Humanity
avenue passante
Il y a ce doux air frais, dans les rues principales de l’Octant, où, même les deux mains dans les poches, on a toujours froid au bout des doigts. Et du coup, froid partout. Hego, c’est ce qu’il a : froid, même avec des habits taillés pour surmonter de telles températures. Bien, ça arrive, c’est normal, c’est l’hiver. Soupire. Le premier. Il marche, Hego, dans les rues encore un peu éclairées par le restant de lumière du Soleil.
Et puis, dans sa course rapide - c’est qu’il essaye de rentrer chez lui avant qu’il ne fasse trop sombre, Hego - il sent une pression contre son épaule. Incapable de déterminer ce qui en est l’origine - enfin, si, ça a une forme humaine… non ? - il pousse un léger soupir. Ce qu’il pense, c’est juste que c’est un militant, qui demande à toutes les personnes sur la rue de s’arrêter pour l’écouter. Oh, avant, il l’aurait écouté, Hego. Maintenant, il n’a plus le temps. Plus l’envie, surtout. Alors, il lui répond, un peu trop sèchement à son goût, qu’il s’en sent presque immédiatement coupable…
Il ne pipe mot.
...
Humanity
avenue passante
Il n’y a rien. Aucun mot n’est prononcé. Et ça, il faut dire que ça a tendance à le perturber, à Hego. Lui qui est tant habitué à communiquer d’une façon où d’une autre. Il relâche ses épaules, la tension baisse. Il prend un air presque coupable, alors que l’autre, face à lui semble nerveux. Et Hego voit qu’il ramasse ses affaires - un sac plutôt, mais Hego suppose que ce dernier contient des affaires - posé au sol. Qui venait de tomber, sans doute. Sinon, pour quelle raison quelqu’un poserait un sac au sol, hein ? Pour aucune raison. Alors forcément, Hego, il ne se sent que plus coupable, parce que le fautif dans l’histoire, c’est un petit peu lui.
C’est le regard embarrassé, et les mots un peu gêné qu’il reprend la parole, Hego, qu’il rompt le silence, puisque visiblement, l’autre ne semble vouloir piper mot pour le moment.
...
Humanity
avenue passante
Comme avant, il n’y a que le silence qui lui répond. Si on omet les bruits ambiants de la ville. L’homme face à lui ne daignait pas ouvrir la bouche. S’il devait lui donner un âge, Hego lui aurait donné l’âge de son frère… A quelques années près. Il le voit récupérer son sac qu’il pose ensuite sur son épaule, et gesticuler quelques gestes qui semblent vouloir exprimer une réponse négative. Un petit sourire rassuré se dessine sur les lèvres de Hego. Il ignore si c’est parce qu’il veut que l’autre lui fiche la paix en vitesse, si c’est parce qu’il n’y a effectivement rien de fragile, où si Hego lui fichait la trouille. Après tout, les trois options sont probables. Il doit même y en avoir d’autres.
Finalement, il sort son téléphone portable à contre coeur et inscrit ton numéro. Il relève les yeux vers toi, inquisiteur, attendant visiblement quelque chose de toi.
...
Humanity
avenue passante
Toujours aucun mot n’est échangé par le jeune homme. Dans les faits, ça ne le dérange pas à Hego, il se satisfait aussi de ce qu’il voit, mais… Disons que ça ne facilite pas forcément la tâche. Hego, il se retrouve néanmoins satisfait maintenant que l’autre à son numéro ; ça le soulage d’un poids sur la conscience - même si, vu les réactions obtenues jusqu’alors, c’est probablement la dernière fois que Hego va le croiser ? Il suppose. Enfin, sauf s’il prend souvent cette rue, ils se croiseront forcément une autre fois.
Par simple réflexe, Hego détourne légèrement le regard, pour ne pas avoir à croiser celui du brun qui venait de redresser son regard vers lui. En plus d’un an d’expérience, il savait faire maintenant, Hego. Un pur réflexe, à l’instar de la respiration.
Il relève les yeux vers toi - deux puits d'un bleu profond, sombre, qui te prend un peu par surprise. Il te scrute, tu as l'impression qu'il te sonde, même, mais tu ne sais pas ce qu'il cherche.
Quoique, si, peut-être que tu le sais, finalement. Peut-être que tu t'en doutes.
Il finit par hocher la tête et s'incliner à nouveau légèrement, il te remercie. Il garde son sac contre lui, et au bout d'un petit moment, te fait un signe de la main timide, avant de passer à côté de toi pour reprendre son chemin.
Cette rencontre te laisse un goût amer.
terminé pour moi.
Humanity
avenue passante
C'est qu'il le regarde partir, Hego, cet inconnu dont au final, il n'aura rien appris de lui. Impossible de le rattraper pour rectifier le tir - quel tir à corriger, d'abord ? Bonne question… - et au final, veut-il vraiment le rattraper, Hego ? Non, probablement pas.
Il a comme un mauvais goût sur la langue, il ignore comment, il ignore pourquoi, mais c'est comme ça. Il reprend son chemin, Hego, un peu pressé, il se hâte. Il ne se retournera plus sur son chemin, avant d'avoir fermé à double tour - il a même vérifié - la porte de son appartement.
Drôle de rencontre, qu'il se dit, Hego, même si clairement, drôle, c'est tout sauf le mot approprié.