtés, merci… »

La boisson que lui apporte le barista quelques minutes plus tard la fit éclater de rire. Qu’est-ce que c’est que ça? Elle sort son téléphone de sa poche et entreprend d’en prendre des photos pour sa page Instagram, espérant que ce soit aussi bon que beau !

« Eh, on se fait un petit selfie ? » Sans attendre la réponse, elle saute sur le comptoir pour s’y asseoir, éloigne son téléphone au plus loin que son bras le permet, positionne la boisson multicolore près de son visage et tire une grimace, et prend quelques photos avec le jeune homme derrière elle. Bien qu’elle ne soit pas malintentionnée, Veronica respecte assez peu les limites de gens, de l’acceptable et l’inacceptable. Elle peut être particulièrement envahissante, sans jamais s'en rendre compte.

« Ça t’ennuie, si je la publie ? T’inquiète si tu veux pas, c’est pas grave… je peux te l’envoyer en privé, si tu la veux !  » Elle lui parle comme à un ami, et pourtant c’est à peine s’ils se connaissent. Elle redescend du comptoir, jetant un œil aux photos, et son sourire se perd à nouveau. La boule dans son estomac est toujours présente. Tout ça lui semble tellement… meaningless, tout à coup. Un coup d’œil dans l’établissement, il n’y a pas âme qui vive, sauf eux deux.

« Je peux rester un peu… ? Juste pour… discuter.  »

HRP — le unicorn vanilla cafe latte...    

« Mademoiselle Nicky ». Ça la fait doucement sourire, il est si gentil. Ce n'est pas aisé de déterminer quand les gens ne démontrent qu'une gentillesse de façade, mais il semble sincère.

« Ça l'est un peu. » répond-elle, un peu à la blague, lorsqu'il s'excuse pour son indiscrétion. Elle ne le connait pas, et inversement, mais sa sollicitude la touche malgré tout.

« Une mauvaise journée. » ajoute-t-elle d'une voix basse. « Comme un mauvais pressentiment, tu comprends ? Ça fait un poids dans mon estomac. »

C'est tout ce qu'elle a envie de dire à ce sujet. En réalité, il n'y a rien à dire de plus vraiment, elle ne connaît même pas la cause de son bouleversement. Elle glisse la paille entre ses lèvres et prend une petite gorgée de la boisson beaucoup trop colorée. C'est aussi sucré que ça en a l'air, mais étrangement délicieux.

Son regard se tourne vers lui et cherche le tag sur sa chemise.

« Liseron, c'est un joli nom. »

Les deux canidés ont gobé leur gâterie en une bouchée et sont maintenant tous les deux étendus au sol. Ce fut une longue journée.

HRP —