24.04.2022
cephei lurantis
envie de canneler
Margot bondissait de tous les côtés, un vrai diable dans le corps d'une petite fille, et Graham n'essayait pas de la retenir d'une quelconque façon. Il avait bien trop la tête ailleurs pour ça, et de toute façon, ce n'était même pas la peine d'essayer ; pas faute d'avoir tenté par le passé. Elle ne faisait rien de mal, d'ailleurs, elle se contentait d'escalader tous les lampadaires avec la dextérité d'un petit singe, et la hargne d'un jeune lion.
Graham aimait Margot plus que tout au monde, ça se voyait rien qu'à sa façon de sourire bêtement en la regardant hurler comme un vieux pirate.
Graham était également terriblement préoccupé par son Cercle, Procyon qui avait apparemment définitivement disparu dans la nature, les nouveaux liés qu'il ne connaissait pas, mais qu'il sentait (le lien tire le lien tiraille et ne le laisse jamais tranquille), le danger qui planait sur sa famille depuis peu, le déménagement, ne pas inquiéter les enfants, ne pas éveiller le moindre soupçon, tout est de plus en plus bizarre autour de lui et il se sent de moins en moins en sécurité, il dort de moins en moins bien, mais il faut garder les apparences et Graham sourit toujours aussi grand, il a juste la pupille dilatée de celui qui ne tient pas debout tout seul.
Mais là, il accompagnait sa cadette au judo, et ce n'était pas le moment de tourner de l’œil. Elle bondissait à une telle vitesse que même lui et ses grandes jambes peinaient à suivre la cadence, mais il se laissait balader, le sac de sport de la petite cognant contre sa jambe à chaque pas. Papa tu restes hein ?? Hein papa ? S'il te plait ? Papa ?? Et Graham se fendit d'un sourire attendri.
- Ben, évidemment, je vais quand même pas rater tes prouesses. Attends, prends ton sac, va vite te changer, je t'attends dans la salle.
Et sans plus de cérémonie, elle lui arracha la besace, satisfaite, et s'enfuit vers les vestiaires, retrouvant ses amies, et il s'amusa des piaillements excités qui résonnaient dans le couloir.
Il se dirigea vers la salle où se dérouleraient les hostilités et s'adossa au mur.
Il était le seul parent, pour l'instant.
Vous traversez l'entrée du bâtiment, tu salue quelques parents venus déposer leurs enfants, aucun ne reste habituellement, et tu es bien heureux de pouvoir rester cette fois. Ce n'est pas systématique mais tu essayes autant que tu le peux d'être présent pour tes deux trésors. Tu sais qu'ils ont besoin de toute l'attention que tu as à leur donner, et tu ne veux pas laisser le travail te priver d'eux. Même si tu te considères terriblement chanceux de pouvoir vivre ta vie ainsi. A raison, probablement.
Bref, il y a un homme à côté de toi, et ta fille qui se bat comme une lionne contre une autre petite fille, tu souris, jette un œil à l'homme tout proche, son regard et son sourire ne trompent pas. C'est votre fille, je présume ? Les cours de sports ont toujours été une passion pour Evie, mais désormais et avec tout ce qui se passe en ville, tu les juges absolument nécessaires, indispensables. Et s'il lui arrivait quelque chose ? Tu ne veux pas y penser.
24.04.2022
cephei lurantis
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C'est le regard effectivement attendri que Graham regardait sa deuxième née essayer de mettre au tapis une fillette de son âge, dans la joie, la bonne humeur et le respect des consignes.
Enfin, il lui semblait. Dans la famille, la battante, l'experte en sport de défense, c'était plutôt sa femme. Son incroyable femme et sa passion pour la boxe. Elle le mettait au tapis sans la moindre difficulté, malgré sa taille, malgré son poids, malgré sa propre force, mais en même temps ? Il ne lui prendrait jamais l'envie de se plaindre.
Mais ce n'était pas le sujet du jour, ce n'était d'ailleurs pas le lieu approprié pour parler de ça.
Margot poussa ce qu'il reconnaissait être son cri du "Dragon Lion Ultra Giga Méga Féroce de la Mort qui Tue et Même qu'Il a une Armure en Métal Super Fort" (avec emphase sur les majuscules), qui n'eut malheureusement pas l'effet escompté sur son adversaire (la peur, la stupeur, les tremblements, le stress, l'angoisse, les sueurs froides et peut-être même un pipi dans sa culotte, avait-elle affirmé un soir pendant le repas), mais laissa à la fillette en face d'elle le temps de la soulever par la jambe et de la mettre au tapis, et Graham cacha son sourire amusé sous sa main, et un air qu'il espérait consterné. Quand Margot se tourna vers lui, scandalisée, il imita muettement le rugissement du lion, auquel elle répondit par un geste équivalent, et se reconcentra sur le combat en cours.
Il fut surpris dans ses gesticulations par l'homme près de lui, un père de plus venu admirer les prouesses de son rejeton.
- Totalement, répondit-il avec une fierté non dissimulée. Il n'aurait pas brillé moins si elle avait été quatre fois prix Nobel, alors qu'elle était juste en train de médiocrement tenter une roue, nouvelle tentative d'intimidation, sans doute. Un monstre de férocité et de discipline, comme vous pouvez constater, ajouta-t-il en riant légèrement. Elle combat contre la votre ?
Graham se surprit à trembler de joie à l'idée d'un peu de small talk. Ça faisait si longtemps qu'il ne se passait que des choses Graves et Importantes dans sa vie, un peu de légèreté ne lui ferait aucun mal. Surtout quand c'était pour parler de ses enfants. Une conversation polie avec un autre père, c'était vraiment le mieux qui puisse lui arriver, en ce moment.
Son adversaire tente des manœuvres pour l'impressionner qui ne manquent pas de te faire sourire, clairement une professionnelle dans le domaine. Tout à fait. Un instant de silence. Je tiens à rester là si jamais ça devait dégénérer. Tu doutes que ça puisse vraiment dégénérer, ou pas violemment, certainement pas en ta présence. Face aux techniques habiles de son adversaire, Evie te lance un regard dépassé, tu l'encourages avec un petit pouce en l'air, elle hoche la tête, se laisse distraire, se prend de plein fouet la petite qui la met au sol, tu l'entends maugréer et grimace un peu. Mince, je dois être une trop grande distraction. Un instant de silence, tu te tournes vers le géniteur de la plus grande adversaire que ta fille ait connu. Elle va finir par croire que je travaille pour le camp adverse... Sourire complice au papa à tes côtés, tu tends la main pour le saluer plus poliment. Cephei Lurantis, le père d'Evie. Tu te refuses encore et toujours par l'appeler par son prénom légal, elle t'a interdit formellement de l'utiliser parce qu'il est super méga moche selon elle. Ça sûrement dû ravir sa mère. Ton sourire ne s'en fait que plus grand.
24.04.2022
cephei lurantis
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- Oh, vous savez, quand bien même ça dégénérerait, elle a la tête solide, répondit-il avec flegme, preuve en était qu'il était un peu à côté de ses pompes, parce qu'on parlait tout de même de faire mal à sa fille. Je pense qu'il en faudrait beaucoup pour que ça se passe vraiment mal.
Ou alors Margot ne se laisserait pas faire, parce que ce n'était pas dans son caractère, et ce serait la violence immédiate. C'était possible aussi. Peut-être que Graham avait effectivement bien fait de rester.
Ou peut-être que le père de son adversaire se faisait un sang d'encre pour rien ? Sa petite ne ressemblait pas vraiment à un monstre assoiffé de sang, mais se baladaient dans la rue des chiens avec un corps d'homme, alors, bon.
Pourquoi pas une goule dans un corps d'enfant, après tout.
Il en avait vu d'autres.
Pour l'instant, elles ressemblaient surtout à deux gamines d'une dizaine d'année qui tentaient toutes les techniques d'art martiaux ancestraux qu'elles avaient vu dans des films de kung fu.
En tout cas, c'était le cas de Margot ; ça, il en était sûr, parce que le film de kung fu, il l'avait vu avec elle.
Quand elle réussit à mettre sa terrible adversaire à terre, elle se permit un cri de ptérodactyle en furie qui fit sourire Graham.
- On est témoins d'un rude combat, là, répondit-il avec amusement. Vous pensez qu'elles font vraiment du judo ? On dirait plus de la danse contemporaine.
C'est avec un grand sourire qu'il serra la main de Cephei (un instant normal dans ma vie, waouh !) ; il en aurait pleuré de soulagement.
- Graham Ikeda ! Le père de Margot. Ou le dinosaure enragé qui essaye de mettre votre fille au tapis, je crois qu'elle préfère.
Il porta son attention sur le reste de la salle, et des quelques parents qui étaient restés, rares, cependant. Pouvait-on en vouloir à ceux qui n'étaient pas là ? Ils avaient sans doute mieux à faire de leur dimanche après-midi.
Pourtant, Graham n'aurait voulu être nulle part ailleurs.
C'était bien trop drôle de la voir faire n'importe quoi pour l'impressionner.
Et puis, il avait besoin de cette légèreté, de cette petite parenthèse familiale normale dans son quotidien qui tenait plus d'un feuilleton bien trop riche en événements.
- Vous venez souvent la voir ? J'aurais bien dit que je ne vous ai jamais vu, mais j'avoue que j'ai pas souvent l'occasion de prendre le temps d'admirer ses prouesses.
Il s'en rendit compte avec un certain désolement.
Il n'avait jamais été beaucoup là pour voir ses enfants grandir, hein ?
Il espérait qu'il n'était pas trop tard.
Il pensa à Sunny. Il avait vraiment déconné, pas vrai ?
Ikeda, Ikeda, Ikeda. Tu essayes de noter le nom, faire la revue mentale de tous ceux que tu connais, mais ce dernier ne te dit rien, et quelque part ça te rassure, tu sais que tu as cette fâcheuse habitude de farfouiller un peu trop fort dans le passé dans gens, et de ne croire à leur possibilité de changement que sur le papier, mais entendre un nom inconnu te fait un bien fou, comme le fait de n'avoir aucun a priori sur quelqu'un. Eh bien, j'allais dire que ça ne doit pas être facile tous les jours d'élever un dinosaure enragé, mais suis-je vraiment en position de le dire... ? L'idée te fait sourire, honnêtement, avant que sa prochaine question ne te prenne un peu au dépourvu. J'aimerai vous dire que oui, je viens souvent la voir, mais malheureusement je suis un accroc au travail. Ça te coûte de l'avouer quand tu fais tout pour le dissimuler et t'en défendre en présence de ton ex-femme. Ceci dit, je fais en sorte de travailler là dessus. J'ai aussi un garçon, ils sont en garde alternée mais j'ai la garde principale, alors j'essaye d'assurer. L'attitude d'Ikeda à tes côtés te laisse un peu songeur, mais néanmoins pas perplexe, tu hésites un instant avant de poser ta main sur son épaule et d'ajouter, tout bas : Vous savez, personne ne nait en sachant comment être un parent exemplaire, on s'améliore toute notre vie.
24.04.2022
cephei lurantis
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Le regard de Graham se posa sur le professeur en question, spectaculairement à peine en sueur de devoir s'occuper d'une salle entière remplie de gamines surexcitées. Le pauvre. Il n'aurait jamais tenu le coup, lui. Rien que d'y penser, ça l'épuisait ; il n'était pas pas professeur pour rien. Heureusement que ce genre de personnes existait ; Graham aimait les enfants, assez fortement il fallait le dire, mais leur apprendre des choses dans le cadre d'un cours, ça, c'était absolument hors de question. Il tenait à la vie.
Respect, donc, pour cet homme dont il ne connaissait que le prénom, et les imposants muscles (Fubuki lui en avait longuement parlé, et depuis qu'il accompagnait parfois Margot, il comprenait).
- Pas vraiment, la votre a l'air aussi, heu... déchainée ? que la mienne.
Déchainée. Oui, c'était un terme acceptable pour qualifier l'enfant de quelqu'un qu'il venait de rencontrer, même si sa propre fille, la prunelle de ses yeux, son joyau magique, son trésor (enfin, un des trois. Enfin, des cinq, si on comptait tous ceux qui étaient les plus chers à ses yeux et à son cœur) tenait, elle, plus du démon en soif de violence.
La réponse de Cephei lui fait hausser un sourcil. La suite lui serre le cœur de culpabilité.
tu ne fais pas assez d'efforts
Tu répétais à qui voulait l'entendre que rien n'était trop beau pour tes enfants, mais tu n'arrivais même pas à te forger un emploi du temps convenable.
- C'est sincèrement impressionnant que vous aillez le temps de cumuler les deux. Rien qu'à l'idée, je vous envie. Je devrais y travailler aussi.
C'était la seule discorde dans son couple : son absence.
Il secoua la tête, reprends-toi, mon vieux. C'est pas le moment de te lamenter, tu viens de le rencontrer, sois positif. Soit chaleureux. Oublie que ta vie est une géante pile de problèmes.
- Vous avez raison, répondit-il avec un sourire. C'est dur de s'en rendre compte, parfois. J'ai trois enfants, mon aîné a presque dix-sept ans, et pourtant j'ai l'impression d'être perdu comme si je venais d'être père pour la première fois.
Un rire léger lui échappe. Il avait toujours cru que les histoires sur l'adolescence étaient complètement exagérées, il ne se rappelait pas avoir été aussi ouvertement mécontent à l'époque (une époque, oh... si lointaine), mais Sunny lui prouvait le contraire, à coup de portes qui claquaient et de ton que l'on haussait autour de la table de la salle à manger.
Pouvait-il lui en vouloir ? Pas vraiment.
- Et en même temps, c'est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Faudrait juste que je trouve le moyen de bien faire ça.
Et respirer devient presque compliqué, ces temps-ci, mais s'il ne devait pas dormir pendant trois jours pour sa famille, alors il le ferait, en évitant soigneusement de penser au fait que c'était particulièrement stupide.
- Oh mais, je voulais pas plomber l'ambiance avec mes problèmes, s'exclama-t-il précipitamment, l'air plutôt horrifié. On se connait à peine et je vous déballe déjà que j'ai dû mal à gérer ma vie de famille. Désolé, vraiment, ajouta-t-il avec un petit rire.
La dernière chose qu'il voulait, c'était le faire fuir.
Cephei lui était tout à fait sympathique, et il ne voulait ni l'emmerder, ni l'embarrasser.
Tout va bien. Tu annonces, pour le rassurer. Elles seront bientôt sorties, venez, nous allons les attendre dehors. L'ambiance du gymnase te rappelle le lycée, c'est loin cette affaire. Tu te souviens sans mal de ton père qui venait te chercher de temps à autre, et de ton angoisse de savoir qu'il serait là, quelque part, et que tes camarades seraient rendus fous par cela. Tu avais grandis dans un milieu riche, très riche, ou tout le monde savait tout sur tout le monde, et où tout le monde savait aussi que ton père était cool. Ce n'était pas tous les jours faciles de grandir sans la présence d'une mère, mais la famille était élargie et bien souvent constitué d'hommes, tu avais eu tous les modèles que tu aurais pu vouloir. Et, finalement, tu ne t'en étais pas si mal sorti.
Une fois dehors, tu soupires et prends une profonde inspiration. Evie ne s'est pas fait expulser d'un cours de sport, et ça c'est une petite victoire pour toi. Vous savez, je ne vous juge pas le moins du monde. Une légère grimace. Vous avez peut-être du mal à gérer votre vie de famille, mais croyez moi je ne suis pas en reste. Mon divorce a été une épreuve pour eux autant que pour moi, et mon ex-femme s'amuse constamment à soulever le moindre de mes défauts. Court silence, tu ris tout bas. Et selon elle la liste ne s'arrête jamais. Tu viens t'asseoir sur le bord en métal du parking à vélo et observe Graham quelques instants. Au fait, que faites vous dans la vie, si ce n'est pas indiscret ?
24.04.2022
cephei lurantis
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Graham le suivit vers l'extérieur et en profita pour allumer rapidement une cigarette, histoire de la terminer avant que sa fille ne déboule, excitée comme une puce (sa petite puce) par le cours intensif et prenant qu'elle venait de suivre. Vieux jeu, hypocrite peut-être, mais Graham n'aimait pas fumer devant ses enfants ; à la maison, il fumait toujours dehors, et jamais quand ils étaient dans les parages s'il pouvait l'éviter.
Ça devenait de plus en plus dur, cependant, à la vitesse à laquelle il cultivait sa dépendance. Le manque de nicotine le faisait trembler, parfois, quand il était avec les enfants plus longtemps qu'il n'en avait l'habitude.
Clope au bec, donc, expirant un petit nuage de fumée, il écouta sa nouvelle connaissance lui faire part de ses propres difficultés, et hocha gravement la tête, consterné par ce qu'il lui racontait.
Alors, j'ai jamais divorcé (c'est quoi cette réponse, déjà) mais j'imagine que ça n'a pas dû être facile à vivre. Enfin, ni même maintenant, de ce que vous me racontez. Je connais pas votre ex-femme, et je vous connais pas non plus, certes, mais elle a pas l'air d'être très commode...
Ou alors il lui a fait une énorme crasse et elle lui en veut mortellement, mais au premier abord, j'ai pas l'impression que ce soit son genre.
Bah et après, qu'est-ce que j'en sais en vrai ? Je viens de le rencontrer, je vais pas me mettre à faire des suppositions sur du vent.
Enfin, bon courage pour vous, continua-t-il en écrasant sa cigarette sous son talon. Faut avoir la tête dure. Ou les épaules solides, plutôt ? Je crois que c'est l'expression qui convient le mieux, pardon.
Il balaya sa phrase d'un geste de la main, trop habitué à parler pour ne rien dire, un peu stressé à l'idée d'ennuyer mortellement son interlocuteur.
Je suis médecin ! Enfin, spécifiquement anesthésiste-réanimateur à l'hôpital de l'Octant. Oh, excusez-moi, c'est vraiment pas incroyablement intéressant, comme détail. Et vous, vous êtes dans quel domaine ?
Oh, c'est un sacré travail que vous avez là. Et c'est très intéressant, ne vous sentez pas gêné. Tu lui lances un sourire qui se veut rassurant alors que tu t'installes contre le mur, attendant les petites. Tu sais qu'elles sont probablement en train de piailler dans les vestiaires et la pensée t'amuse. Tu sais qu'Evie a du mal à se tisser des amitiés, que son nom de famille lui colle à la peau et qu'il n'est pas facile tous les jours d'être une Lurantis, tu sais, tu es passé par là, toi aussi. Je suis dans la justice, je suis procureur. Et tu es bien content d'avoir quelques instants où pouvoir souffler et ne pas penser au travail. Vous avez quelque chose de prévu ? Nous pourrions les emmener manger quelque chose.