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Limitless Mind - Eternal Eclipse

L’Hiver n’est peut-être pas la saison favorite d’Historia mais il est, à ses yeux, porteur de belles choses. C’est aux abords du mois de décembre que l’effervescence des fêtes commence à se faire ressentir, que les précieux souvenirs d’une magie innocente refont surface.

Contrairement à bien des gens, Historia n’a jamais perdu cette magie. Pas tout à fait, du moins. Elle sait que son statut d’adulte la rend inapte à percevoir les événements comme elle le faisait lorsqu’elle était enfant, mais il lui arrive parfois de sentir de nouveau ce souffle mystique et éphémère souffler sur son cœur, éveillant en elle quelque sensation qu’elle croyait oubliée. Elle est la fille capable d’entendre le grelot tinter, quand bien même l’âge d’embarquer à bord du Pôle Express est largement passé.

Bien que la neige ne soit pas encore au rendez-vous – c’est qu’elle se fait de plus en plus rare chaque année –, les décorations dont on a habillé Polaris peignent les sorties quotidiennes de couleurs plus fantastiques. Égarée dans son petit monde de lumières, Historia marche plus lentement que d’habitude, le nez levé. Même son petit compagnon à quatre pattes, Lucky, tire sur sa laisse pour la pousser à accélérer le pas. C’est la raideur dans son bras qui pousse la jeune femme à reprendre pied avec la réalité. Elle constate alors que le nombre de piétons a augmenté. À mesure que les fêtes se rapprochent, les gens se ruent dans les magasins pour y faire leurs emplettes. Les avisés achètent de quoi préparer le jour J, les retardataires se creusent la tête sur le dernier cadeau à offrir. Historia, elle, a déjà tout prévu. Comme chaque année depuis qu’elle est partie du foyer familial, elle reviendra au pays pour se ressourcer. C’est un moment qu’elle attend toujours avec impatience.

Alors qu’elle songe distraitement au repas – toujours trop copieux – que son oncle préparera pour l’occasion, son regard se porte hasardeusement sur le passage piéton. Sans doute un réflexe : malgré qu’elle soit dans sa bulle, elle sait discerner dans son environnement quelque chose d’anormal. Et, assurément, cette personne qui franchit les lignes blanches alors que le feu au rouge est anormal.

Sans l’ombre d’une hésitation, elle attrape son chien et le cale au creux de son coude avant de s’élancer vers la route. À la volée, elle s’excuse auprès de celles et ceux à qui elle coupe le chemin. Une fois à portée, elle tend le bras et attrape sans ménagement l’individu par le pull, au niveau de la nuque. Avec tout autant de « délicatesse », elle le tire en arrière, juste à temps pour le sauver, si ce n’est d’une morte certaine, d’un accident potentiellement grave. La course soudaine et l’issue à laquelle elle aurait pu assister si elle n’avait pas réagi à temps ont fait grimper son rythme cardiaque de quelques battements par minute.

« Eh. Attention la prochaine fois. »  

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Breathe Again - Carole & Tuesday OST

La façon dont la personne s’extirpe de la prise d’Historia en dit long sur son état. Soudainement arrachée à sa bulle, le fait d’être ainsi tirée en arrière a sans doute alerté ses sens et aussitôt déclenché ses mécanismes de défense. À sa place, Historia aurait eu le même comportement ; c’est parfaitement naturel.

Tout en formulant ses excuses, la jeune femme lui apprend que c’est une conversation téléphonique qui est à l’origine de sa prise de risques. Loin d’elle l’idée de l’interroger à ce sujet – après tout, cela ne la regarde pas –, Historia en tire néanmoins ses hypothèses personnelles : pour qu’elle soit aussi absorbée par un appel, c’est que celui-ci devait être important. Le naturel bienveillant d’Historia lui inspire une pointe d’inquiétude envers cette personne qu’elle ne connaît même pas. Qu’elle ne connaît pas, oui… Mais alors pourquoi ses traits lui paraissent-ils si familiers ?

« C’est normal. »

En tant que gardienne de la paix mais également en tant qu’humaine. Quel genre de personne serait-elle si elle laissait l’un de ses pairs se diriger tout droit vers le danger sans même intervenir ? La chose qui gigote sous son bras lui rappelle sa présence. Plus délicatement qu’il n’a été embarqué, Lucky est reposé au sol. Il s’ébroue et reprend sa routine qui consiste à renifler frénétiquement le trottoir. C’est qu’il doit y en avoir des odeurs à identifier dans un chemin aussi passant. Historia, quant à elle, jette instinctivement un coup d’œil au téléphone qui sonne dans la main de celle qui lui fait face. Ses yeux bleus remontent jusqu’à son visage. De nouveau, elle s’interroge. Elle est certaine de l’avoir déjà vue mais où ? Peut-être dans une file d’attente, dans un magasin. Oui, elle l’a sûrement croisée dans un endroit des plus banals lors d’une course tout aussi banale… Ce n’est que lorsqu’elle révèle son identité qu’Historia est frappée par l’évidence. Bien sûr ! Ozalee, cette nouvelle star dont on entend parler un peu partout ces derniers temps ! Sa sauveuse ne s’interroge même pas sur la raison de sa présence ici. Elle se gratte la joue, indécise face à la question de sa vis-à-vis.

« Rien, rien, ne vous en faites pas ! Ce qui compte, c’est que vous alliez bien. »

Elle réalise alors qu’elle n’a pas rempli sa part des formalités.

« Je m’appelle Historia. Enchantée, Ozalee. »

Le soulagement qu’elle ressent s’amplifie lorsqu’elle songe à ce qui aurait pu se passer si elle ne s’était pas précipitée à sa suite pour la rattraper. Elle imagine sans mal les gros titres dans les journaux et sur les antennes : Ozalee, l’étoile montante, s’est éteinte. Quand on sait quel affect porte Historia à la musique et à ses acteurs… Une pointe de fierté, qu’elle tente en vain de refouler, s’immisce discrètement en elle.

« Heum, vous avez sûrement à faire, je ne vais pas vous retenir davantage. Juste, soyez vigilante. Nos smartphones sont bien pratiques mais ce sont des dangers de poche. »

Bien que ce ne soit pas ses affaires, l’air arboré par Ozalee l’interpelle. Elle décide de mettre cela sur le compte de sa vie professionnelle, laquelle ne doit pas toujours être de tout repos. Mais quand même…