Ils s'éloignent, ils s'éloignent, jusqu'à être laissée seule dans la pénombre. Elle conserve sa position, comme Oslo lui a demandé. Ses mains sont glacées. Trop effrayée pour surveiller les alentours, son attention se fixe sur son téléphone. Ouvrant la messagerie, ses doigts se mettent à pianoter nerveusement, ses ongles claquant contre l'écran, sa vision s'embue de larmes.

Not delivered.

Des pas s'approchent, une silhouette. « Je n'arriv- ... » . La forme du pistolet pointée sur elle se devine dans la noirceur. Les hurlements de la femme face à elle bourdonnent dans ses oreilles.

COURS, COU R S, C O U R S, C O U R S


ţ̶̡̨̧̛̛̬̜̪̺̹̻͈̹̘̻͚̬̝̬̠̺͖͇͉̻̺͓͓̜̪͕̳̬̻̰̍͛́̋̍̆͐̊̄̍͆̒̍̍̐͂̈́̈́̆͒͐͒͂͂͗̎̓͂́̓͑͐͐͂͊̕͘͜͜͝͝͝͠r̷̨̛̛̛͙̯̦̗̬͇͉̆̅̏͗̒̃̈̏̃̋͗̀̿̀̉̊̑̒̈́̊̎͗̽͂̒̃͑͌̽͊̒̔͗͐̑̎̇̕̚̚͜͠͠ơ̶̡̢̡̧̤͖̮̠̺̹͎̟̳̳̲̺͖̟̫̣͉̤̖̬̳̫͓̤̏̌̊̉̒̌́͛͆͒̓̅͐́͒̈́́͋̃̈́̊͌̀͛̀̍͌̽̅̿̏͑̿̉̆̃̈́̈́͘̚̕͝͠͠͝ͅp̸̡̢̡̛͇̬̦̝̝̝̺͎͖̩̦͉̩͉͚͉̮̻̬̱̥̥̬̱̤̠̜̮̥̞̾́̾̐̃̈́̋̆̔̀̉́̾̅̾̍̾͑͌̆͂̔́̀̑͂̂́́̎̏̍̐͊̈́͑̿͊̈̄̆̉̍̍̕̕̕̚͜͠ͅͅ ̶̡̛̭̯̜͈͈̝̥̠̖̦̩̠̫͓̮̝͓̯̺̠̼̫̰͔̬͓͚̠͐̓͊̑̒̊̀͒͑̈̓͗͋̀̍̒̃̇̑͋̿̑̓̈̿̓́́̔̾̿̇̽̿̃̋͌̓͌̾́͋̕͘͝͠ẗ̷̨̢̡̡̮̲̭̲̲͖̥̱̣̪̮̥̘̦̩͈̤̬͕͙̝̫̤͙̮͖̗̘́̃̏̌̈́̅͑̍͑͗͐̉̑̕̚͜͝͝ạ̸̢̧̡̦̺̭͓̖̥̖͎̳̯͉̝͍̜̐̉̄̈͜r̵̡̹̳̗̟̘̜͕͚̍͗ḑ̸̦̗̤̤͔̺̠̩͈̗͚̱͚͖̞͓̘͖͙͑̈́́̀͆̈́̈́̓͌̒͜͜ͅ.̶̡̨̡̢̡̢̡̨̛̛͈̙̳̖̞̖̳͕͎͚̖̞̤͔̰̗͌̒̉͒̀͛͒́̔̆̌̏̿̈͒͆́̀̃̀̽̚̕͝͠͝ͅ.̵̱̰̈́̓̅̑̌̂͋̎̊͒͒̓̌̅̔̽̆̌͒̓͂͛͂͑̐͗̏̋̈͒͛̒̈́̌́.̴̨͔̗̯̖̼͖̳͔͔̖̬̦̙̟̱̘̹̻͖̜̘͓͋͛̀̇͊̈͆͘͘͠͠.̵̨̢̛̛̼̼̪̬͓̜̱̲̭̠̺̼̩̫̒̎̈̐̓̓͒̃̔̽̀̅̐̈͊̉̅͂́̊̈̑̆̈̾͌͋̔̃͋̉̄̊̆͘̕̕͜͠͝͝


 

D'abord il y avait un bourdonnement.
La noirceur absolue qui l'enveloppe. Elle a froid, terriblement froid.  
Est-ce que je respire? Est-ce que je suis éveillée?
Ses doigts commencent à bouger en de petits mouvements, ça pique un peu. Comme de petites aiguilles.
Puis vinrent les voix, elles semblent familière.

Peut-être que je suis prisonnière d'un cauchemar.

Son corps ne se lève qu'à moitié. Sa main se porte jusqu'à son front, exactement à l'endroit où la balle est entrée. La peau est lisse, impeccable. Elle glisse sur sa tempe, jusqu'à l'arrière de sa tête. Là encore, aucune trace de la trajectoire de la balle. Et pourtant, sa chevelure blonde est assombrie, maculée de sang. Ses vêtements aussi. C'est là. C'est toujours là. Comme la trace de la lame sur sa gorge. Jamais cela ne va la quitter.

Son visage est inexpressif, mais ses yeux bleus sont grands ouverts, on n'y lit que le vide. Des larmes se mettent à ruisseler le long de ses joues, mais elle ne pleure pas. Pas de plaintes, pas de sanglots, pas de cris.
Il n'y a que les larmes.
Et les ténèbres.

D'une main tremblotante, elle récupère son téléphone qui était au sol, juste à côté d'elle. Nori Wallace. Sirius. C'est la dernière personne qu'elle a cherché à contacter. Veronica ignore Karel, Oslo, et... c̵e̸t̸t̷e̷ ̵f̸e̶m̷m̸e̴. Elle est seule, elle est perdue.

L'appareil porté sur son oreille. Et ça sonne.
Ça sonne.
Ça sonne.
Ça sonne.