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DANCING MONKEY
STP, ME REGARDE PASEt puis, une fois la clope terminée et ton shot de nicotine pris, tu remets ton second visage en place, le fixe, avant d’attraper ta guitare pour venir gratter quelques notes que seul toi peut entendre. C’est ça que de jouer de la guitare électrique sans ampli. Ce que tu fais, pratiquement tous les soirs, en fait. Tout bonnement car tu ne veux jamais déranger personne. Et que tu ne veux pas spécialement attirer l’attention. Tu ne veux pas qu’on te regarde, tu ne veux pas qu’on te remarque, tu veux juste qu’on te laisse tranquille, faire ton travail – oui, bon, hein ! – puis rentrer chez toi.
Tu es juste loin d’imaginer… que pour une fois, on ne va pas juste passer son chemin. Toi, tu es dans ton monde. Tes doigts aux ongles légèrement longs viennent pincer les cordes, les titiller, les gratter, pour répéter quelques morceaux. Des célèbres. Des moins célèbres. Des compositions persos. Ce qui te vient en tête. Ce que le feeling t’amène au bout des doigts, quoi.
Là, pour le coup, c’est Dance Monkey, de Tones and I. Même si ça ne rend pas forcément super bien, sur ton électrique sans ampli. Faudrait qu’on te cale une acoustique entre les pattes pour se rendre compte de comme ça enjaille super bien, ce que tu fais. Même si toi, t’as l’impression, comme toujours, de pas être top. Mais ça, c’est ton problème, aussi. T’as pas confiance en toi et t’as une vilaine et fâcheuse tendance à te rabaisser…
M’enfin… Peut-être que lui il saura tilter que t’es pas qu’une merde. Peut-être. En attendant, toi, tu ne l’as pas encore capté. Et tant mieux, sinon tu serais déjà en train de fuir pour retourner derrière ton comptoir. Ou aller te planquer dans la réserve. Vous le saviez, vous, que la réserve, elle faisait très exactement 3 mètres carrés et qu’elle comptait douze toiles d’araignées ? Il les a compter, oui.
Disparaître.
c Von Appetit
Dancing Monkey
le disquaire du coin
Les fins de journées d'automne rendent toujours Hego un peu nostalgique. Il ne sait pas trop pourquoi, peut-être que ça vient des nuances de couleurs qui parsèment le sol et le ciel ? Ou de cette ambiance à l'approche de l'hiver, des journées qui deviennent de plus en plus courtes. Il ne sait pas trop dire, Hego, mais c'est un peu la sensation qu'il a, en quittant son travail, aujourd'hui. Il y a quelques mois encore, il aurait été heureux. Enfin, peut être pas heureux dans le vrai sens du terme, mais soulagé de quitter le travail. Comme une personne normale. Comme une personne lambda. Mais pas aujourd'hui. Il soupire, Hego, parce que désormais, quitter le travail signifie qu'il n'a plus aucune distraction, et que l'impression de ne pas être là où il devrait être, rongé aussi par une certaine inquiétude de savoir si tout va bien pour elle, Danaé. Mais aussi pour eux, les autres liés qu'il connaît. Et peut-être aussi pour tous ceux qui n'ont rien à voir. Hego, il soupire, parce qu'il aimerait bien pouvoir faire quelque chose pour tout le monde. Mais Hego, ce n'est pas un héros, ça il le sait, et c'est peut-être ce qui le chagrine le plus, que de ne pas être présent pour ceux qui comptent pour lui.
Alors, il marche dans les rues de l'Octant, Hego, il rentre chez lui. Cohabitant avec ses pensées. Se retrouvant extrêmement seul. Trop seul. Alors que pourtant, toutes ses pensées tournent autour d'une foule de monde. Et il soupire à nouveau. Ah, s'il parvenait à mettre sur pause son cerveau parfois, tout serait bien moins fatiguant… Et pourtant, pas certain qu'il le voudrait réellement, Hego, parce qu'il aurait ce sentiment de culpabilité. Hego il se dit aussi que franchement, les émotions humaines sont parfois une véritable plaie. Alors, il fait encore ce qu'il sait faire de mieux, Hego : soupirer.
C'est une mélodie qui vient le tirer de ses pensées, à Hego. Retour à le réalité, pensées mises de côté, il lève le regard en direction de la provenance du son. Oh, il ne prend pas beaucoup de temps à trouver : après tout, ce n'est pas la première fois qu'il en entend, en se baladant ici. Ce n'est autre que ces type, qui travaille dans le magasin de disque du coin. Hego, il n'y fait d'habitude pas super attention, parce que déjà, il n'achète pas de disque - il serait capable de les perdre… ou d'acheter trois fois le même parce qu'il a oublié qu'il l'avait déjà… Mais étrangement, aujourd'hui c'est différent. D'autant plus que le gars, Hego le connaît. Enfin… connaître est un grand mot. Disons qu'ils habitent le même immeuble, qu'ils se sont déjà croisés dans la cage d'escalier - ou alors c'était dans le hall ? Bon, c'est pas très important que ce soit l'un ou l'autre, puisqu'en soit, ils ne se sont jamais vraiment parlé.
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DANCING MONKEY
STP, ME REGARDE PAS« … vous avez … une ouïe fine … »
Tu susurres, doucement, sans le regarder pour autant. Parce que la gratte électrique, sans ampli, ça rend pas grand-chose et ça s’entend pas des masses non plus. Tu inspires, profondément. Avant de …
« Dancing Monkey... »
Tu susurres, peut-être un peu trop bas pour être entendu.
« Dancing… Monkey… »
Tu fais l’effort de répéter. Un peu plus fort. Avant de déglutir, encore. Ça te fait étrange. D’avoir quelqu’un qui te parle. Qui te parle beaucoup, même. Sans mentionner ton masque. Ton look. Ce dont tu as l’air. Ce que tu dégages. Tout ça. Et ça te fait encore plus étrange de répondre. Tu inspires, profondément.
« Si… vous voulez perdre votre temps ici… vous en avez le droit… »
Ce que tu dis n’a aucun sens. Mais bon. Tu finis par revenir gratter sur les cordes de ta guitare aphone. Ou presque. Sans l’ampli, c’est comme si elle avait une angine. La voix qui s’est faite la malle. Ça ne dérange pas. C’est discret. Ce que tu ne diras pas, c’est qu’il y a une guitare acoustique à l’entrée du magasin. Détail qui te titille le cerveau. L’esprit. Mais non. Tu n’iras pas la chercher. Tu n’iras pas, hein ?
Ah. Te voilà déjà à te lever. Et aller chercher la guitare acoustique, posant délicatement ta guitare électrique. Pour ressortir.
« Là… vous entendrez mieux… »
Tu lâches, sans le regarder. Toujours pas, non. Et tu te remets à venir gratouiller, pour l’accorder, pour commencer. Puis reprendre ta chanson. Là, il devrait mieux entendre. Mais sinon…
« Vous aimez quoi, comme musique … ? »
Ne pas déranger. Ne pas imposer. Ne pas s’imposer. Faire plaisir.
c Von Appetit