Re: fuis moi. (freya)

fuis moi.

Être dehors par ce temps n'a rien d'agréable, c'est tout ce que tu vois, pour l'instant. La voiture était chauffée. L'appartement l'est encore mieux. Tu ne peux retourner en arrière, conduire n'est pas une bonne idée alors tu fais le choix d'avancer un peu plus vite pour rejoindre le confort de ton chez toi. Tu ne penses à rien d'autre, du moins, tu essaies. Tu te permets un contact, mais un contact qui possède ta veste comme barrage, juste pour la pousser en avant, l'entraîner avec toi. Tu vois, Aedan, c'est encore un de tes immenses problèmes, ça, tu parles sans penser aux conséquences, tu ne vois que la surface des mots que tu prononces, tu ne creuses pas, tu ne cherches pas à savoir quelles interprétations on pourrait en faire. Quand tu te rends compte que tes mots peuvent vouloir dire mille choses à la fois, il est déjà bien trop tard.

Ici, il y a plus de bruit que dans la voiture … il y a le vent et les bruits de la ville, pourtant, tu entends sa voix, ton prénom, et tu te figes dans l'instant. Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas encore lui faire du mal. Tu lui as déjà fait mal, de nouveau. Quand tu te retournes, elle ne pleure pas, non. Il n'y a rien d'autre qu'elle, elle et ses yeux qui te fixent. Elle. Et ça te ramène quelques années en arrière, quand tout allait bien entre vous. Est-ce qu'il y avait des ombres à votre tableau ? Oui. Peut-être. Sans doute. Et pourtant, elles n'ont jamais été assez marquantes, parce que tu n'en as aucun souvenir. Tout était simple. Tout était beau. Tout était … intense et doux à la fois. Ce que tu avais pour elle, c'est toujours là, tu n'es jamais parvenu à t'en débarrasser, ça te colle à la peau, ça fait partie de toi. Elle fait partie de toi.

Ne fait pas ça … Elle hurle, la petite voix. Elle refuse que tu bouges, que tu ne viennes aggraver les choses. Pourtant, toi, tu fais un pas, tu tends la main, tu attrapes la sienne et la tire jusqu'à toi. Tu refuses de passer tes bras autour d'elle, de la serrer contre toi. Tu te l'interdis, pour elle, pour son bien. « Je sais. » Tu lui glisses, simplement. « Moi aussi. » Evidemment. Et pourtant, tu ne peux pas céder, depuis que c'est arrivé, depuis que tu es impliqué là-dedans, tu ne peux plus lui dire oui. Il est trop tard.

Inscription : 12/11/2021

FUIS MOI

Il sait, il dit. Il sait. Mais il n'en sait rien, finalement. Il ne sait rien de ce qui est arrivé. Oh tu n'as ni les mots, ni la force de lui expliquer, tu te contentes de son silence, et de son espèce d'étreinte alors qu'il t'attire vers lui, près de lui. Tu abandonnes la marche et te heurte contre lui, mollement. Tu as envie de te raccrocher à lui, Freya, tu as envie de pleurer, mais tu n'as pas réussi à pleurer depuis que tu as retrouvé la photo. C'était il y a des mois, des semaines, peut-être ? Tu ne sais plus. Le temps est une notion que tu n'as jamais bien maîtrisé, honnêtement.

Cette fois, c'est toi qui te raccroche à lui, qui refuse de lui donner la moindre occasion de fuir, de s'échapper, tes doigts accrochent le tissus dans son dos, alors que tu t'imprègnes de son odeur, emmitouflée dans sa veste. Il a peur, Aedan, tu le sens, là, c'est visible, présent. Il n'est pas comme ça, d'habitude. Il n'est pas aussi... Tu ne sais pas. Aedan, je t'en prie... Petite voix, toujours pas parfaitement suppliante, mais finalement pas si loin. Tu t'accroches à l'idée qu'il pourrait céder, rien qu'un peu, un tout petit peu, vous en avez cruellement besoin tous les deux. Il t'aime, tu l'aime, tu as envie de céder, de tomber à genoux et de le supplier, mais tu ne sais pas fait, ton corps refuse de coopérer, tu ne sais pas être dramatique, Freya, tu n'as jamais tellement su. Tu me manques tellement. C'est avoué, il a sûrement besoin de l'entendre, et tant pis si ça fait mal, tant pis s'il te repousse.

fuis moi.

Tu sais. Tu sais parce que ça se sent, et parce que ça se voit. Parce qu'hier encore, tu te figurais que si tu devais la revoir tu ferais face à de la colère, peut-être même à de la haine. Ce n'était que l'un de tes nombreux, trop nombreux mécanismes de défense. Freya n'a jamais été comme ça et au fond de toi, tu savais parfaitement que tout ce que tu parviendrais à faire, c'est la blesser, gravement et durement. Tu te prends simplement la réalité en pleine face, elle est blessée, tu lui as fait du mal et malgré tout, tu vois toujours au fin fond de son regard cet éclat, cette étincelle qui n'existe que pour toi. La même qui se trouve dans tes yeux, pour elle, uniquement pour elle.

Pourtant, c'est comme ça. Vous êtes dans cette situation, où tu sais bien ce qu'elle veut, elle désire de toi ce que tu ne peux plus lui offrir. Le prix à payer serait bien trop lourd, et tu le refuses, même si tu dois en souffrir à crever durant ce qu'il te reste d'existence. Ta résistance est faible mais elle est bien là, tu prends mais tu te modères, tu ne veux pas que ça puisse la toucher, la blesser. Et pourtant, d'un autre côté, tu la veux. Tu la veux plus que tout. Forcément, quand elle approche encore, ou plutôt, quand elle s'accroche à toi, tu sens que ça craque, que ça se déchire à l'intérieur. Ça fait mal. Ça fait si mal, Aedan … Une douleur sourde, mais infâme qui pourrait t'arracher un hurlement tant elle prend possession de toi.

« Freya … » Voix brisée. Tes bras ne savent plus qui ils doivent écouter. Ta tête, qui bataille, qui s'acharne à ce que tu ne viennes pas l'étreindre, et ton cœur qui en fait de même pour obtenir tout l'inverse. Une lutte acharnée, et tu ne sais même pas ce que tu veux, toi. Ni l'un, ni l'autre ne devrait gagner, dans les deux cas, ce serait un supplice. Ça l'est déjà. Et ce sont tes mains qui viennent s'accrocher à ses épaules, fermement, au départ, tu ne fais que la maintenir contre toi et finalement, tu t'éloignes de quelques centimètres, les yeux baissés, honteux et désolé. « J'peux pas … » Un murmure, une voix éteinte et étouffée. Tu ne peux pas lui faire de mal, l'avoir près de toi ce serait la tuer à petits feux. « Tu comprends pas … c'est dangereux d'être près de moi. » Est-ce que tu as le droit de lui dire ? Elle ne comprendrait pas. Et s'il apprenait ? Si Numa savait. « J'peux pas, Freya … j'peux pas … » Et pourtant, tu brûles pour elle. Tu ne brûles que pour elle.

Inscription : 12/11/2021

FUIS MOI

Même s'il te repousse, un peu, mollement, doucement, tu te contente de rester là, au bout de son bras, sans bouger, emmitouflée dans l'épaisse veste. Il ne peut pas. Tu crois que tu comprends, un peu. Tu crois que tu vois que quelque chose ne va pas, que ce n'est pas sa faute. Tu ne sais pas s'il y a quelqu'un d'autre, ou quelque chose d'autre, tu ne sais pas. Tu ne sais rien Freya. Tu n'as jamais rien su. Mais dans son attitude, quelque chose ne tourne pas rond. Tu n'as pas envie de perdre la face mais tu ne peux décemment pas partir dans l'autre direction, tu vas marcher des heures, sinon. Alors, tu pourrais aussi passer sur le trottoir d'en face et l'ignorer, mais tu ne peux pas aller au delà de cette tristesse qui lui colle au visage. Qu'est-ce qui se passe ? Mais qu'est-ce qui se passe, enfin ?

Tu n'as pas l'air d'aller bien. Ah ça, Freya, c'est le moins qu'on puisse dire. Un instant de silence, tu penses à ta propre situation, tu penses aux mots de ton étoile et tu te demandes si ça aurait un rapport. Tu restes silencieuse, l'observe, un long moment, puis poke son torse du bout de l'index. On est pareils, je crois. Un sourire, tu t'essayes à un sourire. Il ne dure qu'un temps, un court laps de temps, mais pendant ce temps il est là, réel, présent. Tu détournes les yeux. Si tu as besoin de parler, je suis là, tu as mon numéro de téléphone. On est pas obligés de... De s'aimer, à nouveau, peut-être. Tu ne sais pas comment le formuler alors tu t'abstiens juste de le faire. Tu veux juste qu'il comprenne que tu peux être là, pour lui.

fuis moi.

Il fallait bien que ça arrive, non ? Quand c'est arrivé, quand tout ça à commencé, tu n'en avais que faire, tu ne faisais rien de ton existence, tu avais l'impression d'avoir tout raté, il n'y avait personne, alors finalement, ce n'était si grave, de te retrouver dans cette situation. Doté de cette … capacité. Tu n'as jamais rien eu à faire de spécial, c'était comme avoir une nouvelle chose à faire, à accomplir, comme si ça devait arriver. Tu devais être au fin fond d'un gouffre pour penser comme ça, toi qui n'a jamais cru une seconde au destin.

Mais maintenant, elle est là. C'est tout ce qui ne devait pas arriver, elle ne devait pas revenir, elle devait continuer de vivre en parallèle, vos chemins ne devaient pas se croiser à nouveau. Ce soir, pourtant, elle est devant toi et comme toujours, tu ne peux pas résister, tu ne peux lutter contre ça, c'est plus fort que tout, plus fort que ce lien qui a été créé entre toi et ton étoile, entre toi et les autres liés. Il faut pourtant bien que tu te battes, que tu refuses, tu dois te débattre pour la pousser à s'éloigner de toi, à retourner là-bas, là où tu n'es surtout pas. Elle est la dernière personne que tu veux voir mourir à cause de toi.

Tu ne vas pas bien. Probablement que ça fait des semaines, que ça ne va pas bien, mais jusqu'à présent, tu ne t'en étais même pas rendu compte. « Rien ne va … » Un murmure, à peine audible. Rien ne veut aller comme tu voulais que ça aille, tu ne contrôles plus rien, tu es en train de lâcher prise et tu ne sais pas le faire, tu ne sais pas comment survivre sans avoir le contrôle total sur ce qui t'entoures. C'est en partie pour ça, que tu as mis fin à votre relation, c'était la seule équation que tu ne savais pas résoudre, le seul aspect de ta vie sur lequel tu ne pouvais, ni ne voulais avoir le contrôle. Ça n'allait pas. Il avait fallu que tu t'en débarrasses.

« Je … » Pourquoi est-ce qu'elle ferait ça ? T'écouter. Tu ne mérites pas qu'elle prenne le temps pour toi. Et puis, surtout, encore une fois, peux-tu te confier à elle sans la mettre en danger ? « J'ai des ennuis. » C'est comme ça que tu vois les choses, hein. Des ennuis. Le mot est faible, certains ont des problèmes d'argent, toi, tu t'es retrouvé lié à une étoile parce que t'as eu le malheur de croiser ce foutu libraire. « Je refuse que tu sois mêlée à tout ça. » Tu te redresses, détournes les yeux, tes mains pressent toujours ses épaules et tu finis par lâcher prise, souffler, soupirer. « J'ai peur, Freya. » Peur de ce qu'ils finiront par te demander.

Inscription : 12/11/2021

FUIS MOI

Rien ne va. C'est ce qu'il dit et clairement tu n'as aucune peine à le croire, Freya. Aedan n'a l'air d'être que l'ombre de lui même, et déjà que de base il est assez lunaire comme garçon, là c'est une véritable éclipse. Tu ne sais pas quoi faire, tu n'es pas douée pour trouver les mots, rassurer, rien qu'un peu. Tu réfléchis, vite, mais mal. Tu penses à Leto, qui, vraisemblablement, a des ennuis aussi mais ne souhaite pas te les partager. Est-ce que c'est pareil pour Aedan ? Le même genre d'ennuis ? Tu n'en sais rien, tu veux juste les prendre dans tes bras et leur dire que ça ira, que vous pouvez le faire ensemble, mais tout ça, ce n'est pas toi. Tu ne sais pas faire ça. Tu ne sais pas. Tu soupires. Je vois des spectres. C'est que tu annonces, tout bas, après qu'il t'ait dit avoir peur. Comment un grand garçon comme Aedan peut-il avoir peur ? Qu'est-ce qui peut bien le menacer ?

J'ai peur aussi, tu sais. J'ai peur de te perdre pour toujours. Tu n'as pas envie de lui expliquer, tu n'as pas envie de lui dire ce que vous avez traversé, tous les trois. Encore qu'il te semble que Selkie ne se souvient pas. Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Tu n'as simplement pas envie de le croiser un jour et de savoir qu'il est déjà de l'autre côté. Et cette fois, tes yeux se gorgent de larmes quand tu viens te heurter à lui à nouveau, et que tu tapes mollement contre son torse avec ton poing, ton visage enfouit dans ses vêtements. Me laisse pas, je t'en supplie...

fuis moi.

Evidemment que tu as peur. Peur de lui, probablement. Peur de ça, de ce que tu es, de ce que tu peux faire. Peur pour elle, maintenant, plus que tu n'as peur pour toi, ça c'est certain. Tu es une menace, c'est bien malgré toi, tu le sais, mais c'est un fait. Tu te dis, pendant un instant, que Freya doit rester loin de tout ça, de ces histoires d'étoiles qui veulent en éliminer d'autres, de celles des liés qui héritent de dons, ou de malédictions bien malgré eux. C'est une conviction qui s'évapore quand elle annonce voir des spectres. Avant tout ça, tu aurais cru à un délire, une invention, voir une métaphore, quelque chose qui n'est pas réel. Tu n'y aurais pas cru. Ce soir, pourtant, ça sonne à tes oreilles comme une bien terrible vérité qui s'ancre immédiatement dans ta réalité.

Tu restes là, figée. Ses mots te parviennent, et tu les comprends mais tu ne sais plus ce que tu dois dire, ou bien ce que tu dois faire. Elle revient là, près de toi, et ta main vient jusqu'à ses cheveux, tes doigts passent entre ses mèches, un instant, tu la laisses, là, tu conserves ce contact entre vous. « Si tu restes près de moi, tu finiras par en mourir. » Tu dis ça d'une telle manière … tu as l'air détaché, mais c'est probablement le seul moyen de parvenir à lui dire la vérité, parce qu'elle est affreuse, cette vérité. « Je ne peux pas le contrôler, c'est moi tout entier, tous ceux qui m'approchent de trop près, trop longtemps finiront par mourir. » C'est sa lumière, comme si elle faisait partie de toi. Elle irradie. Elle empoisonne, c'est un poison invisible mais si destructeur. Un poison dont tu es la source et dont tu ne sais pourtant pas grand-chose, finalement. « Je te veux, Freya … mais j'ai plus le droit. »

Inscription : 12/11/2021

FUIS MOI

Oh, Aedan... La supplication est faible, très faible dans ta voix, mais elle existe. Vous parvenez à survivre, tous les deux, dans cette rue qu'il pense déserte, et où tu te fais violence pour ne pas esquiver les âmes qui vous heurtent, sans vous calculer. Qu'est-ce que ça peut bien faire, de mourir, Freya ? Tu te demandes. Cette question tu l'as déjà posée, à plusieurs patients, ceux qui te regardent avec un air tendre alors que tu tiens leur main, lorsqu'ils prennent leur dernière inspiration. Et les réponses sont diverses, mais c'est souvent un soulagement, pour eux.

Tout le monde meurt un jour, tu sais. Il devrait savoir que tu n'as pas cette peur, cette angoisse maladive de partir. Tu sais que ce n'est pas une fin en soi, sûrement. Tu sais que ça ne t'empêchera pas de veiller sur lui, coûte que coûte. Est-ce lui, qui fait ça ? Est-ce comme ça ? Tu l'observes, quelques instants, puis baisse les yeux, observe vos chaussures, comme si soudainement c'était la chose la plus intéressante des environs. Je préfère ça. Tu sais que ce n'est pas une décision murement réfléchie, mais pourquoi te priver d'un peu de bonheur ? Tu n'as pas envie d'avoir une vie d'errance dans le monde des vivants, ça ne rimerait à rien. S'il te plait, prends en compte ma décision. Au moins, cette fois, tu saurais qu'il aurait ta peau, d'une façon ou d'une autre.

fuis moi.

Tu te dis qu'en balançant la vérité telle qu'elle est et sans chercher à la masquer au moins un peu, ça suffira. Le constat est simple, et il est facile à résumer : si elle reste près de toi, elle finira par en mourir. C'est comme ça, tu as compris que c'était inévitable quand bien même jusqu'à présent, ce … pouvoir n'a encore jamais tué personne. Tu ne sais pas combien de temps ça met pour venir à bout d'un être humain. Quelques heures. Quelques jours. Quelques semaines. Peut-être que ça met des mois aussi mais à partir de là, tu n'y crois plus tellement.

Tu t'attends à la perdre à jamais, à partir de ce moment, après tout, ce pouvoir est déjà à l'œuvre en ce moment même, il a déjà commencé à la contaminer. N'importe qui fuirait immédiatement, ou aurait ce mouvement de recul parfaitement naturel. Cet instinct de survie. N'importe qui, mais pas elle visiblement et le pire, c'est que ça ne te surprend même pas. « Non … non, Freya … je suis sérieux. » Et elle l'est tout autant. Et tu le sais. Et toi, tu ne sais pas comment réagir parce qu'encore une fois, tu es simplement tenté d'être égoïste. Elle te demande de respecter sa volonté, mais ça voudrait dire la laisser t'approcher, encore et encore, ça voudrait dire accepter de profiter de sa présence, un temps, avant qu'elle ne s'éteigne à cause de toi. Tu ne peux pas accepter ça. Pourrais-tu réellement continuer à fouler cette terre, tout en sachant qu'elle n'est plus là ? Certainement pas. « Je veux pas te perdre … » Paradoxal, hein, quand on sait que tu l'as rejetée, éloignée. C'est différent, c'est tout, la savoir loin, ce n'est pas comme la savoir morte. « Je veux … » Ce que tu veux, c'est elle. C'est tout. Ce qui bloque, c'est ce pouvoir. Alors, tu bouges pour venir saisir son visage fin entre tes mains glacées, tu lui relèves la tête, tu la forces à te regarder, droit dans les yeux. « Je trouverais un moyen de m'en débarrasser. Je te le promets. » En attendant, tu sais bien que ça ne résout pas le problème, qu'il est même toujours bien présent. Qu'il est même encore plus gros que tu ne l'imaginais parce que, c'est une liée, elle est lié à une étoile et tu sais que ce n'est pas la tienne. Tu redoutes de recevoir l'ordre de l'éliminer, un jour, maintenant...

Inscription : 12/11/2021

FUIS MOI

Aedan est fidèle à lui même. Il prend son visage entre tes doigts, tu te sens projetée en arrière, projetée dans le passé, le coeur au bord des lèvres. Il dit que ça te tuera, mais c'est sûrement autre chose qui s'en chargera avant son pouvoir, pas vrai ? Sans doute qu'il pourrait bien te tuer, là, ici, rien qu'avec des mots, et son pouvoir n'y changerait rien. Tu as envie de le lui dire, en vérité, tu as envie mais tes joues prennent des tons rouges qui n'ont rien à voir avec le froid, et tes yeux semblent plus profond encore, il pourrait s'y noyer. Quand ils se gorgent de larmes qui menacent de déborder, tu réagis, enfin, et, doucement tu viens poser tes mains sur les siennes. Aedan est en train de te tuer, en ce moment même. Mais est-ce vraiment le pire de ce qu'il t'a fait subir ? Aedan t'a brisé le cœur, et tu as tenu bon. Aedan t'a fait l'aimer, et tu as tenu bon. N'est-ce pas finalement une libération de savoir de quoi tu pourrais mourir, et d'avoir simplement à attendre le moment, pour rejoindre les autres spectres en errance ? Tu vivrais près de lui, t'assurant qu'aucun d'entre eux ne vienne l'importuner. Tu n'en vois pas, autour de lui, qui pourrait chercher à le violenter, alors, tu te demandes : est-ce qu'Aedan avait déjà vraiment tué quelqu'un ? Avec son pouvoir ? Rien n'était moins sûr.

Écoute moi, s'il te plait... Pour une fois arrête de t'écouter toi. Les mots semblent dissonants et le ton est étrange, un peu caduque, ça se sent que tu menaces de rompre et de pleurer à n'importe quel instant, mais que tu essayes de faire bonne figure. C'est presque mignon, finalement. Je veux être égoïste et t'avoir encore un peu. Cette fois, tu retires ses mains de toi, et laisse les tiennes retomber le long de ton corps avant de froncer les sourcils. Tu veux avoir l'air déterminée, tu as juste l'air encore plus perdue que d'habitude. De toutes façons ... Si tu n'accepte pas je te harcèlerai. Pas sûr que tu saches faire, mais tu pourrais apprendre, pas vrai ?

fuis moi.

Tu n'aurais jamais dû la revoir, voilà ce que tu te dis maintenant. Voilà ce qui crée en toi ce sentiment horriblement contradictoire. D'un côté, le soulagement de ce manque constant qui s'est installé en toi depuis l'instant où tu as pris la décision de lui envoyer ce mail. Et de l'autre, la crainte, la peur panique parce que tu sais maintenant que lui dire que tu vas la tuer ne suffira plus à l'éloigner à nouveau de toi. Et maintenant, Aedan, qu'est-ce que tu vas faire, hein ? Elle va mourir si elle s'acharne. Elle finira par s'éteindre, consumée par la lumière d'Orion qui émane de toi.

Et pourtant, regarde la, écoute là. Qu'est-ce que c'est ? Ce que tu peux voir là, en elle, dans son regard. De la détermination ? Du courage peut-être ? Non. Assurément de la folie, pour toi, tu ne peux pas imaginer qu'une décision pareille soit censée. Elle n'est même pas réfléchie. Mais qu'est-ce que tu peux y faire ? Rien. Absolument rien, et tu t'en rends compte, Aedan, et ça, ça déclenche en toi un intense sentiment de panique. Tu n'as pas le contrôle, tu le perds, toujours davantage. Elle n'en fera qu'à sa tête, tu ne pourras rien y faire, elle viendra à toi, et tu vas l'empoisonner, et tu auras beau la rejeter, elle reviendra, et ça continuera. Et tu sais quoi ? Le résultat sera le même, tu finiras par perdre Freya, la différence c'est que tu la perdras en ayant lutter encore et encore pour l'éloigner, sans prendre le temps d'accepter et d'aimer sa présence. Alors que si tu la laisses faire …

Non.
Non.
Non.

Tu refuses qu'elle ne meurt. Tu ne veux pas l'enterrer. Tu ne veux pas avoir à pleurer sur une pierre tombale qui portera son nom. « D'accord. » Tu choisis pourtant de la laisser faire, oui, mais tu sais Aedan que tu vas te battre. Tu sais que tu vas lutter et ce soir, tu décides de tout faire pour rester en vie, et de tout faire pour trouver le moyen de te tirer de tout ça. Tu n'as rien demandé. Tu n'en voulais pas. Tu veux que ça s'en aille, que l'éclat d'Orion quitte ton corps. Tu veux fuir leurs histoires et peu importe ce que tu dois faire pour ça, tant pis, si tu dois tuer. Tu vas jouer le jeu, tu vas t'approcher pour mieux t'échapper. « Mais je t'en supplie … pardonne moi par avance de ce que je pourrais être amené à faire, parce que … je peux te jurer Freya, que je ferais tout ce qu'il faut. Absolument tout pour pouvoir un jour t'embrasser à nouveau sans craindre de te faire du mal. »

Inscription : 12/11/2021

FUIS MOI

Par dessus les épaules d'Aedan, il y a des silhouettes familières, l'une d'elle sourit et secoue la tête négativement. C'est un geste triste, mais complice, un geste qui laisse penser qu'il ne réussira sûrement pas, pas sans le faire au péril de sa propre vie. Tu ne peux pas accepter ça. Oh, tu pourrais toujours le voir mais... Tu pourrais toujours négocier avec ton étoile, quelque chose. Après tout, vous avez eu de longues discussions, des discussions peuplées de silences et de sourire complices. Pas les mêmes que ceux que tu vois dans la brume opaque des spectres, néanmoins.

D'accord. Quelle ironie d'avoir l'air si morte en étant de ce côté du monde. L'un deux te l'a déjà dis. Non mais Freya fais un effort, on dirait que tu as déjà rejoint ! L'idée ne t'angoisse pas particulièrement, tout comme leur présence à laquelle tu t'es faites, sûrement avant de posséder la faculté de les voir. Tu as toujours été traversée par des spectres, d'une façon ou d'une autre, la situation présente n'y change pas grand chose. Enfin.

Vous vous observez tous les deux, sans vous toucher. Tu ne sais pas si tu peux excuser ce qu'il t'a fait, il faudra que tu demandes à Alecto de te guider. Tu n'es pas bonne pour réfléchir à ce genre de choses, ni pour prendre de bonnes décisions. Il t'aidera à y réfléchir. Un courant glacé te traverse, tu te rappelle de l'endroit où vous êtes, tu soupires faiblement, repose enfin tes yeux dans les siens. On dirait que tu cherches à le noyer. Il faut que tu rentres chez toi et que tu te reposes, Aedan. Silence, tu rosis un peu, et ce n'est pas le froid. Je ne vais pas disparaître, j'ai toujours été là où tu m'as laissée. Comme si tu n'existais qu'en présence des autres, finalement.

fuis moi.

Ce soir, face à Freya, tu es fragile, vulnérable, presque à cœur ouvert comme diraient certains, même si cette expression t'as toujours fait doucement sourire. Tu n'aimes pas ça. Tu n'as jamais apprécié être en position de faiblesse, ça t'as toujours plongé dans un profond mal être néanmoins, tu as toujours été sincère avec elle, elle est sûrement la personne qui te connais le mieux, qui t'as vu sous tes pires jours. Elle est aussi celle que tu as le plus blessé sur cette Terre.

Mais elle a raison. Tu es littéralement au bout du rouleau, tu n'en peux plus, ta journée de travail si longue combinée à tout ça, ça te met un état des plus déplorables. Mieux vaudrait peut-être mieux que tu rentres, que tu cesses de lui imposer ça. « Je sais … » Oui. Tu sais. Et pourtant, tu vois, pendant un instant, tu songes à t'accrocher à elle, à la supplier de venir avec toi, de ne pas te laisser, de ne pas s'éloigner. Tout l'inverse en somme de ce que tu dois faire et ça t'effraies, pendant un instant, tu te dis que tout est complètement fichu, que tu ne parviendras jamais à la préserver de ce que tu es devenu …

Tu prends cette grande inspiration, cette bouffée d'air froid, presque glacé, tu te reprends, un peu. Tu recules, même, tu t'empêches de prendre sa main, comme tu l'aurais fait à une époque, tu ne fais que faire ce geste de la main, vers l'avant, pour lui indiquer qu'il faut continuer à marcher. Tu vas rentrer. Tu vas rentrer seul, Aedan, après l'avoir déposée en sécurité auprès de quelqu'un qui, probablement, sait prendre soin d'elle, contrairement à toi.

Inscription : 12/11/2021

FUIS MOI

Le silence qui suis l'approbation d'Aedan te laisse songeuse, rêveuse. Tout te semble plus lent, comme cotonneux. C'est sûrement le froid qui a finit par t'atteindre mais. Tu ne sais pas. Tu regardes quelques instants à l'endroit où il se trouvait, ou du moins derrière cet endroit, tu cherches quelque chose, une présence, que tu ne vois pas, et affiche un faible sourire, un sourire triste. C'est le problème, à voir des spectres : on finit par peiner à discerner la réalité.

Il te fait signe d'avancer, et tu suis le mouvement, le silence entrecoupé de voitures qui passent au loin, de vos respirations glacées et de vos pas. Du frottement de vos vêtements et du battement sourds de vos cœurs. Tu as l'impression que le sien est si proche, qu'il est tant en détresse que tu pourrais le saisir entre tes doigts, comme un petit oiseau. Tu ne fais rien. Tu ne fais que marcher, sans le regarder, marcher et regarder devant toi. C'est ce que tu sais faire de mieux. Non, tu sais encore mieux t'arrêter et attendre. Sans savoir ce que tu attends, mais ça, oui, tu sais attendre. Tu as attendu Aedan pendant longtemps, après tout.

Lorsque vous passez devant sa porte, il continue, tu t'arrêtes. Il pense sûrement à te poser à la fontaine, pour que tu appelles Alecto, et que tu passes la nuit chez lui, ou du moins qu'il te ramène chez toi, à l'autre bout de la ville, mais tu t'arrêtes et fronce légèrement les sourcils. Rentre chez toi, Aedan. Tu voudrais te montrer autoritaire, froide, sûre de toi, mais tes mots ne sont qu'une petite supplique, une caresse bientôt envolée, effacée par le vent. S'il te plait.

Et tu sais à quel point il est têtu, mais tu sais aussi qu'il est épuisé, que tout lui coûte trop, qu'il s'en demande trop. Et tu meurs d'envie de lui tendre les bras pour qu'il puisse enfin s'y reposer. Mais tu n'as pas envie d'être une sirène, et tu n'as pas envie d'être un danger. Tu détournes les yeux, tu ne sais pas pourquoi ton cœur est si lourd tout à coup, Freya, tu ne comprends pas. Et s'il décidait que ça n'en valait pas la peine, si c'était la dernière fois que vous vous voyiez ? L'idée te glace bien plus que le vent.

fuis moi.

Ton immeuble est là, tu le sais. Et pourtant, tu ne t'y arrêtes pas, tu ne vois pas les choses comme ça, ça te parait insensé, à toi, de rentrer en la laissant dans la rue, dans le froid. Pourtant, tu te rends compte qu'elle ne suit pas, qu'elle, elle s'est arrêtée alors, tu stoppes, tu te retournes, et tu comprends qu'elle ne te laissera pas faire. C'est mieux comme ça, moins tu restes à ses côtés, moins tu lui fais de mal, mais là, c'est à toi que ça fait mal. Tu voudrais insister, tu voudrais prendre ce droit de t'imposer et de lui dire que tu l'accompagnes, qu'elle le veuille ou non … mais, tu ne le peux pas.

« D'accord… » Tu acceptes, à contre-cœur, évidemment. Ta main se lève, tes doigts viennent déposer une caresse glacée sur sa joue, elle est si proche et à la fois, elle te parait si loin. Tu voudrais faire ce pas vers elle, pour effacer la douloureuse distance, mais ça non plus, tu ne le peux pas. Tu voudrais te pencher et venir chercher ses lèvres, ça fait si longtemps, Aedan. Un baiser. Rien qu'un baiser. Est-ce réellement trop demander ? Dans votre situation, oui. Evidemment que oui. « Fais attention à toi, Freya. S'il te plait. » Quelques mots qui signent la fin de cette rencontre, au lieu d'avancer, tu fais un pas en arrière et tu pousses la porte de l'immeuble, lui offrant un dernier regard avant de disparaître.