heineken —
Qui apporte une bière dans un cimetière, Viktor ? Qui d'autre que toi ferait ça ? Espèce de con, va. Tu t'es vaguement affalé sur une pierre à l'écriture effacée, même qu'en arrivant tu lui avais fais tes hommages. En face de toi, la tombe du mec que tu avais buté, il y avait de cela des années. Meurtre qui t'avais valu de te barrer de Polaris, de prendre tes clics et tes clacs et de partir aussi loin que tu le pouvais. Tu ne savais pas tellement pourquoi tu voulais absolument faire tes hommages aux vieilles carnes - est-ce qu'on peut encore dire ça ? - enterrées six pieds sous terre dans le cimetière de Polaris, mais soit.
Toute fois, à la moitié de la bouteille de verre vert typique de l'Heinekein que t'étais en train de t'enfiler tranquillou, tes pas s'étaient arrêtés. Tu ne pouvais même pas dire que c'était par habitude, tu n'étais jamais venu ici, pas dans cette allée, pas devant ces tombes là. Ah, putain. Ça faisait chier quand même. Les deux darons Gomelza, dans deux petites boîtes. T'en avais pas le cœur serré, ce cimetière était constellé d'ancienne connaissances, d'amis, de famille. Mais tout de même, ça faisait quelque chose de se dire, que, peut-être, un jour, tu trouverais ta place à côté de ces deux étrangers.
* Qui boit dans un cimetière, sérieusement. Respectez les morts et respectez-vous, Gomelza.
Un soupir, peut-être un peu tremblant. Dure journée.
* N'essayez pas de rejoindre vos parents tout de suite.
heineken —
Va t'faire, tu penses. Mais t'as pas envie de brouiller vos échanges. Tu as été si diplomatique jusqu'ici, Viktor, tu peux être fier de toi ! Fier, oui, c'est ça. Tu ne lui lances même pas un regard. T'es un peu refroidi par les messages du matin même. Tu sais qu'il prend ses précautions, tout ça tout ça, mais pourquoi t'emmerder à te faire décoder des trucs de bon matin, sérieusement. Tu te revoyais, le téléphone à plat sur le bureau de la chambre, ton carnet de note à côté et un café instantané dégueulasse pas loin. Pas un très bon réveil, honnêtement.
J'pourrais la voir quand, Blumenkranz ? Tu le gonfles avec ça depuis des jours, mais t'es pas revenu pour jouer à la dinette et faire ami ami avec la cage d'un monstre mal élevé. Tu sirotes encore un peu la bière avant de hausser les épaules. J'leur présente mes hommages là. Tu te demandes ce que Prudence aurait pensé de ça, d'enfermer des restes de gens dans une petite boîte, avec plein d'autres petites boîtes. Elle aurait sûrement trouvé ça cruel, la connaissant. Grands dieux, elle te manquait. Et évite de m'insulter dès le matin, tu veux. Plus bas, plus familier, plus proche aussi. Pas longtemps, puisque tu t'éloignes à nouveau, l'invite à te suivre sans un mot.
Va t'faire, tu penses. Mais t'as pas envie de brouiller vos échanges. Tu as été si diplomatique jusqu'ici, Viktor, tu peux être fier de toi ! Fier, oui, c'est ça. Tu ne lui lances même pas un regard. T'es un peu refroidi par les messages du matin même. Tu sais qu'il prend ses précautions, tout ça tout ça, mais pourquoi t'emmerder à te faire décoder des trucs de bon matin, sérieusement. Tu te revoyais, le téléphone à plat sur le bureau de la chambre, ton carnet de note à côté et un café instantané dégueulasse pas loin. Pas un très bon réveil, honnêtement.
J'pourrais la voir quand, Blumenkranz ? Tu le gonfles avec ça depuis des jours, mais t'es pas revenu pour jouer à la dinette et faire ami ami avec la cage d'un monstre mal élevé. Tu sirotes encore un peu la bière avant de hausser les épaules. J'leur présente mes hommages là. Tu te demandes ce que Prudence aurait pensé de ça, d'enfermer des restes de gens dans une petite boîte, avec plein d'autres petites boîtes. Elle aurait sûrement trouvé ça cruel, la connaissant. Grands dieux, elle te manquait. Et évite de m'insulter dès le matin, tu veux. Plus bas, plus familier, plus proche aussi. Pas longtemps, puisque tu t'éloignes à nouveau, l'invite à te suivre sans un mot.
* Vous la verrez quand nous l'aurons décidé. Ce n'est pas... Non, Hazel, tu ne peux pas faire ça. Ce n'est vraiment pas le moment de faire un jeu de mots accidentel, à moins de vouloir se retrouver avec le crâne encastré dans une tombe. Ce serait dangereux.
Silence.
* Désolé pour la tornade de messages de ce matin.
Petit sourire.
* Ce sont des messages envoyés à tous nos... collègues, cela dit. Ne vous sentez pas visé.
heineken —
J'suis ravi. Tu lances, mais c'est un peu coincé dans ta gorge, tu peux pas penser au fait de ne pas voir Prudence pour le moment. Tu ne veux pas penser à ce que tu devras lui annoncer. Tu te dis que si elle n'est jamais revenue, si elle n'a pas cherché à vous recontacter, c'est peut-être qu'elle en a besoin. Peut-être qu'elle a besoin de cette distance, peut-être qu'elle a besoin de vivre, simplement. Tu ne peux pas la priver de ça, tu as eu ta chance. Oh, ta vie n'est pas terminée, mais tu ne la considère pas, sans elle à tes côtés.
Ouais, j'suis ravi de savoir que tu m'insultes auprès de tout le monde. Autant que tu saches, vos rangs ne sont pas si grands que ça. Tu esquisses un sourire amusé, moqueur, mauvais. Elle t'est tombée dessus pour la faute, ou pas encore ? Oui, parce que même si tu sais qu'il est armé, tu aimes bien le taquiner, Hazel.
J'suis ravi. Tu lances, mais c'est un peu coincé dans ta gorge, tu peux pas penser au fait de ne pas voir Prudence pour le moment. Tu ne veux pas penser à ce que tu devras lui annoncer. Tu te dis que si elle n'est jamais revenue, si elle n'a pas cherché à vous recontacter, c'est peut-être qu'elle en a besoin. Peut-être qu'elle a besoin de cette distance, peut-être qu'elle a besoin de vivre, simplement. Tu ne peux pas la priver de ça, tu as eu ta chance. Oh, ta vie n'est pas terminée, mais tu ne la considère pas, sans elle à tes côtés.
Ouais, j'suis ravi de savoir que tu m'insultes auprès de tout le monde. Autant que tu saches, vos rangs ne sont pas si grands que ça. Tu esquisses un sourire amusé, moqueur, mauvais. Elle t'est tombée dessus pour la faute, ou pas encore ? Oui, parce que même si tu sais qu'il est armé, tu aimes bien le taquiner, Hazel.
* Oh, pitié.
Une petite pause, presque honteuse, presque coupable. Ses épaules relâchent la tension.
* Oui. Presque automatiquement. J'ai merdé, je sais.
Il avait composé et crypté ce message sur le chemin du travail. Vis ta double vie, sérieusement...
* J'espère ne pas vous voir dehors, le moment venu.
heineken —
Tu m'dis pas d'sortir, je sors pas. La réponse viens vite, trop vite sans doute. Tu détournes les yeux sur les grands marronniers, ils n'ont déjà plus de feuilles. Ce n'est sans doute pas le bon moment pour revenir à la capitale, tout te semble morne ici, là où la forêt se parait de couleurs vibrantes, intenses, ici tout est gris, triste. Tout est mort et béton. Mais bon, au moins y a de la bière.
Déçu de pas avoir été là pour la voir faire. Silence, tu grimaces, et reprends, plus bas. En fait nan, elle fait carrément peur cette bonne femme. Le Viktor n'excelle pas par son courage face à l'adversité, de toute évidence. En tout cas pas face à cette adversité là en particulier. C'est agréable de le voir retirer cet énorme balai dans le cul qu'Hazel semble avoir constamment, et tu te risque même à lui donner une petite tape amicale dans le dos parce que vous êtes potes, pas vrai ? Non. Bon. Pas assez pour lui proposer ton fond de bière en tout cas. T'as pas intérêt à faire de conneries non plus, y a que toi pour encoder aussi vite, hors de question de prendre ta place si t'y reste. Viktor, Viktor, Viktor, c'est évident que tu l'aimes bien.
Tu m'dis pas d'sortir, je sors pas. La réponse viens vite, trop vite sans doute. Tu détournes les yeux sur les grands marronniers, ils n'ont déjà plus de feuilles. Ce n'est sans doute pas le bon moment pour revenir à la capitale, tout te semble morne ici, là où la forêt se parait de couleurs vibrantes, intenses, ici tout est gris, triste. Tout est mort et béton. Mais bon, au moins y a de la bière.
Déçu de pas avoir été là pour la voir faire. Silence, tu grimaces, et reprends, plus bas. En fait nan, elle fait carrément peur cette bonne femme. Le Viktor n'excelle pas par son courage face à l'adversité, de toute évidence. En tout cas pas face à cette adversité là en particulier. C'est agréable de le voir retirer cet énorme balai dans le cul qu'Hazel semble avoir constamment, et tu te risque même à lui donner une petite tape amicale dans le dos parce que vous êtes potes, pas vrai ? Non. Bon. Pas assez pour lui proposer ton fond de bière en tout cas. T'as pas intérêt à faire de conneries non plus, y a que toi pour encoder aussi vite, hors de question de prendre ta place si t'y reste. Viktor, Viktor, Viktor, c'est évident que tu l'aimes bien.
à le retrouver. Après tout, il empestait la bière et le métal.
* Hmpf.
C'est un grognement très éloigné de son attitude habituelle. Finalement, il lance un coup d'oeil à Viktor.
* Donnez-moi ça. Il lui arrache aussitôt sa boisson des mains et la termine promptement, bien qu'il n'en restait pas grand-chose. C'était... étrange à voir... Allons boire quelque chose.
Nerveux.
heineken —
C'était bien ton problème ça, la fidélité. La loyauté. À Aether, à cette femme, à Prudence, au village et puis maintenant, à eux. Tu savais ce que tu risquais à faire n'importe quoi, tu connaissais la force d'Hazel, et bien assez cette de Procyon à ton goût. Et puis, derrière ça, il y avait la boss. C'était ... suffisant. Non, vraiment, tu n'avais aucune envie de jouer au héros et de faire déchiqueter dans le processus. Tu leur avais donné ta parole, ça suffisait. Pour ce qui était du reste, on verrait bien. Tu espérais juste qu'ils ne tuent pas Prudence dès lors que tu l'aurais récupérée. Pfff... Quelle histoire.
Quelque chose de plus fort, du coup, mh ? Tu lances, sans vraie motivation. T'avais pas envie de te poser en terrasse d'un café avec Hazel Blumenkranz en guise de date, sincèrement. Mais l'intéressé avait l'air d'avoir grandement besoin de souffler un coup, et il te semblait avoir vu une petite buvette sur ton trajet aller. Tu récupère la canette de ses mains pour la jeter à la benne à verre en sortant du cimetière, vraiment une journée tout à fait banale finalement. Tout le monde vous regardait bizarre - tout le monde c'est à dire la vieille qui venait de passer à côté de vous. Et les spectres, sans doute. Allez, souffle un coup, dis moi c'qui te tracasse.
C'était bien ton problème ça, la fidélité. La loyauté. À Aether, à cette femme, à Prudence, au village et puis maintenant, à eux. Tu savais ce que tu risquais à faire n'importe quoi, tu connaissais la force d'Hazel, et bien assez cette de Procyon à ton goût. Et puis, derrière ça, il y avait la boss. C'était ... suffisant. Non, vraiment, tu n'avais aucune envie de jouer au héros et de faire déchiqueter dans le processus. Tu leur avais donné ta parole, ça suffisait. Pour ce qui était du reste, on verrait bien. Tu espérais juste qu'ils ne tuent pas Prudence dès lors que tu l'aurais récupérée. Pfff... Quelle histoire.
Quelque chose de plus fort, du coup, mh ? Tu lances, sans vraie motivation. T'avais pas envie de te poser en terrasse d'un café avec Hazel Blumenkranz en guise de date, sincèrement. Mais l'intéressé avait l'air d'avoir grandement besoin de souffler un coup, et il te semblait avoir vu une petite buvette sur ton trajet aller. Tu récupère la canette de ses mains pour la jeter à la benne à verre en sortant du cimetière, vraiment une journée tout à fait banale finalement. Tout le monde vous regardait bizarre - tout le monde c'est à dire la vieille qui venait de passer à côté de vous. Et les spectres, sans doute. Allez, souffle un coup, dis moi c'qui te tracasse.
* Procyon a blessé un assoupi. Il lui a arraché la main. Le silence qui s'était abattu entre eux était juste affreux. Lourd. Dans mon bureau d'avocat. Non, je ne lui en ai pas encore parlé, elle me tuerait. Et elle aurait raison.
Une de ses missions était de tenir Procyon en laisse coûte que coûte. Qu'adviendrait-il de lui s'il ne remplissait plus cette part du contrat ? Aucune idée. Préfère ne pas y penser.
* Et la petite me manque. Je ne passe pas assez de temps avec elle. Je m'en veux.
heineken —
Mh. Va répondre à ça quoi. T'allais lui dire quoi, ah, c'était bien ? Non, bien sûr que non. Mais bon, tout de même, voir l'évidente détresse qui émanait d'Hazel n'avait rien de rassurant. Encore que, tu ne savais pas vraiment si tu devais attendre tes ordres de lui, ou d'elle. Tu ne savais rien de leur hiérarchie, notamment parce que ça te passait vraiment au dessus. Tu aurais suivi, dans tous les cas, tu étais comme ça. Il mentionne la petite, tu l'observes du coin des yeux. Tu étais déjà au courant, depuis une bourde qu'il avait fait et qu'il n'avait même pas pris la peine de rattraper, jugeant sans doute que tu n'étais pas une menace. Même si c'était le cas, hé bien ça t'avait un peu touché.
Écoute. La buvette n'est plus loin maintenant, mais tu t'es quand même arrêté au milieu du trottoir. De toutes façons, il n'y a personne aux environs. Tu poses ta main sur son épaule, la gauche, évidemment, tu aimerais bien lui transmettre un peu de chaleur, lui redonner du courage, pas lui donner envie de te l'arracher. J'sais bien que t'as pas le loisir d'prendre des vacances, Blumenkranz. Mais tu pourrais pas déléguer un peu ? Vous devez être toute une tripotée à lui réclamer du taff. Y a quelqu'un d'autre que toi pour faire le sale boulot. Faut que tu respires un peu t'vas péter une durite sinon. Petit soupir de ta part, puis tu avances de quelques pas pour te mettre à sa hauteur, et te remettre à marcher. Tu l'sais, si t'as besoin de causer j'suis une tombe.
Mh. Va répondre à ça quoi. T'allais lui dire quoi, ah, c'était bien ? Non, bien sûr que non. Mais bon, tout de même, voir l'évidente détresse qui émanait d'Hazel n'avait rien de rassurant. Encore que, tu ne savais pas vraiment si tu devais attendre tes ordres de lui, ou d'elle. Tu ne savais rien de leur hiérarchie, notamment parce que ça te passait vraiment au dessus. Tu aurais suivi, dans tous les cas, tu étais comme ça. Il mentionne la petite, tu l'observes du coin des yeux. Tu étais déjà au courant, depuis une bourde qu'il avait fait et qu'il n'avait même pas pris la peine de rattraper, jugeant sans doute que tu n'étais pas une menace. Même si c'était le cas, hé bien ça t'avait un peu touché.
Écoute. La buvette n'est plus loin maintenant, mais tu t'es quand même arrêté au milieu du trottoir. De toutes façons, il n'y a personne aux environs. Tu poses ta main sur son épaule, la gauche, évidemment, tu aimerais bien lui transmettre un peu de chaleur, lui redonner du courage, pas lui donner envie de te l'arracher. J'sais bien que t'as pas le loisir d'prendre des vacances, Blumenkranz. Mais tu pourrais pas déléguer un peu ? Vous devez être toute une tripotée à lui réclamer du taff. Y a quelqu'un d'autre que toi pour faire le sale boulot. Faut que tu respires un peu t'vas péter une durite sinon. Petit soupir de ta part, puis tu avances de quelques pas pour te mettre à sa hauteur, et te remettre à marcher. Tu l'sais, si t'as besoin de causer j'suis une tombe.
Il sait qu'il est trop tendre pour utiliser la vie de sa fille contre lui. Mais on n'est jamais trop prudent. Eux tiennent Prudence en otage sans qu'elle ne s'en soit rendue compte, mais Viktor pourrait très bien lui rendre la politesse.
Il s'humidifie nerveusement les lèvres et détourne le regard, tourne la tête vers le lointain. Tout pour éviter le regard de Viktor, qui perce à travers ses défenses.
* Je ne peux pas déléguer et vous le savez. Et puis...
Et puis il ne pouvait pas montrer de signe de faiblesse. Pas à elle, pas à qui que ce soit. Ce serait son premier vrai faux pas, celui qui amènerait les conséquences immédiatement. S'il montre un signe de faiblesse, il se fait dévorer immédiatement. C'est comme ça que ça marche, comme ça que ça a toujours marché.
* Je regrette. Tout, il ajoute d'une voix minuscule, étranglée, alors qu'il baisse la tête pour observer les graviers.
heineken —
T'arrives pas à déterminer ce que tu penses de Blumenkranz, honnêtement. Ce mec est un bordel sans nom, tu ne sais même pas comment il a pu se retrouver dans une telle galère. Tu ne sais rien sur lui, ou quasiment rien, on va dire. Tu sais juste ce qu'il faut savoir, c'est ce qu'on t'a dit. Et, bon sang, tu te sens comme le dindon de la farce à les voir tous osciller entre langage codé et langage soutenu. T'es pas de leur monde, Viktor, tu n'as jamais été de leur monde. Ta place, elle est quelque part entre le fin fond des CDC et le plus haut des montagnes, on va dire. Quelque part où l'air manque et où les gens n'ont pas le temps pour manipuler les autres, quelque part où il n'y a que les actions qui comptent. Regarde toi, observer l'avocat en te demandant sur quel pied danser. On dirait qu'il fait une expérience de mort imminente, et toi t'as l'air d'un con à le regarder avec tes yeux de merlan fris. Enfin. Ton œil, du coup.
On vit tous avec des regrets, pas vrai Blumenkranz ? Toi aussi Viktor, t'en regrette un paquet, des trucs. Tu regrettes d'avoir tué, tu regrettes d'avoir laissé Prudence filer, de lui avoir laissé de l'avance, tu regrettes de pas avoir été proche de tes parents, de ton frère et ta sœur, tu regrettes tant de trucs que tu saurais même pas pleinement les lister. Mais, tu le sais, il sentira l'hésitation et le malaise dans ta voix, et pendant un instant t'es sûr qu'il va se refermer comme une huître, alors tu cherches à le prendre de vitesse quand t'approche et que ... Tu lui fais un câlin. Espèce de gros sentimental. Allez, courage, si t'as réussi à tenir la barre jusqu'ici, y a pas d'raison qu't'y parvienne pas jusqu'au bout. Et puis, au pire, j'suis là pour qu'tu passes tes nerfs. Petit rire léger, mais grave, sincère. Puis tu lui donnes une légère tape dans le dos avant de l'inciter à réduire les dernières mètres entre la buvette et vous.
T'arrives pas à déterminer ce que tu penses de Blumenkranz, honnêtement. Ce mec est un bordel sans nom, tu ne sais même pas comment il a pu se retrouver dans une telle galère. Tu ne sais rien sur lui, ou quasiment rien, on va dire. Tu sais juste ce qu'il faut savoir, c'est ce qu'on t'a dit. Et, bon sang, tu te sens comme le dindon de la farce à les voir tous osciller entre langage codé et langage soutenu. T'es pas de leur monde, Viktor, tu n'as jamais été de leur monde. Ta place, elle est quelque part entre le fin fond des CDC et le plus haut des montagnes, on va dire. Quelque part où l'air manque et où les gens n'ont pas le temps pour manipuler les autres, quelque part où il n'y a que les actions qui comptent. Regarde toi, observer l'avocat en te demandant sur quel pied danser. On dirait qu'il fait une expérience de mort imminente, et toi t'as l'air d'un con à le regarder avec tes yeux de merlan fris. Enfin. Ton œil, du coup.
On vit tous avec des regrets, pas vrai Blumenkranz ? Toi aussi Viktor, t'en regrette un paquet, des trucs. Tu regrettes d'avoir tué, tu regrettes d'avoir laissé Prudence filer, de lui avoir laissé de l'avance, tu regrettes de pas avoir été proche de tes parents, de ton frère et ta sœur, tu regrettes tant de trucs que tu saurais même pas pleinement les lister. Mais, tu le sais, il sentira l'hésitation et le malaise dans ta voix, et pendant un instant t'es sûr qu'il va se refermer comme une huître, alors tu cherches à le prendre de vitesse quand t'approche et que ... Tu lui fais un câlin. Espèce de gros sentimental. Allez, courage, si t'as réussi à tenir la barre jusqu'ici, y a pas d'raison qu't'y parvienne pas jusqu'au bout. Et puis, au pire, j'suis là pour qu'tu passes tes nerfs. Petit rire léger, mais grave, sincère. Puis tu lui donnes une légère tape dans le dos avant de l'inciter à réduire les dernières mètres entre la buvette et vous.