Veronica s'ennuie, Veronica n'en peut plus des quatre murs de sa chambre. Elle n'a pas reprit l'université ce semestre — comment le pourrait-elle, avec tout ce qui s'est passé, avec ses obligations auprès de lui. Mais le temps est long sans occupation, et elle est terriblement seule. Malgré le cercle, malgré Sirius... Et tout ce qu'elle faisait auparavant ne lui semble que plus vide de sens. Mais elle continue, le streaming, les réseaux sociaux, le shopping, les brunch familiaux le dimanche. Giovan est si heureux de la revoir « à la maison», « qu'elle passe enfin à autre chose. »

Faire comme si, c'est ce qu'elle fait de mieux après tout.

La jeune femme ne sort plus que dans des endroits publics, et seulement le jour. Elle se tient à l'écart des ruelles, des zones d'ombre, des espaces vides. Dans une foule, elle se sent en sécurité, aussi paradoxal cela peut-il être. Avec autant de témoins, personne ne prendrait le risque de l'agresser… non ?

Un frisson d'effroi la transperce lorsqu'elle sent une main sur son poignet, et elle se retourne vivement. La terreur doit se lire sur son expression, dans la raideur de son bras, puis s'adoucit légèrement alors qu'elle dévisage la femme qui la retient. Elles ne se connaissent pas, mais instinctivement elle sait qu'elle est hors de danger. Le lien, un lien les unit, c'est la première fois qu'elle rencontre une personne du cercle mais maintenant qu'elle est là devant elle, c'est évident.

« Qui êtes-vous ? »

Pas la peine de confirmer son identité.  Elle sait forcément, elle aussi. L'adrénaline redescend graduellement, Veronica dégage son poignet et croise les bras, les sourcils un peu froncés. Forcément, elle ne s'attendait pas à être retrouvée dans cet endroit, ici et maintenant. Cette femme semblait la chercher, ce n'est pas le simple fruit du hasard. Veronica se questionne, s'inquiète pour Sirius. « Pourquoi vous êtes là... Il lui est arrivé quelque chose? »

 HRP —  

Veronica prend une longue inspiration et lève les yeux au ciel. C'est donc Sirius qui l'a menée jusqu'à elle. Je ne laisserai personne te faire du mal à nouveau. C'est la toute première chose que l'étoile lui a dite. Et voilà qu'une liée, policière qui plus est, se trouve là devant elle. Ça lui fait chaud au coeur, d'une certain façon. C'est rassurant. Il veut tenir sa promesse. Et d'un autre côté... elle était agacée par cette façon de faire, et elle se sent chaperonnée. Veronica a depuis longtemps passé l'âge d'être chaperonnée.

« Hm, je vois. » Elle dévisage longuement la policière, haussant un sourcil. « M. Wallace aurait pu prendre le peine de te donner mon numéro, ça t'aurait évité un déplacement inutile. »

La réception est froide. Karel ne mérite certainement pas tout cette amertume, alors qu'elle est là par soucis pour elle. Accepter l'aide n'a jamais été l'une de ses grandes forces, elle s'est toujours débrouillée toute seule. Sauf que le monde des étoiles et bien différent du monde des Hommes qu'elle connait si bien. La première fois, c'était un individu au couteau, qui sait ce dont serait capable le prochain. Elle replace ses mèches blondes de ses doigts manucurés, observant l'autre femme qui semble nerveuse. Peut-être y a-t-il vraiment de quoi s'inquiéter. Plus alerte, elle regarde les inconnus passant près d'elles, sans se sentir forcément menacée.

« J'ai ma voiture, ça ira, merci. »

Veronica s'apprête à tourner les talons, avant de changer d'idée au milieu de son mouvement. « Attends... » Elle cherche ses mots alors que ses pensées s'agitent dans sa tête. Lever le nez sur cette occasion d'en apprendre plus sur le cercle simplement par orgueil n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, et certainement pas à son avantage. Et l'idée de continuer à errer seule dans ces espaces superficiels n'a rien de particulièrement attrayant.

« Si je viens avec toi... tu pourrais m'en dire plus sur, tu sais, tout ça ?  »

En espérant que Norius n'a pas été aussi avare en informations auprès de cette flic qu'il l'a été avec elle.

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