fuis moi. (freya)

fuis moi.

Il est tard. La fatigue gagne du terrain depuis des heures, déjà, pourtant, tu n'as pas voulu rentrer. Pas plus de deux gardes, c'est la règle, et heureusement qu'elle existe vois-tu parce que toi, tu serais bien du genre à passer ta vie à l'hôpital, à ne jamais rentrer, à dormir le strict minimum en salle de pause. Après tout, il n'y a rien chez toi, rien ni personne et pour ça, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Trop concentré sur ta carrière, tu as probablement ruiné ta vie personnelle, tu l'as sacrifiée, même, pour utiliser les bons termes. Quand à un animal ? Même un poisson rouge ne survivrait pas à ton rythme de vie, tu ne penserais pas à le nourrir, sûrement, c'est à peine si tu penses à te nourrir toi-même.

Malheureusement, parfois, tu es bien obligé de regagner cet appartement bien trop grand pour toi seul, tu dois quitter ton travail, laisser la place, reprendre la voiture. Rentrer chez toi. Mais est-ce vraiment chez toi, quand on sait que tu ne t'y es jamais senti réellement bien ? Certains collègues te saluent, certains arrivent, d'autres partent, c'est le chassé croisé du début de nuit et toi, tu offres quelques signes de tête, par politesse avant de te glisser aux vestiaires pour te changer, regagner une tenue de ville confortable. Enfin, tu mets le nez dehors, le contraste de température te fait frissonner, soupirer, et il te faut forcer sur tes jambes fatiguées pour traverser le parking jusqu'à ta voiture. Tu y balances ton sac de sport, à l'arrière avant de te glisser à l'intérieur. Encore un soupir.

Le moteur démarre facilement, une main sur le volant, l'autre sur le levier de vitesse, tu engages une marche arrière probablement un peu nerveuse … c'est l'erreur, due probablement à la fatigue, cette silhouette dans ton rétroviseur tu la vois alors que la voiture recule déjà. Ton pied vient alors écraser la pédale des freins, tu y appuies d'un coup, fort avant de couper le moteur, à nouveau, de tirer le frein à main et de sortir de là, en vitesse. « Est-ce que ça va ? » Tu questionnes. Il ne manquerait plus que tu aies blessé quelqu'un ce soir, Aedan. Cependant, tu réalises, quand tes yeux se posent sur elle, que tu as finalement un problème bien plus grave, ce soir.

Pourquoi toi ?
Pourquoi maintenant ?

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Tu es si fatiguée Freya, tu as l'impression que ces derniers jours sont le même répété encore et encore. Le travail est épuisant, pas une journée ne passe sans qu'une mauvaise nouvelle n'arrive, et lorsque tu rentres, le silence te prend en tenaille, jusqu'à ce que tu craques et n'appelle Alecto ou Selkie. Il arrive qu'aucun des deux ne réponde, il arrive aussi que tu abandonne à la première sonnerie.

Mais ce soir, alors que tu sortais, tu as croisé sa silhouette. Au milieu de toutes les autres silhouettes, certaines plus réelles que d'autre, tu as jugé bon de le suivre. Ce n'est pas la première fois que tu le voyais, mais... Mais cette fois il fallait bien que tu essayes, juste une fois, juste pour voir s'il te dirait d'aller te faire voir, ou... Tu ne savais pas. Il manque de t'écraser, tu te décale un peu mollement, te pince les lèvres, soupire. Il va te repousser, te dire d'aller voir ailleurs s'il y est. Tu peux presque le sentir, quand il sort de la voiture en panique, quand son expression change en te voyant. Oh, c'est sans doute ta faute Freya. Leto va te taper sur les doigts si elle apprend ce que tu viens de faire, sans parler d'Alecto...

Oh, bonsoir Aedan. C'est ça, fais genre Freya, tu ne sais pas faire. Tes joues sont rougies par le froid et tu as encore oublié ton écharpe. Ton arrêt de bus n'est pas du tout dans cette direction et il le sait sûrement. Tu oscilles, l'observe. C'est vraiment trop tard, pas vrai ? C'est vraiment trop tard pour essayer de ramasser les morceaux ... ?

Je ... Lance toi. Je vais y aller, désolée. Ha bah, merveilleux, tu te ravises encore. Tu soupires, tournes les talons, ça valait bien le coup de manquer de te faire écraser, tiens.

fuis moi.

Tu le savais. Tu sais qu'elle travaille ici, tu sais qu'elle n'est finalement jamais si loin, mais tu peux te permettre de t'empêcher d'y penser, quand tu te rappelles que toi, tu restes aux Urgences et qu'elle, elle bosse dans un service qui se trouve à l'opposé. Tu ne l'avais jamais recroisée. Une chance, sans doute. Le destin, diraient d'autres. En tout cas, Aedan, on ne va pas se mentir, jusqu'à présent, ça t'allait très bien. Ca t'arrangeais, même, après tout … tu as bien merdé. Elle doit t'en vouloir. Elle a raison de t'en vouloir. Et puis, c'est plus simple, tu vois, de juste vivre chacun dans votre propre coin.

Du moins, ça l'était.
Jusqu'à ce soir.

Elle te dis bonjour, comme si la situation était des plus normales. Bonsoir … et toi, tu vois, tu ne trouves rien à dire, tu ne trouves pas non plus la force de lui répondre sur le même ton. En fait, tu te contentes de rester là, planté dans la pénombre à la fixer d'un drôle d'air, partagé entre l'idée de fuir, et la volonté d'assumer.

Et puis elle t'échappe.

Elle s'éloigne. Elle te fuis. Et toi, tu ne bouges pas. Elle fuit … qu'elle fuit. Elle doit fuir. Elle doit s'éloigner et toi, tu dois la laisser faire. Ce serait le pire moment, pour l'approcher, ce serait égoïste de la retenir. « Attends ! » Crétin. Tu bouges, tout à coup, tu t'avances, tu te précipites derrière elle, tu tends la main pour attraper la sienne, mais tu te ravises pour finalement simplement la dépasser, et t'arrêter devant elle. « Où est-ce que tu vas ? » As-tu le droit de la questionner ? Non. Mais elle ne prend pas la direction habituelle, ça, tu le sais. Tu n'as pas oublié. Tout comme tu n'as pas oublié le bleu de ses yeux, dans lequel tu te perds quand tu oses baisser les tiens sur elle.

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Où est-ce que tu vas ? Tu l'observes, tu plantes tes grands yeux bleus dans les siens, tu vas pour répondre, te ravise. Tu vas n'importe où. N'importe où ailleurs qu'ici ou tu peux déranger. Oh, tu ne sais pas, tu iras peut-être marcher un peu, ça pourrait te faire du bien de marcher un peu. Je ne sais pas, tu réponds. Voir des amis, tu ajoutes. Tu sais que même s'il ne dira rien, il le pensera. Il pensera que tu n'as pas d'amis, Freya, et peut-être qu'il aurait eu raison, jusqu'à récemment, jusqu'à ... Tout ça. Tu ne sais pas vraiment ce que sont Selkie et Alecto. Des sauveurs, peut-être, des compagnons d'infortune, sûrement. Mais ils sont là, quand lui ne l'était plus.

Le sourire que tu lui offres est figé, maladroit, puis tu approches finalement et vient réajuster son écharpe sur ses épaules là, comme tu le faisais autrefois, par habitude. Tu vas prendre froid. C'est annoncé avec douceur, une douceur mélancolique, sûrement, alors que tu refais un pas en arrière. Et finalement, Freya, tu détournes les yeux, comme si tu n'étais pas capable de lui faire face, ni capable de le fuir. Il t'a manqué, Aedan, il a emporté avec lui tellement de souvenirs. Ma mère demande souvent de tes nouvelles. C'était d'ailleurs toujours mal venu et Leto ne manquait pas de lui envoyer un regard assassin, mais c'était sûrement plus fort qu'elle, votre mère aurait aimé vous voir mariés et heureux, sans doute.

fuis moi.

Des amis. Tu as connu Freya si … seule. Freya n'a jamais été du genre à avoir beaucoup d'amis, à avoir des amis tout court, même, au moins là-dessus, vous aviez un point commun, de ton côté tu n'en avais jamais eu besoin et puis, lorsque vous étiez ensemble, c'était vous deux et puis le monde. Ca t'allais. C'était bien, comme ça. Votre bulle était presque parfaite, agréable, chaleureuse, remplie d'amour et tout ce dont vous aviez besoin tous les deux pour vivre, pour avancer. La rupture avait été compliquée, malgré les apparences, tu ne savais pas comment elle avait pris les choses de son côté, parce que ta lâcheté t'avait empêchée d'essayer de le savoir. Mais toi, Aedan, tu avais passé les mois qui avaient suivis à la chercher du regard, à l'attendre, jusqu'à te forcer à voir les choses en face, à assumer le fait que tu avais tout gâcher, tout détruit.

« D'accord. » Aucun droit de questionner, sa vie ne te concerne plus, tu n'as plus le moindre droit de t'en mêler, si Leto était dans les parages, elle se ferait surement une joie de te le rappeler, elle aurait aussi probablement embarquer sa sœur pour l'éloigner de toi, et elle aurait eu tellement raison. Mais elle, Aedan, elle ne sait pas, elle ne comprends pas, et au lieu de s'éloigner, au lieu de te rejeter, elle approche, et quand ses doigts viennent attraper l'écharpe autour de ton cou, tu te crispe, tu te tends, comme si tu t'attendais au pire. Parce que tu sais que le pire pourrait arriver. « Je suis résistant … » Tu souffles, alors qu'elle s'éloigne, à nouveau, que l'envie de la retenir s'impose, que tu luttes. Tes yeux, eux, refusent de la lâcher, si tu détournais les yeux, elle pourrait disparaître.

« Ah … » Ah. Aedan. Gros ah, même. Personne ne demande de ses nouvelles, de ton côté, en fait, tu ne laisses personne le faire. Ton frère a essayé, tu ne l'as pas écouté. « Elle … elle va bien ? » Tu te maudis, là. Tu te maudis de sortir des banalités pareilles et à la fois, qu'est-ce que vous êtes censés vous dire, dans de pareilles circonstances ? « Tu … je peux te déposer, si tu veux, il fait froid. Et il fait noir. » Et puis, tu as une voiture. Tu sais, celle avec laquelle tu viens de manquer de l'écraser. Celle-là même que tu as laissée en plan, au milieu du parking, de travers, à moitié sortie de la place qui est la tienne.

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Tu avises la voiture, hors de sa place, et le parking désert et tu soupires faiblement. Tu n'as pas envie de prendre le bus, même si tu ne croiseras personne, et tu n'as pas envie non plus de monter dans cette voiture. Il y aura des conséquences, il y a toujours des conséquences, avec Aedan c'est encore pire. Tu jettes un œil à ton téléphone, l'air de regarder un message mais tu n'as pas de message, et jette simplement un œil à l'heure. Alecto va te tuer. Mon père est malade. Tu ne sais même pas pourquoi tu lui dis ça, du temps où vous avez été ensemble, ton père a toujours été plus ou moins malade, c'était plus ou moins connu, juste assez pour que Leto n'en sache rien, au final. Tu soupires, faire un nouveau pas dans sa direction, puis un autre, avant de venir le heurter et rester là, la joue contre sa clavicule. T'as l'air bête, mais t'as besoin d'un câlin et aucun mot pour le formuler.

Tu veux bien ? Tu demande, finalement. Mais tu n'es pas sans savoir que le silence entre ton mouvement et tes mots a été trop long pour ne pas être complétement suspect et bizarre. Il a l'habitude, c'est Aedan, mais Aedan il t'a aussi larguée, sûrement pour tout ça. T'es pas facile à vivre Freya, t'en as bien conscience. Est-ce qu'Aedan va te ramener ? Si oui, où ? Tu lui as dis que tu voyais des amis, mais tu ne peux décemment pas rentrer chez Alecto ou Selkie comme ça, sans prévenir. Et tu n'as pas envie de leur envoyer des messages, tu veux rester là. T'as envie de pleurer, maintenant, comment est-ce que tu peux te laisser avoir comme ça, si facilement, tu n'as donc aucune estime de toi-même ?

fuis moi.

Tu t'enfonces. Tu vois, Aedan, c'est exactement pour cette raison là, que tu as fait les choses comme un sac, avec elle. Tu as préféré tout arrêté en envoyant un pauvre mail, malgré tout ce que vous partagiez, parce que tu savais que si tu te retrouvais face à elle, tu serais parfaitement incapable de la laisser, de t'éloigner, d'aller jusqu'au bout. Tu es lâche, oui. Tu mérites certainement d'être lapidé en place publique et si on racontait ce que tu as fait à un groupe de personnes, probablement que tu en deviendrais la risée.

Freya, c'est ton point faible et ton point fort à la fois. Elle était la lumière de ton existence, celle pour qui tu aurais pu tuer. Celle pour qui tu pourrais toujours tuer, d'ailleurs, tu t'en rends compte. Alors, maintenant qu'elle est là, tu te retrouves pieds et poings liés, incapable d'écouter la voix dans ta tête, celle qui te hurles de la laisser, de la planter sur ce parking et de remonter, seul, dans ta fichue voiture. « Ça ne s'arrange pas, alors … » Tu savais. Tu savais tout, d'elle. A l'époque, c'est toi qui la soutenait dans ce genre d'épreuve, aujourd'hui, c'est devenu un sujet de conversation criant de banalité, presque au même niveau que la météo tant tu ne sais pas vraiment ce que tu es censé répondre.

Et tu souffles, soupir. La fumée blanche s'échappe d'entre tes lèvres et se dissipe dans l'air froid de la nuit. Elle approche. Elle vient prendre appui sur toi. Une nouvelle fois, tu te retrouves complètement crispé. Il y a un silence, gênant et pesant, puis tu bouges et maladroitement ta main vient se poser dans le haut de son dos, tu tapotes, doucement. Tu ne dois pas. Tu ne sais pas encore ce que ça fait, exactement, tu n'as pas le moindre contrôle sur … ça. Pourtant, tu refuses, égoïstement encore une fois, de perdre l'occasion de ce contact, alors, tu le prends, et puis, tu recules, tu te dégages. Et ce simple mouvement est si douloureux que ça s'imprime sur ton visage, l'espace de quelques secondes. Une grimace atroce. « Viens… » Voix enrouée, d'un signe de la main, tu l'invites à avancer vers la voiture, tu ouvres la portière côté passager pour la faire monter. « Tu veux que je te dépose chez tes amis ? » Une certaine curiosité. Une crainte, aussi au fond. Et puis, certainement une bonne dose de jalousie, dans ces quelques mots.

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Il recule, il te fuit. Aedan te fuit, Freya. Qu'est-ce que tu as bien pu faire, pour le mettre dans cet état ? D'aucuns auraient sûrement dit que c'était ce qui l'avait fait s'éloigner de toi, que tu avais dû être bizarre, comme d'habitude, et qu'il avait dû prendre peur, comme maintenant. Tu ne veux pas écouter cette petite voix dans ta tête, tu veux continuer à penser que tu n'as rien fait, que ce n'est pas ta faute, il t'avait dit de toujours être toi-même, que tu n'avais pas besoin de faire des efforts, que tu pouvais être celle que tu étais, tout simplement, sans filtre. Et regardez vous, maintenant... Il te propose de te déposer. Tu n'as nulle part où aller, tu n'as prévenu personne. Tu as envie de lui dire non, vraiment, tu as envie de te plier en deux, de t'excuser et de fuir à l'arrêt de bus. Et c'est ce que tu devrais faire mais ... L'instant d'après tu es dans la voiture, assise à la place passager. La place du mort, quelle ironie.

Mon ami habite sur un grand boulevard des Clématis, tu peux me laisser vers la fontaine avec le lion. Vous aviez mangé des glaces, là bas, un été. Tu te tends un peu, détourne les yeux, essaye de te réchauffer. Tu peux toujours passer chez Alecto à l'improviste, après tout, tu as les clefs. Il te fait suffisamment confiance, il t'a dit de venir quand tu le souhaitais. Ce serait sûrement très incorrect à cette heure mais... C'est la seule piste que tu vois, maintenant.

fuis moi.

La portière claque, lorsqu'elle est assise dans la voiture, tu fais quelques pas, amorce le tour de la voiture pour rejoindre ta propre place, au volant, mais, tu t'arrêtes en chemin rien qu'un instant. Là, tu prends une grosse inspiration, et puis, tu expires, lentement, longtemps. Ça va aller. C'est l'affaire de quelques minutes, ensuite, quand elle aura disparu de ton champ de vision, tout sera bien plus facile. Tu pourras prendre la résolution d'être plus prudent et de l'éviter coûte que coûte à l'avenir. Tu pourras te promettre que, si tu te retrouves à nouveau face à elle, tu auras la force de lui tourner le dos.

Tu peux toujours espérer y arriver, non ?

Tu te glisses finalement dans la voiture, referme la portière avant de, soigneusement, venir attacher ta ceinture et redémarrer le véhicule. Si tu lui jettes un regard, il est rapide et furtif, probablement aurais-tu espérer qu'elle se ravise et te demande de la ramener chez elle, mais de quel droit espères-tu qu'elle soit toujours seule ? « La fontaine avec le lion … c'est sur mon chemin. » Pas très loin de ton appartement, en réalité.

Une marche arrière, tu quittes le parking de l'hôpital sans encombre avant de t'engager sur l'artère qui mène droit au quartier des Clématis. Durant les premiers instants, tu es silencieux, si plusieurs fois tu essaies d'ouvrir la bouche tu finis toujours par te raviser et puis … tu cèdes. « Je le connais ? Cet ami ? » Tu pars immédiatement du principe qu'il s'agit d'un ami … ça pourrait bien être une amie, hein, mais visiblement, ça ne te traverse pas l'esprit, trop aveuglé par ta jalousie. Il y avait bien longtemps que tu n'avais pas ressenti ça, c'est aussi plaisant que dérangeant, en réalité.

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Tu ne perçois pas la jalousie dans le ton de sa voix, même si quelque part, tu t'en doutes. Qui est-il pour t'imposer ça, alors que c'est lui, qui a rompu ? Heureusement que tu n'en as pas conscience, ma pauvre, tu te torturerais l'esprit pour rien, sinon. Tu lui jettes un regard en coin, une première fois, quand vous quittez le parking, et puis tu t'humidifie un peu les lèvres. Je ne sais pas, c'est possible. Tu marques un long silence, et puis tu essayes de ne plus le regarder mais la vérité c'est que tu le gardes en visuel, du coin des yeux, coûte que coûte. Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu fais ça, mais tu le fais. C'est un model, tu l'as peut-être déjà vu sur des affiches ou des magazines, je n'sais pas.

C'est improbable de t'imaginer fréquenter ce genre de personnes, tu le sais, mais c'est arrivé comme ça. Tu ne sais pas, c'est juste arrivé, tu ne veux pas y penser en vérité. Tu te tends un peu, c'est perceptible dans ta façon de triturer nerveusement tes doigts sur le bord de ton pull. Tu sais, je suis désolée. C'est murmuré si bas, si tout n'était pas aussi silencieux, il n'aurait rien entendu. Je ne voulais pas tout gâcher, Aedan. Est-ce qu'il est vraiment trop tard pour parler de tout ça ? Il ne veut clairement pas, mais...

fuis moi.

Tu te maudis, à la seconde même où cette question ose sortir de ta bouche. Tu sais, Aedan, tu mériterais qu'elle t'annonce qu'elle a refait sa vie, elle mériterait d'avoir refait sa vie, elle mériterait d'être heureuse et toi, toi, tu n'aurais qu'à la regarder, là, en restant sur le côté à souffrir parce que le responsable de cette situation, c'est toi. Seulement toi. D'ailleurs, quand elle te répond, tu n'oses même plus ajouter quoi que ce soit. Non seulement, c'était bien l'ami au masculin, mais en plus, c'est pas vraiment n'importe qui, ou le premier venu. Un model. Depuis quand est-ce qu'elle fréquente ce genre de personne, exactement ?

Tu te permets un soupir, tu tournes la tête, tu l'observes quelques secondes encore avant de retourner à la route. Tu laisses le silence revenir, tu te dis que c'est mieux comme ça, que ça ferait mieux de rester comme ça jusqu'à ce que la fontaine apparaisse et que tu l'y déposes. Mais voilà, sa voix résonne, tout bas, tout doucement à nouveau. Des excuses. Et forcément, toi, tu ne comprends pas pourquoi, au départ, il lui faut ajouter ces quelques mots, juste après pour que le lien se fasse. Elle parle de vous. D'avant. Et toi, tu tournes à nouveau la tête vers elle, pour lui lancer ce regard plein d'incompréhension. « Tu n'as rien gâché du tout. » Tu dis ça, comme si c'était la chose la plus évidente au monde, à tes yeux, c'est évident, mais c'est le genre de chose qui arrive forcément quand on quitte quelqu'un sans avoir pris le temps de s'expliquer. Quand on abandonne l'autre en écrivant quelques mots dans un mail … « Tu n'es responsable de rien. C'était moi, juste moi. » Toi, oui. Toi, ton égoïsme, ta fierté, ton esprit de compétition à la noix. Toi et ta manie de ne pas savoir voir ce que tu as de bien, de bon dans ta vie. « Si quelqu'un doit s'excuser, c'est plutôt à moi de le faire. » Plutôt deux fois qu'une, même.

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Il devrait s'excuser, selon lui. Tu notes quand même qu'il ne l'a jamais fait, et qu'il ne semble pas prêt à s'y mettre aujourd'hui non plus. Tu n'as rien fait de mal, c'est fou ça. Tu peines à le croire, mais d'un autre côté, s'il le dit, c'est sûrement vrai. Ah... Ta tempe vient se coller contre la vitre froide, embuée, alors que tu regardes les lumières diffusent qui défilent. C'est dommage. Voilà tout ce que tu trouves à dire. C'est dommage, d'avoir gâché tout ça, c'était important pour toi, mais est-ce que tu pourrais vraiment le forcer à passer l'éponge ? Tu ne sais pas. Que se serait-il passé si tu n'avais jamais lu le mail ? Ou si tu avais décidé de l'ignorer ? S'il était parti dans tes indésirables ? Tu ne sais pas. Les choses auraient sans doute été différentes.

Ta voix me manquait, tu sais. Lui qui parle si peu, il t'arrivait de l'entendre, de temps à autre, un écho, une vieille vidéo, un souvenir. Tu ne savais pas trop. C'était là, ça t'arrachait des frissons et te serrait le cœur, généralement. J'ai sûrement encore des affaires à te rendre, si tu veux. Probablement rien qu'il tenait à garder, puisque de toute évidence il n'était jamais venu les chercher, mais... Tu ne savais pas, tu voulais t'accrocher, juste un peu.

fuis moi.

Regarde toi. Tu sais que tu devrais t'excuser. Tu dis que tu devrais t'excuser. Mais, est-ce que tu t'excuses ? Non. Tu n'en as pas la force, et surtout, encore une fois, ta fierté t'en empêches. Encore et toujours elle. Un jour, il faudra bien que tu te rendes compte que c'est elle qui t'empoisonnes la vie, que si tu ne fais pas un travail là-dessus, tu ne pourras jamais réellement avancer. Et puis, que dire de sa réaction, hein ? Aussi plate que tu aurais pu l'être. Qu'est-ce que ça fait, Aedan, de voir les rôles s'inverser hein ? D'être confronté à des réactions que passe ton temps à imposer aux autres.

C'est dommage. C'est tout. C'est comme ça. Au moins, ça a pour effet de ramener tes yeux sur la route, au bon moment. Tu donnes un petit coup de volant pour remettre la voiture au droit sur la route dans un soupir. Plus les minutes s'égrainent et plus c'est difficile à supporter. A chaque fois que tu retournes t'enfermer dans le silence, elle parle et … et tu te sens couler, tiré vers le fond. Tout d'elle te manques, chaque jour, depuis que tu as envoyé ce mail et pris cette décision stupide et insensée. Mais ça aussi, ta fierté t'empêche de le dire. « Tu … tu as tout gardé ? » Tout comme tu as gardé la veste qu'elle a oubliée chez toi, celle qu'elle n'a jamais eu l'occasion de venir récupérer. « Je passerais les récupérer si ça t'ennuie. »

Et puis, c'est de nouveau le silence, quelques minutes. Cette fois, pourtant, c'est toi qui vient y mettre fin. « Mon frère va se marier. » Pourquoi est-ce que tu te sens obligé de lui dire ça ? Aucune idée. Visiblement, c'est la soirée des annonces étranges.

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Le coup de volant a le mérite de te ramener vers les vivants, dans la réalité. Tu quitte les lumières des yeux et soupire doucement, un soupir léger, surpris. Tu t'installe au fond du siège, tu as cessé de triturer ton pull après avoir tiré sur une maille avec ton ongle. Idiote, va. Il te parle de ses affaires, tu n'as pas la force de lui dire que ça ne te dérange pas, de les avoir, que tu aimerais juste le voir passer chez toi. Tu n'as pas la force de lui dire que tu as juste lavé et plié ses affaires, dans un coin de ta penderie, et que tu ne les regardes jamais. Tu n'as pas la force de lui dire tout ça, et quand il vient évoquer le mariage de son frère tu reposes tes yeux sur lui et murmure, tout bas : On aurait pu, aussi. C'est vrai, même si vous n'en aviez jamais parlé, vous auriez pu prendre son frère de vitesse et vous marier avant, parce que pourquoi pas. Peut-être que ça lui aurait fait plaisir, tu n'en savais rien, tu n'arrivais pas à lire en lui, pas maintenant, pas l'esprit aussi embrouillé.

Ta main s'accroche à la poignée de la porte quand tu réalises ce que tu viens de dire, et tu soupires à nouveau. Laisse moi là. Tu es encore à deux bon kilomètres de l'endroit que tu lui as indiqué, de la fontaine, mais tant pis, tu ne peux pas supporter d'autant te faire honte, il ne mérite pas que tu lui cours après comme ça. C'est ce qu'Alecto a dit, en tout cas, alors que Selkie opinait doucement. Ta sœur t'aurait tuée de te savoir là, à faire ce que tu étais en train de faire. J'étouffe, il faut que je marche.

fuis moi.

Il te pèse, le mariage de ton frère. Encore quelque chose qui le fait briller auprès de votre famille. Tes parents sont si fiers de voir l'un de leurs deux garçons faire un beau mariage, ta mère est aux anges et tu ne supportes plus de l'entendre parler de ce mariage. C'est une souffrance qui te fait réaliser à quel point tu as su faire les mauvais choix, dans la vie. Oh, bravo, Aedan, tu fais carrière dans la médecine mais tu n'es même pas en haut de l'échelle. En vérité, tu es même pratiquement tout en bas, tu sauves des vies, oui, certains diraient que tu es un vrai héros, hein, toi, tu vois juste que tu n'as que peu de reconnaissance, que tu trimes, que tu t'épuises à la tâche. Si encore tu étais parvenu à être un brillant chirurgien. Mais ça prend du temps, tu es encore trop jeune pour ça, malgré la trentaine qui approche. Tu n'as pas choisi le domaine le plus simple, c'était fait exprès, tu voulais y arriver, le dépasser … et regarde ce que tu as sacrifié pour ne même pas obtenir ce que tu voulais.

Ces quelques mots font mal, Aedan. Au moins une chose sur laquelle tu avais devancé ton frère, toi, tu avais trouvé l'amour de ta vie en premier. Tu l'avais. Elle était là. Tu l'aimais, elle t'aimais et vous auriez pu continuer, longtemps, toute une vie, peut-être. Tu l'aurais épousée, c'est certain, si tu n'avais pas tout détruit pour te concentrer sur autre chose. Tes mains se crispent sur le volant. Maintenant, elle veut te fuir. C'est bien. Et pourtant ça fait mal. La fontaine n'est même pas proche, elle veut descendre et encore une fois, tu te retrouves à donner un coup de volant, trop violent, à te déporter pour arrêter la voiture sur le côté. Tu freines, encore une fois bien trop brusquement. « Je suis désolé. »

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Tu t'accroches à ce que tu peux lorsqu'il braque violemment la voiture pour se garer. Tu ... Tu n'as pas envie de descendre, pas alors qu'il est dans cet état, en vérité. Mais s'il continue à conduire, il va finir par vous tuer, ou se tuer tout seul. Tu ne sais pas si tu pourrais te pardonner ça, tu es même intimement persuadée que tu ne pourrais pas. Tu ne pourrais pas vivre sans lui, même si tu as bien réussi à le faire jusqu'ici, tu as vécu avec le fantôme de son souvenir, et il faut aussi dire que tu as été sacrément occupée. Et maintenant ? Tu n'en sais rien. Tu restes assise dans la voiture, tu l'observes un moment avant de soupirer.

Viens. Je vais te raccompagner à pieds jusqu'à chez toi. Il fait froid, mais hors de question qu'il conduise, il devrait le savoir. Et tu n'as pas envie de le laisser. Tu n'as pas envie de relâcher prise maintenant. Oh tu fais ça mieux que personne, bien sûr, mais cette fois tu ne veux pas. Tu veux t'accrocher, rien qu'un peu. Aedan vient de s'excuser, et tu sais qu'il ne s'excuse pas de sa conduite, alors... Tu peux lui accorder au moins ça, pas vrai ? S'il te plait... Ta voix se fait douce, pas suppliante, mais chargée d'émotions que tu ne maîtrise pas.

fuis moi.

C'est ça. Perd le contrôle, maintenant. C'est vrai, Aedan, il ne manque plus que ça au tableau pour sombrer encore davantage dans le tragique, provoque un accident, tiens, que vous puissiez mourir tous les deux dans cette voiture. Vraiment … C'est même ce moment là, précisément, que choisissent tes excuses pour se présenter d'elles même, s'échapper de ta bouche. Et toi, tu as l'impression que ça vient de te vider de toute ton énergie, comme si tu gardais ça depuis bien trop longtemps, comme si tu mettais toute ta force à tout garder enfermé. Quand ça s'ouvre, un peu, tu respires, certes, mais tu te sens épuisé.

Le comble, c'est quand c'est elle qui te propose finalement de te raccompagner jusqu'à chez toi. A pieds, oui, parce que tu sais aussi bien qu'elle que tu n'es sûrement plus en état de conduire, pas quand elle est dans la voiture, non, tu passes plus de temps à l'observer, qu'à regarder la route autant dire que ce n'est pas vraiment une bonne chose. « D'accord. » Tu souffles, en reprenant les clés de la voiture avant d'en sortir à nouveau. Tu patientes, le temps qu'elle sorte à son tour, et puis, tu verrouille les portières avant de t'avancer le long de la route pour rejoindre le trottoir le plus proche. Il fait froid. L'automne est laid … tu n'as jamais aimé cette saison, de toute façon. C'est gris, froid, pluvieux, humide. Tout ce que tu détestes.

Tu l'attends, tu te places juste à côté d'elle avant de te mettre à marcher, tranquillement, en silence au départ. « Et ton ami, alors ? Il ne va pas t'attendre ? »

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FUIS MOI

Le silence qui s'installe entre vous deux est terriblement agréable. Tu pourrais marcher des heures comme ça, et vous l'avez déjà fait, vous êtes déjà rentrés tous les deux, à pieds, vous vous êtes déjà baladés de nuit, sous la pluie même. Juste parce que vous pouviez. Et finalement, quand la question tombe, tu penses au double des clefs accroché à ton trousseau, que tu touches du bout des doigts. Il est glacé. Tu es glacée aussi. J'ai menti. Voilà qui est peu courant, mais tu marches devant toi, sans le regarder.

Il ne m'attend pas, j'étais censée rentrer mais je t'ai vu et je t'ai suivi. C'est honnête, cette fois, tu préfères être honnête, tu n'as jamais menti à Aedan, tu ne veux pas commencer tout de suite. Tu soupires, faiblement, tes lèvres sont éclaircies par le froid et le nuage de vapeur qui s'échappe d'elle est si épais qu'il pourrait être palpable. Il habite vraiment par là bas, je pensais l'appeler une fois que tu m'aurais déposée, ou simplement aller chez lui, j'ai son double. Tu n'as pas conscience de comment ça sonne, de la façon si particulière dont vous pourriez être perçus, ton ami et toi. Tu frottes tes bras nerveusement avant de soupirer doucement, tout bas. Mais je préfère m'assurer que tu te tue pas en voiture. Tu serais sincèrement si triste, si ça devait arriver, Freya.

fuis moi.

Ce n'est pas si loin … ce n'est pas si proche, non plus cependant. Tu n'avais certainement pas prévu de rentrer à pied ce soir, tu ne rentres jamais à pied. Mais tu marches. Tu avances. C'est tout ce que tu fais, Aedan, tu progresses doucement, sans forcément te presser malgré le froid ambiant, tu gardes le silence parce que tu te demandes ce que tu pourrais bien ajouter après tout ça, et surtout, si c'est une bonne idée, finalement, de continuer à discuter. Vous ne pouvez pas discuter, parce que tu sais que votre conversation sera forcément rythmée par des allusions, des remarques, ce ne sera pas volontaire, ce sera simplement un besoin que vous aurez, tous les deux, d'exprimer ces choses, ces non-dits.

Il y a néanmoins cette remarque que tu te fais, et qui sort, qui vient se poser là, sur le tapis, entre vous deux. Sa réponse t'intrigue. La précision suivante te rassure, t'apaise, mais avant que tu n'aies eu le temps de souffler ce soulagement, celui de te dire que ce n'était qu'un ami et surtout, qu'il n'était qu'un prétexte … elle ajoute autre chose. Une sombre histoire de clé qui te ramène au point de départ, et même encore un peu plus au fond du puits de ta jalousie. « Ah … je vois … » Tu te pinces les lèvres, pour t'empêcher d'en dire plus, d'ajouter quelque chose que tu n'as certainement pas le droit d'ajouter. Tu n'as aucun droit, de te mêler de sa vie personnelle, ça ne te regarde plus. Ça ne te regarde plus depuis le moment où tu as cliqué sur "envoyer", dans ta fichue boîte mail.

A la place, tu viens retirer ta veste épaisse et lourde, tu vas avoir encore plus froid, mais peu importe, parce qu'elle frotte ses bras, et que c'est comme un signal pour te dire qu'elle en a plus besoin de toi. Tu viens simplement la poser sur ses épaules, tâchant de l'effleurer le moins possible. « Je ne me serais pas tué. J'ai l'habitude. » L'habitude de rentrer et de conduire à moitié endormi, oui.

En tout cas, tu finis par en avoir un peu marre de traîner visiblement, ta main passe dans son dos, se pose contre la veste et tu la pousses légèrement en avant, alors que tu accélères le pas. « Dépêchons nous, on sera plus au chaud à la maison. » A la maison, oui … comme si rien n'avait changé.

Inscription : 12/11/2021

FUIS MOI

A la maison. Tu frissonnes. Il a posé sa veste sur tes épaules, tu réagis à peine, tu réagis plus tard, il s'est déjà éloigné, il marche à nouveau, puis il revient, il pose sa main dans ton dos pour te forcer à avancer. Tu fronces les sourcils. Aedan est un océan insondable, fait de vagues qui vont et viennent inlassablement. Il ne sait pas ce qu'il veut, probablement, tu ne sais pas non plus. Lui, sans doute, mais ensuite ? Est-ce que c'était si dysfonctionnel entre vous ? C'est ton seul exemple de relation, alors comment savoir ?

Tu presses le pas, après tout c'est ce qu'il veut, tu ne cherches pas à comprendre, tu ne cherches pas d'explications. Il doit sans doute vouloir se débarrasser de toi mais... Pourquoi il sonne comme si tu allais monter ? Comme s'il allait t'accueillir, là bas ? Tu n'as pas tellement envie, il te semble. Tu as peur, sans doute. Probablement parce que tu sais qu'il n'y a rien de changé entre les quatre murs de son appartement. Aedan est toujours le même, le temps qui passe ne saurait l'affecter, et ça te fait mal. Il s'est passé tant de choses dans ta vie ces derniers temps que... Aedan... C'est murmuré tout bas, alors qu'enfin tu daignes le regarder. Est-ce que tu peux vraiment lui faire ça ? Au moins tu ne lui imposes pas de larmes, de regard triste et j'en passe, tu ne sais pas faire, tu garderas les larmes pour quand tu arriveras chez Alecto. Tu marques un silence, t'apprête à dire simplement que tu l'aimes encore, mais te ravise. De cela, tu ne pourrais revenir. Et, tu es intimement persuadée qu'il est déjà parfaitement au courant.