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T’es sortie en douce … Et tu sais quoi, Cora ? Maintenant, tu fulmines. Parce que, tu avais réussi à embarquer une camarade, du lycée, avec toi, dans ta connerie. Tu avais passé ta journée à essayer de la convaincre, juste pour ne pas te retrouver toute seule dans ta bêtise, et elle avait cédé, oui, alors, tu avais fait le mur. Pendant que maman était occupée avec les plus jeunes, tu avais filé en douce de l’appartement familiale. Tu aurais pu demander, pour sortir, mais la réponse, dans ta tête, était évidente : elle aurait dit non. Pourquoi ? Surement pour des raisons de sécurité. Parce qu’en ce moment, le bruit court qu’une espèce de taré agresse des gens. Parce que le journal local est blindé de faits divers atroces et que ta mère est quelqu’un de protecteur, et de censé, aussi. Plus que toi. Bien plus. En fait, Cora, elle est censée comme l’est n’importe quelle mère, parent … et tu t’en rends compte quand tu reçois ce message de ta camarade qui t’annonces que ses parents refusent catégoriquement qu’elle sorte. Elle, tu vois, elle a demandé avant, et rien que ça, ça te fait taper du pied rageusement sur le trottoir parce que ce n’est pas ce que t’appelles faire le mur et que toi, tout ce que tu fais de mal, tu fais pour provoquer ta mère et emmerder le monde. Evidemment, tu insistes, tu lui dis de filer en douce et voilà qu’elle te sort le couplet du rôdeur dangereux, parce que, forcément, ses parents lui ont fait la leçon et que, elle, au moins, visiblement, elle écoute.
Tu es seule, du coup. Ce n’est pas ce que tu voulais et … tu te retrouves un peu bête, maintenant. Tu ne veux pas rentrer, parce que ça fait à peine dix minutes que tu es dehors, que tu sais que maman va te passer un savon et que stupidement, tu estimes que pour une soirée aussi naze, ça n’en vaut pas la peine. Et puis, si ça se trouve, elle ne s’est même pas encore rendu compte de ton absence. C’est ce que tu te dis, alors, tu penses aussi que tu as encore du temps à tuer. Qu’elle s’inquiète, tiens ! C’est ce que tu veux, après tout, qu’elle panique un coup, qu’elle angoisse un moment, jusqu’à ce que tu daignes rentrer. En attendant, toi, tu vas juste t’affaler sur le banc d’un parc, ton téléphone entre les mains, tu lances un jeu au hasard qui ne tarde pas à complètement t’absorber. Tant mieux, non ? Le temps passera plus vite, comme ça.
Tu es seule, du coup. Ce n’est pas ce que tu voulais et … tu te retrouves un peu bête, maintenant. Tu ne veux pas rentrer, parce que ça fait à peine dix minutes que tu es dehors, que tu sais que maman va te passer un savon et que stupidement, tu estimes que pour une soirée aussi naze, ça n’en vaut pas la peine. Et puis, si ça se trouve, elle ne s’est même pas encore rendu compte de ton absence. C’est ce que tu te dis, alors, tu penses aussi que tu as encore du temps à tuer. Qu’elle s’inquiète, tiens ! C’est ce que tu veux, après tout, qu’elle panique un coup, qu’elle angoisse un moment, jusqu’à ce que tu daignes rentrer. En attendant, toi, tu vas juste t’affaler sur le banc d’un parc, ton téléphone entre les mains, tu lances un jeu au hasard qui ne tarde pas à complètement t’absorber. Tant mieux, non ? Le temps passera plus vite, comme ça.
Sale gosse
un parc des CDC
Passer par les CDC pour rentrer chez lui, ce n’est pas son chemin habituel, à Hego. Mais ce n’est néanmoins pas rare. Il y a certains jours, où en rentrant du boulot, il a besoin de faire quelques emplettes, où aller chercher un colis qu’il a commandé… Où environ une centaine d’autres activités. Aujourd’hui, par exemple, Hego devait passer par la pharmacie, récupérer quelques médicaments - dont il ne se rappelle pas le nom, mais qui sont vachement utiles pour qu’il parvienne à avoir des nuits environ paisibles. Oh, bien évidemment, il y en a des plus proches de chez lui, des pharmacies ; mais disons que c’est dans celle-là qu’il est enregistré, et aller ailleurs voudrait dire devoir redonner des papiers pour être dans la base de données, et c’est long, c’est chiant, et surtout la plupart du temps, Hego oublie ce genre de papier chez lui, du coup ça prend dix fois plus longtemps que ça ne devrait. Bref, qu’importe, mais c’est pour aujourd’hui la raison qui a poussé Hego à faire un détour par ce quartier.
Et comme depuis quelques semaines maintenant, Hego est du genre à aller et rentrer à pied. Pas tous les jours, car il lui arrive bien trop souvent de trop traîner le matin ; mais disons que quand il en a l’occasion, ça le détend. Un peu. Il profite de ce moment pour oublier tout ce qui lui tombe dessus, et dernièrement, c’est plutôt assez gros, ce qui lui est tombé dessus. Et dans ce genre de moments aussi, il n’est pas pressé par le temps ; il a déjà regardé au moins trois fois l’heure sur sa montre depuis qu’il est entré dans le parc, mais honnêtement, il ne s’en rappelle plus du tout, parce qu’il en a un peu pas grand-chose à faire. Il attrape son téléphone, Hego, et il lance un jeu au pif. Parce qu’on ne va pas se mentir, le décor des CDC - même dans un parc - est pas ouf, alors il rate pas grand-chose à avoir le regard à moitié sur son écran, à moitié en train de regarder où il met les pieds. Puis, c’est le genre de jeu un peu classique, où t’as un adversaire en ligne qui vient de n’importe quel coin de la planète, et c’est à celui qui a le plus de chance - ou une meilleure connexion, ou un meilleur téléphone, ou qui a le plus tryhard - de gagner. Mais comme Hego est du genre à n'avoir aucune chance, c’est bien évidemment… qu’il perd. Sur le coup, il fait la moue, et soupire - faut dire, c’est jamais cool de perdre, même dans un jeu classé “osef-tier” - mais bon, il en a l’habitude. Parce que, le seul truc d’amusant avec ce jeu, au final, c’est que tu peux voir de quel pays vient ton adversaire, et même combien de kilomètres vous séparent. D’habitude, Hego il voit des nombres qui dépassent les quatres chiffres, parce qu’en vivant sur une île… Mais là, non. Là, littéralement, ça lui dit que son adversaire est dans un rayon de quinze mètres autour de lui. Est-ce-que c’est un peu flippant ? Sur le coup, oui, totalement. Il lève les yeux alors, Hego. Et il n’y a qu’une personne autour de lui. C’est forcément, elle. Alors, il l'interpelle. Parce que c’est une sacrée coïncidence.
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Tu ne te rends même pas compte de la stupidité de ta situation hein … Tu pourrais tout bêtement faire la même chose, sur ton lit, au chaud, et en sécurité, mais, non, tu as choisi d'inquiéter ta mère et de te planter, là, toute seule, dans ce parc à la noix. Tu n'as pas un sou en poche, pas même une piécette qui te permettrais de prendre une boisson quelque part. En clair ? C'est une soirée qui s'annonce atrocement naze, mais, vu que tu es têtue, tu persistes et tu signes dans ta bêtise.
Te voilà donc là, les épaules basses, affalée, comme tu le peux, sur ce banc absolument inconfortable, ton téléphone sous le nez en train de t'acharner sur ce jeu auquel tu ne joues même pas si souvent que ça, juste, sans doute parce que tu es déçue, parce que, comme bien trop souvent, tu te sens en colère sans savoir quoi faire de ça. Et tu sais quoi ? Ce jeu, y'a pas tellement besoin de talent pour gagner, il suffit d'avoir eu un peu de chance, d'avoir les bonnes cartes et toi, ta dernière grosse connerie en date, ça a été de piquer la carte de ta mère pour mettre de l'argent là-dedans, histoire d'obtenir plus de trucs. Elle a hurlé. Tu as été sévèrement punie mais, impossible de faire machine arrière du coup, c'est plutôt satisfaite que tu profites encore de tout ça … et ça t'aides, parce que, ta partie, tu la gagnes en un rien de temps et tu lâches ce petit rire satisfait, prouvant finalement à quel point contrairement à ce que tu peux dire, affirmer, répéter, à longueur de journée, tu n'es qu'une enfant. Rien qu'une gosse … une sale gosse.
Et c'est à ce moment, que cette voix résonne dans le parc. Tu sursautes, Cora, parce que tu étais tellement absorbée dans ce jeu à la noix, que tu n'as ni vu, ni entendu quelqu'un s'approcher, ou passer sur le chemin qui traverse le parc. Tu l'observes, ce type, avant de regarder autour de vous, comme pour savoir s'il ne s'adresse pas à quelqu'un d'autre tandis qu'il se ravise, reprend, recommence, et là … tu comprends, et l'espace d'un instant, tu prends peur. Est-ce que ce type veut se venger d'avoir perdu contre toi ?« Vous … Hé ! Je vous signale qu'elles étaient pourries vos cartes, vous pouviez pas gagner avec ça. Et vous gagnerez pas la prochaine fois non plus. » Tu secoues la tête. Soupire. Et puis, finalement, tu te décales, sur ton banc, pour laisser une petite place. « Je peux vous montrer comment avoir un meilleur jeu, si vous voulez … montrez moi ça. » Là, tu désignes son téléphone. « Que je vous ce que vous avez là-dedans… »
Te voilà donc là, les épaules basses, affalée, comme tu le peux, sur ce banc absolument inconfortable, ton téléphone sous le nez en train de t'acharner sur ce jeu auquel tu ne joues même pas si souvent que ça, juste, sans doute parce que tu es déçue, parce que, comme bien trop souvent, tu te sens en colère sans savoir quoi faire de ça. Et tu sais quoi ? Ce jeu, y'a pas tellement besoin de talent pour gagner, il suffit d'avoir eu un peu de chance, d'avoir les bonnes cartes et toi, ta dernière grosse connerie en date, ça a été de piquer la carte de ta mère pour mettre de l'argent là-dedans, histoire d'obtenir plus de trucs. Elle a hurlé. Tu as été sévèrement punie mais, impossible de faire machine arrière du coup, c'est plutôt satisfaite que tu profites encore de tout ça … et ça t'aides, parce que, ta partie, tu la gagnes en un rien de temps et tu lâches ce petit rire satisfait, prouvant finalement à quel point contrairement à ce que tu peux dire, affirmer, répéter, à longueur de journée, tu n'es qu'une enfant. Rien qu'une gosse … une sale gosse.
Et c'est à ce moment, que cette voix résonne dans le parc. Tu sursautes, Cora, parce que tu étais tellement absorbée dans ce jeu à la noix, que tu n'as ni vu, ni entendu quelqu'un s'approcher, ou passer sur le chemin qui traverse le parc. Tu l'observes, ce type, avant de regarder autour de vous, comme pour savoir s'il ne s'adresse pas à quelqu'un d'autre tandis qu'il se ravise, reprend, recommence, et là … tu comprends, et l'espace d'un instant, tu prends peur. Est-ce que ce type veut se venger d'avoir perdu contre toi ?
Sale gosse
un parc des CDC
Ce n’est pas tous les jours que Hego interpelle le premier venu dans un parc. Pas parce qu’il n’a rien à dire - ça, c’est même l’inverse, Hego a toujours quelque chose à raconter, même si ce n’est pas forcément utile ou pertinent - simplement, il se contente de les ignorer ; sauf s’il s’agit de personnes qu’il connaît. Mais pas aujourd’hui. Pas quand il essaye de rassembler le semblant de normalité qui reste de sa vie. Hego soupire faiblement, quand en voyant l’autre se retourner, il se rend compte que ce n’est qu’une enfant. Certes, enfant n’est pas le mot le plus judicieux, puisqu’on ne parle pas d’un gosse haut comme trois pommes ; mais à ses yeux, Hego la qualifie quand même d’enfant. Il ne le lui dira certainement pas - parce qu’il se souvient de lui, quand il avait environ cet âge-là, il… aurait pris ça pour une insulte, clairement.
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Les adultes, Cora, c'est un sujet que tu maîtrises mal, très mal. C'est bizarre, parce que finalement, un jour, c'est ce que tu deviendras et pourtant, du haut de tes seize ans, ma grande, tu as l'impression d'être incomprise de chacune de ces créatures. D'ailleurs, tu ne les comprends pas davantage, à commencer par ta mère dont chacun des agissements et chacune des paroles te semblent venir d'une autre planète. A croire parfois, que vous ne parlez même pas la même langue. Tu n'aimes pas, avoir de contacts, ou de discussions avec les gens qui ont plus de trois ans de plus que toi, c'est comme ça, quand tu ouvres la bouche, même quand tu as l'impression d'être polie, de t'adresser à eux normalement, ils trouvent encore le moyen de te faire des rappels de vocabulaire ou une leçon de politesse. Ca aura fini par t'agacer.
Ce soir, pourtant, la solitude semble avoir raison de ton sale caractère et quand ce type approche, tu lui fais de la place à tes côtés - ta mère serait furieuse, elle t'as déjà dis de te méfier des inconnus - et tu as ce culot de lui réclamer son téléphone pour juste bidouiller sur son propre jeu. A ta grande surprise, il ne refuse même pas et tu te retrouves là, assise avec son téléphone, à regarder ses cartes et ce qu'il a dans le jeu pour tâcher de lui constituer quelque chose que toi, tu juges fonctionnel et efficace.« Vous êtes quoi ? Prof, un truc comme ça ? » Que tu te demandes, tandis qu'il bavarde à côté de toi. Tu n'as pas levé les yeux de son écran, trop concentrée dans ton tri et dans ton assemblage pour ça. « Vous parlez autant que mes profs. » Trop, donc. Mais au moins, ce n'est pas aussi soporifique, pour le coup.
« T'as pas grand-chose. T'es pauvre ? » Ouais. La logique d'une gamine de seize ans qui n'a pas encore tout à fait la notion complète de la valeur de l'argent et qui se dit à chaque jeu que, si elle était adulte et qu'elle avait un salaire, elle achèterait tout ce qui se trouve en boutique. La vérité, c'est qu'une fois adulte, tes priorités auront changées, mais ça, évidemment … « J'ai fais ce que j'ai pu. Si tu balances pas les plus forts dès le départ, ça devrait te faire gagner assez de matchs pour obtenir d'autres trucs plus intéressants. » Ah, Cora, si seulement tu étais aussi sérieuse pour tes cours, ta mère serait si heureuse. « Tu veux re-tenter ? Je vais te battre mais ce sera un peu moins facile, normalement. »
Ce soir, pourtant, la solitude semble avoir raison de ton sale caractère et quand ce type approche, tu lui fais de la place à tes côtés - ta mère serait furieuse, elle t'as déjà dis de te méfier des inconnus - et tu as ce culot de lui réclamer son téléphone pour juste bidouiller sur son propre jeu. A ta grande surprise, il ne refuse même pas et tu te retrouves là, assise avec son téléphone, à regarder ses cartes et ce qu'il a dans le jeu pour tâcher de lui constituer quelque chose que toi, tu juges fonctionnel et efficace.