a younger hunger
15h58 - forêt des astrales - isak bjørntvedt
…
Petit silence. Gros sanglots. Prudence décrète qu'elle en a marre des labyrinthes de bitume, elle entraîne Isak à l'écart, dans la forêt, hors de la ville. Ils ont pris la voiture d'Isak pour s'y rendre, qui n'a pas manqué de rendre Prudence malade comme jamais, et se retrouvent aux abords de la forêt alors que le soleil est haut dans le ciel.
La simple vision de la forêt a de quoi émouvoir Prudence. Elle veut rentrer. Que dirait le cercle deux, si elle décidait de tout laisser derrière elle pour rejoindre son village, pour rejoindre ses proches, ceux qu'elle aime peut-être vraiment. Elle a conscience que le cercle de Rastaban ne lui donnera rien. Ce ne sont que des spectres, des mirages, des fantômes. Ce ne sont pas de vrais liens qui les unissent, loin du Soleil, loin de la Lune. Elle sait... qu'il l'attend. Et quand il ne l'attendra plus, ce sera lui qui viendra la chercher. La raisonner, peut-être. Penses-tu que nous pourrions être capables... de nous enfuir ? La question s'échappe d'elle-même de ses lèvres, alors qu'elle crapahute au milieu des pins, Isak à ses côtés.
Rastaban l'observe sûrement, la hait sûrement pour ses paroles naïves et optimistes. Prudence se surprend à esquisser un sourire. Je veux rentrer chez moi, elle annonce. J'ai bon espoir que le cercle se défasse un jour, et qu'on puisse... je ne sais pas. Je ne pourrais pas retourner à la normale, elle se rend soudainement compte, et stoppe sa marche pendant une minuscule seconde. Mais vous, vous le pouvez. Ce... serait bien. Le lac où elle veut emmener Isak est encore un peu loin. Elle plisse les yeux pour observer à travers les arbres, attentive.
Hunger
Vous avez pris ta voiture, évidemment. T’es pas trop sûr de comment vous auriez fait sinon. Il y a des bus pour aller en forêt ? Prudence a le permis ? Tu en doutes fortement. Et de toute façon tu t’en fous. Tu aurais pu emmener les chiens avec vous. Quoique peut-être pas Topaze, elle se fait trop vieille pour ce genre d’exercice. Mais Onyx est encore jeune et fougueux, surtout con. Mais on a le chien qu’on mérite. Tu n’en as rien fait pour pouvoir passer du temps seul avec Prudence. Parce que la situation n’est pas idéale. Parce qu’elle a sans doute besoin de ta présence et seulement ta présence. Pas celle d’un canidé baveur, aussi gentil soit-il.
Ta capuche enfoncée sur ta tête, les mains dans les poches, tu hausses les épaules à la question qu’elle te pose. « J’en doute. Je ne sais pas. Il nous retrouverait nan ? Rastaban je veux dire… » L’idée de croiser ton étoile ne t’enchante pas vraiment. C’est horrible de ressentir ce que tu ressens Isak. Tu sais que tu es attaché, lié, à cette entité. Tu sais que tu es censé la protéger. Tu en serais tout à fait capable. Mais une autre part de toi refuse complètement. Tu ne veux pas faire souffrir qui que ce soit. Tu ne veux pas tuer ni que l’on tue. Et dans ta tête ça s’entrechoque en un vacarme désastreux. Tu veux surtout garder Prudence en sécurité. Tu as l’impression d’être plus lié à elle qu’à Rastaban, cette étoile de malheur qui n’ose même pas venir se présenter à toi. Quel courage. L’optimisme soudain qu’elle montre t’arrache un sourire. « Si c’est possible pour nous, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible pour toi. » Pourtant tu en vois des manières. Si on lui fait du mal. Si elle se fait prendre pour ses meurtres. « On retournera tous à la normale Prue. Toi aussi. Je ferais tout pour. Enfin tout… à part tuer des gens… mais ça tu connais déjà pas position sur le sujet… » Tu ris, embarrassé mais amusé. Tu l’aimes bien Prudence. Tu l’aimes bien comme une petite sœur que tu veux protéger à tout prix.
a younger hunger
15h58 - forêt des astrales - isak bjørntvedt
Prudence aime bien qu'on l'appelle "Prue". C'est un surnom qui semble unir toutes ses connaissances. C'est un surnom, et par extension ce n'est pas une bonne chose - personne n'est censé raccourcir ou modifier le nom que les dieux lui donnent. Mais Prue... c'est un surnom qu'elle apprécie. Sous son masque, elle sourit.
Ils prennent une montée qui les emmène au coeur de la forêt. Le sol est couvert d'aiguilles de pin et les branches craquent, la vie de la nature suit son fil. C'est bien. Je ne suis pas certaine que le maî... que Rastaban soit capable de nous pourchasser. Le lien est étiolé avec la distance. Rastaban n'est pas une étoile très résistante. Est-ce possible de tuer une étoile ? Prudence ne veut plus tuer. Elle abandonne cette idée aussi tôt formulée. La suite des paroles d'Isak lui arrache un soupir attristé. Je ne peux pas rentrer chez moi alors que j'ai du sang sur les mains. En tous cas... je ne peux pas retourner à ma vie d'avant. Quand elle y retournera, elle acceptera sa sentence et se condamnera elle-même à l'exil. Suivant les règles, acceptant les conséquences. Elle a été suffisamment naïve. Elle a été suffisamment... idiote.
Elle relève les yeux vers Isak et l'observe de derrière les verres écarlates - l'un d'eux est fendu, cela ne la gêne pas tant que ça au final. Tu as beaucoup évolué depuis que nous nous sommes rencontrés, elle lui fait noter, sage, pensive et peut-être, un peu mélancolique. Un silence s'installe alors qu'ils progressent en silence parmi les fougères et les racines. Autrement que pour nous faire prendre l'air, j'ai eu l'idée de nous faire nous exercer avec nos pouvoirs. Il y a un lac à proximité. Nous pourrions essayer... de nous entraîner. Finalement, elle se surprend à être un peu timide, à se trouver un peu bête. Je ne sais pas si c'est une idée qui te plaît. Nous pouvons aussi simplement nous promener.
Hunger
Regard surpris. Tu ne t’y attendais pas vraiment, à ce qu’elle vient de dire. « … Ah bon ? » Prudence voit sans doute quelque chose en toi que toi même ne vois pas. Tu n’as pas l’impression d’avoir changé d’un iota ceci dit. Tu es toujours le même gosse un peu con, vulgaire et coléreux. N’est-ce pas ? T’es un adolescent dans un corps d’adulte. T’es un con. Tes épaules se haussent. Tu ne cherches pas à en savoir beaucoup plus que ça. Elle pense ce qu’elle veut après tout. Et si ça lui fait plaisir de croire que tu as évolué, tant mieux ?
Puis plus rien. Silence. Calme. Juste le vent dans les arbres. Et les branches qui craquent sous vos chaussures. Les bourdonnements des insectes. Et les croassements des grenouilles. La musique de la nature. À tes yeux, la plus belle musique de toute. Sourire tendre que tu esquisses quand elle parle à nouveau. T’entraîner, ça ne te ferai pas de mal. Surtout, t’entraîner autre part que dans ta salle de bain. La baignoire ne va pas longtemps supporter tes idées loufoques de la congeler. Qui plus est, tu n’as jamais vraiment vu le don de Prudence à l'œuvre et force est de constater que tu es très curieux. « C’est une très bonne idée. J’ai du mal à maîtriser je t’avoue. Je gèle trop. Ou bien pas assez. Je ne sais pas doser. » Mais surtout, tu voudrais apprendre à ne plus être si dépendant de ton environnement.
a younger hunger
15h58 - forêt des astrales - isak bjørntvedt
L'engouement d'Isak suffit à lui faire esquisser un sourire. À force de crapahuter dans la forêt, dans une direction précise que Prudence semblait suivre, ils finissent par apercevoir le lac : il s'étend, fier et calme, sous leurs yeux. Alors, il n'y a plus qu'à. Prudence dégringole avec adresse de la petite bute où ils sont, pour rejoindre la rive du lac en contrebas. Se laissant glisser le long de la terre dans un petit nuage de poussière, elle lève les yeux vers Isak une fois arrivée et l'invite à faire de même, un sourire encourageant aux lèvres.
Une fois Isak à ses côtés, et ce avec plus ou moins de difficultés (après tout, la pente est raide. Elle ne pourrait lui en vouloir, mais c'était un spectacle amusant), elle observe le lac, les poings sur les hanches. Je n'ai absolument aucune idée de comment nous allons nous y prendre, elle annonce, peut-être avec plus de fierté que prévu. Même dans l'échec, elle garde le torse bombé, comme si ça pouvait faire la moindre différence. Finalement, elle tourne la tête vers Isak, un peu embarrassée. Je ne sais pas à quel genre d'entraînement tu pensais, mais j'ai peur des conséquences si je te demande de geler autant que possible ce lac. Elle observe la terre meuble sous eux, observe, observe - la fait se remuer un peu. Une vibration simpliste, grondante, grave.
Hunger
Tu te relèves, sans rien dire. Passes tes mains sur tes vêtements pour essayer de les nettoyer du mieux possible. Rien à part la machine à laver ne saura récupérer ces énormes taches marron. De plutôt enjoué à agacé et honteux, il n’y a finalement qu’une chute. Tu focalises ton attention sur le lac pour faire passer la gêne, pour la masquer. Elle parle. Tes épaules se haussent. « Si tu me demandes de geler tout le lac, tu vas devoir me ramener sur ton dos et t’es bien trop petite pour ça. » Minuscule. Et puis la terre gronde. Tu jettes un coup d'œil à Prudence de ta hauteur. Tu reconnais la vibration. Tu sais que ce n’est pas naturel. C’est elle. Sous vos pieds, de l’herbe encore humide de la rosée du matin. Tes doigts se tendent dans cette direction. Et la rosée se glace lentement. Et ta main se refroidit rapidement.
a younger hunger
15h58 - forêt des astrales - isak bjørntvedt
Prudence observe les merveilles que produit le pouvoir d'Isak, un petit sourire aux lèvres. C'est une vision hors du commun et elle trouve cela tellement plus délicat que son propre pouvoir, puissant et sensationnel, mais manquant tout à fait de beauté, à son goût. C'est magnifique, elle se permet de commenter, le rose aux joues.
Finalement, elle l'observe et elle ricane, les bras croisés. Cela dit... je ne suis pas trop petite, elle décroise les bras et s'approche d'Isak, fait un pas, deux pas. Tu crois vraiment que je ne peux pas te porter sur mon dos ? Prudence est, aux yeux des gens de la capitale, plutôt musclée. En fait, elle s'en est rendue compte en voyant la réaction de Sen quand celui-ci l'a vue en simple débardeur, Prudence est carrément beaucoup plus musclée qu'une femme, ou peut-être même qu'un homme lambda de Polaris. Ca l'avait surprise au départ, mais finalement cela lui paraissait logique.
En tous cas. Isak ne lui paraissait pas bien lourd, et elle pouvait le porter sur son dos quand elle le voulait. Sous le vent et la neige et la pluie. Elle l'avait fait pour quelqu'un d'autre, dans le temps. Quelqu'un qui était sûrement plus lourd qu'Isak. Elle se rapproche encore d'Isak avec un sourire narquois qui pouvait presque transparaître de derrière son masque et - se craque les phalanges. Voyons ça. Sans lui donner plus de temps pour protester ou s'éloigner, elle l'attrape sous le bras, sous la cuisse, et dans un grognement, le soulève! juste un peu - juste le temps de le voir paniquer et elle le repose directement par terre, dans un éclat de rire. Tu vois ! Et encore, je t'ai très mal attrapé... Elle pouffe, croise les bras à nouveau et penche la tête, un sourire sur les lèvres, pourtant invisible. N'hésite pas à te donner à fond.
Hunger
Sourire moqueur. Sourire de défi. Elle n’arrivera jamais à te porter. Elle est trop petite. Fragile non. Mais tu la dépasses de plusieurs dizaines de centimètres. Il n’y a aucun monde dans lequel elle arrive ne serait-ce qu’à te soulever. N’est-ce pas ? « Impossible je te dis. » Bras croisés. Pieds ancrés dans le sol. Tes épaules se haussent. C’est qu’elle est têtue. Et puis… Et puis elle t’attrape. Elle te soulève sans peine. Tu paniques un instant. Il faut avouer que tu ne t’y attendais pas. Comment aurais-tu pu ? La prochaine fois tu ne la sous-estimeras pas. Tu te retrouves les fesses dans la boue. Encore. Comme si tu n’étais pas assez sale comme ça. Ce serait mentir que de dire que ton égo n’est pas affecté. Après tout, une gamine vient de te porter avec une aisance déconcertante. Il faut dire aussi que tu n’es pas bien épais, si ce n’est maigre. « Tu m’as attrapé par surprise. J’étais pas prêt, c’est pour ça que c’était facile. » Mauvaise foi.
Quand tu te relèves, tu ne prends pas la peine d’essayer de nettoyer ton pantalon. Après tout, à quoi bon ? À tout moment, tu te retrouves par terre à nouveau dans cinq minutes. Tu ne vas pas gâcher du temps et de l’énergie pour ça. Ce temps, cette énergie, autant l’utiliser pour accroître la compréhension bien moindre de ton pouvoir. « Geler le lac, j’imagine que ce n’est pas impossible. C’est juste une grande étendue d’eau… Une très grande étendue d’eau. » Ce que tu aimerais savoir toi, c’est si tu es potentiellement capable d’utiliser ta glace sans matière première. Si tu pouvais faire ça, ce serait une véritable avancée. « Il me faudrait quelque chose de sec… » Marmonnes-tu en regardant autour de toi. L’écorce de cet arbre près de toi semble convenir. Au touché, il n'est absolument pas humide. En vérité tu n’as aucune idée de ce que tu es en train de faire. Tu ne sais pas si tu peux le geler ou si tu vas juste échouer et t’enfoncer un peu plus dans ta honte. Et pourtant, il ne faut pas longtemps pour que le froid produit par tes doigts se répande le long du tronc. Qu’il grimpe jusqu’à ses branches, ses feuilles. Que l’arbre devienne tout à fait blanc, gelé. Figé dans le temps. « Prue... » Tu n’en crois pas tes yeux. « Tu as vu ce que j’ai fait Prudence ? Sans eau ! » Etait-ce un coup de chance ? Es-tu capable de le refaire ? Tu n’en sais foutrement rien.
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