Kaho Artemiev
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Le pas était léger ce jour là, la longue tresse rousse frappait le vent dans sa vélocité toute singulière et Kaho n’existait plus. Joli terme qu’était celui-là, oui, Kaho n’existait plus cette après-midi là. Il était venu dans sa vie, arrachant les lambeaux d’ordre et de contrôle qu’elle avait lutté tant d’années à instaurer, et là voilà, seule dans la rue.
C’était un désespoir contrôlé car elle comprenait sans comprendre, elle saissisait à peine les nouveaux fils qui maintenait son identité entière. Et pourtant elle aurai dû vouloir regagner cette puissance perdue, vaincre les démons dont elle connaissait les moindres courbes, s’atteler à la danse, à son entreprise sans arrêt grandissante… Le vide était lourd, son soupir embrunait ses lunettes de soleil. Oui, Kaho n’était plus.
Etait-ce la première fois qu’elle se rendait compte de la folie de cette ville ? La première fois qu’elle contemplait ses immeubles jaillisant du sol comme une armée d’un roi chinois endormi, une menace de fer et de silence voilà ce qu’était la ville de Polaris pour elle. Pourquoi était-elle venue ici ? Pourquoi avait-elle fait tout ces choix ?
Un bruit la tira des méandres de ses propres ruminations, un rire léger, un son qu’elle n’entendait plus autour d’elle. C’était un amalgame d’hommes, recouvert de tissus lumineux et d’une qualité probablement médiocre. L’un d’entre eux brandissait une pancarte affichant grossièrement son affiliation à un cirque quelconque et les autres s’escrimaient à promouvoir leurs techniques et arts. Ce n’était rien de grandiose mais cela était tellement plus que ce que Kaho avait pu espérer. Une distraction, un bonbon artificiel à faire rouler sous la langue jusqu’à anesthésier ses sens. Le contact de la foule contre ses épaules dissimulées étaient étrangement agréables, elle qui n’a jamais été du genre à aimer autrui, elle voulait oublier qui elle était. Elle voulait être humaine.
Puis un pied qu’elle écrase, une reproche qui nait plus vite que l’excuse mais qu’elle tait bien vite. Ce n’était pas le jour, ce n’était pas le lieu. Mais l’excuse pouvait être oublié, elle n’aimait guère se faire pardonner d’une maladresse. Car elle n’était jamais maladroite.
-Il y a du monde aujourd’hui pour ce cirque n’est-il pas ? Le connaissez vous ?
Une façon de briser la glace, une façon de retirer son pied aussi vivement que ses mots s’enchaînent. Peut-être qu’elle voulait faire connaissance? Oh Kaho ne le savait pas elle même.
Ça fait bien longtemps que le cirque n’est plus repassé en ville. Plusieurs années. Peut-être trois. Peut-être quatre. Tu ne sais pas exactement. Et pour être tout à fait honnête, tu t’en moques un peu. La vie avec eux ne te manque pas plus que ça. Tu n’as jamais vraiment aimé être trimballé dans tous les sens, dans tous les pays, de ville en ville. Mais tu appréciais les personnes qui travaillaient avec vous. Surtout, tu appréciais le temps passé avec Sasha.
C’est un peu par hasard que tu tombes sur eux. Tu sors du travail et là, dans la rue d’à côté, une foule. Et forcément, tu es curieux, intrigué, tu t’approches. Tu te mêles aux gens. Il y a des visages familiers parmi les membres du cirque. Il y en a que tu n’as jamais vu. Certains qui ont l’air si jeune. Tu n’es pas nostalgique de cette période, mais ça te fait sourire d’y repenser. Tu souris et en même temps, tu ne comprends pas ce qu’ils foutent là. Avec tous les morts, avec tous les malheurs, la ville n’est plus sûre. Bon nombre d'événements ont été annulés. Mais eux sont là.
Tu restes presque blotti dans la foule. Tu restes là où on ne te voit pas. Parce que même si ça te fait plaisir d’entrevoir ces têtes que tu connais bien pour une partie d’entre eux, tu n’as pas vraiment envie non plus de taper la discute. Tu n’as pas envie qu’on te demande ce que tu fais ni où en est Sasha. Tu n’as pas envie qu’on te demande si tu t’es remis à danser et si Sasha a commencé à sourire. Tu connais leurs réflexions par cœur. Et aujourd’hui, non merci. Tu restes là où on ne te voit pas, au milieu des autres. On t’écrase le pied. Celui qui est tordu, celui qui ne fonctionne plus correctement et à cause duquel, tu boites. La jeune femme ne s’excuse pas. Elle te parle d’autre chose. Toi, tu lui offres ton plus grand sourire.
« Vous savez Mademoiselle, la moindre des choses quand on marche sur le pied de quelqu’un, c’est de s’excuser. » Pas de sarcasme dans ta voix. Pas d’animosité non plus. « Mais vous avez raison. Il y a du monde. C’est-à-dire qu’ils ne sont pas venus depuis quelque temps et ils sont plutôt appréciés dans le quoi. Et puis inutile de vous préciser qu’en ces temps troublés, on a tous besoin d’un peu de distraction. »
Kaho Artemiev
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L’homme parlait et son sourire ne trahissait aucune autre émotion que cette lumière insipide, sincèrement fascinant comme une zoetrope lancé à toute allure. Kaho savait la maîtrise qu’un tel sourire réclamait, à quel point chaque muscle devait se tirer et se soumettre pour produire un résultat aussi harmonieux. Son esprit était ailleurs, se dilapidant dans une myriade de pensées distrayantes. Une Mademoiselle lui tire une moue rieuse bien malgré elle, c’était un terme si étrange pour la catégoriser. Elle ? Une mademoiselle ?
Les excuses ? Devait-elle en offrir ? Cela n’était guère sa faute si son pied était là où son pied fut déposé. Mais certains regards se posaient sur eux, une certaine exaspération qu’elle pouvait lire dans les yeux d’un homme sans âge à leurs côtés. Un pardon vient s’enfuir difficilement, la bouche lui brûlait de mille venins d’humilité. Une inclination de sa tête appuya son excuse.
La mention des temps sombres replonge ses ruminations vers ce qu’elle fuit, et Kaho le regarde. Regard mauvais, amer mais bref. Le savait-il ? Pour elle ? Pour tout ça ? Non, non qu’elle se calme. Il fallait se fendre d’un sourire abstrait mais sa moue restait absolument étrange. Elle voulait fuir brusquement, fuir la foule et redevenir ce qu’elle était. Mais pourtant, elle demeurait face à lui, son regard alternant entre le cirque flamboyant de vie et cet inconnu avec lequel elle échangeait :
-Connaissez vous le milleu du cirque ? J’avoue que j’ai une grand respect pour ces artistes, ils pourraient m’impresionner avec leurs techniques et le danger auquels ils s’exposent. Cela me touche de voir que le public continue de soutenir ce genre d’art visuel. Malgré ces “temps troublés” -la bouche l’irritait encore-, la vie continue.
Un écho s’échappe de sa bouche, “la vie continue”. Cette expression avait elle un sens désormais ?
Des regards réprobateurs qui se posent sur elles. Et le tien, dur et froid, qui se pose sur chacun d’entre eux. Tu prends le temps de les mettre mal-à-l’aise. Un par un, ils détournent les yeux. Tu ne le fais pas vraiment pour la protéger. À vrai dire, tu te moques pas mal de cette femme. Non, tu le fais pour toi. Pour ton honneur. Pour aussi montrer que tu n’as pas besoin d’eux. Que tu peux te débrouiller tout seul. Aussi parce que tu as envie et que c’est déjà une bonne raison.
Le sourire qui se trouve à nouveau sur tes lèvres quand elle s’excuse. Un geste de la main pour balayer tout ça. Un geste de la main comme pour montrer que tu lui pardonnes. Que ce n’est pas grave. Que c’est du passé. Cette même main qui vient se joindre à sa jumelle. Et tes doigts qui s’entrelacent. Un coup d'œil vers le cirque, tu acquiesces.
« Figurez-vous que oui ! J’ai longtemps travaillé dans ce milieu. Dans ce cirque là d’ailleurs. Je n’étais pas un artiste, simplement un vendeur de tickets, mais on peut tout de même dire que je connais bien le milieu. »
Tu reconnais cet homme, il était acrobate. Celui-ci était, et semble toujours être, un clown. Elle, une magicienne hors-pair. Ils ont vieilli. Ils ont vieilli mais ils sont restés fidèles au cirque semble-t-il. Ce n’est pas ton cas. Ça ne l’a jamais été.
« Je suis vraiment content pour eux. Ils méritent le soutien du public. Sans ça… Ils ne pourraient tout simplement pas vivre. »
Parce que qu’est-ce qu’un spectacle sans spectateurs ? Rien. Mais malgré tout la vie continue. N’est-ce pas ? Elle continue, mais à quel prix ?
« Elle n’a pas d’autre choix que de continuer. Et nous n’avons pas d’autre choix que de tout faire pour que ce soit le cas. »
Kaho Artemiev
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Ses doigts étaient graciles dans leur langoureux lien, des doigts fins tel des araignées oblongs d’une pâleur translucide et elle oubliait bien vite les vaines conjectures de son esprit froissé. Kaho était l’écume d’une mer en perpétuelle furie, les haines aussi subites que les couinements des navires de son âme, ceux glissaient sur les vagues de ses émotions sans jamais devoir sombrer. Sombrer était une défaite, sombrer était une illusion, sombrer n’existait pas. Pourtant, il existait une brève douceur dans les tourments de sa grandeur, l’étrange harmonie de la beauté. Les belles choses comme les doigts de cet homme, tels suspendu sous la grâce de Zéphyr, lui donnaient cette lueur de paix.
Elle se reprenait bien vite cependant, laissant cette angoisse des choses incontrôlables redevenir la berceuse de ses pensées. Mais elle voulut comme lui, voir ce cirque vieillissant comme des hommes d’arts, les exclamations de surprises avec le tranquille contentement des gens ordinaires. Son regard se plissait légèrement sous la surprise étrange de la révélation, quel était la chance pour qu’elle croise un homme lié à cette troupe qui se répresente ici ? Oh sans doute très haute, les hasards n’existent pas. Mais voilà que les choses s’arrangent d’une manière étrange.
Une phrase piquant s’aventure sur ses lèvres mais elle est trop fatiguée, trop lasse pour ça. Qu’avait elle à gagner à pointer le faible balancement de ses jambes, la trahison d’une blessure physique de ses yeux entraînés avaient prit l’habitude de disséquer sur autrui ? Rien. Le monde pesait sur ses épaules et il n’était pas celui qui devait perdre pied. Que dire ? Que faire ?
Une simple remarque, regard abyssal derrière les lunettes de soleil teintés à la monture dorée :
-Vous êtes très gracieux pour un simple vendeur de ticket, il est curieux que le destin vous a ramené devant eux.
Ni un compliment ni un sous-entendu, juste la vérité simple. Quelque chose de précieux se dégageait de lui, comme une fragrance lourde et entêtante d’autre part, d’un lieu perdu dans les temples des méandres. Mais que dire de plus ? Rien. Elle écoutait, une femme comme les autres pendant cette journée au ciel maussade face à un homme comme tout les autres. Ils partiront et le monde de cette discussion n’existerai plus. Il dit quelque chose résonnant étrangement en elle, vivre pour le public. Il était là l’oméga et l’alpha de chaque artiste, cette mise en abysse perpétuelle dans le regard d’autrui. Sa voix continue étrangement distincte dans les clameurs de la foule, s’exclament devant les facéties ingénieuses des acrobates et avaleurs de feu.
A défaut d’avoir eu ses excuses sincères, il avait eu son intérêt. La vie doit continuer, tant que quelqu’un peut la regarder. Voulait-elle tout faire pour que la vie continue ? Elle sentait cette autre partie d’elle doucement bouillonner en son sein. Kaho ne pouvait pas choisir après tout. Un rire sans joie claqua dans l’air ambiant et ses bras viennent tenir ses côtes doucement sous l'empilement des os et des chairs :
-Oui, vous avez bien raison. Tel est la destinée d’un artiste, sans le regard d’autrui à quoi cela sert de contorsionner son corps et son esprit. Peu importe le prix à payer, il faut continuer à vivre et à faire vivre.
Son regard se perd encore, là où le soleil et la lune se couchent dans leurs lits éternels.
-Vous qui avez été aussi proche de cette vie, pensez-vous qu’elle mérite d’être vécue ?
Une question autant pour lui, que pour elle. Une interrogation qu’elle porte pour ses choix d’hier et ses obligations d’aujourd’hui. Qu’était son étoile pour elle, qu’était le but de celui-çi ? Quels étaient les spectacteurs qu’elle devait distraire dans cette guerre où elle a été enrôlée contre son avis.
Tu ne sais dire si elle se moque, si elle te complimente ou si, tout simplement, elle se contente d’énoncer des faits. Gracieux, tu l’as été. Longtemps. Tu ne crois pas l’être encore. Ou beaucoup moins. Ça te manque. Bien sûr, tu peux être gracieux sans la danse. Mais ce n’est pas pareil. Tu n’es plus pareil.
« J’ai été danseur quelque temps. J’imagine que ça aide. » Tu avoues, un sourire mélancolique aux coins des lèvres. « Curieux ? Non je ne pense pas. C’est ici même que j’ai laissé le cirque. C’est assez logique de les revoir en ce même endroit en réalité. »
Agréablement surpris de voir que vous êtes sur la même longueur d’ondes, au moins pour ce sujet là. Ce n’est pas tous les jours que tu peux converser avec des inconnus et que les conversations soient intéressantes. Bien au contraire. Tu n’aimes pas les gens que tu ne connais pas. Tu t'efforces de sourire mais qu’ils sont ennuyeux.
« Et bien, ce n’est pas une question à laquelle je peux répondre pour un oui ou par un non. En toute franchise, je n’ai pas aimé mes années au cirque. Je suis resté pour accompagner mon amie. Pour voyager aussi. Malgré tout, j’ai beaucoup appris. Cela dépend, je crois, de ce que l’on cherche dans la vie. »
Ta réponse est vague. Elle est floue. Et pourtant, tu ne saurais faire plus précis.