Fragile World
maison de Isak
DATE : 23 octobre.
Début de soirée relativement doux, tout du moins, un peu plus que ce dont on avait l’habitude dernièrement. Ce n’est pas souvent qu’il sort seul en soirée, surtout depuis les récents évènements, il garde toujours cette crainte de laisser ses filles seules. Mais là, Niel a profité qu’un jeune homme venu donner des cours à son aînée, Anja, pour lui laisser la surveillance des trois autres gamines. En fait, il l’a plutôt imposé que demandé, Niels, mais dans sa tête, ça sonne plus ou moins pareil. C’est pour ça qu'il se retrouve dans les rues de l’Octant, ce soir.
Niels, il gare sa voiture le long de l’allée, face à une petite maison bien particulière. Cette maison, c’est celle de son frère. Fort à parier que s’il avait dit à ses filles où il allait, elles se seraient certainement toutes imposées pour venir avec lui. Et c’est pour ça qu’il n’avait rien dit, Niels, parce qu’aujourd’hui, il voulait uniquement voir Isak seul. Penser à ça, ça le fait sourire, à Niels. Il est content qu'ils s’entendent tous bien. Ah, si seulement ça pouvait en être de même avec toute la famille… Les choses seraient plus simples, il y aurait probablement bien moins de tensions, bien moins de problèmes.
Dans les faits, Niels rend assez régulièrement visite à son frère. Que ce soit parce qu’il lui prépare quelques plats dans l’espoir que Isak n’oublie pas de manger, que ce soit pour prendre de ses nouvelles, que ce soit pour vérifier qu’il aille bien, que ce soit simplement pour parler. Et cette fois-ci ne coupe pas des habitudes, c’est un peu pour les mêmes raisons, que Niels se retrouve ici. Et en plus de ça, pour lui demander d’être prudent. De faire attention. Surtout avec ce qu’il se passe. Surtout… Niels, il n’est pas très doué pour exprimer ses sentiments envers les autres ; surtout quand il tient à cette personne, comme c’est le cas de Isak. Et dans ce cas là, la seule chose qu’il soit capable de faire, c’est celle de veiller à leur sécurité. Parce que ça, encore, c’est quelque chose qu’il pense être capable de faire. Parce que ça signifie veillez à ce qu’ils aillent toujours bien… Mais sans pour autant exprimer que Niels veuille qu’ils aillent bien.
Sur le point de toquer à la porte, Niels se ravise et pousse directement la poignée. C’est un peu bête, il pourrait tout simplement toquer ou sonner, ça serait plus simple… Et moins intrusif aussi. Mais il ignore pourquoi il a ce geste, Niels. Et comme la porte s’ouvre, il se permet d’entrer. Il note mentalement que laisser une porte non verrouillée, ce n’est pas génial question sécurité. Niels en fera sans doute la remarque à Isak, il ne pourra pas s’en empêcher.
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Ft. Niels 21h06Octant, maison
Depuis quelques jours, tu n’es plus vraiment toi. Plus distant. Plus effacé. Pas que tu sois particulièrement extraverti en règle générale mais là, c’est pire. Tu renfermes sur toi moi-même. Te caches derrière ta carapace de froideur, au sens propre comme figuré. Tu n’es pas prêt pour tous ces changements. En sortant de cure pour la énième fois, on t’a dit d’y aller doucement, de reprendre un rythme, une routine. Et voilà qu’une étoile a décidé de la casser, ta routine. Ça te fait peur parce que c’est nouveau. Ça te fait peur parce que tu ne sais pas de quoi tu es capable. Pas complètement du moins. Et puis tu as peur de replonger dans tes travers. Tu as peur d’être tenté à nouveau, de reprendre de la drogue, n’importe laquelle. Ça a fait ses preuves par le passé. Ça te permettait d’oublier.
Aujourd’hui, tu n’as pas le droit de t’oublier. Tu aimerais beaucoup pourtant. Mais il y a trop en jeu. Il y a ta vie, pas qu’elle soit d’une grande importance, surtout il y a celle des autres. Les autres liés. Celleux qui se font tuer aux ordres de Rastaban. Tu n’as pas envie de prendre part à ça. Tu ne veux pas assassiner. Tu ne veux pas qu’autrui meurt par ta faute. Une fois, c’était suffisant. Une fois, c’était trop. Plus jamais ça. Ton pacifisme est étonnant quand on sait que tu n’as aucun mal à casser des gueules à la demande de ton frère. Mais la mort, c’est tout autre chose. C’est non. Tu refuses. Tant pis pour l’étoile.
Le bruit de la porte d’entrée te fait sursauter. Heureusement, la voix qui suit t’apaise tout de suite. Onyx aboie. Topaze reste couchée. Elle est trop vieille. Et puis elle connaît assez Niels pour ne pas avoir à lui grogner dessus dès qu’il entre. Tu siffles. Le chien s’arrête. « Tu as bien fait, entre. » Chez toi c’est chez lui. Il fait comme il veut. De toute façon et par pur sécurité, il a un double de tes clefs si jamais. Juste parce qu’on ne sait jamais. Juste parce que toi même, t’as pas confiance en toi. « Tout va bien ? » Tu demandes presque inquiet. Tu as l’habitude de voir ton frère chez toi mais peut-être pas aussi tard. Pas en ce moment du moins. « Les filles sont en sécurité ? » Ça t’échappe. Mais avec les récents événements, il comprendra. Il sait à quel point tu tiens à tes nièces.
Aujourd’hui, tu n’as pas le droit de t’oublier. Tu aimerais beaucoup pourtant. Mais il y a trop en jeu. Il y a ta vie, pas qu’elle soit d’une grande importance, surtout il y a celle des autres. Les autres liés. Celleux qui se font tuer aux ordres de Rastaban. Tu n’as pas envie de prendre part à ça. Tu ne veux pas assassiner. Tu ne veux pas qu’autrui meurt par ta faute. Une fois, c’était suffisant. Une fois, c’était trop. Plus jamais ça. Ton pacifisme est étonnant quand on sait que tu n’as aucun mal à casser des gueules à la demande de ton frère. Mais la mort, c’est tout autre chose. C’est non. Tu refuses. Tant pis pour l’étoile.
Le bruit de la porte d’entrée te fait sursauter. Heureusement, la voix qui suit t’apaise tout de suite. Onyx aboie. Topaze reste couchée. Elle est trop vieille. Et puis elle connaît assez Niels pour ne pas avoir à lui grogner dessus dès qu’il entre. Tu siffles. Le chien s’arrête. « Tu as bien fait, entre. » Chez toi c’est chez lui. Il fait comme il veut. De toute façon et par pur sécurité, il a un double de tes clefs si jamais. Juste parce qu’on ne sait jamais. Juste parce que toi même, t’as pas confiance en toi. « Tout va bien ? » Tu demandes presque inquiet. Tu as l’habitude de voir ton frère chez toi mais peut-être pas aussi tard. Pas en ce moment du moins. « Les filles sont en sécurité ? » Ça t’échappe. Mais avec les récents événements, il comprendra. Il sait à quel point tu tiens à tes nièces.
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maison de Isak
Tout sentiment d’inquiétude vis-à-vis de son frère retombe quand il entend sa voix. Le savoir là, en forme - visuellement, tout du moins - ça a un côté plutôt réconfortant. L’un des chiens jappe, il aboie, Isak l’arrête.
Alors, Niels, pour ne rien laisser paraître, il ne change pas ses habitudes. Il ne change pas la suite logique de ses actions. Maintenant qu’il est entré, il pose ses affaires sur l’une des chaises du salon, pose son téléphone sur l’un des meubles facile d’accès, histoire de pouvoir y répondre si jamais l’une de ses filles venait à l’appeler. Rien ne change, chez Niels. Absolument rien. Et dans les faits, Niels, il a juste envie de s’assurer que Isak aille bien, que Isak ait ce qu’il faut pour vivre, que Isak n’oublie pas de prendre ses repas, que Isak sache qu’il n’est pas seul. L’habituel. Le quotidien. Mais plus encore aujourd’hui.
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Ft. Niels 21h06Octant, maison
Tes épaules se haussent. Est-ce que tu vas bien ? Non pas vraiment. Mais tu ne vas pas mal non plus. Alors ce haussement d’épaules est ta seule réponse. Parce que tu ne veux pas mentir. Tu ne veux pas lui dire ce qu’il se passe. Tu ne veux pas qu’il s’inquiète. Il n’a pas besoin de ça. Et puis tu n’es plus un enfant maintenant. Tu es un adulte. Niels n’est plus obligé d’avoir ce sentiment d’obligation de protection envers toi. Parce que toi, tu sais te protéger tout seul. N’est-ce pas ? Sauf que toi Isak, ta seule défense c’est l’attaque. La seule chose que tu sais faire c’est mordre, te battre, comme un chien fou. T’as rien dans la caboche et t’es bon qu’à ça.
Tu pousses un soupir de soulagement plus ou moins discret quand il t’avoue que les filles sont en sécurité, qu’elles ne sont pas seules. Ouf. Tu crois que, dans le cas contraire, tu l’aurais secoué comme un vieux prunier pour lui demander ce qu’il a en tête et pourquoi est-ce qu’il est si bête. Tu sais ce qu’il se passe, dans les rues de Polaris. Pas tout bien sûr. Juste assez pour ne pas être rassuré à l’idée de savoir tes nièces sans personne pour les protéger. Peut-être devrais-tu leur apprendre à se battre ?
« Oui oui, je sais qui est Prudence. » Que tu rétorques, un peu sur la défensive sans t’en rendre compte plus que ça. Autochtone, tu n’aimes pas ce mot. Tu ne l’aimes plus. Tu l’as employé si longtemps pourtant. Et pendant si longtemps tu n’en avais rien à faire. Ce n’était qu’un mot. Et ces gens, même pas vraiment des gens à tes yeux. De l’argent facile pour ton frère, c’est tout. Mais Prudence… Elle est arrivée dans ta vie comme une tornade. Elle a tout bazardé et t’a rien vu venir. Vous êtes liés. Que tu le veuilles ou non. Et cette gamine, tu l’apprécies. « On s’entend bien oui je suppose. On se voit de temps en temps. Elle est gentille. Pourquoi ? Elle te doit de l’argent ? » Tu veux bien casser les genoux de n’importe qui pour Niels mais Prudence c’est non. Hors de question.
Tu n’as pas le temps de l’arrêter qu’il entre dans ta salle de bain. Oui vas-y Niels Bjorntvedt, fais comme chez toi. D’habitude, t’en as rien à faire qu’il entre et sorte dans les pièces de ta maison comme il en a envie. Mais là… Disons que là c’est délicat. T’as merdé. Tu contrôles rien. T’es nul. Nul. Mauvais. Ton pouvoir, tu n’arrives pas à en faire quoi que ce soit. Quand tu veux l'utiliser, rien ne se passe. Et quand tu ne veux rien, tu te retrouves à avoir une baignoire gelée. Pourvu qu’il ne voit rien. Merde. Tu te raidis rien qu’à l’entendre. Un rire nerveux t’échappe. « Euh… Ouais… C’est pour euh… T’occupes pas va. » Tu ne sais pas mentir Isak. Tu ne sais pas mentir et encore moins à Niels. « Tu veux.. boire un truc ? » Que tu demandes pour détourner l'attention.
Tu pousses un soupir de soulagement plus ou moins discret quand il t’avoue que les filles sont en sécurité, qu’elles ne sont pas seules. Ouf. Tu crois que, dans le cas contraire, tu l’aurais secoué comme un vieux prunier pour lui demander ce qu’il a en tête et pourquoi est-ce qu’il est si bête. Tu sais ce qu’il se passe, dans les rues de Polaris. Pas tout bien sûr. Juste assez pour ne pas être rassuré à l’idée de savoir tes nièces sans personne pour les protéger. Peut-être devrais-tu leur apprendre à se battre ?
« Oui oui, je sais qui est Prudence. » Que tu rétorques, un peu sur la défensive sans t’en rendre compte plus que ça. Autochtone, tu n’aimes pas ce mot. Tu ne l’aimes plus. Tu l’as employé si longtemps pourtant. Et pendant si longtemps tu n’en avais rien à faire. Ce n’était qu’un mot. Et ces gens, même pas vraiment des gens à tes yeux. De l’argent facile pour ton frère, c’est tout. Mais Prudence… Elle est arrivée dans ta vie comme une tornade. Elle a tout bazardé et t’a rien vu venir. Vous êtes liés. Que tu le veuilles ou non. Et cette gamine, tu l’apprécies. « On s’entend bien oui je suppose. On se voit de temps en temps. Elle est gentille. Pourquoi ? Elle te doit de l’argent ? » Tu veux bien casser les genoux de n’importe qui pour Niels mais Prudence c’est non. Hors de question.
Tu n’as pas le temps de l’arrêter qu’il entre dans ta salle de bain. Oui vas-y Niels Bjorntvedt, fais comme chez toi. D’habitude, t’en as rien à faire qu’il entre et sorte dans les pièces de ta maison comme il en a envie. Mais là… Disons que là c’est délicat. T’as merdé. Tu contrôles rien. T’es nul. Nul. Mauvais. Ton pouvoir, tu n’arrives pas à en faire quoi que ce soit. Quand tu veux l'utiliser, rien ne se passe. Et quand tu ne veux rien, tu te retrouves à avoir une baignoire gelée. Pourvu qu’il ne voit rien. Merde. Tu te raidis rien qu’à l’entendre. Un rire nerveux t’échappe. « Euh… Ouais… C’est pour euh… T’occupes pas va. » Tu ne sais pas mentir Isak. Tu ne sais pas mentir et encore moins à Niels. « Tu veux.. boire un truc ? » Que tu demandes pour détourner l'attention.
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maison de Isak
Le ton qu’emploie Isak pour lui répondre, ça le surprend un peu, à Niels. Il ignore en quoi il a pu se sentir attaqué par ce qu’il a pu dire. Enfin, c’est peut-être lui, Niels, qui ne parvient plus trop à agir de façon correcte ? Tellement perturbé par ce qui lui tombe dessus, par ce à quoi il doit faire face, à sa nouvelle condition... En aurait-il alors fait involontairement subir les frais à Isak ? Mh. Il ne pense pas. Mais ça, c’est surtout parce que Niels refuse de croire que l’erreur peut venir de lui - ça lui jouera des tours, un jour, de penser ainsi… Il porte un regard interrogateur à son frère. Ah, s’il-te-plaît, Isak, pas maintenant, on va pas se prendre la tête pour rien. J’ai clairement pas la patience pour... Cela dit, Niels n’a jamais la patience pour ça.
Et c’est une fois dans cette salle de bain que l’ambiance change un peu. S’il avait su, Niels, il aurait juste rien dit. Mais, il ne peut pas rien dire, n’est-ce pas ? Niels, il ne s’attendait à rien. Pas même à une réponse, à vrai dire. Parce que dernièrement, les réponses, malgré le fait qu’il en voulait, ça faisait plus de mal que de bien à entendre. En référence à toute cette… Histoire d’Étoile. Mais là. Ce que Isak dit, son rire nerveux, et les mots - balbutiements plutôt - ça ne l’amuse pas, à Niels. T’occupes pas va ? C’est vraiment ça, l’excuse qu’il va lui sortir ? Bras croisés, il sort de la pièce.
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Ft. Niels 21h06Octant, maison
Tu ne cherches pas à en savoir plus sur Prudence. Ça ne sert à rien. Tu ne sais pourquoi il a commencé à en parler. Et tu n’es pas sûr de vouloir le savoir vraiment. C’est juste ce qu’il fait Niels. Il est comme ça. Et il faut bien avouer que c’est une partie de lui qui t’agace. Tu n’aimes pas qu’il fouine. Tu n’aimes pas qu’il fouille. Qu’il se renseigne comme il le dit si bien. Sur n’importe qui d’autre, tu n’en aurais rien à faire. Après tout, tu te moques pas mal d’autrui. Ils ne sont pas importants. Mais toi. Tu es son frère. Son petit frère. Et si tu imagines bien que ce n’est que dans le but de te protéger, ça t'énerve. Tu n’es plus un enfant. Tu n’as plus besoin de chaperon. Tu n’as plus besoin que l’on te surveille sur toi en permanence. Alors tu soupires. Un soupir lourd. Un soupir las. « Ah oui tu fais ça si bien. Si tu pouvais éviter de fouiner et de te renseigner sur ma vie par contre ça m’arrangerait. » Tu le lui as déjà dit. C’est sûr. Certains même. Mais il n’entend pas. Niels n’entend jamais. Niels ne fait que ce qu’il veut. Et ce qu’il veut ce n’est pas raccord avec tes propres désirs. Peu importe Isak. Peu importe. Tu balaies cette discussion sous le tapis. Tu passes l’éponge. Aucune envie de te disputer avec lui. Pas la force. Pas la patience.
Oh tu n’aimes pas la posture qu’il prend. Tu hais ses bras croisés. Tu détestes le ton qu’il emploie. Tu as l’impression d’être un gamin à nouveau. D’avoir seize, dix-huit, vingt ans à nouveau. Son visage crispé, tu ne veux pas le voir. Alors tu lui tournes le dos. « C’est pour rien je t’ai dis. T’es pas obligé de savoir tout ce que je fais et pourquoi je le fais. » La cafetière qui s’ouvre. Le filtre. L’eau. Puis ça coule. L’odeur du café remplit la pièce comme si c’était le matin. Et ta main devient froide. Froide. Glacée. Et ta colère monte. Monte. Déborde. Il n’a pas le droit de parler de ça. Il n’a pas le droit de ramener ça sur la table. Pas maintenant. Pas alors que tu galères tellement à ne pas replonger. « On dirait Maman putain. Vous n'avez que ça à la bouche. » Tu te crispes. Ta mâchoire se serre. « Et puis merde ! Comment t’as fait le rapprochement glace drogue ? Ça a genre aucun putain de rapport. » Pourquoi faut-il qu’ils te ramènent toujours tous à ça ? Ils veulent te voir sobre mais ne parle que de ton passé sombre. Alors Isak, tu tiens le coup ? Alors Isak, c’est pas trop dur ? Alors Isak, ça fait combien de temps maintenant ? Ta gueule, ta gueule, ta gueule. Au fond, il s’inquiète. Au fond, ce n’est pas pour te blesser, pas pour être méchant. Tu le sais. Mais dans l’instant, déverser ta frustration sur cette phrase spécifiquement c’est bien plus simple que de lui dire la vérité.
Oh tu n’aimes pas la posture qu’il prend. Tu hais ses bras croisés. Tu détestes le ton qu’il emploie. Tu as l’impression d’être un gamin à nouveau. D’avoir seize, dix-huit, vingt ans à nouveau. Son visage crispé, tu ne veux pas le voir. Alors tu lui tournes le dos. « C’est pour rien je t’ai dis. T’es pas obligé de savoir tout ce que je fais et pourquoi je le fais. » La cafetière qui s’ouvre. Le filtre. L’eau. Puis ça coule. L’odeur du café remplit la pièce comme si c’était le matin. Et ta main devient froide. Froide. Glacée. Et ta colère monte. Monte. Déborde. Il n’a pas le droit de parler de ça. Il n’a pas le droit de ramener ça sur la table. Pas maintenant. Pas alors que tu galères tellement à ne pas replonger. « On dirait Maman putain. Vous n'avez que ça à la bouche. » Tu te crispes. Ta mâchoire se serre. « Et puis merde ! Comment t’as fait le rapprochement glace drogue ? Ça a genre aucun putain de rapport. » Pourquoi faut-il qu’ils te ramènent toujours tous à ça ? Ils veulent te voir sobre mais ne parle que de ton passé sombre. Alors Isak, tu tiens le coup ? Alors Isak, c’est pas trop dur ? Alors Isak, ça fait combien de temps maintenant ? Ta gueule, ta gueule, ta gueule. Au fond, il s’inquiète. Au fond, ce n’est pas pour te blesser, pas pour être méchant. Tu le sais. Mais dans l’instant, déverser ta frustration sur cette phrase spécifiquement c’est bien plus simple que de lui dire la vérité.
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maison de Isak
L’attitude défensive que prend Isak, c’est quelque chose qui ne lui plaît pas du tout à Niels. Au fond de lui, ça résonne un peu comme si son frère avait quelque chose à cacher et dont il préférait taire plutôt qu’en parler. Ce qui est compréhensible, en soit, on a tous des secrets, des choses à cacher. Mais, quand il s’agit de Isak, Niels n’aime pas trop qu’il y ait des secrets. Il lui tourne le dos maintenant, avec le prétexte - bien que non dit - de préparer le café ; Niels, il voit ça plutôt comme le fait d’éviter de lui faire face. Alors forcément, tout ce qu’il peut y voir, c’est que Isak a replongé dans ses dérives. C’est peut-être aussi parce qu’en ce moment, certaines choses lui tombent sur le coin du nez, à Niels, faisant qu’il se retrouve bien plus attentif au moindre détail, qu’il en devient presque un peu paranoïaque… Et il ne dit rien de plus, Niels, histoire de laisser à son frère le temps de réfléchir, et les occasions de lui répondre. Jusqu’à ce qu’il évoque leur mère, qu’il sente que la tension monte d’un cran. Et, Niels étant Niels, il démarre au quart de tour quasi immédiatement après.
Et puis, vient le moment du début de l’explosion, presque le point de non retour. Il se freine, Niels, oh combien il se retient de ne pas exploser à son tour. Mieux vaut pas, hein. Ce n’est pas le moment de se mettre en froid avec son frère.
Il s’avance dans la cuisine, tout en laissant quand même une bonne distance entre eux. C’est sans doute mieux ainsi.
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Ft. Niels 21h06Octant, maison
Niels ne te comprend pas. Niels ne comprend rien. Comment le pourrait-il ? Il ne sait pas ce qu’il se passe dans ta vie. Il ne sait pas pour les étoiles. Pour ton pouvoir. Et c’est bien mieux comme ça. Tu es assez perdu là-dedans. Tu n’as pas besoin de l’y mêler. Ce serait trop dangereux. Pour lui. Pour les filles. Pour toi aussi. Pourtant, tu n’as qu’une envie, tout lui crier, tout lui dire. Lui dire pour qu’il te laisse tranquille. Lui dire pour qu’il arrête de toujours tout ramener à tes dépendances. « Six mois Niels. Ça fait six putain de mois que je n’ai pas touché à une goutte d’alcool, pas une piqure, pas un rail. Rien. Je vais à toutes les réunions NA, à tous mes rendez-vous. Et crois moi bien que c’est très compliqué de rester sobre. Mais t’en sais rien. Maman non plus. Vous êtes juste là à juger de loin sans jamais voir les efforts que je fais. » Et ton père, on n’en parle même pas. À part te rabâcher indirectement que tu es un raté et qu’Amanda est morte par ta faute, il ne sait pas faire grand chose. « Alors si tu viens pour me faire la morale, tu peux juste prendre la porte. »
Tu es fatigué. Épuisé par ce qui te tombe dessus. Épuisé par les réflexions de ton frère. Tu te laisses tomber sur l’un des tabourets de l’îlot central. Pendant un instant le silence. Un instant seulement. Ta main passe dans tes cheveux pour les remettre en arrière. Un long, long, soupir accompagne ton geste. « J’ai le droit d’être évasif. C’est encore ma vie privée à ce que je sache. Crois moi que si la situation avait été inversée tu aurais fait pareil. À l’exception près que tu es un bien meilleur menteur que moi. » Oh si Niels avait été à ta place, tu n’aurais rien vu c’est sûr. Parce qu’il est manipulateur. Surtout parce que tu ne sais pas remettre en doute la parole de ton aîné. C’est le grand frère, ton grand frère, celui que tu as toujours admiré sans vraiment de raisons. Tu lèves les yeux au ciel quand il te dit qu’il te croit. « Peut-être pas si bon menteur que ça finalement. » Le fait est que, peu importe ce qu’il pense, il y a des choses que tu ne sais pas entendre. Toi, vilain petit canard dans cette famille, tout le monde est contre toi. Tout le temps. Toujours.
Tu te crispes à sa dernière phrase. Au même moment, la cafetière se met à bipper et te sauve de l’embarras pendant un instant. Deux tasses. Le café qui coule dans l’une, puis dans l’autre. Le liquide chaud qui te brûle la langue, la gorge. Tu ne bronches pas. Tes ongles vernis de noirs tapotent sur la tasse dans un tic nerveux. « Je ne peux rien te dire. Parce que c’est tellement délirant que tu vas être persuadé que je suis cinglé, ou sous substance. Pis ça pourrait te mettre en danger et donc mettre en danger les filles. Et ça… ça… » Oh ça, ce serait inacceptable. « J'imagine que c'est beaucoup te demander mais fais moi juste confiance. » Pour une fois.
Tu es fatigué. Épuisé par ce qui te tombe dessus. Épuisé par les réflexions de ton frère. Tu te laisses tomber sur l’un des tabourets de l’îlot central. Pendant un instant le silence. Un instant seulement. Ta main passe dans tes cheveux pour les remettre en arrière. Un long, long, soupir accompagne ton geste. « J’ai le droit d’être évasif. C’est encore ma vie privée à ce que je sache. Crois moi que si la situation avait été inversée tu aurais fait pareil. À l’exception près que tu es un bien meilleur menteur que moi. » Oh si Niels avait été à ta place, tu n’aurais rien vu c’est sûr. Parce qu’il est manipulateur. Surtout parce que tu ne sais pas remettre en doute la parole de ton aîné. C’est le grand frère, ton grand frère, celui que tu as toujours admiré sans vraiment de raisons. Tu lèves les yeux au ciel quand il te dit qu’il te croit. « Peut-être pas si bon menteur que ça finalement. » Le fait est que, peu importe ce qu’il pense, il y a des choses que tu ne sais pas entendre. Toi, vilain petit canard dans cette famille, tout le monde est contre toi. Tout le temps. Toujours.
Tu te crispes à sa dernière phrase. Au même moment, la cafetière se met à bipper et te sauve de l’embarras pendant un instant. Deux tasses. Le café qui coule dans l’une, puis dans l’autre. Le liquide chaud qui te brûle la langue, la gorge. Tu ne bronches pas. Tes ongles vernis de noirs tapotent sur la tasse dans un tic nerveux. « Je ne peux rien te dire. Parce que c’est tellement délirant que tu vas être persuadé que je suis cinglé, ou sous substance. Pis ça pourrait te mettre en danger et donc mettre en danger les filles. Et ça… ça… » Oh ça, ce serait inacceptable. « J'imagine que c'est beaucoup te demander mais fais moi juste confiance. » Pour une fois.